Les misères de Londres
808 pages
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Les misères de Londres , livre ebook

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Description

Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871)



"L’Irlandaise avait longuement causé, dans la chambrette du clocher, avec l’homme gris, et, sans doute, elle savait ce qui allait se passer, car elle ne fit aucune objection et monta dans le cab à quatre places que Shoking, qui était allé en avant, eut bientôt découvert.


– À Hampsteadt ! cria l’homme gris au cocher.


L’enfant ne demanda rien non plus.


N’était-il pas avec sa mère et avec l’homme qui l’avait sauvé du moulin ?


D’ailleurs, cet enfant était presque un homme, – il l’avait prouvé déjà.


Le courage, le raisonnement, ces deux qualités essentiellement viriles, avaient chez lui devancé les années.


Ralph avait vu pour la première fois l’homme gris dans la prison de la cour de police de Kilburn.


Tout ce que cet homme, qui lui avait parlé le cher idiome de son pays, lui avait prédit, s’était réalisé.


Ralph avait donc confiance dans l’homme gris comme dans sa mère, et lorsque celui-ci lui dit, tandis que la voiture roulait :


– Mon petit Ralph, seras-tu bien obéissant ?


– Oh ! oui, monsieur, répondit-il.


– Feras-tu tout ce que je voudrai ?


– Oui, monsieur."



Rocambole se cache à Londres. Sous le surnom de "l'homme gris", il aide les rebelles irlandais à retrouver et protéger le jeune fils de l'un des chefs irlandais qui a été pendu...


Tome II : "La cage aux oiseaux" - "Les tribulations de Shoking"

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374638799
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les misères de Londres
 
II
La cage aux oiseaux
Les tribulations de Shoking
 
 
Pierre Alexis Ponson du Terrail
 
 
Mars 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-879-9
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 878
La cage aux oiseaux
Troisième partie
Newgate le cimetière des suppliciés
 
