L'Autre ami - Tome 3

Rolland Fillod

Description

Sarajevo, 1993. Lorsque s'ouvre le troisième opus de "L'Autre ami", Hubert, le journaliste de la petite troupe, est parti dans les Balkans couvrir la guerre. Depuis les années lycée, il s'en est passé des choses, ils en ont connu des aventures, Pierre, Léo et Hubert... Ils ont choisi des voies différentes, aussi, mais toujours en lien avec l'écriture, cette passion que partage avec eux Rolland Fillod, conteur d'exception et témoin attentif des transformations du monde et des hommes. Pierre, Léo, Hubert: trois amis, trois destins et trois tomes pour une saga au long cours, façon roman d'apprentissage, où l'érudition sans prétention le dispute à l'humanité vraie de personnages incarnés. Loin du roman nombriliste en vogue aujourd'hui, avec "L'Autre ami", retrouvez ce qui fait le sel de la littérature?: une langue choisie, précise et fluide, et une intrigue, une «?histoire?», surtout, dont on ne termine la lecture qu'avec regret, tant cette fiction sonne juste et épouse la réalité.

Sujets

• Initiation
• Amitié

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 26 juillet 2012
• Nombre de lectures: 23
• EAN13: 9782748388947
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

L’Autre ami

Du même auteur

Baruch ou la persévérance2006 Ad patres2007 Les rendez-vous de K2007 Corps et âme.2008

Rolland Fillod L’Autre ami Tome 3 – Hubert

Publibook

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Hubert

Chapitre 1 Dans ce petit matin de décembre 1993, le brouillard re- couvrait Sarajevo. Il était si dense que le chauffeur de la Volkswagen avait dû baisser la vitre et pencher la tête au- dehors pour mieux voir la route. Un froid glacial avait envahi l’habitacle. Hubert avait relevé le col de son par- dessus pour tenter de se réchauffer. Des flocons de neige épars se collaient au pare-brise et gelaient immédiatement jusqu’à former une mince couche de givre que le seul es- suie-glace en état de marche avait toutes les peines à chasser. Les rues étaient désertes. De rares passants sur- gissaient parfois du brouillard, penchés en avant, presque pliés en deux, comme pour mieux voir où ils posaient les pieds. Il y avait longtemps que l’électricité avait disparu de la ville encerclée et pilonnée sans relâche par les forces serbes. Les habitants avaient appris à survivre au milieu des balles et des obus et à enterrer leurs morts dans des cimetières de fortune. Malgré les risques, il avait tenu à revenir dans ce pays où il s’était fait de nombreux amis. Il avait dû batailler dur pour que Le Soir acceptât cette nou- velle mission. — C’est la dernière fois, la dernière, tu m’entends. Tu vas y laisser ta peau… Qu’as-tu encore à raconter ? Qu’y a-t-il de nouveau à écrire ? Tu peux me le dire ? La des- truction systématique d’une ville et de ses habitants, l’enfer des balles et des obus, les gens, les vieux, les jeu- nes et même les enfants, tirés comme des lapins par les snipers, braver la mort pour un peu de bois, s’exposer pour remplir un bidon d’eau en faisant la queue à une fontaine encore en état de marche. Tout ça, c’était déjà vrai en 92,

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c’est encore vrai en 93 et ça le restera aussi longtemps que la communauté internationale sera incapable de mettre un terme à cette guerre… — C’est justement parce que ce n’est pas terminé que je dois y retourner. Il y a là-bas des gens qui attendent que l’on témoigne de la barbarie qui les accable. J’y retourne- rai aussi longtemps que cette histoire durera, et si ce n’est pas pour Le Soir, ce sera pour un autre journal… — Chantage… — Ce n’est pas du chantage, tu te trompes, je fais mon métier, c’est tout, à moins que mes articles n’intéressent plus nos lecteurs… — Tu sais bien que non… Tu pars, mais c’est la der- nière fois. Et promets-moi de ne pas prendre de risques… Depuis son arrivée au Journal, ils avaient appris à s’apprécier. Lucien V., rédacteur en chef sans état d’âme respectait par-dessus tout le professionnalisme de ses journalistes et en cas de coup dur, il était toujours là pour les soutenir. Avant même de l’embaucher, il savait qu’Hubert Le C. n’écrivait jamais rien qu’il n’eût lui- même vérifié sur le terrain. Ses articles sur le Sentier Lu- mineux et sur le Polisario et ceux qu’il avait écrits, plus récemment, pour « Le Soir » sur le conflit en ex- Yougoslavie étaient des modèles du genre : précis, docu- mentés, mais avec ce supplément d’émotion sans lequel un article n’est jamais que le développement insipide d’une dépêche d’agence. En général, il se méfiait des têtes brû- lées parce qu’elles peuvent très vite confondre le sensationnel et la vérité. Il en connaissait beaucoup de ces journalistes qui pensent pouvoir retenir l’attention du lec- teur en laissant courir en arrière-plan de leur article l’idée que ce qui en fait la valeur ce sont les risques courus pour aller chercher l’information plus que l’information elle- même. C’était une facilité dans laquelle Hubert Le C. ne

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