Les Français peints par eux-mêmes
414 pages
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Les Français peints par eux-mêmes , livre ebook

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Description

Extrait : "C'est la nature des lieux et du climat qui détermine l'histoire des nations. Élevons-nous par la pensée à une hauteur d'où nous puissions embrasser d'un coup d'œil la France entière, et nous verrons que la place qu'elle occupe au centre de l'Europe, entre l'Espagne et la Hollande, l'Angleterre et l'Allemagne, l'appelait à être le théâtre des plus grands événements."

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Publié par
Nombre de lectures 16
EAN13 9782335042993
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335042993

 
©Ligaran 2015

Longitude Comptée du Méridies de Paris Longitude Comptée du Méridies de Paris. Publiée par Léon Curmes
Introduction


C’est la nature des lieux et du climat qui détermine l’histoire des nations. Élevons-nous par la pensée à une hauteur d’où nous puissions embrasser d’un coup d’œil la France entière, et nous verrons que la place qu’elle occupe au centre de l’Europe, entre l’Espagne et la Hollande, l’Angleterre et l’Allemagne, l’appelait à être le théâtre des plus grands évènements. Il fallait qu’elle eût un peuple de héros pour pouvoir se maintenir indépendante au milieu de tant de rivaux intéressés à sa perte. Sa situation topographique lui imposait les travaux de la guerre comme une condition d’existence, en même temps que son climat si tempéré, si varié, lui permettait les travaux de la paix : l’agriculture, le commerce et les arts.
Jamais pays ne fut plus nettement ni plus avantageusement délimité par la nature. À l’est et au nord le Rhin, à l’ouest l’Océan, au midi les Pyrénées et la Méditerranée, au sud-est les Alpes. De quelque côté que l’on se tourne, la France est bornée par des montagnes, ceinte par des fleuves ou des mers. C’est une immense citadelle destinée à défendre l’Europe ou à la dominer. C’est elle qui tient en respect l’Angleterre ; c’est elle qui surveille les États-Unis. D’une main elle touche à l’Afrique, de l’autre à l’Amérique. Elle n’a qu’un pas à faire pour être en Égypte ; ses vaisseaux peuvent, par l’isthme de Suez, toucher en quelques jours aux côtes de l’Indus. Ses flancs sont entourés d’une multitude d’îles, comme une frégate environnée d’essaims de chaloupes. De hautes montagnes de marbre et de granit d’où jaillissent des fleuves sont les colossales fontaines qui arrosent ses vallons, ses champs, ses prairies. Voyez ! son sein se pare des richesses végétales de toutes les zones. Ici s’étendent des forêts de sapins qui échangeront leurs branchages pour des voiles et deviendront des forêts de mâts ; là des touffes de grenadiers mêlent leurs rubis aux oranges qui brillent sur un fond de verdure, comme des fruits d’or sur un feuillage d’émeraudes. Le maïs, le froment, le millet, l’orge, le lin déploient leurs flots superbes autour de la riche demeure du laboureur et du fermier. La vigne a remplacé les chênes druidiques ; la douce grappe mûrit où végétait le gland amer. Voyez ! les villes s’élèvent aussi pressées que les tentes dans les camps des Arabes. Là, habitent mille races diverses et autrefois ennemies ; réunies sous le même sceptre, elles composent maintenant la plus homogène des nations. Les premiers qui se présentent sont des Flamands ; après eux vient une colonie de Danois ou hommes du Nord ( Normands ), pirates fameux qui cessèrent de donner la chasse aux navires, pour la donner aux royaumes, et capturèrent tour à tour l’Angleterre, l’Italie, la Palestine ; à côté des Normands, les Bretons, derniers restes des premiers habitants de la Gaule, de ces Celtes dont ils ont conservé les mœurs et la langue, langue dérivée du sanscrit et la plus ancienne de l’Europe ; puis les Gascons, Bascons ou Basques, peuplade moitié celtique moitié phénicienne ; puis les Provençaux, descendants des Phocéens et des Romains, compatriotes d’Homère et de Virgile ; puis les Bourguignons ou Burgondes, intrépides soldats de Charles le Téméraire, tourbillon qui emportait des villes dans son cours, et qui vint enfin se briser contre les rochers libres de la Suisse ; puis les Alsaciens, les Lorrains, tribus allemandes par le sang, françaises par les idées et par le cœur. Ainsi notre population est à la fois danoise, grecque, celtique, allemande ; mais elle est surtout latine et germanique ; l’élément latin et l’élément germanique sont ceux qui ont prévalu chez nous dans le champ de la politique comme dans celui de la littérature.
