Le château de Tanna’Saoghal
169 pages
Français

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Le château de Tanna’Saoghal , livre ebook

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169 pages
Français

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Description

L’Écosse ; les Lands battues par les éléments, les reliefs ciselés au scalpel, des rivières innombrables s’écoulant dans les précipices berceaux des lacs, une nature sauvage comme le peuple des Highlands qui vous raconte les histoires des démons au coin du feu. Dans ce décor se joue l’affrontement éternel du bien contre le mal et de ses suppôts avides de pouvoir.


Au château de Tanna’Saoghal, vous assisterez à cette lutte dans l’ascension et la décadence pour la domination des faibles esprits humains. Heureusement pour nous, quelques âmes charitables combattent les démons pour que nous soyons des proies moins faciles malgré le scepticisme généralisé et de coûteuses victoires.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9791034801565
Langue Français

Extrait

A.J. Crime
 
 
 
Le château de Tanna’Saoghal
 
 
 
Illustration : Lydie A. Wallon
 
 
 
Publié dans la collection I-Mage-In-Air,
Dirigée par Lydie Wallon
 
 
 
 

 
 
 
 
© Evidence Editions 2017
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Merci !
Aux premiers lecteurs qui ont su me donner leur avis et me forcer à sublimer cette histoire.
À ma famille pour supporter cette passion esclavagiste dévorante et chronophage.
Au staff d’Evidence Editions pour la confiance et le soutien qu’ils m’ont apporté.
Aux lecteurs futurs pour ce partage intime qui, page après page, nous rapprochera sans même que nous en ayons conscience.

 
 
 
 
 
Première partie
(1 er round)
 
 
L’Esprit
 
 
 
 
 
 
 
 
1
 
 
 
Bill Wallon roulait à vive allure depuis environ deux heures, sur cette petite route venant de Dundee, au volant de sa Ford. Il dépassa un panneau indicateur du nom de la bourgade d’Écosse, où il pénétrerait dans cinq miles : “Tanna’Saoghal”. Sur la carte et en tenant compte de l’état de la chaussée comme de son étroitesse, le château devait être à environ trente minutes du village en s’enfonçant dans les Highlands. Tanna’Saoghal reposait au pied de concrétions rocheuses, la plaine vallonnée depuis le bord de mer, cessait alors brutalement. L’arrière-pays prenait des aspects de no man’s land où les hameaux déserts se disputaient avec des ruines. À croire que cet itinéraire avait été sciemment oublié dans le but d’isoler Tanna’Saoghal, aux premiers contreforts des Highlands.
Le soleil brillait haut dans le ciel et son estomac le rappelait à l’ordre. Il n’avait rien emporté pour manger sur la route, certain de croiser des villages équipés de restaurants. Bill se rendait dans ce village pour se livrer à son violon d’Ingres : les châteaux ; et celui-ci nourrissait son imagination. Il ne se limitait pas à l’Écosse, mais les demeures de ce pays de légendes le passionnaient.
Il visitait rarement par un aussi beau temps. Sait-on jamais, la tourmente se lèverait peut-être pour ajouter un peu de piquant à cette histoire. Wallon en avait pourtant vu des bâtisses noires et abîmées, résister fièrement aux éléments au sommet d’éperons rocheux imprenables et de montagnes battues par la pluie. Le vent y soufflait avec rage entre les pierres, faisant naître dans l’imagination des habitants une cohorte de démons terrifiants, effrayants, bien plus encore lorsque l’Humain se complaît dans le doux frisson de craintes superstitieuses, infondées. Tout du moins, c’était ce qu’il pensait, convaincu par le monde réel, que jamais le paranormal n’y avait eu droit de cité. Bill s’enorgueillissait de son pragmatisme forgé au rythme des expériences en des lieux réputés hantés.
Jusqu’à la révélation !
A posteriori, il compta le nombre de véritables esprits qu’il avait croisés, vus ou entendus. L’expérimentation de l’au-delà ouvrait les yeux sur un monde complexe et parfois dangereux. Tout jeune homme, Bill repoussait ces sornettes avec des moqueries faciles. Plus tard, tout à son engouement des vieux bâtiments, il avait ouï des histoires troublantes, jusqu’à percevoir des bruits que l’imagination seule n’expliquait pas. Une démarche objective, liée à des notions pointues en physique, fournissait l’argumentaire nécessaire pour démontrer l’absence de phénomènes et écarter des terreurs abjectes qu’il méprisait. Il regardait avec une certaine pitié des hommes et des femmes, terrorisés, privés de leur intelligence, abandonnés de toute réflexion, dépassés par des événements banals. Mais en une nuit, au cœur même de cette Écosse de légendes, un autre aspect de la vie et de la mort lui fut révélé. Tel un athée qui se convertit à l’écoute de la voix du seigneur, il s’était forgé une foi indéfectible. À presque trente ans, remettre en cause des certitudes de toute une vie en quelques heures au péril de la sienne, il y avait de quoi être retourné et générer de nouvelles passions.
Son pied relâcha imperceptiblement l’accélérateur alors qu’il se rappelait le déclencheur de sa nouvelle vie, de sa reconsidération du monde, de tout ce qu’il apprenait au jour le jour et aux personnes qu’il avait rencontrées par la même occasion.
 
