La Verge Noire
125 pages
Français

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La Verge Noire , livre ebook

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Description

— Mais qui sont donc ces pèlerins ?


Lech, vicaire de la cathédrale de Reims, est abordé par deux visiteurs qui cherchent à savoir à quelle heure commencera le sacre de Charles VII. Découvrant que la cérémonie s’est déroulée cinq siècles plus tôt, ils exigent de rencontrer au plus vite son successeur afin de lui remettre un document urgent.


Langage, accoutrement, tout en eux est étonnant. Il décide de les accompagner à Paris où ils révèleront l’objectif exact de leur voyage... et le contenu de leur bagage.


Comment diable sauver l’humanité du destin implacable qui attend notre espèce à cause d’un simple oubli ?


Une fable SF qui amusera plus qu’elle ne terrifiera, quoique...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 10
EAN13 9782923916972
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA VERGE NOIRE
MÉMOIRE DU TEMPS
© ÉLP éditeur 2015 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com
ISBN : 978-2-923916-97-2
Illustration de couverture : Bastïen :L’œil de la Verge Noire, 2015
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ÉLP éditeur est une maison d’édition 100% numérique fondée au printemps 2010. Immatriculée au Québec (Canada), ÉLP a toutefois une vocation transatlantique : ses auteurs comme les membres de son comité éditorial proviennent de toute la Francophonie. Pour toute question ou commentaire concernant cet ouvrage, n’hésitez pas à écrire à : elpediteur@yahoo.ca
La Verge Noire
Humanity’s a nice place to visit, but you wouldn’t want to live there.
Terry Pratchett
Chapitre 1
Lech, vicaire de la cathédrale de Reims, ouvre les portes de l’édifice tôt ce matin du 1 er avril. De si bonne heure, les fidèles sont rares, surtout quand la température nocturne a frôlé le moins cinq. Il prend cette tâche comme une règle immuable, lui le réfugié politique du temps pas si lointain où être catholique n’était pas bien vu dans sa Pologne natale. Peu frileux, habillé d’un sobre costume noir, il n’a même pas fermé le col de sa chemise et n’a pas couvert sa calvitie avancée d’un simple bonnet. Il rentre et essuie la buée qui a envahi ses verres d’astigmate. Un couple profite de l’aubaine et se faufile dans le lieu de culte. Sans prêter attention à la beauté du monument, la femme s’adresse au religieux :
« Maître Cardinal, je suis charmée par notre rencontre.
— Bonjour Madame, puis-je vous renseigner ?
— J’espère. Pouvez-vous nous confesser l’heure du sacre de Charles le Sept et s’il se déroule bien aujourd’hui ?[1] »
Lech considère les deux visiteurs avec étonnement. Leur aspect l’intrigue et s’ajoute aux propos surprenants nasillés d’une voix de contralto. La dame est vraiment grande, fine. Ses cheveux teints en violet encadrent un visage très impersonnel pour ne pas dire banal, rien n’accroche le regard, tout est normal, standard, sans défaut mais aussi dénué d’intérêt. L’impression rappelle celle des images de mannequins dans certains magazines, retouchées maintes fois avant la mise en pages. Le reste du corps est ordinaire hormis la longueur incongrue des bras et des jambes très découvertes par une minijupe rose bonbon peu assortie aux escarpins jaune citron. Ce choix de couleurs aggrave l'association inharmonieuse avec le vert fluo du tee-shirt. Quant à son compagnon, sa faible taille détonne auprès d’elle. Malgré sa courte stature, il respire le mâle. Cheveux poivre et sel assez longs et hirsutes, barbe à la coupe si parfaite qu’on doute de son naturel. Les lunettes noires et le costume mauve clair relèvent moins de la classe que du parvenu qui frime. Il sent la sueur et transpire alors que la température titille le glacial. Il tient dans la main plusieurs petites cartes, tend celle du dessus à sa compagne et remet les autres dans sa poche.
« Je ne comprends pas la question. Enfin, si votre demande concerne le dauphin sacré roi en ces lieux, l’événement s’est produit il y a longtemps.
— Imania ! Tu vois bien que tu ennuies ce saint prélat, intervient l’homme.
— Imanio, tu m’agaces, rétorque-t-elle, je t’avais prévenu que nous n'arrivions pas au bon moment. Cher Cardinal, savez-vous où je peux rencontrer cet empereur ou sa secrétaire ?
— Charles VII est décédé depuis plus de cinq siècles et, s’il employait une secrétaire, je crains fort qu’elle ait rendu l'âme elle aussi.
— Jeanne d’Arc est morte ! hurle Imania. »
Des larmes coulent de ses yeux sans qu’elle exprime la moindre émotion faciale. Elle déchire avec rage la carte qu'elle tenait et disperse les morceaux au sol.
