Les grandes chasses
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Les grandes chasses , livre ebook

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Description

Extrait : "Depuis trois siècles le bruit courait qu'il existe sur la côte occidentale d'Afrique, au nord et au sud de l'équateur, un singe d'une force extrême, d'une taille gigantesque, le plus grand et le plus redoutable de tous : le roi des forêts africaines."

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Nombre de lectures 51
EAN13 9782335043358
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335043358

 
©Ligaran 2015

Le gorille

I Récits de voyageurs
Depuis trois siècles le bruit courait qu’il existe sur la côte occidentale d’Afrique, au nord et au sud de l’équateur, un singe d’une force extrême, d’une taille gigantesque, le plus grand et le plus redoutable de tous : le roi des forêts africaines.
Voyons ce qu’en racontaient les voyageurs :
Au commencement du dix-septième siècle, Andrew Battel, qui avait été longtemps prisonnier des Portugais, à Angola, décrivait sous le nom de Pongo un singe « semblable à l’homme dans toutes ses proportions, mais plus grand, grand comme un géant, et si fort que dix hommes ne suffiraient pas pour en dompter un seul. »
« Il a une face humaine, disait Battel, les yeux enfoncés, de longs cheveux aux côtés de la tête, le visage nu aussi bien que les oreilles et les mains, le corps légèrement velu ; son poil est d’un brun foncé. Il ne diffère de nous à l’extérieur que parce qu’il n’a que peu ou point de mollets. Cependant il marche debout, en tenant ses mains croisées derrière le cou. Il dort sur les arbres, se construit un abri contre le soleil et la pluie, vit de fruits, et ne peut parler, quoiqu’il ait plus d’entendement que les autres animaux. Quand les voyageurs abandonnent, le matin venu, le feu qu’ils ont entretenu pendant la nuit, les pongos viennent et s’asseyent autour du foyer jusqu’à ce qu’il soit éteint, mais ils n’ont pas assez d’intelligence pour l’entretenir en y mettant du bois. Ils vont de compagnie, tuent les nègres qu’ils rencontrent, attaquent même l’éléphant, qu’ils mettent en fuite à coups de poing ou à coups de bâton. »
Bosman, autre voyageur en Guinée, avait parlé du même singe. « Ils deviennent extrêmement grands, écrivait-il. J’en ai vu un de mes propres yeux qui avait 5 pieds de haut. Ils ont une assez laide figure, sont très méchants, très hardis, assez audacieux pour attaquer les hommes. Il y a des nègres qui assurent que ces singes peuvent parler, et que, s’ils ne le font pas, c’est qu’ils ne veulent pas s’en donner la peine. Ce qu’il y a de mieux à dire, c’est qu’ils sont capables d’apprendre tout ce qu’on voudra leur enseigner. »
M. de la Brosse, dans un voyage à la côte d’Angola, publié en 1738, disait qu’ils atteignent jusqu’à 6 et 7 pieds de haut, que leur force est sans égale, qu’ils cabanent et se servent de bâtons pour se défendre. Il en faisait le portrait que voici :
Face plate, nez camus et épaté, oreilles sans bourrelet, peau un peu plus claire que celle d’un mulâtre, poil long et rare dans plusieurs parties du corps ; ventre extrêmement tendu, talons plats et élevés d’un demi-pouce environ par derrière. Ils marchent sur deux pieds et sur quatre quand ils en ont la fantaisie. M. de la Brosse ajoute qu’ils tâchent de surprendre les négresses, les gardent avec eux, les soignent très bien. « J’ai connu à Lowango, dit-il, une négresse qui était restée trois ans avec ces animaux. »
Enfin, car nous devons nous borner, M. Bowditch, dans sa Relation d’une mission du cap Coast à Ashantee , publiée en 1819, avait écrit :
« Notre sujet de conversation favori et le plus curieux, quand il était question d’histoire naturelle, était l’ Ingéna , un animal pareil à l’orang-outang, mais d’une taille bien plus élevée. Il a 5 pieds de haut et 4 en largeur d’une épaule à l’autre. On dit que sa main est d’une grandeur démesurée, et qu’un seul coup de cette main peut donner la mort. Les voyageurs qui vont à Kaybe le rencontrent ordinairement ; il s’embusque dans les fourrés pour tuer les hommes qui passent, et il se nourrit surtout de miel sauvage. Parmi les autres traits qui caractérisent cet animal ; et sur lesquels personne ne varie, on rapporte qu’il se bâtit une cabane, grossière imitation de celle des indigènes, et qu’il dort sur le toit de cette demeure. »
Inutile de dire que l’Afrique ne renferme aucun singe qui soit semblable à l’homme dans toutes ses proportions, qui ne diffère de celui-ci à l’extérieur que par le peu de saillie de ses mollets, et qui ne parle point uniquement parce qu’il ne veut pas se donner la peine de le faire. « Je regrette, – dit un auteur à qui nous ferons tout à l’heure de nombreux emprunts, – je regrette d’être obligé de détruire d’agréables illusions ; mais le gorille ne s’embusque pas sur les arbres pour saisir avec ses griffes le voyageur sans défense ; il ne l’étouffe pas entre ses pieds comme dans un étau… il n’enlève pas les femmes de leurs villages ; il ne se bâtit pas une cabane de branchages dans les forêts ; il ne marche pas par troupes, et dans tout ce qu’on a raconté de ses attaques en masse, il n’y a pas l’ombre de vérité. »
Les rapports des voyageurs étaient donc entachés d’exagération et d’erreur ; mais outre que tout ce qu’on racontait d’erroné n’était pas invraisemblable, ces récits s’accordaient à attester l’existence d’un singe distinct du chimpanzé, plus grand, plus fort, plus dangereux que ce dernier, et de cela il n’y avait aucune raison de douter ; l’attention était donc éveillée. C’est en 1846 que les doutes cessèrent.
Le hasard fit qu’à cette époque un missionnaire américain, le révérend docteur J. Leigton Wilson, découvrit au Gabon le crâne d’un singe d’une espèce nouvelle et extraordinaire. Une cavité crânienne étroite, presque tout entière rejetée derrière les orbites, et où les circonvolutions cérébrales n’avaient laissé que de faibles empreintes ; des mâchoires d’une puissance prodigieuse, fortement projetées en avant, et armées de redoutables canines profondément enracinées ; aux bords sourciliers du frontal, sur la ligne de rencontre des pariétaux et à la jonction de ceux-ci avec l’occipital, des crêtes osseuses énormes ; enfin, des pommettes très larges et très arquées ; en un mot, tous les caractères de la bestialité portée à l’excès et unis à ceux d’une force sans égale parmi les singes : tel était ce crâne, qui n’avait pu appartenir qu’à l’ ’Ingéna de Bowditch, au Pongo de Battel. Un savant naturaliste américain, le professeur Jeffries Wyman, en donna la description en 1847 dans le Journal d’Histoire naturelle de Boston . La découverte de M. Wilson ne resta pas longtemps isolée, et l’anatomie du nouveau quadrumane, auquel Wyman avait donné le nom de Gorille , devint l’objet des travaux de Richard Owen en Angleterre, d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et de Duvernoy en France. L’intérêt s’accrut encore quand le premier blanc qui ait vu en face un gorille vivant eut fait connaître ses merveilleux récits de chasse.


