La Condition de la Femme
252 pages
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La Condition de la Femme , livre ebook

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Description

Extrait : "Le mot sociologie, néologisme assez récent, puisqu'il a été créé par A. Comte, n'a eu longtemps, n'a même pas encore, du moins pour le grand public, un sens bien précis. [...] Grâce aux moyens de pénétration et d'investigation que l'industrie moderne a mis en notre pouvoir, les peuples primitifs sont chaque jour mieux connus..."

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Publié par
Nombre de lectures 45
EAN13 9782335031096
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335031096

 
©Ligaran 2015

Avant-propos
Ces quelques lignes n’ont pour but que d’expliquer comment la Bibliothèque Sociologique Internationale se trouve publier en ce moment un livre posthume du D r Charles Letourneau. Tous les amis de la sociologie savent que cet infatigable travailleur a, dans sa chaire de l’École d’Anthropologie, étudié successivement les principaux phénomènes de la vie sociale : mariage et famille, propriété, morale, droit, religion, politique, éducation, littérature, guerre, esclavage, commerce, et qu’il en a fait l’objet d’autant de livres documentés et instructifs. L’un de ses derniers cours avait pour objet l’étude de la condition de la femme. Fidèle à sa méthode habituelle, il l’envisageait dans les diverses races et civilisations, à l’aide surtout des données ethnographiques. C’est ce cours qu’il avait bien voulu nous promettre pour la Bibliothèque , et il en avait relu le manuscrit dans cette intention. Une mort que nous ne pouvons pas ne point trouver prématurée – bien qu’elle ne soit venue qu’au terme d’une longue existence et qu’il l’ait acceptée avec la sérénité du sage – l’a empêché sans doute d’en faire une seconde révision. Mais, tel qu’il était, son texte exprimait certainement sa pensée d’une façon assez complète et assez exacte pour qu’on n’eût pas à craindre de déformer celle-ci en le publiant. Grâce aux soins de MM. les D rs Manouvrier et Papillault, les dévoués et savants collègues de M. Letournoau à l’École d’Anthropologie et au bureau de la Société d’Anthropologie de Paris, ce travail voit le jour avant l’expiration de l’année où son auteur nous fut ravi. Le second a bien voulu y joindre une notice informée et touchante sur la vie de son maître et sur les influences qui ont présidé à la formation de son esprit. Nous sommes heureux, pour notre part, d’avoir pu contribuer à la publication d’une étude doublement honorable pour la mémoire de M. Letourneau – comme œuvre de science et, à l’égard d’une moitié du genre humain, comme œuvre de réparatrice équité.

