Pourquoi pas nous ? (pulp gay)
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Description

Pourquoi pas nous ?

Jean Marc Brières
Pulp de 320 000 car.
Riton, 37 ans, chef de chantier, un colosse qui n'admet aucune opposition une fois la décision prise par son patron ou son représentant. Il connaît son métier. Il connaît ses hommes, qualités et défauts inclus. Il attire la confidence ce qui lui permet de découvrir certaines faces des personnalités de ceux qu'il dirige. Il parle peu, ne crie jamais, plaisante rarement. Un gars bien, disent les autres.

Et 4 autres nouvelles : Eux aussi, M'sieur ; Touche-moi et je t'assomme ; Messires Martin, Joseph & Cie ; Ite Missa est !
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2014
Nombre de lectures 23
EAN13 9782363079558
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pourquoi pas nous ?
et 4 autres nouvelles de
Jean Marc Brières
Pourquoi pas nous ?
Casque de sécurité sur la tête, chaussures de sécurité aux pieds, salopette couverte de poussières et de traces plus ou moins tenaces, les hommes continuent leur ouvrage : une petite maisonnette de vingt-huit pièces toutes de plain-pied ! Ils s'affairent à l'abri : la grisaille glaciale empêche de travailler à l'air libre. Chez eux, jamais de malades, jamais de retard le matin, jamais de départ en avance en fin de journée. Pas d'errements, pas de traînards. Tout le monde en place à 8h pétante. On casse la croûte vers 10h, déjeuner à 12h30, reprise 13h30, pause café à 15h30, fin de la journée de boulot à 17h.
Riton, 37 ans, chef de chantier, un colosse qui n'admet aucune opposition une fois la décision prise par son patron ou son représentant. Il connaît son métier. Il connaît ses hommes, qualités et défauts inclus. Il attire la confidence ce qui lui permet de découvrir certaines faces des personnalités de ceux qu'il dirige. Il parle peu, ne crie jamais, plaisante rarement. Un gars bien, disent les autres. Alain, 31 ans, un maçon hautement qualifié. Grande gueule toujours un mot pour rire, lui aussi connaît parfaitement le boulot. Copain de Riton qui ne le ménage pas, il le charrie dès la journée terminée, jamais pendant les heures de travail. Un costaud, Alain, poilu comme un singe dont il possède la tronche simiesque. Mais sympa, toujours prêt à secourir les copains, du manœuvre au chef. Justement, le manœuvre : Abdul, 18 ans. Un magnifique black au regard doux, naïf, timide, immigré avec ses parents depuis 6 ans, demande de naturalisation en cours. Lui aussi, une force de la nature malgré son jeune âge, des poings à vous massacrer un bœuf d'un seul coup.
Ces trois-là sont l'ossature de cette équipe qui se compose de six hommes en tout. Nous parlerons peu des trois autres qui n'interviennent pas dans les faits narrés, ceci afin de ne pas compliquer inutilement l'histoire.
Et puis… Monsieur l'architecte, Monsieur son adjoint, Monsieur le Patron de l'entreprise de construction ainsi qu'un expert agissant et lieu et place du client.