I
 
L’Irlandaise avait longuement causé, dans la chambrette du clocher, avec l’homme gris, et, sans doute, elle savait ce qui allait se passer, car elle ne fit aucune objection et monta dans le cab à quatre places que Shoking, qui était allé en avant, eut bientôt découvert.
– À Hampsteadt ! cria l’homme gris au cocher.
L’enfant ne demanda rien non plus.
N’était-il pas avec sa mère et avec l’homme qui l’avait sauvé du moulin ?
D’ailleurs, cet enfant était presque un homme, – il l’avait prouvé déjà.
Le courage, le raisonnement, ces deux qualités essentiellement viriles, avaient chez lui devancé les années.
Ralph avait vu pour la première fois l’homme gris dans la prison de la cour de police de Kilburn.
Tout ce que cet homme, qui lui avait parlé le cher idiome de son pays, lui avait prédit, s’était réalisé.
Ralph avait donc confiance dans l’homme gris comme dans sa mère, et lorsque celui-ci lui dit, tandis que la voiture roulait :
– Mon petit Ralph, seras-tu bien obéissant ?
– Oh ! oui, monsieur, répondit-il.
– Feras-tu tout ce que je voudrai ?
– Oui, monsieur.
Le cab traversa de nouveau Waterloo-Bridge, remonta les beaux quartiers jusqu’à Holborn-street et prit la route d’Hampsteadt.
– Est-ce que nous retournons chez mistress Fanoche ? demanda Shoking.
Ce nom fit tressaillir la mère et l’enfant.
Cependant, aucune crainte ne se peignit sur leur visage.
– Non, répondit l’homme gris. Nous allons simplement à ma maison de campagne.
Shoking crut avoir mal entendu.
– Est-ce que vous avez une maison de campagne à Hampsteadt, maître ? demanda-t-il.
– Ce n’est pas moi.
– Qui donc, alors ?
– C’est toi.
– Moi ? fit Shoking stupéfait.
– Toi-même, mon cher.
– Maître, reprit Shoking, je suis habitué à vous voir faire des miracles, mais il en est que Dieu lui-même, je crois, ne saurait faire.
– Bah ! fit l’homme gris.
– Non seulement je n’ai pas de maison de campagne, mais encore je n’aurai pas de domicile dans Londres demain, car ma dernière semaine payée à mon boarding expire demain, et...
Shoking s’arrêta.
– Et ? fit l’homme gris, en souriant.
– Et je n’ai plus d’argent, balbutia Shoking, en baissant la tête.
– Comment, dit l’homme gris, qui se plut à prendre un air sévère, tu as déjà dépensé les dix livres de lord Palmure ?
La tête de Shoking retomba presque au milieu de sa poitrine.
– Dame ! fit-il, j’ai cru que ça ne finirait jamais, et je suis allé un peu vite.
– Après cela, dit l’homme gris, un mort n’a plus besoin de domicile.
– Comment ! un mort ?
– Sans doute.
– Mais je suis bien vivant ! dit Shoking.
– Je te prouverai tout-à-l’heure, non seulement que tu es mort et qu’il n’y a plus de Shoking en ce monde, mais encore...
– Ah ! par Saint-George, s’écria Shoking, je suis crédule, maître, mais pas à ce point...
– Attends, tu verras.
Shoking regarda l’homme gris avec une véritable inquiétude.
On passait alors auprès d’un réverbère et sa lueur tombait d’aplomb sur le visage.
– Bon ! dit celui-ci, souriant toujours, tu te demandes si je ne suis pas fou...
Shoking ne répondit pas.
– Et si au lieu de me suivre à Hampsteadt, tu ne ferais pas mieux de me conduire à Bedlam ?
– Dame ! fit naïvement Shoking.
– Eh bien ! un peu de patience, mon cher, et tu verras que tout ce que je t’ai dit est la pure vérité.
Shoking tomba en une rêverie profonde.
La scène récente du cimetière avait quelque peu troublé son cerveau, et les paroles de l’homme gris achevaient de le confondre.
Mais ce qui l’étonnait peut-être plus encore, c’est que ces paroles, si étranges qu’elles fussent, n’avaient point paru impressionner l’Irlandaise qui, même, avait eu deux ou trois fois un pâle sourire.
Le cab roula quelque temps encore, puis il s’arrêta.
Alors Shoking mit la tête à la portière et reconnut la montée des bruyères et la maison de mistress Fanoche.
– Mais vous voyez bien que c’est chez mistress Fanoche que nous allons, dit-il.
– Tu crois ?
– Pardine, nous voici dans Heathmount.
– C’est vrai.
– Et voilà la maison.
– Descends toujours, tu verras...
En même temps, l’homme gris donna la main à l’Irlandaise qui sortit du cab, et son fils la suivit.
Shoking les avait imités.
Il demeurait planté sur ses pieds, se demandant pourquoi l’homme gris, qui s’était toujours montré bienveillant et affectueux, se moquait ainsi de lui.
Cependant l’homme gris, au lieu de se diriger vers la grille de mistress Fanoche, s’était arrêté à la grille à côté, ce que Shoking vit parfaitement, car le brouillard était moins épais à Hampsteadt qui est sur la hauteur, et un bec de gaz se trouvait entre les deux habitations.
Une chose qui eût encore étonné Shoking, si Shoking eût pu s’étonner de quelque chose d’ordinaire, après qu’on venait de lui certifier qu’il était mort, c’est que l’homme gris avait congédié le cab après avoir payé le cocher.
On allait donc rester à Hampsteadt.
Quand l’homme gris eut sonné, Shoking vit une fenêtre de la maison qui se trouvait au fond du jardin et qui paraissait déserte, s’éclairer subitement.
Peu après le sable du jardin cria sous des pas d’homme et bientôt la grille s’ouvrit.
Alors Shoking délia sa langue :
– Mais où allons-nous ? dit-il.
– Visiter ta maison de campagne.
– Encore !
– Mais dame ! fit l’homme gris, ai-je donc l’habitude de te mentir ?
Shoking, ahuri, regarda celui qui venait d’ouvrir la grille.
C’était un vieux domestique en livrée et d’une tenue irréprochable.
Il avait une lanterne à la main et s’inclina sans mot dire devant les nouveaux venus.
L’homme gris poussa Shoking devant lui, et, donnant toujours le bras à l’Irlandaise qui tenait son fils par la main, ils entrèrent tous les quatre dans le jardin.
Puis le valet ayant refermé la grille, les précéda dans l’allée sablée qui conduisait à la maison.
Shoking marchait toujours en chancelant.
– Je crois bien, murmurait-il, que je fais un rêve.
Ils pénétrèrent dans un large vestibule dallé en marbre et garni de statues et de corbeilles de fleurs.
Le valet ouvrit une porte à gauche, et Shoking, de plus en plus ébloui, se vit au seuil d’un parloir confortable et luxueux.
Un grand feu de houille brûlait dans la cheminée et il y avait au milieu de la pièce une table toute servie.
– Dans tous les cas, pensa Shoking, le rêve est assez joli.
Et il aspira ces odeurs succulentes qui se dégageaient de la table.
Alors l’homme gris lui dit :
– Tu dois avoir faim, car nous avons oublié de dîner aujourd’hui.
– Mais puisque je suis mort... dit Shoking.
– C’est Shoking qui est mort...
– Shoking et moi ça ne fait qu’un.
– Tu verras tout à l’heure le contraire. Mais, ajouta l’homme gris, un gentleman aussi délicat que toi ne saurait se mettre à table dans le piteux costume où tu te trouves.
– Où voulez-vous que j’en trouve un autre ?
– Ton valet de chambre va te conduire à ton cabinet de toilette et tu t’habilleras.
– Mon... valet... de chambre ?...
– Sans doute.
L’homme gris s’approcha de la cheminée et secoua un gland de sonne

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