Jacques Borel
238 pages
Français

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Jacques Borel , livre ebook

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Description

Né à Paris le 17 décembre 1925, Prix Goncourt 1965 avec son premier livre L'Adoration, Jacques Borel meurt le 25 septembre 2002 ; son oeuvre est presque entièrement autobiographique. Etre d'émotion, incapable d'écrire sinon "en état d'urgence", il traduit cette émotion immédiatement : sans passer par l'intermediaire des concepts ; il s'écrie ; mais là est le paradoxe : ce cri est écrit, complexe et sophistiqué.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 119
EAN13 9782296445925
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J ACQUES B OREL

S’écrire, s’écrier :

les mots, à l’image immédiate de l’émotion
Critiques Littéraires

Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions

Myriam BENDHIF-SYLLAS, Genet, Proust, Chemins croisés, 2010.
Aude MICHARD, Claude Simon, La question du lieu, 2010.
Amel Fenniche-Fakhfakh, Fawzia Zouari, l’écriture de l’exil, 2010.
Maha BADR, Georges Schehadé ou la poésie du réel, 2010.
Robert SMADJA, De la littérature à la philosophie du sujet, 2010.
Anna-Marie NAHLOVSKY, La femme au livre. Itinéraire d’une reconstruction de soi dans les relais d’écriture romanesque (Les écrivaines algériennes de la langue française ), 2010.
Marie-Rose ABOMO-MAURIN, Tchicaya ou l’éternelle quête de l’humanité de l’homme , 2010.
Emmanuelle ROUSSELOT, Ostinato, Louis-René des Forêts. L’écriture comme lutte , 2010.
Constantin FROSIN, L’autre Cioran, 2010.
Jacques VOISINE, Au tournant des Lumières (1760-1820) et autres études, 2010.
Karine BENAC-GIROUX, L’Inconstance dans la comédie du XVIIIe siècle, 2010.
Christophe Désiré Atangana Kouna, La symbolique de l’immigré dans le roman francophone contemporain , 2010.
Agata SYLWESTRZAK-WSZELAKI, Andreï Makine : l’identité problématique , 2010.
Denis C. MEYER, Monde flottant. La médiation culturelle du Japon de Kikou Yamata, 2009.
Patrick MATHIEU, Proust, une question de vision, 2009.
Arlette CHEMAIN (Textes réunis par), « Littérature-Monde » francophone en mutation , 2009.
Piotr SNIEDZIEWSKI, Mallarmé et Norwid : le silence et la modernité poétique en France et en Pologne , 2009.
Raymond PERRIN, Rimbaud : un pierrot dans l’embêtement blanc. Lecture de La Lettre de Gênes de 1878, 2009.
Claude MAILLARD-CHARY, Paul Éluard et le thème de l’oiseau, 2009.
Idrissa CISSÉ, Césaire et le message d’Osiris, 2009.
Pierre Wolfcarius


J ACQUES B OREL


S’écrire, s’écrier :

les mots, à l’image immédiate de l’émotion


L’H ARMATTAN
DU MÊME AUTEUR


Daniel Bruniaux, Le peintre sans regard,
(Fondation pour l’Art Belge Contemporain, Bruxelles, 1999).

L’Objecteur d’esprit Bernhard, (Publibook, Paris, 2001).


© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12737-1
EAN : 9782296127371

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Les livres de Jacques Borel sont référencés grâce aux sigles suivants :

A
L’Adoration (Gallimard, coll. Le Chemin, 1965)
AC
L’Attente. La Clôture (Gallimard, 1989)
AD
L’Aveu différé (Gallimard, 1997)
C
Commentaires (Gallimard, coll. Les Essais, 1974)
Cm
Commémorations (Le Temps qu’il fait, 1990)
D
La Dépossession – Journal de Ligenère
(Gallimard, coll. Le Chemin, 1973)
Df
Le Déferlement (Gallimard, 1993)
E
L’Effacement (Gallimard, 1998)
HVH
Histoire de mes vieux habits
(Balland, coll. L’Instant romanesque, 1979)
JM
Journal de la mémoire (Champ Vallon, 1994)
MML
La Mort de Maximilien Lepage, acteur (Gallimard, 2000)
OD
Ombres et dieux (L’Escampette, 2001)
PA
Propos sur l’autobiographie (Champ Vallon, 1994)
PHR
Petite histoire de mes rêves (Luneau Ascot, 1981)
R
Le Retour (Gallimard, coll. Le Chemin, 1970)
RE
Rue de l’exil (Virgile, 2002)
SMT
Sur les murs du temps (Le Temps qu’il fait, 1989)
SP
Sur les poètes (Champ Vallon, 1998)
T
Tata ou De l’Education
(Gallimard, coll. Le Manteau d’Arlequin, 1967)
VO
Un Voyage ordinaire (La Table Ronde, 1975)