RENÉ WORMS.
Notice biographique

Sur Charles LETOURNEAU
J’ai été chargé par les enfants de Charles Letourneau de présenter au public cette œuvre posthume de mon regretté maître. Je sens bien que je ne dois cet honneur qu’à l’affection profonde que j’avais pour lui et à ma reconnaissance pour l’action que volontairement il avait exercée sur ma pensée, non seulement par son enseignement, mais encore et surtout dans les longs entretiens que nous eûmes si souvent ensemble, soit à Paris, soit pendant nos voyages en Tunisie, en Algérie et en Italie. J’ai pu de la sorte, dans un abandon plein de charme et de profit pour moi, pénétrer plus avant que beaucoup de ses amis dans l’intimité de sa pensée et de sa personnalité d’ordinaire un peu fermée, un peu repliée sur elle-même, par une sorte de timidité ombrageuse et par une répulsion très vive pour toute vanité personnelle.
C’est pourtant l’histoire de sa pensée que je voudrais esquisser dans ces quelques pages, bien plus qu’une biographie méthodique et complète ; mais je ne crois pas, en publiant ces quelques notes, faire violence à ses volontés. Je ne viens pas conter des anecdotes pour complaire à une banale curiosité, mais je désire montrer l’unité, l’harmonie saisissante, qui existait entre son œuvre, ses convictions et sa vie. Le haut exemple de probité intellectuelle et morale qu’il nous laisse est trop rare et trop précieux pour rester ignoré.
Faire l’histoire de sa vie c’est donc expliquer son œuvre. La valeur de celle-ci légitime l’attention que nous accorderons à celle-là. Tel fait de la vie courante, humble et sans intérêt, grandit immédiatement s’il nous apparaît comme un des facteurs de la puissante mentalité que nous avons tous admirée.
L’origine et l’enfance de Charles Letourneau ont une grande importance à nos yeux. Les premiers sentiments imprimés dans l’esprit par le milieu et l’éducation ne périssent jamais. Ils poursuivent, au contraire, leur croissance logique à travers les acquisitions nouvelles, imposent leur orientation aux faits et aux idées, et, dans la pleine maturité de l’esprit, se retrouvent toujours vivaces dans les théories générales et les systèmes. Toutes ces conceptions semblent la pure expression des faits qu’elles coordonnent ; mais ce n’est vrai qu’en partie ; creusez davantage, descendez dans les profondeurs de la conscience, et vous trouverez les impressions d’enfance, racines vigoureuses nourrissant de leur sève la riche floraison qui aura mis un demi-siècle à s’épanouir.
Mais parlons d’abord du physique ; biologiste très renseigné et matérialiste convaincu, il ne me pardonnerait pas de l’oublier.
Sa famille était bretonne. Dans les notes que son fils M. Gustave Letourneau a eu l’obligeance de me donner, je lis que « ses ascendants maternels occupaient vers la fin du XVIII e siècle une assez brillante situation. Son grand-père, le baron Cosson de Kervodiès, était magistrat à Lorient. Plus tard, des revers de fortune obligèrent toute la famille, après un séjour de plusieurs années à Paris, à se fixer dans le Morbihan, dans la petite ville d’Auray ». C’est là qu’il naquit le 23 septembre 1831.
Il aimait à poursuivre beaucoup plus loin sa généalogie. Très brun, la barbe ondulée et très noire autrefois, le nez fort et busqué, le front large et haut, la face robuste et fortement charpentée, la courbe crânienne régulière avec un indice céphalique de 80,4, il pensait appartenir à la vieille race quaternaire, forte, courageuse, libérale et pacifique, et qui a laissé tant de traces dans le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique. Quoiqu’il en soit, sa robustesse était indéniable, et ses habitudes de jeunesse avaient tout réuni pour favoriser les prédispositions ethniques. Enfant, il vagabondait en toute liberté dans les landes bretonnes, ou bien, avec des marins de son âge, allait d’île en île dans la mer douce et bienveillante du Morbihan. Envoyé à Vannes pour suivre les cours du collège, il n’interrompit point ses courses aventureuses. Aussi garda-t-il toujours envers ses vieux maîtres une reconnaissance spéciale : ils ne lui avaient presque rien appris et l’avaient laissé libre, lui épargnant ainsi la double déformation physique et mentale qui frappe ordinairement la jeunesse française.
Il resta toute sa vie le Breton solide, trapu et musclé que l’air des grèves avait développé. À 40 ans, il étonnait les marins Italiens en traversant à la nage l’immense baie de la Spezzia ; à 7 0 ans, il restait un redoutable compagnon de route, conservant après 8 ou 10 heures de marche toute l’aisance de ses mouvements et toute la lucidité d’une mémoire merveilleuse. De tempérament solide et d’esprit pondéré (mens sana in corpore sano) , il ne cachait pas son mépris pour la délicatesse maladive des civilisés et ce qu’il appelait l’affolement de leurs réflexes.
N’exagérons rien cependant : si son cerveau, nettement supérieur à la moyenne d’après mes pesées et remarquablement riche en circonvolutions, commandait en maître à son organisme, s’il pouvait exercer sur les réflexes et sur l’expression des sentiments une action inhibitrice à peu près toute puissante, il ne faudrait pas en conclure que cette souveraineté s’exerçât sans résistance. Une dose très minime de café ou de tabac produisait chez lui une excitation à laquelle il s’exposait rarement. Toutes ses impressions étaient extrêmement vives ; mais il fallait le connaître très intimement pour s’en apercevoir. Très artiste, très sensible à la beauté des formes, à l’harmonie du verbe, il présentait dans le domaine moral la même délicatesse de sentiment, et nous allons voir quelles émotions soulevaient dans son âme d’enfant les pratiques religieuses du catholicisme.
Cette acuité de toutes les impressions ne doit pas, à mon sens, nous étonner ; elle prouve simplement l’activité et la tonicité de sa substance nerveuse, et constitue une condition indispensable à la finesse et à la pénétration de la pensée.

Examinons maintenant comment le milieu façonna cette intelligence et lui donna son o

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