L imaginaire dans le roman africain d expression française
421 pages
Français

L'imaginaire dans le roman africain d'expression française , livre ebook

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Publié par
Date de parution 01 janvier 0001
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296440845
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roger Chemain
L'IMAGINAIRE
dans le roman africain
d'expression française
Editions L'Harmattan
S, 7, rue de l'Ecole-Polytechnique
75005 PARISDU M:Ë.ME AUTEUR
Panorama critique de la littérature congolaise
contemporaine. Edition Présence africaine, 1979 (en collaboration
avec A. Chemain-Degrange).
La Ville dans le roman africain. Edition L'Harmattan, 1982.
@ L'Harmattan, 1986
ISBN; 2-85802-621-9«A Jean-Baptiste Tati-Loutard,
Henri Lapes, Théophile Obenga,
Tchicaya U Tam'si,
Sony Labou Tansi, M. N'Débeka,
s. Bemba, D. Ngoïe, E. Dongala
et aux autres écrivains congolais. »PRÉFACE
Nul n'était plus compétent que Roger Chemain pour
entreprendre le considérable travail d'exploration de
l'imaginaire dans le roman africain d'expression française, disons
mieux: nul n'était plus qualifié que Roger Chemain pour
élucider les implications et les significations de l'imaginaire
africain. Depuis une quinzaine d'années Roger Chemain à
qui l'on doit, entre autres, un livre sur La Ville dans le
roman africain qui prit naissance vers les années soixante
dix, réunit le triple faisceau de compétences qui seul
permet d'aborder les difficiles problèmes de la littérature et
de l'âme africaines: d'abord excellent spécialiste des
techniques d'exploration et des théories de l'imaginaire, puis
non moins spécialiste érudit de la littérature africaine de
langue française, Roger Chemain, enfin, possède cette
connaissance «sur le terrain» de l'Afrique sans laquelle
aucune appréciation valable n'est possible. En ces trois
domaines qui se trouvent ici réunis, Léon Cellier, Charles
Mauron, Madame Jeanne Lydie Goré et moi-même, ainsi
que Balandier, Zahan, furent ses initiateurs et ses
directeurs européens, sans oublier ce compagnon de Toute doté
des mêmes compétences, que demeure Arlette Chemain
Degrange à qui l'on doit un long parcours exploratoire
sur les images de la femme dans la littérature et sur le
terrain africain.
Pour résumer et condenser cette triple compétence,
ajoutons que Roger Chemain a impulsé, à l'Université Marien
N gouabi de Brazzaville, au sein du Laboratoire Congolais
d'Anthropologie et d'Histoire, une cellule active de notre
7Centre de Recherche sur l'Imaginaire (G.R.E.CO. 56 -
CNRS).
Ces compétences ne sont pas de trop pour aborder la
multiforme « ambiguïté» africaine. L'enveloppe de la langue
et de la culture africaine universitaire, ainsi que celle des
procédures d'édition ajoutant encore plus de touffeur à
« l'ambiguïté» fondamentale du continent noir. Le mérite
premier de Roger Cherrtain, comme celui des grands
connaisseurs de l'Afrique-- je songe à mes amis
Balandier et Zahan - est d'abord de poser cette contradiction
fondamentale. Pour lui, contrairement à trop de regards
superficiels et simplificateurs, dus au dualisme mental de
notre éducation occidentale, l'arbre - fût-il celui des
idéologies, de l'engagement politique, des «soleils de
l'indépendance » sur qui a si amèrement ironisé Ahmadou
Kourouma - ne cache jamais l'immense, impénétrable et
nocturne forêt africaine.
C'est que le «cosmicide» que redoute Sony labou Tansi
a d'abord commencé par la mise à mort, non pas
banalement du père, comme dans nos familles judéo-chrétiennes,
mais de la grande matrice qu'est l'imaginaire. En toute
bonne foi, nos intellectuels - spécialement parisiens -
avec un totalitarisme aux intentions généreuses certes, ont
voulu à tout prix «expliquer» l'Afrique, prédire son
destin, déterminer ses aspirations sur le modèle de nos valeurs
et à la lumière de nos lumières.
Roger Chemain suivant en cela le lit profond du courant
qu'il étudie, prend l'exact contrepied d'une telle attitude en
