Les soirées de Chantilly
151 pages
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Les soirées de Chantilly , livre ebook

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Description

Extrait : "Chantilly s'est classé d'une manière particulière dans la vie du sport en France. Ce n'est ni Ascot, ni Epsom, ni Doncaster, ni Goodwood, c'est Chantilly, et c'est quelque chose qu'il faut connaître, pour peu qu'on soit homme de belle existence, résident ou voyageur. C'est en 1834 que l'hippodrome fut dessiné et les courses organisées."

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Nombre de lectures 37
EAN13 9782335040487
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335040487

 
©Ligaran 2015

Chantilly
Chantilly s’est classé d’une manière particulière dans la vie du sport en France. Ce n’est ni Ascot, ni Epsom, ni Doncaster, ni Goodwood, c’est Chantilly, et c’est quelque chose qu’il faut connaître, pour peu qu’on soit homme de belle existence, résident ou voyageur.
C’est en 1834 que l’hippodrome fut dessiné et les courses organisées. Le duc d’Orléans, voulant que l’éclat des fêtes compensât leur peu de durée, fit figurer dans leur programme la chasse à courre. À côté de toutes les variétés de la course, il y eut aussi bal, spectacle, concert la nuit sur l’étang où se mirent les tourelles du château. À partir de ce moment, il y eut un air d’aristocratie et de haute existence à respirer, à Chantilly. – Les favorisés de la fortune ont coutume d’y louer une maison pour le temps si limité des courses, où se colonise tout le luxe de Paris. – Pour ceux qui appartiennent réellement au monde du sport parisien, Chantilly est un rendez-vous obligé ; mais il le devient aussi pour ceux qui veulent faire croire qu’ils ont des chevaux et des équipages. C’est un pêle-mêle d’individualités qui font contraste ! Gentilshommes de bon aloi, grandes dames, comtesses et duchesses orthodoxes, gens de distinction éminente et de fortune assise, puis haute bohème, cohues profanes et douteuses, célébrités de finances, foule incolore, prosaïque débraillée, dédaigneuse des bonnes traditions, – tous affluent à Chantilly, dont ils accaparent à l’avance les hôtels, les appartements et les chambres garnies, souvent si peu garnies !
Pour beaucoup, parmi ceux qui accourent à Chantilly par le chemin de fer ou à grand bruit de poste, à grand étalage de landaus et de calèches, l’amour des chevaux n’est qu’un prétexte de déplacement dont le plaisir est le seul but. Aussi chacun suit-il son courant pour se réunir une fois par jour au signal de la course ou de la chasse. – Le jeu, les galas, les danses remplissent une grande partie des heures. – Les tables dressées sont en permanence : ici couverts de tapis verts, là des mets exquis et des flacons variés d’encolure. – Dès que la nuit arrive, les lumières luisent aux vitraux de toutes les maisons, les plaisirs prennent des allures plus vives. Des femmes-vêtues de blanc glissent sur l’herbe de la pelouse comme des cygnes qui regagnent leur demeure. – Ici, malgré l’heure avancée, c’est le dîner qui chemine encore. Ailleurs, c’est le jeu qui s’engage ; là-bas, c’est le bal qui débute, et plus loin c’est le feu d’artifice qui fait explosion.
Dans cette rangée de maisonnettes dont les croisées regardent l’hippodrome, il est un pavillon en pierre de taille dont la principale entrée est sur la grande route de Paris. – Aux beaux jours de Chantilly, ce pavillon fut régulièrement habité, pendant plusieurs années de suite, par une société d’hommes du monde, appartenant de près ou de loin au sport, mais tous à la vie élégante. – À ce monde se mêlaient souvent des femmes de rang et d’habitudes similaires, et aux heures du soir, entre le jeu, les contredanses, les charades en actions, la causerie intime prenait une libre et vive expansion. On parlait de fêtes, de bal, de chasse, de matinées, on y effeuillait les pages roses et parfumées de la vie. Tantôt c’était un souvenir, tantôt un projet qui s’échangeaient, tantôt un long récit qui venait s’insérer dans les plaisirs de ces assemblées.
Les pages que nous publions aujourd’hui reproduisent quelques-uns des récits qui marquèrent ces courtes villégiatures de Chantilly aux réunions du printemps.
– En s’assouplissant aux exigences du livre, ils ont dû malheureusement prendre en développement ce qu’ils ont perdu en vivacité d’allure. L’animation pittoresque de la parole ne saurait se rendre. Mais enfin, pour beaucoup parmi nos lecteurs, ces pages auront encore le mérite de rappeler une époque à laquelle finit l’âge d’argent de Chantilly, dont l’âge d’or appartient à l’histoire de la vieille France de qualité.
