D une vie à une autre (érotique gay)
131 pages
Français

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D'une vie à une autre (érotique gay) , livre ebook

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Description

D'une vie à une autre

Christophe Fotsix

Gay pulp de 580 000 caractères.
Après un divorce douloureux, Guillaume a fui la métropole pour aller exercer son métier dans une île tropicale. Hébergé par nécessité dans un hôtel-club, entre ses journées de travail et les soirées dans le bar de l'hôtel il va y faire les rencontres successives qui lui feront progressivement découvrir et comprendre sa vraie nature jusqu'à la dernière d'où naîtra l'amour vrai qu'il attendait.
Autre titre de Christophe Fotsix : Perdu dans le Pacifque (190 000 caractères)


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2012
Nombre de lectures 36
EAN13 9782363072078
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D’une vie à une autre (580 000 caractères)
Christophe Fotsix
Ding…
Chapitre 1 - Mousse
La discrète sonnerie de la messagerie tire Guillaume de la lecture du journal. Un nouveau message. Il secoue la souris pour réactiver l'écran de son ordinateur et reconnaît tout de suite l'adresse de l'expéditeur. C'est sa mère…
Une lourde lassitude l'envahit. Elle va encore recommencer ses jérémiades à propos de son divorce. Elle ne l'a pas encore admis, bien que le jugement ait été prononcé depuis bientôt un mois. Il attrape le message avec la souris, et pendant quelques instants, il se sent tenté de le détruire sans l'ouvrir. Qu'est-ce qu'elle pense faire en se lamentant ainsi sur cet épisode qui appartient maintenant au passé ?
Et puis un remord le prend et il ouvre le message d'un clic rageur. Après les habituelles formules pour s'inquiéter de sa santé, et avant une phrase sibylline sur les malheurs du temps et la versatilité des jeunes gens, elle l'informe que sa sœur Béatrice et son beau-frère Jean-Luc attendent un deuxième enfant pour dans même pas cinq mois. La coquine avait bien caché son jeu, bien qu'il l'ait trouvée curieusement toujours un peu fatiguée pendant les semaines qui ont précédé son départ pour ce nouveau poste. Elle aurait quand même pu le lui dire directement plutôt que de passer par le truchement de sa mère. Mais bon, il lui écrira plus tard pour la féliciter.
Ça fait un mois et demi qu'il est arrivé ici, dans cet archipel sous les tropiques, où il est responsable du chantier de remise aux normes de tout le réseau informatique de l'aéroport local. Ses activités vont de la tour de contrôle aux terminaux d'enregistrement des compagnies, aux bornes de contrôle d'accès de toutes les portes qui donnent accès aux pistes et aux locaux interdits aux passagers. Il doit coordonner la multitude des sociétés qui travaillent sur le sujet, dans le total désordre que crée l'addition d'un assez gros chantier dans un environnement qui ne peut jamais s’arrêter, de l'imbrication de nombreux corps de métiers et la nonchalance propre aux habitants sous cette latitude, dans cette île qui est d'abord une destination de vacances au soleil avant d'être un endroit pour travailler.
À son arrivée il était logé dans un hôtel du centre-ville, dans une chambre impersonnelle d'une chaîne chère, et il s'y ennuyait pendant les soirées et les week-ends. Et puis il a eu la chance de rencontrer lors d'un passage à l'ambassade le patron du plus gros club local de vacances, français comme lui, avec lequel il a sympathisé. Ce dernier, au hasard de la conversation lui a raconté ses difficultés avec son réseau informatique et les ordinateurs de son club. Le samedi suivant, Guillaume était venu passer quelques heures sur le système et l'avait sans difficulté remis en état. Le patron lui avait alors proposé pour un prix imbattable un bungalow de son établissement. Le bungalow était dans un coin tranquille, un peu à l'écart des installations, à peu de distance de la mer, et le tout était plus près de l'aéroport où était son chantier. Alors, sans se poser de question, après en avoir avisé le chef de projet à Paris, il avait déplacé ses affaires dans cette nouvelle chambre, plus spacieuse, et où il ne s'ennuie plus le week-end, puisqu'il peut profiter sur place de toutes les activités du club.
Mais là, en cette fin de semaine, l'activité qu'il prévoit, c'est de se rendre au bar, avant
d'aller dîner devant les pantagruéliques buffets que les cuisiniers dressent trois fois par jour pour rassasier les vacanciers affamés par leur journée au grand air sous le souffle des alizés qui ne mollissent jamais.