L'architecte, 42 ans : un homme qui ne passe pas inaperçu, ne parlant jamais avec les ouvriers dits du bâtiment, ne s'adressant qu'à leur patron, conversant des heures entières avec son propre futur adjoint. Quand on observe les deux, on voit le jour et la nuit. Le premier : Monsieur François, un aux épaules carrées, aux lunettes cerclées d'or, à la serviette en cuir flambant neuve, aux costumes griffés, à la prestance princière, au sourire appelant la tendresse : le parfait contretype du rond de cuir portraituré par un certain Georges Moinaux dit Courteline. Teigneux envers les « inférieurs », onctueux avec ses égaux, servile vis-à-vis des supérieurs, Monsieur l'architecte rêvait d'ouvrir son Cabinet. Las ! Son peu d'allant aux études, son assiduité au déduit, ont fait que Dame fortune ne lui a pas souri, au contraire des Dames en chair et en os. Il trime, salarié dans un Cabinet avec cinq autres diplômés comme lui. Son adjoint, ou présenté comme tel afin de rassurer le client, est en fait un stagiaire : Monsieur Mel, 23 ans, encore étudiant, extrêmement doué (bachelier à 15 ans et quatre mois !), gracieux, poli avec tout le monde, le regard rêveur dès que les conversations ne le concernent plus. Un timide lui aussi, Monsieur Mel, mais un timide qui ne cesse de jeter certaines œillades vers les biceps de tout ce petit monde d'ouvriers, objets constants de ses rêveries hors travail. Un employé modèle. Il ne rechigne pas devant la besogne, le jeune Mel,
plein de bonne volonté. Le grand patron du Cabinet, son tonton favori, lui a récemment promis une embauche définitive s'il obtenait ses diplômes. Une âme angélique dans cette faune de mâles, le petit Mel. Pourquoi ce surnom ? Simplement parce que son nom de famille, en entier, est Mélodica, nom d'un certain petit instrument de musique à air. Joli pour un ravissant visage, non ? Le patron de l'entreprise de bâtiment, Ernest 44 ans, une brute au cœur d'or. Il n'aime pas son métier, ses hommes ! Il les adore, les vénère, les adule ! Pour autant il reste juste, sans concession. Brave bonhomme, cherchant avant tout le succès professionnel plus que financier. Toutefois, l'un n'allant pas sans l'autre, il cède à bien des contraintes qui ne lui conviennent guère. D'où son ulcère à l'estomac qui le chagrine trop souvent. En compensation, il ne refuse aucune joie de la vie, surtout celle de la chair. On lui accorde près de onze maîtresses ! La rumeur plus raisonnable ne parle que de six maîtresses, chacune espérant décrocher la timbale dans laquelle se trouveraient deux alliances matrimoniales.
*
* *
Aujourd'hui, réunion de chantier. Monsieur l'Architecte, François, n'y assiste pas, occupé sur une autre affaire. Ici, il s'agit juste de relever l'avancement des travaux, ce que peut très bien faire Mel, le stagiaire. Ernest, le patron de l'entreprise, est absent lui aussi. Il délègue Riton. Quant au client, son représentant est un expert commis pour ces rendez-vous.
La visite se déroule sans anicroche. Les travaux n'ont aucun retard, rien à signaler d'anormal. Chacun signe le compte-rendu. Il est 17h55 ! Obéissant à certaines coutumes qu'on lui a bien recommandé de suivre, Mel propose :
— Messieurs, un apéritif ?
Le « Messieurs » s'adresse à la cantonade et comprend donc toute l'équipe. Chacun d'accepter.
L'équipée occupe tout le comptoir du bistro. Les ouvriers parlent entre eux, Riton s'entretient avec l'Expert du client, Mel… admire Abdul qui lui envoie des sourires éperdus d'envies non avouables. Ils aimeraient se retrouver dans un endroit plus intime. Aujourd'hui, l'un va attendre l'autre, à l'insu des collègues.
