Fantastiques amours
120 pages
Français

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Description

Ce recueil de nouvelles, où cinq écrivains déploient leur imagination, conjugue à merveille l’érotisme au fantastique ou à la science-fiction. Que les histoires racontées soient drôles ou tragiques, elles savent envelopper le lecteur dans une atmosphère onirique et très chaude.



La nonne rouge de Lily Dufresne : Au sein d’une forêt magique dont personne n’est jamais revenu, vivrait une vierge d’une beauté inimaginable, que les conteurs surnomment « la nonne rouge ». Un cadeau pour les hommes qui se mérite, mais quel bonheur pour le gagnant !


Adopte un poulpe de Jon Blackfox : Zohra est une coquine qui a trouvé un adolescent sur Adopte-un-gonze et part chez lui pour une partie de jambes en l’air. Elle n’a aucune idée de l’endroit où elle va se retrouver, ni du plaisir qu’elle connaîtra.


Éros et Thanatos de Marie Laurent : Roger est un homme qui travaille depuis vingt ans pour une entreprise de pompes funèbres. Tandis qu’il conduit un cadavre dans son corbillard, il voit une auto-stoppeuse sous la pluie et accepte de la prendre. Elle se révèle peu vêtue, très entreprenante... et à courte durée de vie.


Paradis artificiels de Yannis Z : Après avoir déserté son foyer où l’amour s’est éteint, un homme échoue dans une auberge sous une tempête de neige. Il y rencontre deux jolies jeunes femmes qui mettent tout en œuvre pour le réchauffer. Il se laisse faire malgré l’étrangeté de la situation.


