La route des îles (érotique gay)
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La route des îles (érotique gay) , livre ebook

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Description

La route des îles

Tome 2 sur 4 de L’Odyssée d’Achille

Pierre Dubreuil

Gay pulp de 212 000 caractères.
Achille, Patrice et Gustave se sont embarqués à destination de la Guadeloupe. À bord, ils se lient avec l’un des lieutenants, Barnabé, et vivent avec lui des rapports torrides. Rapidement, Barnabé et Gustave éprouvent l’un pour l’autre un tendre penchant. Lors de leur longue escale aux Açores, ils découvrent la nature surprenante de cet archipel sauvage et rencontrent João, un jeune Portugais en rupture de famille qui les suivra sur le navire. Alors qu’ils ont presque atteint les Îles de l’Amérique, le bateau est arraisonné par des pirates...
Du même auteur : Mémoire d’Aurélien, Soufrière, retour vers le passé, Antoine 30 ans après et La saga de L’Odyssée d’Achille : Le lit du roi, La route des îles, Pirates et barbaresques et La largeur d'un océan.


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 juin 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782363073532
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La route des îles
Deuxième partie deL’Odyssée d’Achille
(212 000 caractères)
Pierre Dubreuil
5 octobre 1643
La « Guyenne » tanguait et roulait sur les vagues profondes du golfe de Gascogne. Achille se découvrait un pied marin que ses compagnons étaient loin de partager : autant ce mouvement perpétuel du sol lui insufflait de l’énergie et lui donnait envie de parcourir la flûte au pas de course de la proue à la poupe, de respirer avec délices le vent marin et de s’imprégner des embruns, autant Patrice et Gustave sentaient leur organisme se révolter. Plus question de s’adonner à des jeux lascifs ni d’utiliser le « hamaka » de façon coquine ! C’était sur le pont, pliés en deux sur le bastingage qu’ils avaient passé le plus clair de ce premier après-midi de navigation, à nourrir les poissons. Poursuivis par les nausées même après que leur estomac avait été vidé, le courage les abandonnait et ils erraient, décomposés, le teint verdâtre.
— M’sieur Achille ! s’était écrié Gustave, oubliant à la fois ses bonnes résolutions et son bon français, j’pourrons jamais t’nir deux mois comme ça ! J’vas mourir ! Quand j’te l’disions, qu’cette eau salée c’était l’diable qui l’avait faite ! Y veut nous faire crever pour emporter notre âme, et l’bon dieu, y veut nous faire payer not’bougrerie !
— Il a raison, Achille, avait renchéri Patrice, tu ferais mieux de nous tuer tout de suite, de toute façon on va mourir, alors à quoi bon nous laisser souffrir ?
À la tombée de la nuit, Achille les emmena dans la cabine et les mit au lit. Il se réserva le « hamaka » qui suivait les mouvements du navire et remuait autant qu’une balançoire. Le matin, peu après leur départ de Bordeaux, alors que la mer plus calme n’avait pas encore bouleversé les entrailles de ses compagnons, ils avaient tenté d’assouvir le fantasme qui était le leur depuis qu’ils connaissaient l’équipement de la cabine : copuler dans cet étrange assemblage de corde et de toile. Las ! ils avaient dû admettre que le « hamaka » se prêtait mal aux séances érotiques (il était déjà difficile d’y monter à deux, alors à trois, cela relevait de la gageure !). Ils s’étaient vite rabattus sur le lit qu’ils avaient étrenné en beauté pour oublier leur mélancolie de voir s’éloigner la côte française. Elle n’avait pas tardé à s’envoler définitivement, cette mélancolie, grâce à ce festival où les corps s’en étaient donné à cœur joie. Ils n’avaient en aucune manière regretté le « hamaka » tant ces premiers ébats en mer leur avaient donné de plaisir. Achille pensait que le curieux ustensile devait par contre être très confortable pour dormir ; on racontait que les Indiens, s’ils en étaient privés, préféraient s’allonger par terre que sur un matelas, et il n’était pas fâché que les circonstances l’obligent à passer cette première nuit dans le lit suspendu.