Riton qui, agissant au nom du patron, remet la tournée. Abdul se retire, alléguant un long trajet pour rentrer dans sa banlieue. Mel prétexte son devoir : remettre illico son rapport à l'architecte en titre. Les deux sortants quittent les lieux à dix minutes d'intervalle pour se retrouver assis face à face dans le bus qui les ramène en ville. Ils se « mangent » du regard. Mel s'attarde plus particulièrement sur la beauté des muscles, sur la bosse qui ne cesse de grossir sous la braguette d'Abdul. Ce dernier passe souvent la langue sur ses lèvres quelque peu lippues, yeux étincelants de désirs en songeant au rebondi fessier de Mel qu'il a tant de fois lorgné. Mel descend, Abdel suit. Aucun mot n'est prononcé. Mel pénètre dans un immeuble, Abdul lui tient la porte avant d'entrer également. Ils se retrouvent dans l'ascenseur, yeux dans les yeux, sourires aux lèvres, sortent sur le même palier. Mel ouvre sa porte, la
laisse ouverte. Abdul entre. Son pied gauche pousse ladite porte qui se referme tandis que ses bras enserrent la taille de Mel. Les corps se collent, les lèvres se mêlent, les langues se chevauchent. Mel soupire de bonheur. Enfin, ils concrétisent leurs espérances ! Mel se sent bien dans ces grands bras. Il aime ces grosses mains qui couvrent entièrement ses arrières. Il se sait plus réceptif qu'à l'accoutumée, presque féminin. Abdul mesure au moins vingt centimètres de plus que lui. Il le soulève en le maintenant sous les aisselles, cherche des yeux la chambre. Intimidé, émerveillé, Mel indique le lieu. Deux minutes plus tard, l'immense corps d'Abdul couvre celui d'un Mel aux anges. Il sent le bâton raidir, se développer amplement sous le pantalon de jogging. Ses petites mains commencent l'effeuillage du géant noir qui se plie volontiers au rite tout en procédant à l'identique sur son partenaire. Teeshirt et chemise volent. Chaussures et baskets atterrissent on ne sait où. Jogging et jeans vont sur la moquette. Slip et caleçon gisent sur le lit. Mel constate que la réputation des blacks n'est pas surfaite. Il suppute entre 23 et 25 cm de long sur 7 de diamètre ! Belle bite, se dit-il. Coupée, dont la rigidité ne fait aucun doute, érigée vers le haut malgré une courbe en son milieu. Déjà, la chose glisse sur son ventre, entraînant sa propre queue qui fait ses 17cm estimés raisonnables par le détenteur. Les grands doigts noirs tâtent son corps, le palpent, le malaxent, comme s'ils voulaient en découvrir les moindres recoins. Abdul est émerveillé. C'est la première fois, depuis qu'il est en France, qu'un blanc lui accorde de telles faveurs. Jamais il n'avait osé. Il se dit fier d'avoir enfin passé le pas ! Son émerveillement est aussi dû à l'enivrement causé par la situation de possession. Il possède ce magnifique mec qui va le faire jouir, qui va se donner à lui. Mec qu'il fera frissonner sous ses coups de boutoir péniens. Ses yeux se révulsent lorsque la bouche taquine son gland, une langue titille le frein avant de s'aller câliner la hampe en son entier. Il ondule son bassin, Abdul. Il grogne, Abdul. Il appuie fort sur la tête de son suceur, Abdul. Il crie, Abdul. Il jouit, Abdul qui noie la cavité buccale d'un Mel transi d'amour pour cette liqueur dont il avale le maximum de giclées. Et elles sont nombreuses, ces giclées. Chacune d'elles très fournie. Cela déborde au niveau des commissures, sur le menton. Tout marri de s'être comporté de façon si précipitée, Abdul lèche les coulées extérieures avant de fourrer sa langue dans la bouche parfumée avec son sperme. Son braquemart ne débande pas. Cependant, il tient à montrer un certain savoir-vivre en matière sexuelle. Il déplace Mel, tel fétu, qui se retrouve la queue entre les grosses lèvres gourmandes. L'engin est aspiré, rejeté, à un rythme effréné, les lèvres serrant au passage du gland. Mel voudrait que cela dure des heures, que son homme le traite en pute, le soumettre à des trivialités insoupçonnées. Mel qui déborde d'affection et de foutre envahissant la bouche d'un Abdul satisfait. Les deux hommes s'allongent. Mel, sa tête sur le ventre d'Abdul, les yeux non loin de l'énorme mandrin toujours gaillard, caresse le torse musclé au doux duvet noir et crépu. Sa propre bite coincée entre son ventre et une cuisse d'Abdul. Nouveaux baisers, nouveaux câlins. Enfin, un premier échange verbal entre eux, depuis qu'ils ont quitté le bistro. D'une voix tremblotante d'émotion, de timidité, Abdul demande :
— Je veux te la mettre dans le cul. Tu aimes ça, dis ?
— Tout ce que tu voudras pour ton plaisir. Ta bite m'enchante. Tes couilles m'émerveillent. Je veux que ton corps resplendisse en moi.
— T'as des capotes ?
