Fix me
156 pages
Français

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Description

Romance contemporaine - 319 pages (réédition de La maison aux volets rouges)



Alors que sa première année à la faculté commence, Julie entame la rénovation de la maison aux volets rouges, lieu de souvenirs enfouis, de souvenirs blessures. Durant ces travaux, c’est avant tout son histoire et son corps qu’elle reconstruit.


Les rencontres qui jalonnent sa vie, les secrets qui se dévoilent, vont lui permettre de découvrir qui elle est vraiment et ce qui a rythmé son existence.



Comment accepter ce corps meurtri ? Comment laisser un autre entrer dans sa vie au risque de le perdre lui aussi ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 92
EAN13 9782379610653
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fix me

MARIE SOREL
MARIE SOREL

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-065-3
Photo de couverture : nd3000
À mes Grands-Parents,
l’âme et le cœur de ma maison aux volets rouges.

Parce que chaque souvenir restera
gravé à jamais dans les pierres
qui ont bercé mon enfance.

Un cœur s’est arrêté de battre,
mais j’ai le sentiment que le mien
bat plus fort aujourd’hui.
CHAPITRE 1


Je m’essuie le front, remets une mèche de cheveux qui s’est détachée derrière mon oreille et souffle un grand coup. Il fait une chaleur épouvantable, la sueur mêlée à la poussière recouvre ma peau. Je prends une longue respiration, je dois continuer, je n’ai pas le choix.
Un, deux, trois… Je lève mes bras, haut, frappe de toutes mes forces avec la masse pour démolir ce mur qui refuse de s’effondrer. Je me demande bien ce qui m’est passé par la tête pour me lancer ce challenge totalement fou. Mes muscles sont en feu, je respire fort. Je ne dois pas être très jolie à voir.
En prenant un instant, en observant ce lieu, je sais au plus profond de moi que j’ai raison de me battre. Il est inconcevable que ces pierres ne vivent pas, qu’elles ne respirent pas la vie qui les habite. Chacune d’elles est imprégnée de souvenirs, de rires, de larmes, d’amour. Chacune d’elles est l’empreinte d’une vie passée, de mon passé.
Le défi est simple, enfin, sur le papier. Je dispose de six mois pour parvenir à rendre ce lieu vivable, le temps que Sam revienne. Il me manque déjà tellement. Il n’a pas eu le choix. La proposition qui lui a été faite était plus qu’alléchante, j e ne pouvais pas être égoïste au point de vouloir le garder auprès de moi.
J’ai compris plus tard, au travers de quelques mots échangés, qu’en réalité, il aurait pu perdre son travail s’il avait refusé ce départ. C’est la raison pour laquelle il a accepté une mission dans un hôpital militaire en tant qu’infirmier. Son avion a décollé hier, à vingt-deux heures trente-cinq, le huit septembre deux mille quatorze. Arrivé dans le hall d’embarquement, juste avant de passer les portes qui allaient nous séparer, il s’est tourné vers moi pour me lancer un défi :
— Chérie, je m’absente six mois. C’est le délai que tu as pour rendre la maison vivable. Quand je reviens, je pose mes valises !
Sur ce, avec un grand sourire, il m’a embrassée, a pivoté dans l’autre sens et est parti. Moi, je suis restée là figée, au milieu de ceux qui allaient et venaient, regardant un proche s’éloigner ou un autre revenir, laissant échapper leur cœur, ou récupérant les morceaux semés depuis le départ de leur amour.
Je m’interroge sur ce qu’il s’est passé, ce que j’ai laissé partir. Que récupérerai-je après cette période ? Je me demande si, à son retour, je serai toujours la même.
Je reprends mes coups contre le mur. Je vais bien finir par l’avoir… ou pas. Cela fait maintenant deux heures que je suis enfermée dans cette pièce. J’ai chaud, j’ai soif. Ma respiration est chaotique, il faut que je sorte prendre l’air. Une bouteille d’eau en main, je m’installe à l’ombre sur ma couverture bleue, le dos contre un arbre, face à la maison aux volets rouges : MA maison… NOTRE maison, un vieux corps de ferme tout en longueur. Une grange un peu délabrée y est accolée sur la droite. Elle sent le foin, cache un paysage magnifique.
Je vais y être heureuse, je ressens cette certitude au plus profond de mon être. Elle me rappelle de merveilleux souvenirs. Depuis toujours, je désire être dans ce lieu. J’ai dû me battre pour être ici, aujourd’hui. Un combat contre moi-même avant tout, mais cela en valait la peine. Je ne pouvais pas me résoudre à vivre ailleurs. Je crois que c’est aussi pour cela que Magguy a accepté de me suivre dans cette aventure totalement dingue.
Cette maison, j’y suis née, j’y ai vécu jusqu’à mes six ans, jusqu’à l’accident de la route dans lequel j’ai perdu mes parents, dans lequel j’ai laissé un morceau de mon histoire, de mon enfance. Je suis marquée à jamais dans mon cœur, dans mon corps. Une partie de moi aura toujours six ans, sera toujours cette petite fille espiègle aux longs cheveux roux.
Cette maison regorge de souvenirs. Je ne suis pas assez forte pour les affronter. Il me faut encore du temps pour panser un peu plus les blessures de mon âme. Alors, les cartons reposent dans le grenier, avec presque toutes les affaires qui renvoient à cette période. Ils y resteront, attendant le jour où je serai prête à monter, à les ouvrir. Ils patienteront sagement avant de me révéler leurs secrets.
Avant d’en arriver là, je continuerai à avancer avec les images qui me restent en tête, ces cauchemars qui ponctuent mes nuits, ces marques qui, chaque jour, me rappellent à quel point la vie ne tient qu’à un fil. Au milieu de cette noirceur, il y a eu de belles histoires, des rencontres merveilleuses. La première ? Magguy, mon ange gardien, la personne la plus extraordinaire qui soit. Elle m’a sauvée d’un monde devenu chaos, est entrée dans ma vie au moment le plus douloureux. Elle a pansé mes plaies, doucement, tendrement, accompagnant ma guérison, ma reconstruction. Le premier jour, elle a pris ma main, pour ne plus jamais la lâcher.