Mettant son ordinateur en veille, il se lève et quitte la chambre, puis il se rend d'un pas tranquille vers le bâtiment central, en suivant les petites allées qui serpentent entre les bungalows sous les branches des arbres magnifiques qui ombragent tout le complexe.
Il est accueilli en rentrant sous l'auvent par le brouhaha habituel des vacanciers qui viennent se détendre en fin de journée en attendant l'ouverture de la salle à manger pour le dîner. Dans un coin au bout du bar derrière lequel évolue un barman survolté, il repère la bande habituelle des animateurs avec lesquels il s'est lié et se dirige tranquillement vers le petit groupe.
— Comme d'habitude, Manu, s'il te plaît, lance-t-il au barman avec un clin d'œil.
— Bonsoir, Monsieur l'Ingénieur en Chef ! Combien de tonnes de bagages perdus aujourd'hui ? demande Mousse, le chef moniteur du club de plongée au milieu des rires joyeux.
— Salut, les amis ! Pas de bagages perdus, on a tout fait brûler en bout de piste, c'est plus simple. Comme ça les touristes auront une bonne raison de se balader à poil…
Le groupe éclate de rire pendant que le barman pose la bière mousseuse et toute couverte de buée sur le comptoir. Tout en commençant à boire à petites gorgées, Guillaume s'enquiert du programme du week-end, cherchant laquelle des activités lui paraît la plus à même d'occuper plaisamment son week-end.
— Tu as des sorties prévues pour demain ? demande-t-il à Mousse
— Non, je vais profiter du week-end pour tester des bouteilles. J'ai reçu un nouveau lot de détendeurs, je les ai montés ce matin, et il faut que je les teste demain, avant de les mettre en service pour les clients.
— Ah bon ? Et il faut que tu fasses quoi ?
— C'est juste long et chiant. Vingt minutes sous l'eau, pas de fuite et test de l'octopus, la deuxième embouchure de secours. J'aurai pas le bateau avant midi, alors je vais y passer toute l'après-midi…
— T'es obligé de faire ça tout seul ? Avec de l'aide, tu gagnerais du temps ? demande Guillaume.
— Ben oui, c'est sûr, mais les autres s'occupent des clients, on peut quand même pas les abandonner.
— Veux-tu que je vienne te donner un coup de main ?
— Tu ferais ça ? lui répond Mousse en le regardant avec un peu d'étonnement. C'est pas le nirvana, comme boulot, tu sais. On fait ça par quatre mètres de fond, dans un coin où il n'y a rien à voir…
— Oui, j'imagine, mais tu sais, demain, pas grand-chose de prévu, alors si je peux te filer un coup de main, ça sera de bon cœur.
— Et bien je te remercie ! Rendez-vous demain à une heure au ponton ?
Guillaume acquiesce, puis la conversation continue, portant sur les sujets les plus divers, au milieu des rires, alors que le groupe se dirige vers les buffets du dîner qui viennent d'ouvrir.
Après son dîner, Guillaume rentre dans sa chambre, et, après avoir fini son rapport hebdomadaire d'activité et l'avoir expédié par mail au bureau central de la société à Paris, il branche son I-pod et se met au lit avec une pile des journaux français qu'il a récupérés à l'aéroport, pour garder le contact avec le monde extérieur.
Le lendemain après un jogging le long du bord de mer, sur la plage de sable blanc, et le déjeuner, il arrive à l'heure dite à l'appontement, face au local du club de plongée. Mousse est déjà là, transportant les dernières bouteilles sur la plage arrière de la grosse vedette qui sert à conduire les pensionnaires du club sur les bancs de coraux.
De loin, il lui fait un grand signe de la main, tout en installant les bouteilles dans les râteliers le long du bastingage.
— Salut Mousse, tu as encore des trucs à prendre, tu veux que je fasse quelque chose ? demande Guillaume en sautant souplement dans le bateau.
— Salut, Guillaume, c'est vraiment sympa d'être venu. Tout est à bord, on peut y aller. Si tu veux bien, tu peux larguer les aussières pendant que je démarre, lui répond-il en se dirigeant vers le poste de conduite.
Le moteur démarre avec un bruit sourd et dès que Guillaume a détaché les amarres, il enclenche la marche avant et la grosse vedette s'éloigne doucement du petit quai.
— Où nous emmènes-tu ? demande Guillaume.