Mel tend une main vers la table de nuit, prend des capotes dans le tiroir, déchire un sachet, pose une capote sur le gland demandeur puis, avec la bouche, il déroule le latex complètement, à savoir jusqu'à la moitié de la hampe. L'engin est magnifique. Bien lubrifié, il pénètre délicatement dans l'anus d'un Mel qui s'empale en s'asseyant sur son amant, face à
lui. La force d'Abdul est telle qu'il lève puis baisse son bassin, soulevant Mel qui se laisse enfiler de la sorte, tressautant au-dessus de son enculeur, soucieux seulement de ne pas perdre l'équilibre et de ne pas faire se désengager le piston qui lui travaille les tripes. Il apprécie plus que tout ce pic en lui qui le fouille, le perfore, lui fouisse les entrailles. Il sent cette queue plonger, se retirer, sans cesse et toujours, infatigable, insatiable. Les grands doigts noirs fripent ses tétons, les pinçotent. Les grandes mains se posent ensuite sur les épaules de Mel qui se penche, reçoit la langue vigoureuse de son amant dans sa bouche gourmande de baiser langoureux. Crispations, spasmes, grognements, toutes manifestations annonciatrices d'apothéose imminente. Longuement, la queue d'Abdul expulse son jus dans la capote tandis que le foutre de Mal s'éparpille sur le torse velu de son emmancheur. Les soubresauts durent quelques minutes avant que les organismes ne se détendent. Toujours sodomisé par Abdul, Mel pose sa tête contre la sienne. De la même voix hésitante, le manœuvre s'inquiète :
— Tu veux encore ma bite dans ton cul ? On peut rester comme ça toute la nuit. Je te baiserai autant que tu voudras.
— Tu n'as pas faim ?
— Si, de ton trou.
Disant, il recommence les va-et-vient dans les entrailles offertes jusqu'à la troisième éjaculation de part et d'autre.
La séparation devient indispensable pour des raisons d'hygiène. Sous la douche, troisième enfournée du mandrin noir dans le petit cul rose. Le balancement fessier d'Abdul se fait ample. Mel, appuyé sur une paroi carrelée, penché, fessier bien cambré, se voit tenu ferme par les deux mains d'Abdul qui ne cesse de le pénétrer presque sans effort, comme s'il s'agissait de la première prise de possession. L'enculé remue ses arrières afin de mieux sentir l'engin qui trifouille ses intestins. Il jouit sans aide manuelle, pour la quatrième fois, serrant son anus à chaque giclée qui s'échappe. Abdul mordille le dos de Mel, laissant son sperme noyer une nouvelle capote. Dans son cerveau, trois mots fulgurent : je suis heureux.
Fin du nettoyage des corps. Sans mot dire, ils sortent de la salle de bain, se dirigent vers la cuisine. Mel attrape plusieurs ingrédients, divers récipients, un épluche-légume, deux couteaux. Abdul s'attèle à la corvée de patate. À les voir, on croirait un vieux couple connaissant parfaitement les habitudes de chacun. Ils s'interrompent à plusieurs reprises pour permettre un baiser, un câlin. Un geste suffit pour qu'ils se comprennent. Ils se devinent, se « sentent ».
Dîner silencieux, regards appuyés et énamourés, vits en ébullition, corps frémissant dans l'attende de nouvelles sensations.
Tranquillement, Abdul se met à la vaisselle qu'essuie et range Mel : un vieux ménage, oui ! Ceci fait, salle de bain, nettoyage des dents, Abdul bénéficiant d'une brosse neuve sous plastique.
La chambre, télé un épisode de série policière, Mel dans les bras d'Abdul ne cessant de lui taquiner sa queue qui ne débande pas.
En même temps qu'il éteint la télé, Mel s’assied sur l'engin capoté de son amant.
Le réveil sonne : 6h30. Les yeux sont gonflés par manque de sommeil. Les lèvres sont rougies de s'être frottées souvent les unes aux autres. L'anus de Mel est toujours complet : Abdul n'a pas débandé, l'épée au fourreau, comme on dit.