Après avoir couché ses malheureux compagnons, Achille s’en alla ripailler avec le capitaine et les deux lieutenants : il n’avait pas, comme ses amis, l’estomac à l’envers. Au contraire, l’air du large lui avait donné grand-faim et il fut ravi de trouver dans le carré nourriture de qualité en abondance et vin à discrétion. Il était d’ailleurs convaincu que, si Gustave et Patrice l’eussent imité, ils ne s’en seraient que mieux portés ; mais, quand il le leur avait proposé, ils avaient été pris de haut-le-cœur et l’avaient chassé à grands cris de la cabine.
Achille fut bien reçu par les officiers. Il avait un peu craint leur accueil car, connaissant son nom, tous savaient qu’il avait été l’amant du feu roi, et la bougrerie était officiellement fort mal vue dans la marine, même si, en réalité… En outre, ils devaient bien se douter que ce voyage était une sorte de fuite. D’aucuns en auraient profité pour lui mener la vie dure. Mais le plaisir si rare de recevoir à bord des personnes de qualité qui allaient, au cours de la traversée, rompre leur ennui avait vaincu leurs réticences, si tant est qu’ils en aient eu : les marins privés de femmes pendant de longs mois se lancent bien souvent, en dépit de leur position déclarée, dans les amours masculines, même si elles ne sont pas vraiment de leur goût…
Le capitaine l’accueillit comme un hôte de marque et se montra concerné par la santé de ses compagnons :
— Ne vous inquiétez pas trop pour eux, le mal de mer disparaît en principe au bout de deux ou trois jours. En attendant, hélas, il n’y a pas grand-chose à faire. Il va leur falloir, j’en ai peur, prendre leur mal en patience… Quant à vous, qui êtes épargné, il ne faut surtout pas vous laisser abattre !
Sur ce, il le resservit généreusement en rôti et remplit son verre d’un excellent bordeaux : la nourriture fraîche était un luxe qu’on ne pourrait s’offrir que durant les premiers jours de la traversée.
Il n’y avait pas que la chère à être de qualité dans le carré : l’un des lieutenants fit aussitôt palpiter le cœur d’Achille. C’était un beau jeune homme d’environ vingt-cinq ans, au visage fin, aux lèvres purpurines, charnues, pleines d’appétit pour les plaisirs, aux narines frémissantes largement ouvertes sur la sensualité. Des yeux d’un bleu si clair qu’ils en semblaient irréels et que son visage hâlé par l’air marin faisait paraître plus pâles encore. Admirablement sanglé dans son uniforme bleu et rouge aux galons dorés de la Marine royale. De longues boucles noires cascadaient jusque sur ses épaules et le dispensaient avantageusement du port de la perruque.
Quand Achille lui avait été présenté, il lui avait décoché un sourire qui avait fait fondre notre ami et déclanché quelques mouvements incontrôlables dans son haut-de-chausses. Il avait bafouillé d’émoi en répondant au salut du beau garçon, ce qui avait fait naître un nouveau sourire sur les lèvres de l’officier ; Achille en avait eu un peu honte.
— C’est quand même quelque chose ! Il faut toujours que je perde mes moyens lorsque je rencontre un homme qui me plaît ! s’était-il gourmandé. C’est ridicule, ce ravissant petit lieutenant va me prendre pour un débile mental !
Barnabé de Champbourg – ainsi s’était-il présenté – avait longuement plongé son regard d’azur transparent dans celui d’Achille, ce qui n’avait nullement arrangé l’état de ce dernier.