— Juste derrière la Pointe des Tortues, il y a une petite baie peu profonde et sans courant. C'est là qu'on fait les initiations. Il n'y a presque rien à voir, mais on y est en sécurité. On y sera dans à peine 10 minutes, si tu veux, tu peux sortir l'ancre et préparer la chaîne. Une douzaine de mètres suffiront.
Guillaume se rend sur la plage avant pour préparer le mouillage sous les légers embruns salés que lève la proue de la vedette. Tout en sortant l'ancre et sa chaîne de son coffre, il regarde défiler le paysage, la côte basse bordée d'une longue plage de sable blanc ombragée de cocotiers. Il ne se lasse pas de cette vision de carte postale que ferme dans le fond le relief volcanique couvert d'une dense végétation. Comme presque tous les jours, le sommet est invisible, caché par les bourgeonnements d’un resplendissant nuage blanc.
Dès qu'ils sont dans la petite baie, Guillaume jette l'ancre à l'eau, pendant que Mousse coupe les moteurs. Puis sans hâte, tout en discutant tranquillement, ils se harnachent du premier jeu d'équipements et sautent dans l'eau claire et chaude du fond de la petite baie. Mousse fait simplement signe à Guillaume de se méfier d'un petit banc d'oursins qui fait
une tache sombre sur le fond de sable blanc.
L'attente commence, rythmée par les échanges d'embout, quand l'un vient respirer dans l'embout de secours de l'autre, prenant simultanément de grandes inspirations pour tester le débit maximum. Le fond sableux uniforme et la proximité de la plage ne favorisent pas la vie animale et ils ne sont visités que par un banc de petits poissons à bandes bleues et blanches qui passent en frétillant entre eux, suivant une route directe vers un objectif mystérieux.
Par deux fois, ils remontent pour changer d'équipement, prenant le temps de souffler un peu avant de redescendre pour le test suivant. Quand, le test fini, ils reviennent s'amarrer et déchargent le matériel pour le ranger dans le petit local, l'après-midi est déjà bien avancé.
— Je te remercie vraiment, sans toi, j'en avais pour jusqu'à ce soir, déclare Mousse à Guillaume avec un grand sourire. Je t'offre une bière ?
— Je te remercie, mais hélas non, j'ai rendez-vous ce soir avec un des fournisseurs du chantier. Ce n’est pas que ça m'amuse, mais ça fait partie du boulot. Mais demain, j'ai toute la journée. Ça sera avec plaisir.
— D'accord, après le déjeuner, si tu veux, le matin, faut que je travaille, maintenant que le stock de bouteilles est remonté, faut faire plonger les clients.
— D'accord, on se retrouve ici, et je t'offrirai le café.
Le lendemain, après le déjeuner, quand Guillaume revient au petit local, il retrouve Mousse assis devant le petit bureau, absorbé dans la contemplation morose d'un manuel technique.
— Salut Mousse, ça va ?
— Non, pas trop… Ils avaient oublié de me dire qu'il fallait faire la vidange de la vedette. Et maintenant, j'ai plus de mécano, et la semaine prochaine, j'en aurai besoin tout le temps. Je suis désolé pour le café, mais c'est partie remise.
— Tu en as pour combien de temps ?
— Je sais pas trop, les moteurs, c'est pas trop mon truc, et le manuel est même pas en français…
— Tu veux que je t'aide ? Moi, la mécanique, ça ne me fait pas trop peur. J'ai toujours bricolé mes bagnoles moi-même.
— Ben non, ça serait abuser, après les bouteilles d'hier. Je vais pas t'embêter tout le temps.
— Ne t'inquiète pas pour ça, je n'ai rien d'autre à faire. Ça ne me gêne vraiment pas de te donner un petit coup de main.
— Bon, d'accord, si tu insistes. Mais je sais pas comment je ferai pour te remercier. Tiens, regarde si tu y comprends quelque chose, à ce charabia, ajoute-t-il en lui tendant le petit livret.
Guillaume se plonge dans la lecture du livret d’entretien du moteur. C'est un gros Diesel marin récent d'un peu plus de cent chevaux dont la maintenance ne lui semble pas bien difficile. Au bout de quelques instants, il relève la tête.
— Ce n'est pas bien compliqué, où est la pompe à faire les vidanges ? demande-t-il.
— C'est bien le problème, ils l'ont perdue et celle qu'on a commandée en remplacement n'arrive pas. Et là, je peux plus attendre, on a déjà trop dépassé les heures de fonctionnement. Faut aller défaire le bouchon de carter sous le moteur. Et c'est la merde…
— Allez, viens, à deux, on va bien y arriver !
