Le Joueur de quilles
143 pages
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Le Joueur de quilles , livre ebook

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Description

Selon certains critiques, Alain Beaulieu est à la ville de Québec ce que Michel Tremblay représente pour Montréal : un écrivain de SA ville. Rares en effet sont les auteurs qui ont donné vie à la Vieille Capitale avec une telle ferveur et une telle fidélité. Tout comme dans ses trois premiers romans (Fou-Bar, Le Dernier Lit et Le Fils perdu), Le Joueur de quilles fait de Québec bien plus que le simple lieu de l'action, mais à sa manière un véritable personnage.
Et c'est dans cette urbanité complexe, voire contradictoire tant les contrastes sociaux, économiques, architecturaux y sont criants, que Beaulieu fait évoluer ses personnages. Car Alain Beaulieu, ne l'oublions pas, est un conteur. Et c'est ce talent, cette maîtrise du récit et de ses rebondissements les plus inattendus qui d'abord nous captivent.
Imaginez un écrivain, Samy Martel, travaillant à un immense roman mettant en scène une quarantaine d'écrivains québécois et français (morts et vivants) débattant dans un grand restaurant parisien; imaginez-le interrompu par une « offre qu'il ne peut refuser » : la rédaction de la biographie de Rémi Belleau, petit truand pseudo-homme d'affaires, qui veut laisser la trace de certaines de ses activités moins connues; imaginez maintenant que tout cela a également à voir avec la mort récente de Sylvain, beau-frère et ami de Samy… ainsi qu'avec le rêve d'un Québec indépendant. Et tout cela, admirablement architecturé, donnera un roman étonnant sur l'écriture, l'engagement, la responsabilité individuelle et l'importance de certains « choix » personnels ou collectifs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764417263
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L i t t é r a t u r e d ’ A m é r i q u e
Le Joueur de quilles
Du même auteur chez Québec Amérique

Le Solo d’André, roman jeunesse, Montréal, 2002.
Le Fils perdu , coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 1999.
Le Dernier Lit, coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 1998.
Fou-Bar, coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 1997.
Alain Beaulieu
Le Joueur de quilles
roman
Données de catalogage avant publication (Canada)

Beaulieu, Alain
Le Joueur de quilles
(Collection Littérature d’Amérique)
ISBN 978-2-7644-0268-9 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1376-0 ( PDF )
ISBN 978-2-7644-1726-3 ( EPUB )
I . Titre. II . Collection.
PS8553.E221J68 2004 C843’.54 C2004-940175-0
PS9553.E221J68 2004

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Dépôt légal : 1 er trimestre 2004
Bibliothèque nationale du Québec
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Mise en pages : André Vallée
Révision linguistique : Diane Martin
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Pour tout commentaire ou question technique au sujet de ce ePub: service@studioc1c4.com

