Les Amours mortels
100 pages
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Les Amours mortels , livre ebook

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Description

Extrait : "Georges et ses compagnons de chasse venaient à peine de s'engager dans la forêt, que la comtesse de Ruminghem entra aux Armes de Hanovre. Andrée portait une amazone de drap bleu exactement semblable à celle de la princesse ; une sorte de collet à capuchon, garni de fourrures, couvrait ses épaules et sa tête."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 10
EAN13 9782335097832
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0008€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335097832

 
©Ligaran 2015

VII Robert Bilderdyck songe très sérieusement à acheter son moulin
Georges et ses compagnons de chasse venaient à peine de s’engager dans la forêt, que la comtesse de Ruminghem entra aux Armes de Hanovre .
Andrée portait une amazone de drap bleu, exactement semblable à celle de la princesse : une sorte de collet à capuchon, garni de fourrures, couvrait ses épaules et sa tête.
Ce vêtement, coupé sur le modèle des manies de paysannes, était alors très répandu en Allemagne, il remplaçait, l’hiver, le feutre à larges bords, souvent incommode pour la chasse à courre.
Après avoir jeté autour d’elle un regard inquiet, elle posa une main sur son cœur, et alla tomber sur une chaise placée devant la fenêtre, haletante de fatigue et d’émotion.
– C’est bien lui, dit-elle d’une voix altérée ; Philippe, que je n’espérais plus revoir… Mais que vient-il faire ici, car c’est ici qu’il vient.
Andrée disait vrai, le comte de Kœnigsmark arrêtait en ce moment son cheval devant les Armes de Hanovre , et l’attachait sous l’auvent de chaume de la porte de la cour. Dietrich, qui venait aussi de la reconnaître de loin, s’avançait à sa rencontre. Philippe avait quitté son uniforme, pour prendre un costume de cavalier d’une extrême simplicité. Dietrich entra avec lui dans la salle basse.
– Le prince Georges ? demanda Philippe d’une voix brève.
– Il part à l’instant, monsieur le comte.
– Ah ! dit Philippe visiblement contrarié ? et de quel côté s’est-il dirigé ?
– Vers les Étangs.
– Doit-il revenir ici ?
– Dans deux heures.
– Merci, je tenterai alors de le rejoindre dans la forêt.
– Monsieur le comte n’a pas d’autres renseignements à me demander.
– Non, dit Philippe en s’agenouillant pour serrer la boucle d’un de ses porte-éperons.
Andrée, qui jusqu’alors s’était tenue à l’écart, s’approcha de lui, et, après avoir congédié Dietrich du geste, elle posa sa jolie main sur l’épaule du comte.
– Andrée ! s’écria Philippe.
– Il faut donc que le hasard nous réunisse dans une chambre d’auberge, pour que je puisse vous voir et vous parler, Philippe ! dit-elle d’une voix plaintive et douce.
Le comte se releva lentement, le regard fixé vers la terre.
– Je vous ai sauvé la vie à Debreczin, j’ai épargné la honte d’un scandale à celle que vous aimez. Vous donneriez votre sang, à l’ami qui aurait fait cela pour vous, Philippe : est-ce parce que je suis une femme, que vous vous croyez tenu d’être ingrat ?
– Demandez-moi mon sang, Andrée, je vous le donnerai si cela peut m’acquitter envers vous.
– Oui, dit Andrée, ce mot-là répond à tout : le joueur qui a perdu s’acquitte avec de l’or, le général qui récompense le soldat, le roi qui fait une pension à la veuve du serviteur tué en combattant s’acquittent. La reconnaissance n’a plus rien à faire là où ce mot est écrit. Est-ce avec son sang qu’une mère s’acquitterait envers l’enfant qu’elle aurait chassé, et qui viendrait vers elle en lui tendant ses petits bras ? Mais ce que vous m’offrez, Arnheitter le fera demain pour vous ; il vous doit la vie, il s’acquittera. Je vous ai donné, moi, plus que mon sang, Philippe, je vous ai donné ma réputation, ma vie ! mon amour !
– Je n’ai rien oublié, Andrée, dit Philippe avec émotion, et c’est pour cela que je n’ai pas voulu que mon cœur mentît à ma conscience. Que pouvez-vous attendre de moi, après ce que vous avez entendu ?