Pendant le souper, ils avaient été placés l’un près de l’autre. Achille en avait presque été contrarié tant l’officier le troublait. Deux minutes ne s’étaient pas écoulées qu’il avait senti, contre sa cuisse, celle de Barnabé qui se pressait avec insistance. Comme s’il avait été brûlé par un charbon ardent, Achille avait éloigné brusquement sa jambe et levé vers son voisin un regard surpris, qu’il espérait réprobateur. Les yeux bleus avaient derechef plongé dans les yeux noirs et le sourire ravageur avait réapparu. Achille s’était senti devenir cramoisi. La jambe insinuante, aussitôt, s’était recollée à la sienne, sa chaleur l’avait envahi, s’était communiquée à son corps tout entier, et une impétueuse érection s’était emparée de lui. Vaincu, il avait renoncé à repousser les avances du beau garçon et avait laissé sa cuisse
peser de tout son poids sur la sienne. Leurs regards de nouveau s’étaient croisés et ils avaient échangé un sourire lourd de promesses.
Achille avait bien culpabilisé un peu de fleureter ainsi avec un quasi-inconnu alors que Patrice était couché, malade, dans la pièce d’à côté, puis il s’était dit que leurs conventions autorisaient ce genre d’écarts et qu’en outre le mal de mer n’était pas quelque chose de bien grave. Sa conscience apaisée, il avait de plus belle facilité le contact avec cette cuisse si charmante.
Soudain, Achille sursauta : une main, avec la complicité de la longue nappe, s’était posée sur sa hampe, des doigts jouaient avec elle, la pinçaient, la caressaient. De surprise, il faillit pousser un petit cri qu’il retint de justesse. C’est à ce moment que le capitaine lui avait demandé des nouvelles de Patrice et de Gustave, et il avait eu toutes les peines du monde à fournir une réponse cohérente. Trois fois il repoussa la main, trois fois elle revint, plus audacieuse, plus entreprenante ; comme il avait cédé pour la cuisse, Achille céda pour la main. La violence qu’il se fit, il faut l’admettre, était plutôt douce : Barnabé était un artiste. Il réussissait à manger et à boire tout en flattant, entre deux gorgées, entre deux bouchées, le sexe épanoui d’Achille sans donner le moins du monde l’éveil à leurs commensaux. Achille, congestionné, avait toutes les peines du monde à avaler. Il n’osait poser les yeux sur personne de peur de se trahir. Le talent de Barnabé était incontestable : il savait de belle manière, à travers le tissu, et tout en utilisant en intermittence ses mains pour d’autres usages, maintenir la pression au point qu’Achille se sentait proche de l’extase.
Soudain les doigts insolents ouvrirent deux boutons de la braguette, la main s’aventura à l’intérieur, se faufila dans le sous-vêtement, deux doigts se refermèrent sur le gland tout humide d’excitation et le caressèrent doucement. Achille s’étrangla avec la bouchée qu’il venait d’avaler et se mit à tousser.
— Eh bien, s’enquit le capitaine, que vous arrive-t-il ? Vous n’aimez pas mon rôti ? Ne me dites pas que vous allez succomber vous aussi au mal de mer ?
— Non, non, rassurez-vous, Capitaine, tout va bien, j’ai seulement avalé de travers !
Achille s’amusa in petto et se dit que c’était à une tout autre chose que le mal de mer qu’il allait succomber. Ah ! Quel privilège d’être un homme et de pouvoir céder à des avances sans fausse honte et sans risquer d’être taxé de légèreté !
Il s’était accoutumé à ce jeu dangereux ; le risque d’être surpris augmentait son excitation, comme le fait de s’acheminer vers l’extase en mangeant tranquillement, en souriant aux autres convives et en discutant avec eux. La main experte de Barnabé maintenant ne quittait plus son sexe ; elle ne le masturbait pas à proprement parler : le bout de ses doigts jouait délicatement avec le gland, virevoltait autour, caressait délicatement le méat, frottait parfois un peu plus vivement le beau fruit. De l’autre main, le lieutenant dégustait une crème ; il devisait comme si de rien n’était avec ses camarades. Achille montait au ciel. Soudain, sans aucun autre signe qu’un léger grognement qui passa inaperçu, il se cabra et explosa entre les doigts du bel officier. Le regard bleu et le regard noir s’unirent profondément, chargés de jouissance et d’excitation. Barnabé, d’un air gourmand, se lécha les doigts et Achille, à cette vue, sentit sa hampe se dresser de nouveau.