La rumeur d’Anne Feugnet : Clayton est un guerrier originaire de la Terre qui se bat pour une alliance de peuples issus d’autres mondes. Comme ses confrères, il se délasse dans les bras de prostituées. Un jour, une rumeur annonce l’arrivée d’un contingent de jolies filles où il espère trouver son compte. Il ne sera pas déçu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2015
Nombre de lectures 58
EAN13 9791091549677
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1
Lily Dufresne Jon Blackfox Marie Laurent Yannis Z Anne Feugnet
Fantastiques amours
2
© 2014
Éditions Artalys
504 rue de Tourcoing – 59420 Mouvaux
http://editions-artalys.com
Photographie : @ Konrad Bak / 123RF
ISBN 979-10-91549-67-7
Lily Dufresne
La nonne rouge
1
On colportait les rumeurs les plus folles sur la forêt d’Hérylion. On disait que les arbres étouffaient leurs proies avec leurs racines sorties de terre, agiles comme des tentacules, et qu’ils enterraient leurs victimes afin de se repaître de leur chair. On racontait que les bruits des feuilles des grands chênes, frottées les unes contre les autres, produisaient des ultrasons qui détruisaient les synapses humaines. Combien de légendes étaient-elles fondées ? Combien naissaient de l’imagination des conteurs ? Les épreuves que promettait cette forêt magique changeaient au gré des époques et des récits horrifiques que psalmodiaient les griots, ravis de trouver dans les peurs de leur auditoire de quoi alimenter leurs spectacles et gagner leur pitance. « Écoutez le récit de l’intrépide Hilgo, chevalier armé d’une lance capable de tuer tous ses adversaires, qui s’enfonça dans la forêt d’Hérylion et y demeura prisonnier à jamais », disait l’un. « Oyez, oyez l’histoire de l’elfe d’Hérylion qui se change en démon la nuit venue et extermine tout être vivant sur son passage », racontait l’autre.
Le seul point commun de ces récits extravagants était la récompense dont serait couvert l’homme assez fort, brave et rusé pour venir à bout de la traversée de la forêt. Tous convergeaient : en lisière, de l’autre côté de la terre habitée, vivait une jeune femme belle et incroyablement riche. Sa
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demeure était d’or, ses habits incrustés de rubis. Sa chevelure était plus noire que la nuit tandis que son visage étincelait comme une étoile. Son amour garantissait à celui qui le gagnait gloire et richesse. Bien plus encore : l’immortalité. Les ans passaient sans flétrir la beauté de la noble dame, née il y a de cela plusieurs siècles. À celui qui s’unirait charnellement à elle serait transmis ce merveilleux pouvoir.
Beaucoup furent tentés, beaucoup essayèrent. Les griots chantèrent leur geste. Aussi loin que remontât cette légende, des hommes disparurent dans l’obscurité terrifiante de la forêt. Le sang qu’ils versaient tout autant que les parures de rubis qui ornaient les vêtements de la dame (les hommes fous de désir pour la belle immortelle imaginaient parfois qu’elle portait les pierres précieuses à même la peau), la firent appeler « la princesse rouge ». Un autre nom, plus fréquemment utilisé encore, était « la nonne rouge ». Nonne, car elle vivait seule, recluse, sans mâle pour pénétrer ses chairs. Des poètes récitaient la magnificence de la nonne rouge et, lorsque les chastes oreilles ne pouvaient l’entendre, les attraits charnels de la noble dame. Sa peau laiteuse et douce. Sa chevelure noire qui fouettait ses fesses à chaque mouvement de hanches. Son pied menu et gracieux. Ses seins opulents terminés par des mamelons rouges comme les baies les plus vives et aussi goûteux que celles-ci. Son bas-ventre aux boucles soyeuses. Son antre secret si fermé que le vit le plus mince s’y serait senti étroitement serré, amoureusement pressé par la matrice. Un océan de délices attendait l’homme qui caresserait le corps tendre, embrasserait les lèvres charnues, pourfendrait l’hymen, faisant ainsi sienne cette remarquable beauté, et laisserait s’écouler sa semence dans la grotte du plaisir.
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À cette évocation, les pals vigoureux prenaient dans les braies des pauvres comme des riches un relief neuf. Jamais ces pals n’avaient été autant bandés. Jamais ces hommes ne banderaient davantage pour une femme. Les esprits s’échauffaient, les cœurs s’enflammaient. Outre la gloire, l’honneur, la richesse, la vie éternelle, il y avait la Femme, la divine nonne rouge au corps de braise. Elle était vierge, et pourtant savante dans l’art amoureux. Nulle caresse du pal ne lui était inconnue. Celui qui la chevaucherait serait mille fois bienheureux. On pouvait alerter ces hommes, les prévenir des dangers encourus ; ils n’en avaient cure. Envoûtés par le récit des charmes de la nonne, ils cessaient de boire et de manger, se consumaient d’amour et de désir, jusqu’au jour fatal où ils s’engageaient dans la forêt. Les mères pleuraient, les sœurs arrachaient leurs cheveux. Toutes se prosternaient au temple devant la statue d’Ichwab et priaient pour le salut de leur frère ou de leur fils. Ichwab, impassible, dédaignait les prières. La forêt magique dévorait l’homme assez fou pour s’y aventurer.
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En l’an six cent trente-quatre de l’ère Puîmkeeing, le royaume d’Achtram fut décimé par une peste. Les bubons grossissaient dans les entrailles des malades avant d’écouler leur pus noir dans les urines, le sperme, la salive et la sueur. Les mâles seuls étaient touchés, hommes en pleine possession de leur force, vieillards, enfants et nouveau-nés, sans distinction. Lorsque la peste cessa, pour s’abattre sur d’autres territoires aussi rapidement qu’elle était précédemment venue, elle laissa aux familles quelques agonisants et très peu de rescapés. L’avenir du peuple achtramien n’était plus assuré.