Les courses du printemps exercent bien encore un vif attrait dans le monde élégant et riche de Paris, mais ce monde est plus spécial et beaucoup moins nombreux qu’il n’était naguère. Chantilly rêve sa vogue passée. Il en attend le retour, fier de ses souvenirs, de ses bois profonds, de ses jardins, de son parc de Sylvie, de ses historiques écuries où fut reçu le comte du Nord, de ses carrefours de chasse, de ses eaux vives, qui enceignent le château, de son pavillon de la reine Blanche, baigné par les poétiques étangs de Camelles, de ses pittoresques environs : Ermenonville, Mortefontaine, Saint-Leu, Royaumont ; enfin de ses courses, les plus célèbres parmi toutes celles qui se font en France et où se dispute le prix si envié du Derby. – Chantilly pressent le retour infaillible de sa prospérité, envoyant agir cette main puissante par laquelle tant de grandeurs, dans notre beau pays, se relèvent de leur déchéance révolutionnaire.
L’agrafe
Avant la révolution de 89, la forêt de Sénart était le théâtre de grandes et belles chasses. On sait qu’il était de règle que le roi Louis XV y fit la Saint-Hubert ; mais l’équipage royal n’y venait guère que pour cette solennité. Il donnait la préférence aux résidences de Saint-Germain, de Marly, de Fontainebleau et de Compiègne. En revanche, bon nombre de seigneurs chassaient à Sénart. La forêt est enveloppée d’un beau pays accidenté et comme fait à plaisir pour courre le cerf : ce sont des plaines légèrement onduleuses, des buissons, des vergers et des horizons qui permettent à la vue de suivre au loin la marche aventureuse de l’animal qu’on poursuit. Jadis, toutes ces campagnes étaient peuplées de belles demeures seigneuriales, de châteaux aux tourelles historiques, de clochers qui ajoutent l’élément pittoresque aux agrestes, et sylvatiques aspects des paysages, et servent en même temps à l’orientation du veneur. Le bruit du cor et la voix des meutes qui retentissaient dans le calme de ces vastes campagnes se sont éteints. Un moment, sous la restauration, l’écho se réveilla au bruit de la trompe, on vit courir sur l’ourlet de la forêt et à travers les plaines, des équipages et des livrées bleues galonnées d’argent ; mais ce fut un rêve : depuis, le silence couvre ces campagnes de ses lourdes ailes. Le laboureur, qui fait péniblement son sillon, regarde et ne voit plus se forlonger le cerf aux abois, il n’entend plus la meute qui hurle ni les chevaux qui hennissent.
Voulez-vous voir un moment cette campagne comme elle était au temps de la vieille France de qualité ? Regardez avec nous ! Des hauteurs de Champrosay, à gauche, sur une longueur sans fin, est le vert rideau de la forêt de Sénart à la lisière anfractueuse. En face, est une vaste suite de plaines semées d’arbres ; à droite, les eaux sinueuses de la Seine qui charrie dans son cours les nuages du ciel. Ici un village et son clocher, là un château qui se mire dans le fleuve, puis un autre village : c’est Sois sous-Étioles, Ligny, Draveil, les Bergeries, Ormoy, Lieursaint, puis d’autres châteaux, et toujours ainsi.
Tournons nos regards dans une autre direction : vers la pointe avancée de la forêt qui touche au hameau de Laval, voyez cette troupe de cavaliers et ces chiens qui les précèdent : c’est une chasse ! Quels brillants uniformes ! quelles riches et gaies livrées !… Le cerf, après un débuché qui a duré plus d’une heure, est rentré au bois. Vingt veneurs le poursuivent, sans compter les piqueurs, les valets de limiers et les gens de suite ; vingt jeunes seigneurs des meilleures lignées, vingt don Juan aux mains blanches, aux manchettes de malines, aux allures de cour. Quittons la plaine et pénétrons avec eux sous ces épais couverts de Sénart, où nous ne tarderons pas à assister à l’un des épisodes tantôt gais, tantôt dramatiques de leurs joyeuses existences.
Ils ont pris l’étroite avenue de la Croix, et le cerf, qui a de l’avance, a gagné les futaies du Grand-Carrefour. L’équipage est arrivé à sa suite ; mais le soleil darde d’aplomb ses rayons jaunes, la journée est sèche, la meute a perdu la trace, les chiens vont et viennent. Les trompes sonnent. Les cavaliers n’ont pas tardé à joindre les piqueurs. On leur annonce un d

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