Quelques secondes plus tard, le lieutenant s’empara de la main d’Achille et la posa sur son entrejambe. Achille, après un léger mouvement de recul tout instinctif, n’hésita pas, d’autant
qu’on lui avait préparé le chemin : la braguette du beau marin était ouverte. Il s’y introduisit à tâtons et découvrit un membre de taille exceptionnelle, dur comme du bois, tendu en arc de cercle, tout ruisselant de désir. Du bout des doigts il en appréciait la douceur, la chaleur, et le relief que lui donnait la grosse veine palpitante. Il ne put résister au plaisir de saisir à pleine main le beau gourdin et de lui imprimer de lents allers et retours. Le visage de Barnabé demeurait impassible ; sans cesser de manger, il participait activement à la conversation. Achille accéléra un peu l’allure, remonta la main pour flatter le gland puis se mit à la faire coulisser sur la hampe. Barnabé ne put retenir un gémissement étouffé, la douce tige dans la main d’Achille se mit à grossir et à se cabrer comme un cheval rétif et le beau lieutenant, dans un soupir à peine audible, entra en éruption. Achille sentit sa main s’inonder de liqueur brûlante. Comme Barnabé l’avait fait pour lui, il plongea son regard dans celui du jeune homme et dégusta en lui souriant la semence recueillie. L’élixir du lieutenant avait un goût très suave et Achille ressentit, ce faisant, un violent remue-ménage dans son haut-de-chausses.
Ils mirent à profit la fin du repas pour remettre de l’ordre dans leurs tenues, s’essuyant le mieux possible avec leurs serviettes et espérant que les taches humides ne se verraient pas trop malgré les vêtements foncés. Bah ! on penserait qu’il s’agissait de nourriture !
Après le souper, le capitaine voulut disputer son habituelle partie de piquet avec son adversaire attitré, le second lieutenant. Il demanda à Achille :
— Et vous, Chevalier, jouerez-vous avec le lieutenant de Champbourg ? Il est si rare que nous ayons des passagers de marque, le malheureux n’a presque jamais l’occasion de jouer !
— Si le lieutenant veut bien m’excuser, dit Achille en adressant un sourire complice à ce dernier, je voudrais aller voir comment se portent mes compagnons. En outre, cette première journée de mer m’a littéralement épuisé : je dors debout !
— Mais bien sûr, s’empressa de répliquer Barnabé, j’ai moi-même envie d’aller prendre l’air sur le pont. Nous jouerons demain, Chevalier.
Tandis que leurs compagnons s’installent à une table de jeu, Achille et son beau lieutenant prennent congé. À peine ont-ils quitté le carré que Barnabé saisit Achille par le bras, l’entraîne dans sa cabine, referme soigneusement la porte et plaque le jeune homme contre la cloison. Il tombe à ses genoux, le saisit aux hanches, enfouit son visage dans son haut-de-chausses.
— Hmmm ! murmure-t-il gourmand, tu es encore tout parfumé de ta jouissance ! Quelle suave odeur !
Et, mordillant à travers le tissu le sceptre d’Achille auquel ce traitement a rendu toute son ampleur :
— Voici une jolie banane à laquelle je goûterais volontiers !
Sans attendre la permission, il ouvre la braguette d’Achille, en tire son outil, le caresse et le contemple d’un œil admiratif.
— Quelle merveille !
