Travaux manuels : recueil de nouvelles érotiques
123 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Travaux manuels : recueil de nouvelles érotiques , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
123 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Seize auteurs aux styles variés osent une incursion dans la littérature érotique.
Mélikah Abdelmoumen
Caroline Allard
Ryad Assani-Razaki
Sarah-Maude Beauchesne
Stéphanie Boulay
Simon Boulerice
Stéphane Dompierre
Mylène Fortin
Michel-Olivier Gasse
Dany Leclair
Mathieu Handfield
Geneviève Jannelle
Isabelle Laflèche
Sara Lazzaroni
Maxime Olivier Moutier
Alexandre Soublière

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 janvier 2016
Nombre de lectures 26
EAN13 9782764430583
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Suivi éditorial : Myriam Caron Belzile
Conception graphique : Nathalie Caron
Révision linguistique : Martin Duclos et Chantale Landry
Mise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]
En couverture : Photomontage réalisé par Anouk Noël
à partir de l’œuvre de shutterstock / Ingvar Bjork
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre : Travaux manuels : recueil de nouvelles érotiques
ISBN 978-2-7644-3056-9 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3057-6 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3058-3 (ePub)
1. Histoires érotiques québécoises. I. Dompierre, Stéphane.
PS8323.E75T72 2016 C843’.01083538 C2015-942263-9
PS9323.E75T72 2016
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2016
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com



Michel-Olivier Gasse
On essuiera ou on l’oubliera

On se faisait des misères pour une histoire de chemin à prendre. Comme si ça avait été la pire décision de ma vie de passer par la ville alors que tu savais comme moi que ce serait le bordel à Anjou. Le pont, le tunnel, c’était une mort annoncée d’un bord ou de l’autre en fin de journée, on sortirait pas d’ici sans dommages et puis on partait déjà amochés, après une bonne heure de chicane à mots couverts. J’attendais le moment où tu me donnerais raison un minimum que le problème, au fond, c’était pas tant la route empruntée que l’heure réelle du départ. Et que moi, oui, j’étais prêt à temps. Le stock était dans le char depuis midi, je fumais des clopes, j’attendais que tu finisses de faire je sais pas quoi. J’ai balayé tout l’asphalte de la cour.
 T’arrives-tu, coudonc ?
 Mes cheveux sont pas secs, là, ça sera pas long.
 Y sécheront dans le char, merde !
 Ça marche pas de même !
Quand t’es finalement sortie, je balayais la ruelle chez le deuxième voisin. T’as dit qu’il y avait « deux-trois p’tites commissions avant de partir ». T’as même eu l’audace d’ajouter qu’on était pressés.
 Ben là, j’aurais pu faire ça, moi, au lieu de passer le balai, crisse !
 Non, c’est pour des produits, t’aurais rien compris, t’as répondu avec ton air qui me traite d’innocent.
Je me suis mordu le dedans des joues. On est allés virailler où tu voulais, je t’ai attendue dans le char toutes les fois. Plus ça retardait, notre affaire, plus on s’enlignait direct dans un trou noir. Tu sais, là, le monde de qui on rit parce qu’ils sont steady pognés dans le trafic, parce que c’est ça, leur vie ? Ben là, c’était nous autres, par un superbe vendredi d’été en fin d’après-midi. Je disais pas un mot parce que je sais que ça te fait chier. De ton côté, tu me le rendais en te foutant la face dans ton maudit iPhone au lieu de regarder dehors, comme ils faisaient en 1982, en 1971, comme ils font dans les films quand y ont plus rien à se dire. J’ai ouvert les fenêtres en sachant que tu passerais une remarque.
 C’est quoi, le rapport ? On est pognés au beau fixe entre deux camions.
 J’aime mieux respirer de l’exhaust que l’air de marde qui traîne dans le char.
On avait plus de cinq heures de route devant nous et ça devait faire vingt minutes que j’attendais de shifter en troisième. À la radio, Patrick Masbourian nous quittait en nous souhaitant un bon week-end, il était trop de bonne humeur pour avoir une place dans la Corolla. Tu l’as fait taire en tapant le bouton de volume. Au moins, on s’entendait là-dessus.
Il faisait chaud, c’était pas endurable. L’asphalte donnait l’impression de partir en fumée devant nos yeux. On allait le mériter, notre Bas-du-Fleuve. Comme je te connais, tu devais non seulement te féliciter d’être vêtue aussi léger mais aussi t’en vouloir d’être sexy de même alors qu’on se faisait la gueule. Je savais que tu mettais toujours cette robe courte avec ton string noir pour seul dessous, que t’appréciais particulièrement le satiné sur tes petits seins qui pointent tout le temps, l’air frais qui rentre de partout. Je savais aussi qu’effleurer le sujet t’amènerait à dire que c’était la chaleur et non l’envie de plaire qui avait justifié ton choix vestimentaire. La température commençait à te donner cette odeur de sexe qui traîne souvent au creux de ton cou. Ça se rendait à moi malgré les vitres ouvertes, malgré les trucks, malgré toi. Pour camoufler ton décolleté et tes mamelons toujours un peu sur les hautes, t’as eu le culot de sortir un châle en soie de ton sac. Je voulais t’étrangler avec. Puis j’ai pensé à ma queue dans ta bouche en même temps et c’est devenu intéressant. On était en train de s’haïr. On savait s’y prendre, mais dans ma tête, le beat commençait à changer. Par orgueil, j’ai enlevé ma casquette pour me ventiler avec, puis je l’ai déposée sur mes cuisses afin de cacher la semi qui se pointait. Tu faisais trop chier pour que je te donne crédit.
 C’tu la grosse famille à soir, là, ou juste tes parents ?
T’as levé les yeux de ton cell en soupirant, sans me regarder pour autant.
 Je l’sais-tu… C’est genre mes parents pis ma tante pis ma cousine qu’est revenue de voyage. Pis ferme les fenêtres qu’on crisse la clim. Sérieux, man, chus écœurée d’être dans le char, pis on est pas sortis de la ville encore.
La semi a flanché d’un quart à l’évocation de ta cousine. J’ai remonté les fenêtres et t’as appuyé sur A/C. J’ai rouvert une brèche de mon bord, t’as pris ça comme un affront. Je te pissais off ben raide.
 Tant qu’à être sur ton cell, en tout cas, avertis-les donc qu’on sera jamais là pour souper.
T’as rien répondu. J’ai remis ma casquette, y avait plus rien à camoufler.