« Excusez-la, elle se dérègle souvent pour des broutilles, déplore Imanio. Comme notre vivid computer[2] qui s'est encore trompé… C'est sa faute si nos fiches sont remplies d'erreurs, il refuse de mémoriser la plupart des dates et recrache celles de naissance ou de décès. L'important pour lui, c'est ce que chaque être fera de sa vie et le souvenir qu’il laissera à ceux qui l'ont connu. Il argumente aussi, lorsque le personnage est classé historique, sur l'impossibilité de se rendre aux obsèques ou d'offrir un cadeau à la maman. Parfois, il lui arrive quand même de stocker certains événements selon un calendrier aléatoire et labyrinthique qu'il dédaigne de nous décoder. Les fiches éditées sont ordonnées selon la cote d'amour des personnes illustres ayant vécu en France. Jeanne d'Arc étant la plus aimée des célébrités
françaises, d'après lui, elle vivrait toujours et en conséquence Charles VII régnerait… Imania était persuadée qu'il avait raison. Enfin, si Charles VII n’est plus, peut-être a-t-il eu un successeur, son fils ou son assassin par exemple ? Et de proches en proche[3], quelqu’un occupe-t-il présentement le trône ?
— Oui, bien sûr. Même si nous ne vivons plus en royauté, un Président de la République officie et possède certains pouvoirs.
— Ça nous conviendra tout à fait. Par contre, je ne sais pas ce que signifie république, cela n’a peut-être aucune importance, notez bien. Connaissez-vous son prénom et son numéro ?
— Le numéro ?
— Oui, comme Charles.
— François IV dans ce cas, mais nous nous servons du nom de famille : les présidents sont élus par le peuple et n'ont pas de lien de parenté entre eux.
— Nous devons donc remettre une missive intergalactique à François IV, l’homme le plus puissant de la Terre.
— Le plus puissant, dites-vous ? Si on veut, oui ; la France possède encore un petit rôle au niveau mondial. Il faudrait vous rendre dans la capitale et y rencontrer quelqu’un de ses services. Vous connaissez l’adresse du Palais de l’Élysée ?
— Là où se repose Jeanne d’Arc ? se réveille Imania au sourire retrouvé.
— Son âme ? remarque Lech. J’ose croire qu’elle nous attend au paradis, Madame. Quant à son corps, elle a été brûlée vive… jusqu’à ce qu’il devienne cendres. »
La femme sanglote à nouveau :
« Barbares ! Sadiques ! Pyromanes ! »
Lech tente de la consoler du terrible destin de la guerrière.
« Elle a été sanctifiée par la suite et, à travers les siècles, la Pucelle d’Orléans est restée une héroïne française, comme l'a constaté votre ordinateur. Quant au nom du bâtiment, ce n’est rien qu’une façon ampoulée de se référer aux racines de notre culture.
— Dommage, se déçoit Imanio, j’aurais volontiers bu les eaux du Léthé [4] afin d’effacer tous mes mauvais souvenirs, et il y en a tant ! Nous venons de loin et nous ne connaissons guère les lieux. Pourriez-vous nous guider vers l’endroit où vous nous suggérez d’aller ? »
Lech se demande de plus belle d’où viennent ces deux zigotos qui veulent l’accaparer. Il construit dans sa tête le planning de sa journée surchargée : le temps d’un aller-retour à la capitale n’est pas envisageable. Cependant, il ne peut traiter ce couple baroque comme de vulgaires touristes en quête de souvenirs futiles à raconter devant des amis blasés lors de leur retour au bercail. Il se résout à quémander une décharge pour aujourd'hui ; après tout, il a souvent remplacé les autres vicaires, car vivre loin de son pays natal libère des contraintes familiales, et se faire accepter suppose une abnégation profonde. La curiosité et l’intuition d’une situation inhabituelle le convainquent d’aller tout droit à l’archevêché pour se libérer.
« Attendez-moi ici, je reviens dans cinq minutes. »
Plutôt que de détailler l’incongruité de la rencontre auprès du responsable, il préfère avancer l’excuse d’aider des ouailles un peu paumées qui le sollicitent et s’en remettent à son dévouement sacerdotal. Il en profite aussi pour suggérer que l’archevêque contacte l’Élysée et annonce leur venue éventuelle et la bizarrerie de la demande d’entrevue. Afin d’appuyer la démarche, il en dit un peu plus à la secrétaire et en accentue l’aspect singulier.
Notes :
[1] Charles VII fut sacré roi de France à Reims le 17 juillet 1429 en présence de Jeanne d'Arc (brûlée vive le 30 mai 1431 à Rouen). Il mourut le 22 juillet 1461.
[2]vivid computer :vif ordinateur.
[3] de proches (comme un fils ou un parent – les proches –) en proche (comme se positionne souvent un assassin).
[4] Léthé : le fleuve de l'oubli dans les Enfers de la mythologie grecque.
Chapitre2
« Vous vous étiez engagé à un douzième d’heure, s’offusque Imania, nous attendons depuis neuf cent onze virgule zéro vingt millions neuf cent vingt mille cent neuf secondes. Sale menteur ! Vous avez pris le temps de forniquer avec vos femelles, je suppose ?