montrant que par derrière un langage - voire une
écriture - souvent calqué sur nos modèles pédagogiques,
d'autres valeurs - des valeurs..(,( radicales» - sont
enracinées plus primordialement que les concepts d'importation
« prêts à porter» implantés par le phénomène colonial et
endossés naïvement par les contestations décolonisatrices.
Et l'auteur a tout à fait raison d'amorcer une comparaison
entre la signifiance profonde de cette littérature africaine
et l'immense continent littéraire qu'est l'Amérique latine.
C'est là une hypothèse scientifique légitime, fructueuse, que
de mettre en parallèle une mentalité fraîchement
décolonisée avec l'âme de groupes sociaux ethniquement très
métissés, et ayant acquis leur «Indépendance» depuis un,
voire deux siècles. Cette hypothèse permet d'abord de lever
une hypothèque: celle des littératures de «contestation»
8et «de combat ». Certes, ces dernières étaient inévitables
dans la mouvance des processus et des idéologies de la
décolonisation. Mais elles sont pour ainsi dire « banales »,
au mieux banalisées par les modèles occidentaux de la
révolution et de la lutte de classes.
L'un des grands mérites de Roger Chemain est de
montre.r qu'aux approches des années 1980 - limite qu'il s'est
donnée pour circonscrire son étude - les cadres du «
réalisme socialiste» et de «l'engagement» de modèle
sartrien, à la mode il y a quarante ans, s'estompent. Comme
nous le lisons dans la magnifique dédicace qu'inscrit pour
l'auteur, Sony labou Tansi, sur son livre La vie et demie:
« voici comment le ventre cherche sa place dans un monde
})
où la cervelle a tout gâché ». Il se peut que les «patterns
occidentaux de l'engagement, du « réalisme », du
«diaïrétique}) soient encore gâchés d'intellectualisme d'importation.
L'étude minutieuse que Roger Chemain nous donne d'un
échantillon judicieusement prélevé - et encadré par
l'ensemble - de la littérature africaine, à savoir l'œuvre de
Ferdinand Oyono, Olympe Bhêly Quénum, Ahmadou
Kourouma, met incontestablement en évidence l'émergence
progressive et de plus en plus tenace du régime nocturne de
l'image. L'on pourrait dire qu'à travers l'analyse de notre
auteur, l'on assiste. à la naissance d'une écriture africaine,
francophone certes, mais débarrassée des fascinations
occidentales, sortie du cocon des «réalismes» contestataires,
et jamais entrée dans l'impasse du soi-disant «nouveau
roman ». Emergence d'un roman africain enfin adulte et
qu'avaient pressenti, parce qu'issus plus directement de
l'oralité, et du rythme, les chants de «négritude» de la
poésie africaine. Roman francophone certes, mais enfin
émancipé de nos idéologies, de nos catégories, de nos
philosophies, comme les écrits de Jérome et d'Ausone sont
émancipés de toutes les structures de la romanité passée.
Mais cerner avec acuité l'émergence de la forêt africaine
primordiale n'a été possible à notre auteur qu'en suivant
le fil heuristique de la méthode « mythocritique » et
mythanalytique. Certes, Roger Chemain ne s'évade pas d'un
totalitarisme explicatif pour tomber dans un autre:
circonsvoiretances historiques - et leur catégorie idéologique -
situations psychologiques chères à la psychocritique,
viennent soudain conforter, ressusciter, telle travée mythique
9africaine privilégiée, voire telle inscription dans le semper
et ubique anthropologique.
Si l'on cherche, comme on est toujours scientifiquement
porté à le faire, un processus de « détermination», l'on
voit à l'évidence sur l'exemple du roman africain et de la
mentalité qu'il exprime, que le déterminisme ici ne pe.ut
être qu'une sorte de « prise» - comme on dit qu'un gel
« prend» - de confluences. C'est, paradoxalement les
formes résultantes, le bassin des confluences qui polarise les
facteurs pour en faire des « causes ». Mais c'est le
«bassin» sémantique qui est la causalité dernière: dans
l'Empire du Sens, c'est toujours « le dernier mot» qui a, qui est
raison.
Il est intéres

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