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Les prêtres du culte d’Ichwab, le tout puissant dieu de la création qui régit la vie et la mort, se consultèrent. Miraculeusement épargnés grâce à leur autarcie, les prêtres ne pouvaient faire fi du devenir du royaume auquel ils devaient leur pouvoir sur les consciences. Ils abolirent alors les liens du mariage. Tout homme en pleine possession de ses attributs sexuels devait féconder autant de femmes qu’il le pouvait. Les femmes dressèrent elles-mêmes ce que l’on nomma des « tentes d’amour ». Sous les pans de toiles était érigé un large lit où trois à quatre personnes pouvaient s’allonger à loisir. Sous chaque tente, un homme habitait. Les femmes du royaume se rendaient, tour à tour, auprès de lui pour être engrossées. Elles venaient chaque jour de leur période féconde et réitéraient leurs visites si leurs saignements mettaient fin à l’espoir d’avoir rapidement un enfant. Les hommes au phallus toujours dur devenaient des héros pour la population. On les entretenait. On leur servait à boire et à manger. On leur préparait des potions pour accroître l’épaisseur de leur sperme, l’épaisseur étant, selon une croyance ancrée dans les esprits, gage des vertus dont seraient pourvus les êtres à naître.
Parmi les heureux locataires des tentes d’amour, il y avait Frélon, un homme trapu qui n’avait pu trouver femme avant la survenue de la peste, pour cause d’une infirmité à la jambe gauche. À présent que les femmes se pressaient devant la tenture qui fermait la chambre, il était fier. Pour entretenir la raideur de son sexe, il gardait en permanence une bouche à sa portée. Il faisait ainsi entrer non pas une, mais deux candidates dans la tente. Mollement allongé sur la couche, il attendait que les succions de la première eussent ravivé les ardeurs de son outil et empalait la seconde. Après des va-et-vient de plus en plus rapides, la semence était projetée au fond de la matrice et
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la femme s’éloignait à petits pas tout en saluant bien bas l’homme qui avait béni ses entrailles. Une autre femme entrait alors. Elle s’agenouillait, prenait entre ses lèvres le sceptre languissant, le ranimait avec ferveur et l’abandonnait ensuite à celle qui l’avait précédée. L’heureuse élue se positionnait à son tour à quatre pattes avant d’être saillie par le pal à nouveau prêt à fonctionner.
Grignelin, autre habitant d’une tente, était réputé pour la durée et la qualité de ses coïts. Les femmes en étaient folles, mais devaient patienter si longtemps devant l’entrée de toile que plusieurs, de dépit, renonçaient à devenir mère avec celui-là. Grignelin était de haute stature. Son visage aux rides creusées démontrait qu’il était mature. Au royaume d’Achtram, les hommes qui avaient passé cinquante années étaient les plus courus, même avant la peste. On disait d’un homme qui avait franchi les deux tiers de sa vie qu’il promettait d’avoir les rejetons les plus vaillants. Grignelin ne recevait qu’une femme par jour, mais quel honneur il lui faisait ! Il la déshabillait toute, l’enduisait de crème aux parfums suaves, jusqu’à l’intérieur de l’orifice où sa verge s’aventurerait. Il frottait ainsi les parois de ses doigts oints, suscitait un plaisir souvent inconnu de ces femmes, un plaisir tel qu’il les faisait pleurer et rire à la fois, gémir, crier et fondre comme un glaçon sur le feu. Un liquide transparent, pur comme une eau, ruisselait alors entre leurs lèvres intimes. Grignelin y portait la bouche, arguant que ce breuvage décuplerait ses ardeurs pendant la copulation. Elles le laissaient faire, pantelantes, sûres d’être mères, heureuses d’être femmes entre ses mains si expertes.
Frélon, malgré son sort enviable, la nourriture exquise qu’il mangeait, les femmes qui s’empressaient devant sa tente, prit
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ombrage de la réputation grandissante de Grignelin. On le disait excellent amant, alors que jamais femme ne fit le moindre compliment sur ses propres performances. Quand une énième louange de son rival lui parvint, ce fut plus qu’il ne put en supporter. Il décida d’agir. Pour cela, il se rendit au temple et demanda audience aux prêtres. Agenouillé devant les représentants du pouvoir, Frélon expliqua que Grignelin ne respectait pas les règles qui avaient été édictées en vue de sauver la lignée du peuple d’Achtram. Grignelin refusait de recevoir plus d’une femme par jour. Et, plus infamant encore, il négligeait sa mission en privilégiant des pratiques non conformes, en conduisant les femmes au plaisir de manière éhontée. Les prêtres ne purent établir un verdict sans mener une enquête préalable. Frélon fut donc congédié. Yourel, un nain au service de la police secrète, fut ensuite envoyé auprès de la tente de Grignelin. Deux jours plus tard, il vint faire son rapport. Ce dernier était accablant. Des femmes gémissaient, criaient. Grignelin utilisait ses doigts et sa langue, au lieu de l’outil procréatif. La sentence tomba : Grignelin était indigne de demeurer au royaume d’Achtram ; il serait exilé. Et, pour que la peine fût exemplaire, le condamné serait abandonné dans la forêt d’Hérylion.
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Grignelin ne put se défendre, tant Frélon s’était agité pour obtenir satisfaction. Le nain Yourel avait constaté de ses propres yeux les méfaits du résidant de la tente d’amour. Une fois la sentence prononcée, le condamné eut quelques heures pour faire ses adieux. À l’aurore, on le conduisit devant la forêt magique. Grignelin s’y rendit d’un pas égal. Lorsque le prêtre
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