Il dépose sur le membre un tendre baiser et explique d’un air concupiscent :
— J’adore la liqueur virile. Je fais parfois des folies pour en savourer. Lorsque nous sommes en escale, je m’habille en bourgeois et je hante les estaminets à matelots. Si je me fais souvent rabrouer, parfois même frapper, je trouve presque toujours quelques bonnes queues à déguster. Pomper tout le suc d’un joli petit marin dans une ruelle sombre, pour moi, c’est l’extase ! Un tantinet dangereux, j’en conviens, mais cela ajoute encore au plaisir que j’en retire !
Achille est sur le point de lui demander s’il a d’autres formes d’activité sexuelle, mais Barnabé engloutit sa tige, cela lui coupe la parole et il se met bien vite à songer à tout autre chose qu’à poser des questions.
La bouche, les lèvres, la langue, les dents du beau marin sont aussi expertes que ses doigts à donner du plaisir. Achille se trouve d’abord pris dans un tourbillon effréné qui s’enroule autour de son gland, l’épouse, l’entraîne vers les cimes. Ses boules sont ensuite gobées, longuement choyées l’une après l’autre, sa hampe grignotée par des dents gourmandes mais délicates, dont la morsure procure d’ineffables douceurs. Puis il se trouve de nouveau englouti, va buter au fond de la gorge accueillante. Les lèvres se mettent à aller et venir sur lui tandis que la langue le caresse avec talent, que la bouche devient fourreau pour son épée charmée. Les mouvements de Barnabé sont rapides, il doit avoir hâte de boire cette crème dont il se dit si friand.
— Prends ma tête dans tes mains, demande-t-il, fais-moi aller à ton rythme et surtout ne crains pas d’être violent : j’adore être maltraité !
Achille ne se fait pas prier, il comprend fort bien la demande de son partenaire : lui aussi adore parfois se sentir la chose d’un homme. Les maltraitances, par contre, il s’en passe volontiers ! Il remarque que Barnabé a sorti son sexe et le flatte vivement de la main. Il contemple le bel objet qu’il n’a encore que palpé et le découvre aussi désirable que son toucher le lui avait laissé deviner : une taille à rendre jaloux Priape et qu’Achille, sidéré, évalue à une huitaine de pouces, un admirable gland mauve au bourrelet bien marqué, et ce don fascinant de se dresser en arc de cercle, parallèlement au ventre. Plutôt mince, exactement le type de queue qu’il aime : celles qui vont fouiller très, très loin dans les entrailles sans causer la moindre douleur. Rendu fou par cette vue, il fait aller et venir de plus en plus vite la tête de Barnabé, presque à chaque poussée il sent sa hampe heurter le fond de sa gorge, Barnabé a des haut-le-cœur, des larmes coulent de ses yeux, mais Achille se rend compte que cela lui plaît, il jette au jeune homme des regards extasiés, et sa langue trouve quand même le moyen de choyer de la plus habile façon le gourdin qui l’assaille. Achille bientôt sent l’extase l’atteindre et il accélère l’allure. Son sexe frémit, se cabre et lâche une épaisse giclée dans la bouche du beau lieutenant qui saisit le bâton et le promène sur son visage pâmé où la crème se met à ruisseler ; puis il le réintroduit à la hâte dans sa bouche et le pompe avec ardeur pour en extraire les derniers jets de liqueur. Achille ne peut retenir un cri, un grognement de bête tant cette nouvelle attaque le transporte au paradis : sur sa hampe devenue sensible à l’extrême sous la jouissance, les caresses ont une puissance décuplée. Il s’écroule dans les bras de Barnabé et remarque qu’il a lui aussi déversé sur le sol une grande quantité d’élixir. Ils s’embrassent, un baiser tout englué de crème d’amour, et ils roulent à terre, unis dans le néant.
Un peu plus tard, Achille glisse la main entre les cuisses du lieutenant et saisit le membre dont il rêve depuis qu’il l’a découvert. Barnabé pousse un petit gémissement, se colle à Achille. La tige superbe reprend vite toute son ampleur. Achille, sans déplacer sa main, embrasse le jeune homme et lance :
— Et quand tu ne vas pas à la chasse aux matelots, est-ce qu’il t’arrive d’utiliser cet incroyable engin ?