Une ultime pistonnée avec giclée spermatique et les deux hommes se sustentent, se douchent, s'habillent, se livrent à un dernier baiser langoureux. Ils quittent l'appartement. Abdul s'inquiète :
— C'est quand tu reviens au chantier ?
— La semaine prochaine, même jour, même heure. Je serai encore seul.
— C'est long, une semaine. Ma bite va s'ennuyer.
— Elle vient quand elle veut, Abdul. J'ai mis ton nom sur ta brosse à dents.
Ils se séparent, sans plus parler. L'un regagne le chantier, l'autre se rend au Cabinet d'architectes.
*
* *
Alain, le maçon, observe Abdul, le sourcil relevé. Il l'hameçonne :
— T'as mal dormi, mon pote ? T'en fais une tronche. Une sale tronche ouais !
— Je vais bien. Laisse-moi tranquille.
— Je suis pas sûr, moi. Enfin, si tu le dis ! C'est quoi son petit nom ?
— Personne.
— Je connais, va. T'as niqué toute la nuit et t'es crevé. Ça arrive, mon pote. Rien de grave ! Alors, c'est qui la bienheureuse qu'a reçue ton gros chibre.
— Qu'est-ce t'en sais ?
— J'ai vu sous la douche. Je suis pas aveugle.
— Et alors, t'en as envie, Alain ?
— Envie de quoi ?
— Ben de mon chibre, comme tu dis.
— Holà ! Je suis pas pédé, mec !
— Alors, le regarde plus. Et m'emmerde plus avec tes questions à la con.
Riton, le chef de chantier arrive. D'autres gars s'approchent. Abdul retrouve son silence habituel. Toute la journée, il ne pense qu'aux cuisses de Mel, aux fesses de Mel, à la queue de Mel, à la bouche de Mel, au sourire de Mel, au corps de Mel. Il ne voit que Mel. Aussi, ses copains le trouvent-il bougon. Ils lui fichent la paix. Même Alain ne le taquine plus.
Mel qui, pour la première fois, n'admire plus François, son maître de stage. Pourtant, ce dernier lui a adressé plusieurs clins d'œil afin de le retrouver en bas, dans la salle des archives. Ça n'est pas que l'architecte soit véritablement homo. Il se contente de pipes admirablement administrées par un Mel consciencieux. Chose que refuse de lui accorder sa légitime épouse. Donc, depuis toujours, le beau François se fait sucer par un mec, dès que l'occasion se présente. Et une belle occasion s'est présentée quand il a compris que le Mel n'aimait pas particulièrement s'envoyer en l'air avec le sexe féminin. À chaque appel, une réponse favorable. Aujourd'hui, quatre appels, aucune réponse. Il arrive enfin à coincer le malpoli près de la photocopieuse :
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Rien.
— Quatre fois que je te fais signe, quatre fois que tu m'ignores.
— Peut-être que je veux toujours t'ignorer, dorénavant. Je n'ai plus envie de te servir de trou. Jamais une caresse, jamais un merci, jamais un baiser. Jamais rien en retour. Toujours une rencontre furtive, toujours toi qui en tire de la jouissance. Je ne veux plus, voilà tout !
— Tu savais, dès le début.
— C'est vrai. Une invitation au restaurant, en guise de merci, au moins une fois, ça n'a rien de compromettant, tu ne crois pas ? Et puis, je n'ai jamais dit que c'était pour l'éternité.
— Tu as quelqu'un, c'est ça ?
— Ma vie privée ne te regarde pas. Restons-en là. De bons amis, rien de plus.
— Comme tu veux. Mais si tu fais machine arrière, n'hésite pas.
— Aucun risque.
Ce qui chagrine le plus Mel, n'est pas l'explication avec François, mais qu'on l'ait interrompu dans ses pensées. Il revoyait le corps d'Abdul, ses pectoraux, sa toison sur la poitrine, cette haie pileuse partant du nombril pour aller se perdre dans les poils du pubis. Il sentait l'odeur de ce mâle. Il revivait les pilonnages de cette queue qui lui vrillait le cul. Il en aurait presque joui. Un espoir lui fait oublier l'intervention de François : Abdul viendra-t-il le rejoindre ce soir ?
