Études morales et politiques
153 pages
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Études morales et politiques , livre ebook

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Description

Extrait : "Le livre de M. Saisset (que l'auteur me pardonne de commencer par une critique) a le défaut de porter un titre trop général; on ne voit pas assez quel est le sujet. Philosophie religieuse est un nom vague qui se prête aux designations les plus diverses; d'ordinaire il indique quelque nouvelle tentative pour concilier la philosophie et le christianisme, la raison et la foi..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 61
EAN13 9782335066852
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335066852

 
©Ligaran 2015

À M. S. DE SACY

DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

Mon cher ami,
Permettez-moi de vous dédier ces pages, où votre nom revient plus d’une fois. Ne les lisez pas ; je ne suis point un classique, et ne veux point troubler de douces habitudes ; mais gardez ce volume dans un coin de votre bibliothèque, comme le souvenir d’un compagnon d’armes et d’un ami. Depuis dix ans enrôlé sous votre drapeau, je suis resté fidèle à notre mot d’ordre : Évangile et liberté. Plus j’avance dans la vie, plus cette devise me console et me soutient, plus j’essaye de faire partager notre commun espoir à ceux qui m’écoutent ou me lisent. C’est à ce titre, mon cher de Sacy, que j’ose vous offrir ce livre, et que j’ai la hardiesse de vous dire, en me cachant derrière Cicéron : Vale et me ama.

ÉDOUARD LABOULAYE.

Paris, 20 juin 1862,
Préface
Voici le troisième recueil d’articles que j’offre au public. La bienveillance avec laquelle on a reçu les Études contemporaines sur l’ Allemagne et les pays slaves , ainsi que la Liberté religieuse , m’a enhardi à faire cette nouvelle collection. On y trouvera les mêmes idées et les mêmes espérances : ma foi n’a pas changé. Plus que jamais je crois au Dieu personnel, au Dieu consolateur ; plus que jamais je crois que le monde ne peut se passer ni de religion ni de liberté. S’il y a dans ce volume un caractère qui puisse le distinguer des autres, c’est peut-être que j’y ai mis plus de moi-même, que j’y ai dit avec plus d’abandon combien l’expérience et la vie me ramènent chaque jour davantage à l’Évangile et au Christ. Tous les systèmes qui chassent Dieu du monde et du cœur de l’homme me paraissent aussi faux en philosophie qu’en politique ; ce sont des doctrines de désespoir que je repousse de toutes les forces de mon âme, comme l’erreur et le danger de notre temps.
Un des grands malheurs de notre époque, c’est que l’Église catholique, troublée dans ses intérêts temporels, ou menacée dans ses privilèges politiques, se délie des idées modernes, et n’a que des anathèmes pour ces principes de 1789, d’où le salut lui viendra quelque jour. Il y a là un malentendu funeste, dont la religion ne souffre pas moins que la société. Rien, dans l’Évangile, ne justifie cette vaine terreur ; le christianisme est tout à la fois la religion et la philosophie de la liberté. C’est pour combattre cette erreur, c’est pour faire cesser ce divorce fatal que je suis souvent revenu sur les institutions des États-Unis. L’Amérique, si mal jugée en France, nous donne le spectacle d’une démocratie féconde, qui se réclame de l’Évangile, et fait du christianisme la condition essentielle de la liberté. Un peuple qui risque sa fortune pour rejeter loin de lui l’esclavage, c’est la plus grande chose que le dix-neuvième siècle aura vu. Voilà un exemple qu’il ne faut point laisser perdre, et que je signale à toutes les âmes pieuses, à tous les cœurs généreux qui ne veulent désespérer ni de Dieu ni de l’avenir.
Un recueil tel que celui-ci ne s’adresse qu’à un public peu nombreux ; mais s’il y a dans ce volume quelques pages qui puissent raffermir une foi ébranlée ou ranimer un libéralisme éteint, j’aurai reçu le seul prix que j’ambitionne, j’aurai servi la cause à laquelle j’ai dévoué ma vie.

