Le Roman d une pupille
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Le Roman d'une pupille , livre ebook

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Description

Extrait : "DIDIER, seul, à la cantonade : Déjeuner !... déjeuner ! si tôt !... – Oh ! par pitié ! Le rapport que j'écris n'est encor qu'à moitié, Je voudrais le mener au bout tout d'une haleine, Et votre déjeuner interromprait ma veine ! – Il est tard, dites-vous ?... – Pour cette seule fois ! Demain je... – Vous riez, et ce rire narquois, Malin comme le diable et frais comme la rose, M'oppose que je dis toujours la même chose !" À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782335064759
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335064759

 
©Ligaran 2015

NOTE DE L’ÉDITEUR
Saynètes et monologues , édité par Tresse de 1877 à 1882, regroupe six volumes de textes courts en vogue dans le Paris des cercles littéraires d’avant-garde comme dans les soirées mondaines. Un répertoire de dialogues, monologues, saynètes, comédies et opérettes portés à un art véritable dont la modernité apparaît avec évidence et dans lequel se côtoient Charles Cros, Paul Arène, Nina de Villard, Charles de Sivry, Théodore de Banville, Eugène Labiche, Charles Monselet ou encore Villiers de L’Isle Adam.
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Saynètes et monologues que nous avons choisi de vous faire connaître. De nombreux autres titres rassemblés dans nos collections d’ebooks, extraits de ces volumes sont également disponibles sur les librairies en ligne.
Le roman d’une pupille

Comédie en un acte en vers par M. Paul Ferrier

Un cabinet de travail. – Fenêtre au fond. – Portes latérales. – Une table chargée de livres, avec une mappemonde, des cornues, une boîte à compas ; – un télescope devant la fenêtre, bibliothèque, guéridon ; – meuble acajou, style empire.

Personnages
Didier (35 ans).
Brigitte (19 ans).
Scène première

DIDIER, seul, à la cantonade.

Déjeuner !… déjeuner ! si tôt !… – Oh ! par pitié !
Le rapport que j’écris n’est encor qu’à moitié,
Je voudrais le mener au bout tout d’une haleine,
Et votre déjeuner interromprait ma veine !
– Il est tard, dites-vous ?… – Pour cette seule fois !
Demain je… – Vous riez, et ce rire narquois,
Malin comme le diable et frais comme la rose,
M’oppose que je dis toujours la même chose !
– Eh ! bien, non ! je promets, je fais serment, la main
Haute, de m’amender, et d’être exact demain :
Vous n’aurez plus sujet de gronder, ou je meure !
Consentez-vous enfin, Brigitte ?… – À la bonne heure !
Et puis – pour vous venger – dites, ma chère enfant,
Que c’est un ennuyeux compagnon qu’un savant !

Il redescend.

… C’est vrai pourtant qu’elle est d’une rare constance
De plier sa jeunesse à ma triste existence,
Et d’accepter sans plainte, à l’âge dont elle est,
La vie ingrate et morne où mon chagrin se plaît !

Il écrit.

« Et dès le gaz produit, voici comme on opère. »

S’interrompant.

Or, çà, père Didier, faites-vous bien en père ?
Vous avez assumé des devoirs sérieux –
Êtes-vous convaincu de les remplir au mieux ?
La fillette a seize ans, c’est une demoiselle
Aujourd’hui ! – Vous l’avez instruite avec un zèle
… Absurde ! Elle connaît les Grecs et les Romains,
Et saurait – comme vous – passer des examens !
… Mais le joli tuteur qui contraint sa pupille
À se charger l’esprit d’un bagage inutile,
Et qui, triste pédant et méchant bouquineur,
Lui donne le savoir aux dépens du bonheur !
Car elle ne peut être heureuse de la sorte !
Car elle est jolie ! elle est rose et blanche ! accorte !
Aimante ! gaie ! elle a seize ans ! elle aimerait
La toilette – le bal – le plaisir ! Elle aurait
Des succès ! et ceci flatte une jeune fille
Qu’on murmure, à la voir passer : « Qu’elle est gentille ! »
– Et vous la séquestrez à l’ombre d’un vieux mur
Poudreux ! Vous lui volez le soleil – et l’azur !
Stupide jardinier, maussade en sa caboche,
Qui n’avez qu’une fleur, et la laissez sous cloche !
… Elle se mariera ! Je veux que son mari
Illumine ce ciel trop longtemps assombri !
Je le veux jeune – bon – joyeux – étourdi même ! –
Je veux qu’il la distraie avant tout – et qu’il l’aime
Et plus, et mieux que moi je n’aurais su l’aimer !
Elle se mariera !… – Tâchons de résumer
Ma pensée ! Aussi bien le temps passe, et je rêve !…

Après un temps.

Du diable maintenant si mon rapport s’achève !
En cherchant à Brigitte un digne prétendu,
C’est de mes arguments le fil que j’ai perdu !
Scène II

Didier, Brigitte.

BRIGITTE, une lettre à la main.

Puis-je vous déranger ?

DIDIER

Toujours !

BRIGITTE

C’est une lettre…
« Qu’entre vos mains, seigneur, on m’a dit de remettre ! »
– Je ne vous eusse pas jusqu’ici relance,
Si la suscription ne portait : très pressé !

DIDIER

« Très pressé. » – Voyons donc quelle pressante affaire…

Il rit.

Ah ! bah !… ah ! bah !… – Ceci vous concerne, ma chère !

BRIGITTE

Moi ? qui donc vous écrit ?

DIDIER

Fabien.

BRIGITTE

Monsieur Fabien ?

DIDIER

Mon élève. – Fabien de Cheillit, tu sais bien :
Ce gai compère à qui j’avais la bonhomie
De croire qu’on pourrait enseigner la chimie !
L’ardeur de la science est son moindre défaut,
… Et c’est tout justement le mari qu’il te faut !

BRIGITTE

Le mari ?

DIDIER

Le mari ! – ma foi, sans préambules,
Sache qu’il m’est venu dans l’instant des scrupules,
Et qu’à certains remords dont mon cœur s’effrayait
Le billet que voici répond comme à souhait !

BRIGITTE

Je ne vois pas en quoi tout cela me concerne ?

DIDIER

C’est juste ! j’oubliais d’éclairer ma lanterne !
Écoute donc un peu ce que Fabien m’écrit :
« Mon cher maître ! ! »

S’interrompant.

J’allais me torturant l’esprit,
Mal à propos – songeant – comme un lièvre en son gîte,
Qu’il serait temps bientôt de te pourvoir, Brigitte,
Et… – bref, je te cherchais un mari !

BRIGITTE

Grand merci !
Voilà de quoi songer et vous mettre en souci !
Me chercher un mari ! Que c’était bien la peine
De laisser, à loisir, s’écouler votre veine,
Et la bonne raison, mon tuteur, à donner
Pour faire – après midi – garder le déjeuner !

DIDIER

Brigitte !

BRIGITTE

Je croyais – excès de confiance ! –
Que vous vous oubliiez, monsieur, dans la science,
Et je pensais – ainsi que vous disiez d’abord –
Que vous aviez l’esprit tout à votre rapport !

DIDIER

En effet… je voulais…

BRIGITTE

La trahison est noire,
Et je trouve abusif, sévère, et vexatoire,
Quand on a de son temps un plus utile emploi,

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