18h. Au bistro, non loin du chantier, Riton discute avec son copain Alain, tous deux assis à
une table. Ce dernier revient sur la mine fatiguée d'Abdul :
— … Tu crois qu'il a une minette ?
— Non, pas une minette. Observe mieux, Alain. Épie les regards, les gestes. Écoute bien les paroles de chacun et tu comprendras plein de trucs sans rien demander.
— Ouais, t'as déjà dit. Alors qu'est-ce que t'as pigé que moi j'ai rien vu ?
— Abdul est amoureux.
— Ah ouais ! T'as vu ça toi ? Et où que t'as vu ?
— Hier à la réunion de chantier. Je m'en doutais, mais j'hésitais. Hier, ça s'est confirmé.
— Attends, y'avait que nous, l'expert à la con, et le freluquet de l'architecte.
— Justement, Alain, le freluquet de l'architecte. Un gentillet à la joue rose et imberbe, à la fesse gironde, aux lèvres qu'on en boufferait à longueur de journée, aux yeux de biche. Depuis qu'il vient sur le chantier, Abdul arrête pas de le reluquer. L'autre se gêne pas non plus pour mirer la braguette de notre copain black. Hier, ça a été un vrai festival entre eux deux. Sans un mot, sans un sourire entre eux : juste leurs regards. Tu vois, Alain, c'était deux mecs entre eux. Eh bien, je vais te dire : c'était beau à reluquer. Je bandais comme un salaud.
— Merde ! Abdul pédé ! J'aurais jamais cru !
— Peut-être que c'est seulement parce qu'il a rien d'autre à se mettre sous la queue.
— Je pige pourquoi y m'a envoyé chier ce matin. D'habitude y rit quand j'y dis une connerie. Y cause pas, mais y rit. Là, il a pas rit, mais il a causé pour m'envoyer paître.
— T'as jamais eu envie de baiser un beau petit minet, Alain ?
— Si, une fois. À Biarritz, sur la plage. Un gonze avec une paire de fesses que j'en triquais à mort. Y'avait ma baronne qu'était à côté, y'a fallu que je me foute à plat ventre. Fallait voir comment qu'y se dandinait, la pute ! Y savait pour ma queue en furie. J'ai tout lâché dans le slibard. Je te dis pas après pour aller dans la flotte ! Si on avait été que nous deux, dans un coin peinard, il avait droit à ma bite au cul. Je te jure.
— Tu vois, hier je triquais moi aussi, en regardant le freluquet. Mais j'ai triqué encore plus quand j'ai vu le froc d'Abdul se soulever à deux reprises. Y bandait un max. je suis sûr qu'ils ont pieuté toute la nuit ensemble.
— C'est leur droit, Riton. On n'a pas à juger.
— C'est sûr. D'un côté, je suis content pour notre Abdul. S'il se maque avec le freluquet, il risque rien, au contraire.
— Tu crois que ça peut nous arriver, dis Riton ?
— Je crois. Ouais, pourquoi pas nous ? On vient de dire qu'on a triqué en voyant un mec.
Mel passe l'aspirateur, histoire de s'occuper la tête. Demain, il doit partir pour certains cours. Il ne rentrera que la veille de la prochaine réunion du seul chantier qui l'intéresse vraiment. Sa valise est prête. On sonne. Il stoppe l'engin, va ouvrir. Abdul, droit, souriant, un sac dans les mains. Il entre, donne un coup de pied dans la porte qui se ferme, enserre la taille de Mel avec son bras libre, plaque ses lèvres sur celles de son hôte. Long baiser passionné. Deux minutes plus tard, Abdul pose le sac sur la table de la cuisine, en extirpe un poulet rôti, des chips, un tube de mayonnaise, une bouteille de vin, du pain. Il jette son blouson sur le dossier d'une chaise, met le couvert. Pendant ce temps, Mel termine de passer l'aspirateur. Les yeux d'Abdul remarquent le bagage. Il s'approche de son amant :
— Tu pars ?
