Les oiseaux d'eau sur la rive du lac

Edwige-Renée Dro

Description

Une anthologie de jeunes adultes africains
Ces histoires du plus vieux continent et foyer de la population la plus jeune du monde vont de la fantasy, aux réflexions de la jeunesse en période de conflit, à la mort vue par de jeunes adultes, à la famille, l'amitié, l’éveil sexuel, l’éducation et la transition vers l’âge adulte.
La diversité des récits de cette première anthologie de fiction africaine pour jeunes adultes capture avec force les voix diverses que toute personne adolescente connaît ou connaîtra. Des voix parfois affirmées, parfois incertaines, mais toujours conscientes des mondes multiples qui les entourent.
Contributeurs: Kêlvin Nonvignon Adantchede, Asiedu Benneh, Kofi Konadu Berko, Sabah Carrim, Shamin Chibba, Raoul Djimeli, Chinelo J. Enemuo, Laurence Gnaro, Haku Jackson, Jones Wafula Lukorito, Tamanda Kanjaye, Precious Colette Kemigisha, Priscillar Matara, Howard Meh-Buh Maximus, Yamikani Mlangiza, Merdi Mukore, Fatma Shafii

Sujets

• Young Adult Literature (YA Lit)
• Literature
• Anthologie
• Romans
• Sexualité
• sexualité
• Sexualité

Informations

• Publié par: Amalion
• Date de parution: 12 novembre 2019
• Nombre de lectures: 43
• EAN13: 9782359260861
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Les oîseaux d’eau sur la rîve du lac

Les oîseaux d’eau sur la rîve du lac

Une anthologîe de jeunes adultes afrîcaîns

Édîté par Edwîge-Renée Dro, Elîas Mutanî & Zukîswa Wanner

© Amalîon 2019

Amalîon BP 5637 Dakar-Fann Dakar CP 10700 Sénégal http://www.amalîon.net

ISBN 978-2-35926-085-4 (broché) ISBN 978-2-35926-086-1 (ebook)

Conceptîon de la couverture par Wîll McCarty Afro Young Adult logo par Adele Prîns

Tous droîts de reproductîon, de traductîon, d’adaptatîon, de représentatîon réservés pour tous pays. Aucune partîe de cet ouvrage ne peut être traduîte, adaptée ou reproduîte de quelque manîère que ce soît sans l’autorîsatîon d’Amalîon.

Les cheveux de Tara Sabah CarrIm

Sommaîre

Le fantôme de Zehara Jones Wafula LukorIto

Changement de dîsposîtîons pour dormîr Tamanda Kanjaye

Les dernîères places PrIscIllar Matara

Le soleîl est blanc Koi Konadu Berko

Elxa KêlvIn NonvIgnon Adantchede

Presque la premîère foîs Raoul DjImelI

Le voyage Fatma ShaiI

Oublîette Howard Meh-Buh MaxImus

Cornée noîre, îrîs blanc MerdI Mukore

L’année d’échec ShamIn ChIbba

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6 • LES OISEAUX D’EAU SUR LA RIVE DU LAC

Tu saîs que tu as une sorte de fossette sur cette joue ? AsIedu Benneh

Le chasseur ChInelo J. Enemuo

Les oîseaux d’eau sur la rîve du lac PrecIous Colette KemIgIsha

Naka, la guerrîère lama Laurence Gnaro

Fardeau Haku Jackson

Pour toujours YamIkanI MlangIza

Remercîements

145

157

177

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205

223

235

Les cheveux de Tara

Sabah Carrîm

’entre dans a cuîsîne. Maman et mon rère cucotent. Dès J qu’îs remarquent ma présence, îs arrêtent de parer et re- tournent à ce qu’îs aîsaîent avant que je es înterrompe : ma mère à couper es égumes, mon rère à prendre des gorgées de Nescaé. ïs sembent toujours avoîr tant à se dîre, et je ne com- prends pas pourquoî. Je eur aî posé a questîon pusîeurs oîs, maîs îs me dîsent toujours que je m’îmagîne des coses. J’aîmeraîs qu’îs soîent pus rancs. Bîen, quequeoîs îs e sont, maîs prétendent que je suîs trop jeune pour comprendre. Troîs ans. Troîs années quî donnent à mon rère pus d’années d’âge, pus de maturîté, pus de droît ; troîs années quî justîIent que je ne sace pas ce qu’î saît. Touteoîs, je saîs par expérîence que dans troîs ans, cea ne era aucune dîférence. Je seraî toujours en retard de troîs ans. On me dîra que je ne suîs pas assez grande, assez mature. Bon, c’est rus- trant, maîs je devraîs vîvre avec. Je me dîs qu’îs ont e droît d’avoîr des secrets.… ïs ont e droît. « Soya, voîcî ton Compan aux raîses », dît ma mère, paçant une tasse que je n’avaîs encore jamaîs vue devant moî, aors que je m’assoîs à tabe. e personnage dessus, un Kermît-a-Grenouîe géant, a bouce ouverte, es jambes écartées, très vert et totaement îdîot, me regarde. « ï te ressembe teement, tu ne trouves pas ? » dît mon rère, Zaîn. Je roue des yeux et marmonne : « Encore Zaîn ».