Mousse se lève d'un air désabusé et, attrapant une caisse à outils dans un coin du local, sort en direction du bateau. Guillaume le suit avec les bidons d'huile.
Pendant les deux heures qui suivent, ils rampent dans la cale du bateau, peinant pour accéder au moteur contre lequel ils doivent se glisser dans une ambiance rendue étouffante par le chaud soleil. La besogne avance doucement, dans une tempête d'imprécations de Mousse contre les « abrutis qui ont perdu cette saloperie de pompe ! »
Quand enfin, la vidange faite, les filtres changés et les niveaux vérifiés, ils émergent de la cale, ils sont méconnaissables, couverts d'un mélange de cambouis et de sable délayé de sueur.
— Je ne sais pas comment te remercier, mais au moins, tu as accès permanent et prioritaire aux bouteilles, et évidemment aux frais de la maison. Mais pour commencer, l'établissement ne refuse aucun sacrifice et t'offre une douche, déclare Mousse en reposant tout le matériel dans le coin du local.
— Tu es trop bon, mais j'en ai aussi une dans ma chambre, répond Guillaume en riant.
— Non, c'est juste derrière. Tu ne vas pas traverser tout le club dans cet état ! Viens, il y a tout, même les serviettes.
Guillaume se regarde et constate qu'effectivement, il est trop sale pour se déplacer ainsi au milieu des touristes qui peuplent le centre. Suivant Mousse, il passe dans un vestiaire prolongé par un petit local carrelé où sont alignées quatre douches sans séparations.
— Excuse l'installation, c'est un peu sommaire, normalement, c'est là qu'on rince les combinaisons.
— C'est comme un vestiaire de gymnase, tu sais ? J'ai déjà vu pire !
Guillaume enlève son tee-shirt et le boxer de bain qu'il portait, et rentrant dans la salle de douche, ouvre le robinet, et commence à se savonner pour faire disparaître les coulures grasses qui le maculent. Derrière lui, Mousse l'a suivi, et sous la douche voisine, il se livre
au même exercice.
— Trop crado ! Je déteste ça… Tu en as aussi plein le dos, tu veux que je t'aide ? Et puis tu pourras me faire pareil, je dois pas être mieux, propose Mousse.
— Oui, c'est gentil, répond Guillaume sans se retourner tout en essayant de faire disparaître les taches qui couvrent ses mains et ses avant-bras.
Il sent aussitôt les mains se poser sur ses épaules et le frotter énergiquement. Elles passent et repassent des épaules aux reins, s'arrêtant à la limite des fesses, que le short de bain a protégées. Guillaume en profite pour se faire un shampoing.
— Ça y est, tu es propre ! Tu me rends la politesse ?
— Pas de problème, je me rince la tête et je m'occupe de toi ! répond Guillaume en se passant sous le jet.
Puis il se retourne et commence à passer ses mains couvertes de savon, sur les épaules et le dos du jeune homme. Les traces d'huiles partent rapidement sous l'énergique fiction, mais le contact des muscles fermes qu'il sent rouler sous la peau bronzée le trouble rapidement. Le spectacle de la mousse qui glisse le long de la colonne vertébrale, s'écoule et disparaît entre les deux fesses rebondies le pousse à abréger ce moment.
— Et voilà, propres comme deux sous neufs ! rigole-t-il pour masquer cette gêne soudaine.
Il se rince une dernière fois, et attrapant sa serviette, il retourne dans le petit vestiaire où il remet rapidement son short de bain. Le tee-shirt est trop sale, maculé de taches d'huile et alors qu'il le regarde avec perplexité, Mousse qui sort de la douche avec sa serviette autour des reins le lui prend des mains.
— Je te le rends demain, lavé et repassé, je te dois bien ça, en plus de la bière que je t'ai promise. Rendez-vous au bar dans un quart d'heure ?
— D'accord, je me change et j'arrive.
À l'heure dite, Guillaume qui a passé un polo léger et un bermuda bariolé rentre dans le bar et retrouve Mousse au coin du bar, à sa position habituelle. Il est encore un peu tôt et les autres animateurs sont toujours au travail. Avant même qu'il n'ait passé sa commande, sa bière favorite arrive toute seule, apportée par le barman qui lui fait un grand sourire.
— Merci Manu, comment t'as deviné ? lui demande-t-il en riant.
— C'est le métier, c'est pour ça qu'on m'aime, lui lance-t-il en riant, tout en retournant à l'autre bout du bar.