 
*
* *
 
 
 
Une paisible matinée s’était écoulée, dans un passé où sa Ford Escort flambant neuve affrontait, victorieuse, les épingles à cheveux d’une route de montagne ; un chemin défoncé creusé d’ornières. Le ciel, alourdi de nuées grises, n’avait pas laissé paraître le soleil. Les sommets alentour restèrent invisibles derrière la couverture nuageuse compacte et immobile tant le vent s’était absenté. Un sentiment prédominait : il ne pleuvrait pas et l’air stagnerait dans l’attente béate du premier coup de tonnerre. Concours de circonstances qui rendait l’après-midi agréable, enfermé entre les murs frais et humides du vieux manoir, habité par un lord à l’âge séculaire. Il se rappellerait son nom à la patine aussi usée que ses pierres. Oublieux de l’heure, de captivantes digressions historiques et architecturales les avaient poussés jusqu’au soir. L’homme, heureux de trouver un interlocuteur pointu et intéressé, lui avait offert de partager son repas et de dormir chez lui :
— Il serait préférable que vous dormiez ici monsieur Wallon, la route n’est pas sûre la nuit et l’orage qui menace vous prendrait au dépourvu. J’ai une chambre d’ami que je tiens toujours prête, bien que je reçoive peu. Si vous ne craignez pas la peur qu’enfante la proximité de ce que beaucoup appellent en tremblant, des esprits.
— Bien sûr que non ! répondit-Bill en haussant les épaules.
Wallon se retrouva déçu par cette ultime remarque, il s’était persuadé que ce vieil homme ne s’encombrait pas de superstitions idiotes. Le lord n’avait fait aucune allusion à un habitant pluricentenaire qui traînait ses chaînes toutes les nuits de pleine lune. Son hôte garda un flegme de circonstance et Wallon envisagea qu’il s’amusait à ses dépens ou le testait. Les ermites, de quelque rang social soient-ils, le plongeaient dans l’incompréhension.
Bill logea dans une vaste chambre aux murs de pierres brutes masqués sous de lourdes tapisseries. Un feu grondait dans la cheminée pour aider le chauffage, branché en son honneur, à chasser le froid et l’humidité incrustés dans les pierres antiques. Le foyer crépitait au pied du lit à baldaquin sur le mur opposé. Bill ne regretterait pas le réconfort des flammes orangées pour réchauffer une literie imprégnée d’une odeur de moisissure, malgré la senteur florale de l’assouplissant. L’électricité, pour la lumière et le chauffage, avait été installée quelques années plus tôt et les câbles pendaient, artisanalement fixés aux murs. Wallon comprenait que saigner la pierre aurait demandé des travaux titanesques et que, par souci d’économie, un tiers du château avait été équipé pour le confort des rares invités du maître et d’une poignée de serviteur. Bill repensa avec un sourire aux deux aimables domestiques qui avaient papillonné autour de la table pour servir le repas.
Les proportions colossales de la chambre lui inspirèrent une prière pour qu’elle ne l’écrase pas. Suspendus entre les lourdes tapisseries, des armes et des trophées se jouaient des ombres et des lueurs projetées par le feu. Complétant le tableau, une fenêtre à guillotine, percée à partir d’une meurtrière, s’ouvrait sur la profonde vallée aux pieds du géant de pierre. Wallon, abattu de fatigue, se coucha au plus vite et, recroquevillé au centre du matelas moelleux, s’endormit aussitôt pour sombrer dans un sommeil sans rêves et réparateur.
 
 
*
* *
 
 
 
Le froid s’insinuait par le haut des draps et Bill

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