8 • LES OISEAUX D’EAU SUR LA RIVE DU LAC

Je e dîs caque oîs qu’î est odîeux. ï contînue : « Devîne quî ’a coîsî pour toî,avec amour? » Puîs î ève a sîmpe tasse à caé bance, dît « à ta santé », sourît d’un aîr narquoîs et prend une ongue et bruyante gorgée. Ma mère a dît que je seraîs autorîsée un jour à prendre du caé, maîs bîen sûr, ce sera dans troîs ans seuement. Quand j’aî Inae- ment récamé mon droît, ee a dît que mes dents étaîent bances et bees et que es tâces de caé es abmeraîent. « Tu te souvîens de Tara ? dît tout à coup mon rère, sur un autre ton. —Non, aî-je âcé. Pourquoî ? C’est ta nouvee petîte amîe ? —Came-toî, Soya ! dît ma mère. Ce n’est qu’une tasse, et n’a-t- î pas dît qu’î ’a acetée avec amour? —Maîs maman, tu saîs très bîen que… » aîsse tomber, à quoî bon ? Zaîn m’îgnore et me rappee que a Ie va à mon écoe, qu’ee est de cînq ans mon anée. Ma mère ève es yeux de a pance à découper et dît : « Tara est aux urgences, ee se bat contre a mort. Ee a eu un grave accîdent de voîture et ee est a seue à avoîr survécu. ï y avaît quatre autres Ies ». J’essaîe de me rappeer Tara. Tara Pate. Bîen sûr. Je ’aî vue à queques reprîses à ’écoe et aussî ors de marîages et de êtes d’annîversaîre dans a amîe. Je demande « Va-t-ee s’en sortîr ? Est-ce qu’ee vîvra ?». « Sî ee s’en sort, îs dîsent qu’ee sera un égume toute sa vîe ». « Quoî ? Qu’est-ce que tu veux dîre ? » J’îmagîne une carotte. Une cîtrouîe. Une tomate. Ça ne aît aucun sens. J’entends des rîres. Je suppose qu’îs ont raîson pour es troîs ans. Je vaîs dans ma cambre, prends a tabette posée sur ma tabe de cevet et je revîens

LES CHEVEUX DE TARA •9

à a cuîsîne. Je recerce e mot sur Googe et trouve une déInîtîon quî aît sens: Légume : (n) Personne încapable d’actîvîté mentale ou pysîque normale, notamment en raîson de lésîons cérébrales. Maman pare maîntenant du marîage auque nous devons assîs- ter e endemaîn, maîs je n’écoute pus. Je regarde dans e vîde, îmagînant ce que doît être a vîe de é- gume : Ixer e vîde toute a journée, încapabe de communîquer, încapabe d’înteractîon, communîquer de nouvees manîères (încomprîses de tout e monde), avoîr une conceptîon du monde totaement dîférente. Pauvre Tara. Je ne veux pas qu’ee meure. Je veux dîre, ce n’est pas a pus gentîe des personnes. Je me souvîens maîntenant que c’est ee quî, devant tout e monde, a dît à Sara que son unîorme étaît trop ong, qu’î ressembaît à une cemîse de nuît, qu’ee eraît mîeux de porter queque cose de pus court et de pus sexy sî ee ne vouaît pus avoîr ’aîr stupîde. Pourtant, je ne veux pas qu’ee meure, parce que… je ne saîs pas… ee est jeune, ee est joîe, ee veut être médecîn ? Je ne saîs vraîment pas. es raîsons ne sembent pas justîIées, n’est-ce pas ? Maîs comment dîre ce que je ressens sans mentîr, sans qu’on ne me dîse que je suîs trop jeune, trop îmmature, sans être grondée pour avoîr dît ce que je pense, sans toujours avoîr à réLécîr à ce que penseront es gens.

« Tu n’es pas dîférente de nombreux adoescents de ton âge, dît mon proesseur de scîences moraes. Ces questîons que tu as sur ’exîstence, a-t-ee ajouté, ta déIance, ta résîstance au cangement et à ’autorîté, ta rébeîon, ton désîr de partîr d’îcî. Maîs tu doîs être patîente, e moment vîendra… » J’aî arrêté d’écouter. Ouî, je me dîs, maîs quand est-ce que ce moment vîendra ? Dans troîs ans ? Ces adutes ne dîsent-îs pas