Jetons maintenant un coup d’œil sur notre histoire. Dès la plus haute antiquité, les habitants de la Gaule se distinguèrent par leur valeur. Trois cent soixante ans avant Jésus-Christ, notre roi Brennus, qu’alléchaient sans doute les trésors de l’Italie, comme l’odeur du sang allèche le tigre, parut devant Rome, terrible avant-coureur d’Attila et d’Alaric. Il tenait dans ses mains les destinées du monde ; il n’avait qu’à parler, et Scipion et César, et Auguste et Constantin, n’eussent jamais été. Il hésita, et Camille, ou plutôt le génie tutélaire de la ville éternelle, le mit en fuite. César vengea l’honneur de Rome en s’emparant des Gaules ; mais cette conquête, suivie d’autres encore, ruina le vainqueur. À dater de ce jour, Rome, épuisée par ses victoires, affaiblies par son agrandissement, perdit l’offensive, et ne fit plus que déchoir. La Gaule cependant devint une de ses provinces ; les classes aisées, avides de dignités et de plaisirs, adoptèrent la langue et la religion des maîtres ; le peuple, incorruptible parce qu’il était pauvre, resta attaché aux coutumes de ses pères. Vers 486, quand Rome, cette Bastille du monde ancien, fut tombée sous les coups des révolutionnaires du Nord, et que l’Europe eut secoué ses chaînes, les Francs, une des peuplades les plus belliqueuses de la belliqueuse Germanie, passèrent le Rhin, prirent Soissons, et nous imposèrent leurs mœurs et leurs institutions. Depuis lors nous avons deux nationalités, nous sommes à la fois Latins et Francs ; et tous nos actes et tous nos travaux portent ce double cachet. À Clovis succéda Charlemagne ; nous l’attendions depuis deux siècles : il nous trouva debout sous les armes, et prêts à combattre à ses côtés. Plus habile que les Romains, il ne fit point de quartier aux ennemis de notre civilisation naissante ; il les convertit ou les massacra. Il rendit au pouvoir monarchique sa beauté et sa grandeur ; il comprima l’ambition des papes en se faisant couronner solennellement roi d’Italie. Il préluda aux croisades par ses expéditions contre les Sarrasins d’Espagne et par ses autres guerres de religion. Après qu’il eut sauvé le trône d’une ruine certaine, affermi l’autel, rétabli les lois, encouragé les lettres, sa mission étant remplie, il se retira dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, et s’y endormit du sommeil de l’éternité. Charlemagne se couche dans la tombe, et saint Bernard se lève. La croix devient une arme dans ses mains, et il l’oppose au croissant. L’Europe, comme au temps d’Agamemnon, jette un cartel à l’Asie, et une lutte furieuse s’engage entre les deux colosses. Saint Louis poursuit par zèle religieux le plan qu’une politique profonde avait dicté à Charlemagne ; il court exterminer dans leurs foyers ces peuples d’Orient qui plus tard devaient prendre Constantinople et assiéger Vienne. Des générations entières s’expatrient et meurent au pied du saint tombeau qui a été le berceau de la civilisation. Après deux cents ans d’exploits pareils à ceux qui ont fourni au Tasse la plus belle épopée des temps modernes, la France se repose ; elle cède pour quelque temps la suprématie à ses rivaux. Mais sa gloire n’est éclipsée par personne, pas même par Charles-Quint, cet empereur universel à qui le hasard avait donné plus de royaumes que François I er n’avait de provinces. Sous Louis XIV, la France se rapproche de ses frontières naturelles ; par sa puissance, par son activité, elle se replace à la tête des nations. Les faibles successeurs du grand roi la ravalent à leur niveau ; mais bientôt elle se redresse, foule aux pieds les ennemis de sa gloire, se déclare libre, et appelle tous ses fils au banquet de l’égalité. Malheureusement le banquet devint une orgie sanglante où la plupart des convives furent égorgés ; alors, un homme au regard d’aigle se leva, et, étendant la main, commanda le silence et rétablit l’ordre. Il nous montra les Alpes et le Rhin couverts d’armées étrangères, et nous fit tourner contre elles le glaive que nous dirigions contre nous-mêmes. « En Italie ! » dit l’homme du destin, et notre drapeau flotte au Capitole. « En Égypte ! » dit-il encore, et nous bivouaquons parmi les ruines de Thèbes. « En Autriche !» et nous voilà maîtres de Vienne. « En Prusse, en Espagne,

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