— Demain vers midi. Jusqu'à mardi prochain, pour mes cours. Dimanche je dois aller chez mes parents. C'est prévu depuis longtemps.
— Ah bon !
— Tu peux venir dormir ici, Abdul. Enfin, si tu veux. Je te laisse un jeu de clés.
— Sympa, bébé. Ici, c'est plus près du chantier. Je pourrai dormir plus longtemps.
— Bien, faisons comme cela.
— Je suis content de pieuter ici, Mel : je serais quand même un peu avec toi.
Nouvelles effusions labiales. Abdul ajoute, une fois ses lèvres libérées :
— Laisse le ménage, bébé. Je m'en occuperai, promis.
Et de s'attabler, sans plus un mot, seulement des regards et des sourires d'amoureux.
Après le dîner, Abdul s'occupe de transférer ses effets personnels de son domicile à celui de Mel. Ce dernier ne relève pas le triste état du studio dans lequel vit son dorénavant Chéri. Il fait comme s'il ne voyait rien. Rester discret c'est son credo. Il aide, en silence. Dix minutes plus tard, les voilà dans la voiture du black.
À peine arrivés chez Mel, ils se jettent dans les bras l'un de l'autre, ne prenant pas le temps de vider les deux sacs. Ils s'unissent au cours d'ébats à répétition qui les laissent pantelants au milieu de la nuit.
*
* *
Abdul arrive le premier sur le chantier. D'habitude il se pointe dans les derniers. Il se rend au bistro, avale un café, souriant, heureux de vivre. Riton se pointe, passe son bras autour du
cou d'Abdul, dit simplement :
— Je suis content pour toi, Abdul. Tu es plus heureux qu'avant.
— Tu crois ?
— Ouais, mon gars. Et je crois deviner que tu dors pas loin d'ici. Je me trompe ?
— Chef, dis à personne.
— Promis. Tu es bien tombé. C'est un brave mec ce jeune.
— Tu sais, chef, y m'a laissé ses clés même s'il est pas là jusqu'à mardi. Tout ça, juste après la première fois. Tu crois que je suis pour lui ?
— Faut lui demander, mon gars. Mais on dirait bien, s'il t'a laissé ses clés.
— Parle pas à Alain, sinon c'est la bagarre : y s'amuse de tout et les autres sauront.
— Je vais lui causer, à Alain. Mais tu sais, il t'aime bien et te fera jamais de mal.
— Je sais. Mais y fais des gaffes…
Alain qui entre dans l'estaminet, salue à la cantonade, s'approche du couple Riton, Abdul :
— Comment ça va, les jeunes ? Oh, t'es tout joice, ce matin Abdul ! Ta gisquette a été gentille avec ton gros bout, c'est ça ? Un café pour un travailleur de force, s'il vous plaît !
Abdul quitte le bar. Riton s'approche d'Alain :
— C'est bien ce que je disais hier.
— Tu déconnes !
— Ils ont encore passé la nuit ensemble. Le freluquet lui a laissé ses clés bien qu'il soit absent jusqu'à mardi.
— Je le crois pas !
— Vas-y mollo avec Abdul, freine tes galéjades. Sinon, sans le vouloir, tu vas déraper. Il veut pas que les autres sachent.
— OK, je ferme ma grande gueule sur mes allusions. Mais j'en reviens pas ! Y vont se pacser ou quoi ? Tu verras qu'y se marieront quand la loi sera passée. Ouais, bon, je galèje encore ! Excuse. Mais je suis vachement content pour lui. C'est vraiment un chouette type, Abdul. Quand même, ça fait drôle d'avoir un pote pédé. Faudra pas que j'y vante trop sa queue. Y pourrait croire que j'en veux un coup. Tu crois pas, Riton ?
— Y pense surement pas à toi. T'as vu ta tronche comparé à celle de Mel ? Tu fais gros sac à côté. T'es un plouc à femelle, Alain, pas assez raffiné pour un pédé. Parce que, faut pas croire, mais Abdul est un mec raffiné dans son genre.
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