– Plus rien maintenant, car cette dernière parole est un arrêt pour moi : si vous m’aviez aimée, vous n’auriez pas désespéré de votre pardon ; vous auriez été aussi repentant que j’avais été indulgente. Allez, ce n’est pas votre cœur qui vous conduit maintenant, c’est votre indomptable fierté. J’ai brisé le piège dans lequel vous étiez tombés tous deux, et vous ne me le pardonnez pas, parce que, dans votre amour égoïste, désespéré, vous trouviez une suprême joie à être réunis par la mort ou le déshonneur ; parce que madame de Zell sait maintenant que j’ai été votre maîtresse, et que ces tardifs souvenirs de jeunesse et de bonheur vous les aviez reniés à mes pieds.
– Je courbe la tête et m’humilie devant une douleur légitime dont je m’accuse et me repens. Ne soyez plus jalouse du passé, Andrée, pardonnez-moi comme on pardonne à ceux qui vont chercher le calme et l’oubli dans les murs d’un cloître. Je suis mort pour – ce monde, je vous le jure.
– Oui, dit Andrée avec force, parce que celle que vous aimez est la femme d’un autre ; parce qu’un abîme vous sépare, et que, ne pouvant être à elle, vous voulez me sacrifier à cette passion égoïste. Non, vous n’êtes pas mort pour le monde, Philippe, car les portes d’un cloître ne se sont pas refermées sur elle ou sur vous, et le prince Georges peut mourir ! Non, vous n’êtes pas mort pour le monde, car je suis votre femme devant Dieu ! car je vous ai donné tout ce qu’une créature humaine pouvait donner de dévouement et d’amour. Et vous avez pu croire que j’accepterais comme une consolation cet éternel adieu que vous jetez à l’une et à l’autre ? que ma jalousie serait muette en face d’un semblant de sacrifice ? que moi, qui suis libre, qui n’ai pas voulu cacher un amour dont j’étais frère, que moi, votre maîtresse enfin, j’accepterais un tel marché ? Pourquoi donc, si elle vous aimait tant, a-t-elle mieux aimé devenir princesse de Hanovre que religieuse ?
– Elle a voulu mourir ! répondit le comte dont le regard s’anima à ce souvenir d’une flamme éphémère.
Un soupir douloureux souleva la poitrine de la comtesse, qui couvrit son visage de ses deux mains pour cacher les larmes qui mouillaient ses paupières.
– Pourquoi ne suis-je pas morte, moi, dans la tranchée de Debreczin ! dit-elle d’une voix sourde.
– Pauvre chère âme ! murmura Philippe ému en lui prenant la main. Andrée, que voulez-vous que je vous dise pour vous convaincre et vous consoler ? je souffre autant que vous, croyez-moi, de cette séparation ; et il me faut rappeler à mon aide toute mon énergie, toute ma volonté pour suivre la route que je me suis tracée.
– Non ! s’écria Andrée avec exaltation ; tout cela est un rêve ! Il est impossible que vous ne m’aimiez plus, Philippe ; si belle et si séduisante qu’elle soit, elle ne peut avoir détruit en quelques minutes le souvenir de notre bonheur. Ses paroles vous ont enivré comme le parfum de ces fleurs qui font perdre la mémoire ; mais ce rêve se dissipera, et vos bras s’ouvriront à celle qui n’a pas cessé de vous aimer, d’être digne de vous. Si une parole amère, si un reproche se sont échappés de mes lèvres, pardonnez-les-moi ; le temps, qui efface certaines douleurs, rend les autres plus poignantes : si je vous avais vu plutôt, si ma fierté n’avait pas arrêté l’élan de mon cœur, tout serait oublié déjà. Pardon et bonheur sont dans ce seul mot : Philippe, je vous aime !
Philippe dénoua lentement les deux bras que la jeune femme venait d’enlacer autour de son cou.
– Non, fit-il avec une sombre douleur ; Brauwer s’est trompé ; elle, la maîtresse du prince ! C’est impossible !
– Philippe ! mon bien-aimé Philippe ! répondez-moi, reprit Andrée d’une voix suppliante.
– Andrée ! je ne puis vous entendre ; vous êtes un ange de bonté et de pardon, et je suis le maudit qui doute et désespère. Demandez à Dieu qu’il m’accordé l’oubli ; qu’il éclaire mon âme d’un rayon de sa clémence. Quelque part que ma destinée m’emporte, Andrée, votre souvenir planera toujours sur ma pensée, comme ces phares lumineux, étoiles terrestres qui guident le marin perdu dans la nuit. Adieu ! soyez bénie ! soyez heureuse.
Et après avoir appuyé ses lèvres sur le front glacé de la pauvre enfant, il s’élança sur son cheval et s’éloigna au galop.
– Perdu ! perdu pour jamais ! s’é

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