Paris, 20 juin 1862.
De la personnalité divine

Essai de philosophie religieuse , par M. Émile Saisset.
Le livre de M. Saisset (que l’auteur me pardonne de commencer par une critique) a le défaut de porter un titre trop général ; on ne voit pas assez quel en est le sujet. Philosophie religieuse est un nom vague qui se prête aux désignations les plus diverses ; d’ordinaire il indique quelque nouvelle tentative pour concilier la philosophie et le christianisme, la raison et la foi. Il n’y a rien de pareil dans l’ouvrage intéressant que j’ai sous les yeux. La question qu’aborde M. Saisset est d’un ordre plus élevé ; ce qu’il examine, c’est le problème fondamental de toute religion comme de toute philosophie. Son livre est une théodicée, ou, pour parler français, un essai sur la personnalité de Dieu. Que ne l’a-t-il nommé : Traité de l’existence de Dieu et de ses attributs ? c’est le titre que Fénelon a consacré ; c’est tout à la fois le plus exact et le mieux fait pour appeler l’attention du lecteur.
La personnalité divine, est-ce là un problème qu’on ait besoin de discuter aujourd’hui ? Oui, sans doute, et j’oserai dire que pour notre société il n’y en a point dont la solution soit plus nécessaire et plus urgente. Nous ne sommes plus au temps où Bernardin de Saint-Pierre, rompant avec l’athéisme du dix-huitième siècle, prenait en main la cause de l’Être suprême devant un public étonné de cette hardiesse ; mais si personne aujourd’hui ne se dit athée, si personne n’est assez insensé pour prétendre que les choses vont au hasard et que l’univers n’a point de loi, il s’en faut de beaucoup que la science moderne accepte le Dieu du christianisme, le Dieu de Descartes, de Bossuet et de Leibnitz. Pour la plupart des naturalistes, comme pour les nouveaux philosophes qui s’inspirent de l’Allemagne, Dieu est devenu un nom vague et sans objet. Ce n’est plus l’Être vivant, source de toutes les existences, celui qui a librement créé l’homme et le monde, qui les environne et les soutiens de sa toute-puissante bonté ; Dieu, c’est le synonyme de l’absolu, de l’infini, de l’idéal, considérés comme attributs de l’univers, ou comme de purs concepts de la raison ; en d’autres termes, Dieu n’est plus qu’une abstraction et un mot.
Regardons autour de nous, nous verrons des écoles diverses d’origine et de caractère, écoles qui s’entre-combattent, mais qui toutes s’accordent en ce point qu’elles cherchent à écarter du monde un Dieu personnel. C’est l’école positiviste, qui s’enferme dans l’étude des phénomènes et ne voit dans la succession des choses que le jeu de lois nécessaires au-delà desquelles la raison n’a pas le droit de remonter. Ce sont des systèmes qui s’inspirent des idées de Hegel, qui les habillent à la française et les transforment de mille manières ; mais sous ces déguisements on reconnaît toujours le maître à son Dieu Nature et Humanité, Dieu qui ne se connaît pas lui-même, et qui n’est, sous un autre nom, que l’ensemble des êtres. Voilà les doctrines qui, dit-on, doivent réconcilier la science et la philosophie en ruinant les idoles de l’antique théologie ; voilà les théories que défendent des hommes dont on ne peut contester ni la sincérité ni le talent ; voilà les idées qui peu à peu s’infiltrent dans les esprits et gagnent les cœurs. En dehors du christianisme et de l’école spiritualiste, la philosophie marche à la négation d’un Dieu personnel. La Providence n’est plus qu’un vieux mot inventé par la foi naïve de l’humanité. Une loi inexorable tourne le monde ; la nature est une force inconsciente qui produit et absorbe toutes les existences ; nous revenons à la fatalité des stoïciens.
« Qu’importent ces vaines théories ? dira-t-on. N’y a-t-il pas vingt siècles que Cicéron s’écriait déjà qu’il n’y a rien de si absurde qui n’ait été avancé par quelque philosophe ? Montaigne n’a-t-il pas remarqué depuis longtemps qu’infinis esprits se trouvent ruynés par leur propre force et soupplesse  ; et que c’est de la plus subtile sagesse que se fait la plus subtile folie ? Toutes ces orgueilleuses constructions ressemblent à la tour de Babel ; elles commencent par menacer le ciel, elles finissent par la confusion des langues. Laissez-les tomber d’elles-mêmes : la science et la vérité n’ont rien à faire avec ces illusions. » Ce dédain peu justifié a plus d’un danger. Il n’est pas vrai que les systèmes soient de pures créations de la fantaisie, comme sont les caprices d’un poète ; les systèmes ont des racines profondes, il faut compter avec eux. Que la philosophie soit cause ou effet des idées régnantes, il y a toujours un lien étroit entre la vie d’une société et sa foi philosophique. En chaque siècle on trouve des doctrines qui entraînent les esprits, parce qu’elles répondent aux besoins, aux désirs, aux passions du temps. Dans l’empire romain, quand pour tromper la jalousie du maître chacun se réfugiait dans ses jouissances ou dans sa pensée, est-ce le hasard qui faisait triompher le matérialisme d’Épicure et le panthéisme des stoïques ? Le spiritualisme, au contraire, n’a-t-il pas toujours été le fruit naturel de temps meilleurs ? N’est-ce pas la philosophie de la liberté ?
Il faut donc nier l’histoire ou reconnaître que dans toute philosophie digne de ce nom il y a un fonds essentiel, un élément vital qu

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