— C'est à moi de te remercier, sans toi, j'aurais eu du mal avec la semaine qui arrive. Tu m'as vraiment fait gagner un max de temps. Merci beaucoup !
— Je change de sujet, mais je peux te poser une question ?
— Bien sûr !
— Pourquoi on t’appelle Mousse ? C’est en rapport avec la bière ?
— Mais non ! répond l’intéressé en éclatant de rire. Remarque, j'y avais jamais pensé, mais c’est une excellente explication… Je la resservirai !
— Mais alors…
— C’est tout simple. J’ai fait l’École des Mousses de la Marine Nationale. C’est là que j’ai appris à plonger pour aller vérifier les hélices, contrôler les coques des bateaux… Et à la fin de mon contrat, j’ai cherché du boulot, et puis j’ai passé le brevet pour être moniteur de plongée et au stage, le chef moniteur m’appelait le mousse, rapport à ma formation initiale ! Alors ça m’est resté. Mais la bière, ça me va aussi, finalement ! ajoute-t-il en se remettant à rire.
Puis, sautant du coq à l’âne, Mousse change de sujet.
— Mais toi, ici tu es tout seul ? Tu vas rester célibataire géographique, ou ta femme va venir, plus tard, ou elle est restée en France ?
— Ma femme ?
— Ben oui, ta femme ! Avec une alliance comme ça, tu dois bien être marié ?
— Mon alliance ?
— Oui, et en plus c'est difficile de pas la voir, et surtout de l'entendre, avec ta façon de la faire sonner sur le bar ou sur les tables !
— Ah oui, c'est vrai… Faudrait que je perde cette habitude. Mais en fait non, je suis divorcé… Le jugement a enfin été prononcé il y a un mois, alors elle ne viendra pas… Ou alors pas à cause moi, lui répond Guillaume d'un ton soudain un peu triste.
— Oh… Excuse-moi ! J'aurais pas dû poser la question, je suis désolé.
— Non, ne t'excuse pas, c'est de ma faute, je n'aurais pas dû la garder. Et puis on ne va pas se casser le moral avec des souvenirs. Parlons d'autre chose. Et puis tiens, de toute façon, voilà le reste de la compagnie, dit-il en regardant arriver un petit groupe des moniteurs qui se pressent devant le bar dans un brouhaha joyeux.
La tournée de bière et le dîner expédiés, Guillaume souhaite une bonne soirée au reste du groupe et rentre dans sa chambre. Se laissant tomber assis sur son lit, il regarde son alliance d'un air pensif. Il faut dire qu'il y croyait tellement, à ce symbole. Il se rappelle si bien la douce excitation qui l'avait saisi au moment où il les avait choisies, avec sa fiancée, creusant d'un cœur léger un trou important dans les maigres économies qu'il avait pu faire sur ses premiers salaires.
Mais il s'est bien fait avoir. Il hausse les épaules d'un geste rageur, retire l'anneau qu’il range dans le tiroir de la table de nuit et se laisse tomber en arrière sur le grand lit, jouant d'un geste machinal avec son annulaire à présent nu. La sensation est bizarre, après avoir
porté cet anneau pendant presque trois ans sans aucune interruption. Il se frotte les yeux, comme pour chasser les idées moroses qui tournent dans sa tête et, décidant de prendre une douche puis de se coucher tôt, il se déshabille et passe sous le flot délassant.
Alors qu'il commence à se savonner, le souvenir de la douche de la veille, dans le local de plongée, fait irruption dans son esprit, le prenant par surprise. En quelques instants, l'image si précise de la mousse qui coule le long de la colonne vertébrale et disparaît entre les deux fesses musclées du moniteur se forme dans sa tête. Un fourmillement et son sexe se redresse doucement entre ses jambes, le plongeant dans une extrême confusion. Rapidement, il finit de se laver, se rince, se sèche, et revenant dans la chambre, se laisse tomber sur son lit après avoir éteint les lumières.
Son érection n'a pas cédé, et cette sensation d'excitation dans ce lit désespérément vide le renvoie des années en arrière, vers ces excitations intempestives qui le prenaient après sa puberté. Il attrape son membre et le couche contre sa jambe, tentant de résister à la tentation sournoise de l'attraper à pleine main.