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

©2004 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
À Solange
« Être homme c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. »
Antoine de Saint-Exupéry Terre des hommes
Note au lecteur
Au départ, le projet semblait simple : écrire ce qu’il est convenu d’appeler un livre de commande, l’autobiographie d’un homme d’affaires de la Vieille Capitale, un livre signé de sa griffe, évidemment.
À l’époque, je travaillais à un roman immense, trop grand pour moi, un projet complètement fou qui rassemblait dans un grand restaurant de Paris une improbable amicale d’écrivains français et québécois, auxquels venaient s’ajouter quelques Africains, un Antillais, deux Chinois, un Tchèque et un Vietnamien.
Ils sont tous réunis, morts ou vifs, sous l’égide d’une obscure société vouée à la protection du patrimoine littéraire francophone. Miron est là, seul dans son coin, étrangement silencieux, chassant de la main ceux qui tentent d’entamer la conversation avec lui. Même l’hôte de la soirée, son ami Bernard Pivot, n’a pas réussi à le dérider quand il s’est ramené avec son questionnaire, qu’il a modifié pour l’occasion. Qui, ce soir, aimeriez-vous traiter d’enfoiré ? À quelle femme succomberiez-vous sur-le-champ ? Si Dieu vous recevait aujourd’hui, de quel vice voudriez-vous qu’il vous soulage ? Miron s’est contenté de fermer les yeux derrière ses lunettes de corne noire. On apprendra plus tard que le pessimisme dévastateur de Jacques Ferron n’est pas étranger au spleen de son ami Gaston. Personne ne sait de quoi ils ont discuté à leur arrivée dans le hall du restaurant, mais Miron s’est par la suite renfrogné puis refermé comme une huître.
Ferron lui-même semble pâtir depuis qu’on l’a installé devant Amélie Nothomb qui s’empiffre d’œufs pourris farcis de chenilles noires. Un filet de bave foncée coule sur son menton fuyant et tombe, goutte à goutte, dans l’échancrure de son décolleté. En fait, notre Jacques se demande comment il va intégrer ce mystérieux oiseau, visiblement malade avec son ego qui cherche à exploser parce que trop immense pour être confiné dans ce corps au demeurant rebutant, cet animal à la fois vil et attachant qu’on aimerait prendre dans ses bras pour le consoler, mais qui vous mordra à la première occasion, cette enfant sans assise parce que mal aimée, sans doute, seule à jamais dans l’étrangeté de ses désirs, comment ce personnage de fille intelligente et insipide, plus grande que nature, à la fois grave et burlesque, va s’inscrire dans son œuvre. Parce que Jacques Ferron sait qu’il va tirer de cette rencontre une historiette, peut-être même un roman parsemé d’anecdotes sur lesquelles il va élaborer pour en extraire la « substantifique moelle » — comme disaient les anciens.
On entend Camus demander à Dany Laferrière pourquoi il ressent le besoin de cacher son génie derrière les volutes de son cigare, et Laferrière lui répondre qu’il a cessé d’écrire et qu’après sa Wellington, c’est le cigare qui lui sied le mieux. Parce que la cigarette, vous savez, c’est tellement… Regardez Pivot, là-bas, qui s’acharne sur Miron. Vous avez vu l’émission, quand il m’a reçu ? — Non, malheureusement, j’étais déjà mort. — Alors là, vous avez raté quelque chose, mon ami. C’est que je l’ai mis en boîte, ce Bernard. Totalement. Avant le début de l’émission, je savais que j’allais le mettre en boîte. Il fallait que je le mette en boîte, vous comprenez ? — Non. — Mais oui ! Pour être plus grand que lui, plus fort que les autres, pour prendre le contrôle de son émission. C’était un combat à finir entre lui et moi, entre la France et moi, entre la littérature et moi, entre la vie et moi. J’allais tous les impressionner, graver mon image dans leur cerveau pour qu’ils se souviennent de cet enfant de la campagne haïtienne à qui la vie ne promettait rien et qui est devenu un élément incontournable de la littérature mondiale. Et j’ai gagné. J’ai gagné ! Quand on m’a donné le micro, je ne l’ai pas lâché. Pivot était hors jeu, disqualifié. Oh la la, quelle grande soirée de télévision vous avez ratée ! — C’est… pathétique.
Tout près, Soucy et Houellebecq s’échangent leurs fume-cigarettes et s’inventent des poses de divas en attendant les photographes qui ne viendront pas parce qu’une vedette de la télévision qui chante comme un pinson et qui arrive à peine à écrire son nom se trouve à passer dans les environs.
Dans un salon privé, à l’abri des regards indiscrets, Marie-Claire Blais discute identité avec George Sand, bientôt rejointes par Philippe Sollers et Michel Tremblay.
Pendant ce temps, la rumeur court selon laquelle Réjean Ducharme se serait déguisé en serveur pour l’occasion.
Bref, le roman est bien lancé, mais l’ampleur de la tâche me fait peur. Il y a là une pléiade d’auteurs dont je n’ai lu qu’un ou deux livres, et je me suis promis de ne parler de personne sans en avoir lu l’œuvre complète. Pour Miron, c’est assez simple. Quant à Proust, je n’ai pas eu le courage de l’inviter à se joindre au groupe, autant par lâcheté que par stratégie. À qui aurais-je eu l’indélicatesse d’imposer un ennuyeux pareil ? On me dit que je le connais mal… La rédaction de l’autobiographie de Rémi Belleau va me permettre de prendre mes distances avec ce projet aussi démesuré qu’accaparant.
J’avoue aujourd’hui, non sans une certaine gêne, que je me suis aussi laissé entraîner dans cette aventure dans le but d’en tirer un avantage financier à court terme. Je ne sais pas pourquoi j’en ai honte, puisque la plupart de mes concitoyens passent leur vie à vouloir s’enrichir, mais c’est comme ça. Peut-être m’a-t-on trop gavé de principes judéo-chrétiens dans ma jeunesse avec tous ces derniers qui seront les premiers, ces chas d’aiguille à travers lesquels aucun riche ne pourra jamais passer et ces pauvres qui pleurent de joie car le royaume des cieux est à eux ?
De fait, bien que le projet lui-même n’annonçât rien de bien stimulant, il y avait à la clé une rondelette somme d’argent qui allait me permettre de concrétiser un vieux rêve — acheter ce Wes

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