Sigles des revues :

NRF
La Nouvelle Revue Française
RCC
Les Cahiers du Chemin
RCR
Critique
RLR
recueil
Introduction
Jacques Borel est presque un inconnu ; on pourrait même dire qu’il fut de plus en plus inconnu ; certains de ses derniers livres, il me l’avait confié sur ce ton d’autodérision enjouée dont il se délectait, s’étaient vendus à quatre cents exemplaires ; il est absent de toutes ces histoires littéraires, anthologies et autres ouvrages du même acabit que de soi-disant grands éditeurs déversent à tout hasard et en toute impunité sur un public ingénu ; sur Wikipédia, où l’on trouve presque tout le monde, il mérite les deux lignes les plus sèches qu’on puisse imaginer ; qu’une œuvre d’une telle qualité reste aussi confidentielle aussi longtemps, c’est extrêmement rare, incompréhensible même si l’on songe que L’Adoration , son premier livre, reçut le Prix Goncourt (prodigieuse époque effectivement, ces sixties, dernière décennie où le Nobel de « littérature » consacrait un génie, où les principaux prix littéraires français récompensaient encore régulièrement des écrivains : Blanzat, Cabanis, Clézio, Pinget, Thomas) ; il importe donc de commencer par présenter l’homme et son œuvre (ceux qui connaîtraient bien Borel peuvent sauter cette introduction, d’autant plus que je reviendrai en détail sur les « années profondes » de l’écrivain au chapitre Sous le signe de la dépossession ; quant à ceux qui ont réellement pratiqué l’écrivain, ils pourraient même commencer leur lecture par le dernier chapitre, entièrement consacré à son écriture, à sa phrase…).

De père lozérien, de mère bretonne, Borel naît à Paris, dans le XIVe, rue Froidevaux, le 17 décembre 1925 ; quatre mois plus tard, son père meurt ; il est dès lors élevé principalement par sa grand-mère paternelle, à Saint-Gaudens (« Mazerme » dans l’œuvre) ; enfant turbulent, coléreux, angoissé, solitaire, sans camarade, tôt mis en pension, il se réfugie dans la lecture, se découvrant pour la poésie une passion qui ne se démentira jamais ; à neuf ans, il rejoint sa mère (« Lucile »), qui est bonne à tout faire dans la famille de son frère, à Paris (ces « Lohénec » tiennent en fait un hôtel de passe) ; déraciné d’une maison, d’une région, d’un milieu plutôt intellectuel et bourgeois, complètement dépaysé dans ce nouveau milieu beaucoup plus populaire, humilé par la situation « d’esclave » qu’y occupe sa mère, il fait un bref passage « chez les Pères », puis est de nouveau mis en pension, au lycée Henri IV, où il fera, en tant que boursier, toutes ses études ; élève difficile, frondeur, contestataire, il est brillant en français, latin et anglais, moins bon en grec, nul en mathématiques. Il commence à écrire. Sitôt la guerre déclarée, sa mère et lui reviennent à Mazerme, et connaissent leur première période de grande intimité. Dès l’armistice, retour à Paris, début des amours – principalement imaginaires, pour ne pas dire tristanesques ; suite à une désillusion, il tente de se suicider, faisant du coup la connaissance de Geneviève, le médecin appelé à son chevet ; elle a quinze ans de plus que lui, leur liaison durera quatre ans (après leur séparation, Geneviève donnera naissance à un fils, à l’insu de Borel, qui ne le retrouvera que beaucoup plus tard, après la mort de ladite Geneviève ; il le reconnaîtra et s’en chargera).

Il retombe par hasard sur Christiane-Anne-Madeleine Idrac (« Madeleine »), une jeune fille originaire de Mazerme, dont il s’amourache assez vite ; il l’épouse en septembre 1948 ; pendant deux ou trois ans, c’est pour lui « un bonheur désarmant, presque naïf » ; ils auront quatre filles. Mais il a fait la bêtise d’installer sa mère chez eux, et les deux femmes sont incompatibles ; rapidement la situation se dégrade et… un drame éclate ; courageuse, Lucile décide de quitter le ménage, et retourne chez les Lohénec ; lors d’une visite, Madeleine, à bout, la chasse à tout jamais ; Borel en voudra toujours à sa femme, entre eux plus rien ne sera jamais pareil.

Lucile, acculée à la solitude et au désespoir, va rapidement s’é

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