— Elle est pointilleuse ! s’amuse son compagnon.
— Excusez-moi, c’était une manière de parler. Je peux vous accompagner à Paris si nous partons maintenant.
— Nous prendrons notre berline, elle est très performante, fabriquée pour une visite de la Terre il y a plus d’un siècle ; finalement, l’agent désigné a préféré un modèle rocheux intergalactique, mal lui en a pris : son engin s’est écrasé vers Toungouska[5]. Vous verrez, la voiture est très moderne ! Elle est garée le long du lieu de prière.
— Mon véhicule sera peut-être plus adapté à la circulation actuelle ? objecte Lech.
— Inutile, il ne faut que ravitailler le nôtre en combustible. »
Ils se dirigent vers la gauche de l’église. Imania s’arrête devant l’autel baroque et semble fascinée par sa croix.
« J’avais déjà vu en image. Quel crime a-t-il commis pour être puni ainsi ?
— Il a pris sur lui les péchés des hommes, répond le vicaire. C’est une longue histoire.
— Et nous ne sommes pas venus parler du Christ, s’impatiente Imanio après avoir remis dans sa poche la fiche qu'il venait de consulter. »
En ce début de matinée, les rues sont désertes mais un attroupement s’est formé autour d’une machine d’un autre âge. Le couple se dirige vers la chose en question.
« Dégagez ! » ordonne l’homme aux curieux.
Les gens, intrigués, reculent de quelques mètres. Lech s’approche et découvre une automobile ancienne, immatriculée aux normes du début du XXe siècle, 101 - D1, mais comme neuve.
« Je sais, précise Imanio, elle ne ressemble pas aux autres, on m’a certifié que c’était une contrefaçon parfaite d’une Panhard et Levassor X12[6].
— Contrefaite, dites-vous ?
— Étonnant, non ! sourit-il. C'est un modèle performant à la pointe de la technologie actuelle.
— Vous ne savez peut-être pas, Monsieur Imanio, mais cette relique a été fabriquée au début du siècle passé, à partir de 1907, je crois.
— Vous vous y connaissez bien en tacots ?
— En voitures ? Pas spécialement, un ami passionné de ce constructeur m’en a tant parlé que j’ai fini par identifier certains produits. »
Lech est envahi de doutes. D’abord, il les avait pris pour des excentriques. Petit à petit, il s’était mis à suspecter leur santé mentale. De là à remettre à neuf, d’apparence du moins, un véhicule de collection… Quelque chose clochait.
« Vous savez en quelle année nous sommes ?
— Je ne connais pas le calendrier local.
D’aprèsnoscalculs,nousdevrionsêtrel’an1429environ,sursauteImaniaavantdese
D’aprèsnoscalculs,nousdevrionsêtrel’an1429environ,sursauteImaniaavantdese repositionner aussitôt en léthargie.
— Nous suivons le calendrier grégorien, précise Lech qui soupçonne que leur calcul pourrait partir de l'Hégire, même si le résultat resterait quand même inexact. Et cela expliquerait aussi la confusion avec la période où Charles VII régnait.
— Celui qui se réfère à la date fictive de naissance de Jésus le Nazaréen ? s'enquiert Imanio.
— Oui, nous sommes en avril 2016… ou en 1437 selon le repère que vous avez cité.
— Peu importe, avez-vous du dihydrogène ?
— Pas facile d’en trouver ici. Votre engin fonctionne avec ce carburant ?
— Oui, quand il ne vole pas. Sur une planète, il plane au ras du sol bien évidemment et tire son énergie de ce gaz.
— Je crois préférable de prendre une automobile classique. Si vous voulez, nous pouvons mettre votre engin à l’abri des curieux.
— Sans carburant ? Il est trop lourd pour être porté, vous savez.
— En le poussant ?
— Les roues ne tournent pas, elles sont factices. Je prends des affaires et on arrive. »
Imanio presse un bouton. Posé sur le marchepied droit, un coffre de bois se soulève. Aux quatre coins, des pattes articulées tentent de se déplier ; elles sont graciles, plutôt courtes et d’aspect métallique. Une fois presque relevé, l’objet glisse, car deux des membres plient, et il chute à terre ; il essaie de se redresser en s’appuyant à nouveau sur ses jambes singulières qui cèdent encore.
« Foutue pesanteur ! Vous pourriez approcher votre voiture ? On essaiera de le charger dedans. »
NOtes :
[5] L'événement de la Toungouska s’est produit le 30 juin 1908 : sans doute un petit corps du système solaire ayant explosé à environ cinq kilomètres d'altitude. Cela en fait la plus grosse explosion connue de l'histoire humaine due à la rencontre d'un tel corps avec la Terre (Wikipedia).
[6] Panhard et Levassor X12 : 1907 à 1913 – Coupé Chauffeur X12 – Carrosserie sedan – 4 portes – 5 places – moteur à l'avant – Traction arrière – 4 Cylindres – Refroidissement liquide – Cylindrée 4084 cm³ – Puissance 22 ch – Vitesse 90 km/h.
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