À Drummondville, t’avais rangé le châle mais pas ton cell. Tu jasais depuis un bout avec ta mère, comme si c’était pas elle qu’on s’en allait voir. Ça me gossait de t’entendre parler comme si tout était beau, avec c’te belle candeur du small talk mère-fille. Je me suis allumé une cigarette et tu t’es enfoncée dans le coin de la ceinture de sécurité, comme si la réception était meilleure par-là. J’ai coupé un char sans flasher pour prendre la sortie.
 J’vas m’pogner un café au Tim, j’ai dit d’un air bête. Veux-tu de quoi ?
Avec ta face qui juge mon choix de pit stop , t’as dit que non, tu voulais rien, pis t’es retournée à ta mère. Vous aviez déjà passé toutes vos nouvelles et vous seriez plus capables de vous endurer dans deux jours. Classique. Quand j’attendais en file, tu m’as texté que tu prendrais un petit cappuccino glacé, finalement, en sachant très bien que tu le finirais jamais. Je t’ai commandé un moka trop sucré avec de la crème fouettée et je suis allé pisser.
 C’pas ça que je t’ai demandé, t’as dit en prenant ton verre.
 Ah bon.
On avait que des reproches à se faire, mais y avait rien qui sortait. L’air était lourd. On n’a pas reparlé pour la peine avant d’avoir dépassé le gros husky en papier mâché, un peu avant Québec.
 Tant qu’à pas parler, j’ai dit, me semble que tu pourrais te branler.
 Han ? Mais… pour qui tu te prends, coudonc ?
 Je me prends pour le gars qui te fourre depuis cinq ans pis qui aime mieux te voir toute nue qu’en tabarnak. Enwèye, crosse-toi donc qu’on change d’air.
 Tu penses vraiment que tu le mérites ? J’vas me crosser quand ça va me tenter, mon gars !
 Baisse ton dossier.
 Va chier !
J’ai eu envie de sacrer les brakes, en plein sur la 20. J’ai eu envie de virer sec à gauche et de prendre le dalot, mais à la place, j’ai été strict. Cinq mots, pour autant de coups de klaxon. Baisse. Ton. Crisse. De. Siège. Pour être franc, j’ai été surpris que tu collabores. C’est vrai que je pogne pas les nerfs souvent. Que je ris pas souvent non plus. Tu devais être contente que j’aie une réaction vive.
Ave

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents