Les sept chiens de l Avent
59 pages
Français

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Les sept chiens de l'Avent , livre ebook

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Description

Les sept chiens de l’Avent sont douze, douze chiens qui traversent quinze nouvelles étranges, mettant en scène des personnages parfois étonnants, toujours attachants, des personnages que l’on suit d’une nouvelle à l’autre, des personnages dont le destin est lié à celui des chiens qui les accompagnent. Dans ces nouvelles, les chiens sont doués de facultés extraordinaires, ils guident les humains dans leur cécité existentielle, sont les gardiens de l’au-delà, tissent des liens avec les morts. Qui de l’homme ou du chien a le plus besoin de l’autre ? Le lecteur appréciera !

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312037219
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les sept chiens de l’Avent

Jean Pierre Simonet
Les sept chiens de l’Avent










LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03721-9
Les sept chiens de l’Avent
« En ce bas monde, on n’en a jamais fini … » se dit Amélie Carimentran, la cheffe de la police municipale de Cachan, département du Val-de-Marne, ancien département de la Seine. C’est qu’elle croyait en avoir définitivement fini avec cette étrange affaire qui avait empoisonné son existence il y a tout juste un an.
Il y a tout juste un an, dans les sept jours précédant Noël, elle avait retrouvé chaque matin un corps de chien écrasé au pied de l’aqueduc de Cachan. Les chiens n’avaient pas été écrasés par des voitures, des bus ou des camions, non ! Ils s’étaient fracassés par terre, en tombant du haut de l’aqueduc qui enjambe la vallée de la Bièvre et la surplombe de quarante mètres. Les chiens tombaient, en fin de nuit semble-t-il ; les chiens tombaient, ou se jetaient, ou bien étaient jetés du haut de l’aqueduc. Mais ce n’était que des chiens, et la police nationale, alertée par Amélie, n’avait pas cru bon se déranger pour si peu. Au bout de sept jours et de sept chiens écrasés, le phénomène avait cessé de lui-même, le jour de la Noël. L’affaire avait été classée sans suite. Amélie en avait été longtemps troublée, elle qui adorait les chiens, elle qui avait passé toute son enfance avec des chiens, elle qui entretenait avec cette espèce animale une relation particulière, très forte, au point de se demander si elle-même n’avait pas été chien dans une vie antérieure.
Adolescente, elle avait fui, sans but et sans raison apparente, la maison de ses parents adoptifs. Elle avait connu des années d’errance et de misère, des années sur le trottoir, à vivre de mendicité, à fréquenter les centres d’hébergement d’urgence et les services de désintoxication des Hôpitaux. Puis, vers vingt cinq ans, « guérie », elle était revenue dans sa famille, avait repris ses études et, après un diplôme de droit, avait passé et réussi un concours pour entrer dans la police municipale. Depuis ses années de galère, où son seul compagnon avait été un magnifique labrador noir, elle aimait les chiens plus que les hommes ; elle n’avait d’ailleurs point d’homme qui partageât sa vie.
Elle avait précieusement rangé les rapports rédigés l’année passée, chacun des sept derniers jours de l’Avent. Depuis ce temps-là, tous les jours, en passant près de l’aqueduc dans sa tournée matinale, elle pensait aux sept chiens morts de l’Avent.
Et voilà que ce matin même, vers sept heures, quelqu’un avait téléphoné pour signaler un nouveau chien écrasé au pied de l’aqueduc. Elle avait pris son arme de service, sa lampe torche et son appareil photo, enfilé son uniforme, sa parka et couru jusque là-bas.
Le corps fracassé de l’animal gisait approximativement au même endroit que ses malheureux prédécesseurs de l’année d’avant. C’était un dalmatien mâle qui pouvait avoir quatre ou cinq ans et devait peser vingt-cinq à trente kilos. La tête avait heurté le sol en premier. La gueule, brisée en son milieu, formait un angle droit avec le crâne, la truffe était arrachée, laissant un trou béant au bout du museau ; ça n’était pas très joli à voir. La cage thoracique avait été enfoncée par le choc, le pelage était maculé de sang, les os fracassés des pattes le faisait ressembler à une marionnette désarticulée. C’était pitoyable et Amélie parvint à peine à surmonter sa nausée. Elle se concentra sur l’établissement du constat, prit plusieurs photos de ce malheureux cadavre. Le froid lui piquait les yeux, faisant couler de grosses larmes sur ses joues et elle avait du mal à faire la mise au point. Elle prit son dictaphone électronique et enregistra une description précise de la scène. Puis elle appela la fourrière pour faire enlever le cadavre du chien. Elle rentra au poste de police et fit dactylographier le procès verbal à son assistante.
Et la journée continua, avec son lot d’interventions ordinaires : une agression dans le RER, plusieurs accidents de la rue, un SDF à orienter sur le SAMU social, un vol au supermarché, des gamins de l’est qui mendiaient dans la rue piétonne du centre et qu’elle reconduisait doucement et fermement aux portes de la ville ... Bref, le tout venant de la vie de cheffe de la police municipale de Cachan. Vers huit heures du soir elle rentra chez elle, épuisée, vidée par sa journée de travail, travaillée au plus profond d’elle-même par cette histoire de chiens écrasés. Après un dîner frugal, elle but une grande tisane calmante et se mit au lit. L’hiver était rude cette année, elle avait froid sous les couvertures, et personne contre qui se blottir, personne avec qui échanger quelques caresses, pas d’épaule amie où reposer sa tête, pas de corps accueillant pour réchauffer le sien. Elle passa une nuit agitée ; elle rêva de ces chiens qui venaient, juste avant le lever du jour, tout en haut de l’aqueduc pour se jeter à terre quarante mètres plus bas. Plusieurs fois elle se réveilla le corps trempé de sueur malgré le froid.
Le lendemain, sixième jour avant Noël, vers sept heures du matin le téléphone la réveilla brusquement. D’habitude, elle était déjà prête à cette heure-là, mais elle avait passé une nuit épouvantable et s’était rendormie vers six heures du matin. Comme la veille, Jean-Paul, son adjoint, l’informait du signalement d’un chien fracassé au pied de l’aqueduc. Elle se prépara en vitesse, prit tout son attirail de policière et se rendit sur place. Elle avait les larmes aux yeux et faillit tomber plus d’une fois. Elle arriva sur les lieux et vit le cadavre d’un beau berger allemand qui pouvait avoir sept ou huit ans et devait peser dans les trente cinq kilos. Comme la veille elle prit des photos et enregistra scrupuleusement son constat. C’était intolérable, elle décida de faire autopsier l’animal pour tenter de connaître la vérité sur sa mort. Après en avoir référé au maire et au commissaire de la police nationale qui donnèrent leur accord, elle contacta la clinique vétérinaire la plus proche pour y faire porter le corps du chien, en vue d’une autopsie.
Le vétérinaire se montra surpris par sa demande, mais, touché par la sincérité et les explications d’Amélie, finit par accepter. Amélie lui demanda si elle pouvait assister à l’autopsie ; après un moment d’hésitation, il lui dit qu’il la rappellerait en fin d’après-midi ; dans l’immédiat, il conservait le corps dans une chambre froide. En fin de journée, il l’informa qu’il devait en référer officiellement à l’ordre des vétérinaires pour être autorisé à autopsier l’animal.
Le même phénomène de chiens fracassés se reproduisit le cinquième, le quatrième, le troisième et le deuxième jour avant la Noël. Et chaque matin, la mort dans l’âme, Amélie établissait un constat détaillé de la scène.
Le vingt-trois décembre, en début d’après-midi, le vétérinaire la rappela pour l’informer qu’il avait obtenu l’autorisation et qu’il l’attendait à cinq heures de l’après-midi pour l’autopsie. En se rendant à la clinique, elle se repassait le film de la semaine écoulée et de la semaine précédant la Noël de l’année passée. Les illuminations n’étaient pas encore allumées et la ville, entre chien et loup, paraissait sombre et triste. Elle entra dans la clinique et le vétérinaire la conduisit à la salle de soins. Le cadavre du berger allemand était allongé sur la table d’opération, dans la lumière crue de l’éclairage chirurgical. Le vétérinaire demanda à Amélie si elle se sentait capable de supporter l’autopsie ; elle dit que oui, elle avait déjà vu pire … L’assistante du vétérinaire entra et la séance de dissection commença. La bête était morte et ne pouvait plus souffrir, mais chaque fois que le scalpel tranchait dans la chair, Amélie ressentait le tranchant de la lame dans sa propre chair. Le vétérinaire opérait très professionnellement et dictait ses constatations à son assistante qui lui passait les instruments et enregistrait le rapport. Amélie souffrait le martyr, mais avait décidé de tenir jusqu’au bout, pour tenter de comprendre le mystère de ces chiens morts. Une fois l’autopsie terminée, le vétérinaire replaça soigneusement les organes dans le corps du chien et lui fit des coutures propres, comme on le fait pour un être humain. Amélie sortit et alla s’asseoir dans la salle d’attente où le vétérinaire la rejoignit

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