Nuits chaudes
10 pages
Français

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Description


Nuit chaude dans les Antilles

Qui mieux qu'une mère pour vérifier la vertu de sa fille ?



Nuit d'amour à la campagne

Sa promesse : le laisser rentrer dans son lit cette nuit.



Nuit de noces fin XIXè siècle

... ou les bonnes surprises du mariage !





Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2012
Nombre de lectures 115
EAN13 9782823801569
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nuits chaudes
12-21
Nuit chaude dans les Antilles In Les nuits chaudes du Cap français Hugues Rebell

Je m’étais rendue dès le matin, au Cap, chez M. de La Pouyade. Il reposait encore. Par mes instances auprès de son esclave, je l’avais presque contraint de se lever et de venir entendre ma confession.
Il était accouru vers moi, l’habit à demi déboutonné, les souliers dénoués, une barbe de la veille et la perruque de travers. N’importe ! C’était un prêtre, et j’avais si grand besoin à ce moment de me confier à un ministre de Dieu et d’entendre, par ses lèvres, que j’étais pardonnée d’en haut, que je l’avais, tel quel, entraîné dans l’église.
– Mon Dieu ! s’écria-t-il, madame, qu’avez-vous, que vous est-il arrivé ? Le diable est-il dans votre maison, que vous venez si tôt me réveiller ?
– Hélas ! fis-je. Plût au ciel, mon père, qu’il soit seulement dans la maison, mais je soupçonne qu’il est en moi.
– Ah ! ah ! voilà qui est amusant, par exemple. Moi qui, jusqu’ici n’ai exorcisé personne ! Comment vais-je faire pour chasser votre démon ?
– Ne riez pas, mon père repris-je. De cruelles tentations viennent souvent incliner au mal une nature portée instinctivement à la vertu ; mais je ne saurais me reconnaître quand je fléchis. Il me semble qu’une autre personne emprunte alors mes sens et mon âme désavoue des actes auxquels elle ne prend aucune part.
– Dieu s’en réjouit là-haut, ma fille, conclut-il en aspirant une pincée de tabac vanillé, tandis que je tombais à ses pieds, puis : Dites vos péchés, fit-il, et, avec une ironie absolument déplacée, il ajouta : Ou plutôt ceux de votre démon.
La faute que j’avais commise ne me causait tant de trouble que parce qu’elle atteignait ma chère enfant et l’innocence de mon amour. Une autre ne s’en serait point émue, mais le lien qui m’unit à cet ange est saint à mes yeux et je ne pouvais assez me reprocher d’en avoir terni la céleste pureté.
L’enlèvement d’Agathe, l’état dans lequel se trouvait mon enfant, tout me conseillait de ne point me fier à des soins mercenaires, mais de veiller moi-même sur ce bien sacré. C’est pourquoi j’avais fait transporter dans ma chambre le lit d’Antoinette, mais la chère enfant était trop loin encore ! Le soir, je la pris tout endormie dans mes bras et la portai dans mon lit. Oh ! quelle joie lorsque je sentis son corps contre le mien ; que sa douce respiration approcha son jeune sein de ma poitrine et l’effleura d’une caresse délicieuse ! Je ne sais pas pourquoi à ce moment, comme si le ciel se fut montré jaloux de mon plaisir, je me rappelai les paroles du docteur et un soupçon affreux traversa mon esprit. Les brigands qui avaient attaqué la pauvre mère avaient-ils osé porter leurs mains sacrilèges sur l’enfant ? Le doute me suppliciait. Je voulus avoir une certitude – dût-elle être douloureuse – et profiter de ce sommeil. Repoussant tout ce qui voilait le corps de mon Antoinette, écartant ces jambes grassouillettes qui, chastement réunies, semblaient vouloir dérober leur trésor, j’approchai une petite lampe, et penchée vers elle, comme une mère vigilante ou un mari fervent, je découvris le secret adorable. Dieu soit béni ! les barbares n’avaient pas point flétri mon enfant ; la fleur chaste, à peine rosée, mince et délicate encore, dissimulait ses annelets dans les profondeurs de la chair, parmi les frisures d’une mousse capricieuse et dorée.
O ma chérie ! m’écriai-je, se peut-il qu’un jour un mâle brutal déchire des grâces si parfaites et arrache à ton sein tranquille un cri de douleur ! Va, je te défendrai contre leurs désirs. Je te garderai pour moi seule, car, seule, mon affection ne blesse pas et ne sait pas tromper.

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