— De temps en temps, mais hélas pas aussi souvent que je le souhaiterais : la vie de marin n’est pas aussi idyllique que d’aucuns le disent. Une fille, ou un garçon, dans chaque port, cela plaît à certains, mais à moi non. Que veux-tu, c’est mon tempérament : autant j’aime boire à la source avec n’importe qui, autant j’hésite à plonger dans les entrailles du premier venu…
— Est-ce que je suis le premier venu, pour toi ?
Le regard bleu se noie dans le regard noir.
— Vraiment !? Tu en as envie !?
— Et comment !
— Je n’osais l’espérer !
Barnabé prend Achille dans ses bras et ils roulent sur le sol, unis dans un long baiser.
— Viens ! dit le lieutenant, allons sur le lit.
***
Le jour rosit les sabords lorsque Achille rejoint la cabine, vaguement honteux. Gustave et Patrice semblent apaisés ; ils dorment l’un près de l’autre, sagement étendus sur le dos. Il grimpe dans le « hamaka » et sombre dans un sommeil de plomb.
***
Des cris, un tumulte infernal et un violent balancement le réveillèrent. Le « hamaka » semblait pris de folie et jouait les escarpolettes. Achille eut toutes les peines du monde à descendre du lit de toile sans se trouver projeté sur le sol. Quand il fut sur pied, il se rendit compte que ce n’était pas seulement le « hamaka » mais le bateau tout entier qui remuait dans tous les sens. Dans un bruit de vaisselle brisée, des meubles se retournaient, un fauteuil puis un coffre traversaient la cabine et allaient buter contre la paroi opposée. Patrice et Gustave se redressèrent sur le lit et ouvrirent des yeux effarés. D’instinct, ils se levèrent, mais une nouvelle plongée du bateau les précipita au sol. Patrice soudain devint blême et fut pris de nausées. Au prix d’un énorme effort, il rampa jusqu’à la table de toilette, mais elle avait été renversée, la cuvette de faïence brisée. Il se soulagea dans ses mains, rejetant un flot de bile. Gustave, à ce spectacle, fut pris de contagion. Achille les releva, les nettoya du mieux qu’il
put à l’aide d’une serviette, les installa sur le lit et les munit d’un bassin d’étain en cas de nouveaux malaises.
— Restez sur le lit, dit-il, surtout ne bougez pas.
— Mais Achille, que se passe-t-il ? demanda Patrice d’une voix lamentable. Déjà qu’hier c’était pénible quand on se balançait doucement, là c’est vraiment insupportable ! Je sens ma dernière heure arrivée !
Achille jeta un coup d’œil par le sabord. D’énormes paquets de mer l’assaillaient continuellement. Entre deux douchées, il entrevit l’océan couleur de plomb qui se creusait de vagues gigantesques, le ciel d’un gris plus sombre encore et, à l’horizon, une ligne noire qui ressemblait à une côte. Il se souvint que la veille, au cours du souper, le capitaine avait signalé que la traversée du golfe de Gascogne se terminait, qu’on atteindrait le lendemain matin l’extrémité ouest de l’Espagne et que l’on continuerait la route vers le sud-ouest au large du Portugal avant de virer plein ouest en direction des Açores. Il avait ajouté que la rencontre des eaux et des vents du golfe avec ceux de l’océan proprement dit, et la perte de l’abri que constituait la côte espagnole suscitaient fréquemment, dans ce secteur, de violentes et soudaines tempêtes.
Achille s’agenouilla auprès du lit et tâcha de réconforter ses amis :
— Autant que j’en puisse juger, c’est une tempête. Mais il n’y a rien à craindre, le bateau est solide !
Comme pour le démentir, la flûte plongea de plus belle. On avait l’impression qu’elle n’avait plus la mer sous elle pour la soutenir, qu’elle...
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