Ce blanc est un Américain d’origine française, M. Paul du Chaillu. Il s’embarqua au mois d’octobre 1855 pour la côte occidentale d’Afrique. Son intention était de consacrer quelques années à l’exploitation de la région comprise entre le deuxième degré de latitude nord et le deuxième degré sud, sur tout l’espace qui s’étend de la côte à la chaîne de montagnes appelée la sierra del Crystal . Cette contrée est le domaine du gorille. Maintes fois, dans une précédente excursion en Afrique, notre voyageur avait entendu parler de cet animal, de son terrible rugissement, de sa force prodigieuse, de son grand courage. Atteindre le gorille dans ses repaires, le tuer, en enrichir la science, c’était un des buts de M. du Chaillu. Nous allons le voir à l’œuvre.
Mais pendant qu’il est à la recherche de cet être extraordinaire, écoutons ce qu’en racontent, au rapport de l’auteur américain, les nègres assis le soir autour du feu du bivouac.
II Histoires de nègres
– Mon père, dit l’un, m’a rapporté autrefois qu’étant un jour dans la forêt, il se trouva tout à coup face à face avec un grand gorille qui lui barrait le chemin. Mon père tenait sa lance à la main ; à la vue de cette arme, le gorille se mit à rugir. Alors mon père, épouvanté, laissa tomber sa lance. Quand le gorille vit mon père désarmé, il parut satisfait ; il le regarda un instant, puis le laissa ; il rentra dans

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