Et puis la vision obsédante de la mousse qui coule le long de la colonne vertébrale l'envahit de nouveau et sa main, comme prise d'une volonté propre se met à monter et descendre le long du fourreau brûlant. Il s'arrête quelques secondes, en proie au doute, puis il s'abandonne à l'impérieuse pulsion. Immédiatement l'image du filet l'eau qui coule, entraînant les bulles de savon vers le sillon qui sépare les fesses musclées reparaît devant ses yeux. Et enfin, sans qu'il l'ait voulu, c'est la sensation des mains de Mousse sur son dos qui l'envahit, immédiatement suivie d'un puissant orgasme qui le laisse haletant et désemparé, incrédule devant l'effet qu'ont eu sur lui ces images inattendues. Il reste immobile quelques minutes, tâchant vainement de remettre ses idées en ordre. Mais il ne ressent qu'une grande confusion.
Il se lève et, passant dans la salle de bain, il attrape une serviette et essuie les traînées de sperme qui couvrent son ventre et sa poitrine, jusqu'au menton. Puis il se recouche, et sombre rapidement dans un profond sommeil.
La semaine suivante s'écoule avec rapidité. Pris par son chantier, Guillaume n'a que peu de temps le soir et rentre rapidement dans sa chambre où la rédaction de ses rapports d'avancement et des mails personnels qu'il échange avec sa famille et ses amis lui laisse peu de temps pour penser. Il se jette dans son lit, en essayant de ne pas repenser à cette masturbation intempestive et si déroutante.
Le hasard fait qu'il ne revoit Mousse que le vendredi suivant, à l'heure de l'apéro, alors que son week-end commence.
— Guillaume, où t'étais passé ? Je t'ai attendu toute la semaine pour la bière que je te dois.
— C'est sans importance, tu ne me dois rien, c'était juste pour te rendre service.
— Peut-être, mais je n'aime pas laisser des dettes, surtout de ce genre là. Tu prends comme d'habitude ?
Et sans lui laisser le temps de répondre, il fait signe au barman qui leur amène leurs verres habituels.
— Tiens, tu as retiré ton alliance, demande Mousse.
— Oui, je… heu…bégaye presque Guillaume, gêné par la soudaine question.
— Tu n'as pas besoin de t'expliquer, excuse-moi, j'aurais pas dû demander, c'est pas mes oignons !
— Oui, non… Enfin, tu as bien fait, la dernière fois, en demandant. À la fin, ça devenait ridicule de la conserver. Au moins, ça m'a forcé à aller au bout de ce truc…
— Je suis désolé.
— Non, non… Mais parlons d'autre chose.
— Comme tu voudras, et puis tiens, voilà les autres.
La bande arrive et les entoure de sa joyeuse animation, félicitant chaudement Guillaume pour avoir « sauvé l'activité subaquatique de la déroute » et lui offre des bières supplémentaires, si bien qu'il se retrouve rapidement avec trois verres qu'il doit boire sous les exclamations du petit groupe. Pendant le dîner qui suit, la conversation vient sur les malheurs de Mousse avec son ordinateur qui ne veut plus lui montrer ses e-mails.
— Mais pourquoi tu demandes pas à Guillaume, il sait tout faire. Il va te réparer ça en deux minutes ! propose un des animateurs.
— Laissez-le tranquille, il m'a déjà suffisamment aidé comme ça. Je vais bien arriver à me débrouiller, déclare Mousse.
— Je peux toujours essayer, tu sais. Je te promets rien, mais je peux jeter un œil quand tu veux, ça ne me dérange pas, répond Guillaume.
— Si tu es d'accord, ça m'aiderait bien, mais vraiment, tu n'es pas obligé.
Ainsi, dès le dîner achevé, il accompagne le moniteur de plongée dans la chambre qu'il occupe dans la zone réservée aux animateurs. Il y règne un certain désordre, avec des bouteilles de plongée posées dans un coin, couvertes de combinaisons et de palmes. Sur le petit bureau à côté du lit, trône un ordinateur portable en veille. La chaise est poussée dans un coin, elle aussi couverte de vêtements et d'objets divers.
Mousse le fait asseoir directement sur le lit, devant le bureau, et lui précise qu'il peut faire ce qu'il veut et qu'il n'y a rien de très important ni de secret dans la machine.
Guillaume commence à fouiller sur le disque dur, où règne le même désordre que dans la chambre. Mousse qui s'est éloigné quelques instants revient avec un grand verre qu'il lui tend.
— Tiens, c'est un jus d'orange de ma fabrication. Goûtes-y, tu devrais aimer…
Une légère odeur de rhum flotte au-dessus du verre. Sans quitter l'écran des yeux, Guillaume aspire une gorgée du liquide avec la paille plongée dans le verre entre les
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