14 ans plus tôt

— Julie ? Julie ?
J’entends mon nom, de loin, trop loin. Je ne sais pas où je suis, il fait noir, j’ai peur. Cette voix douce insiste, comme si elle souhaitait que je lui réponde, mais je n’y arrive pas, mes yeux refusent de s’ouvrir. Tout à coup, le silence se fait... encore ! Je sombre dans un sommeil auquel je ne peux résister. C’est trop dur. Il me tire à lui, m’enveloppe. J’ai peur, mon corps me fait si mal. Je m’échappe de cette réalité, comme attirée par un aimant, fuyant loin de cet endroit qui m’est inconnu.
De nouveau, des bruits, du mouvement, des voix se font de plus en plus entendre, se rapprochent de moi. Petit à petit, je soulève mes paupières, je ne sais pas où je suis. La lumière me fait mal, j’ai l’impression d’avoir un pivert qui tape contre mon crâne. Il est là, POC, POC, POC… J’essaie de distinguer qui est près de moi. J’ai tellement peur. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Je cherche maman, je ne la vois pas. Elle n’est pas à côté de moi. Une boule se forme dans mon ventre, elle me gêne, prend beaucoup de place. Je sens bien qu’il y a quelque chose qui n’est pas normal.
De nouveau, mon prénom ! Je regarde à qui appartient cette voix que je ne connais pas. Le son est doux, mélodieux. À ma droite, une femme avec de longs cheveux blonds me sourit. Je ne sais pas qui elle est. Toute de blanc vêtue, elle porte autour du cou un appareil pour écouter le cœur. J’ai oublié comment ça s’appelle. Par contre, j’ai le même pour soigner mes bébés dans ma chambre.
— Julie ! Bonjour, princesse ! Je suis contente que tu te réveilles.
Je ne comprends pas pourquoi elle me parle. Je veux maman et papa avec moi ! Je regarde tout autour, je ne sais pas ce que je fais ici, j’aimerais bouger, mais je n’y arrive pas. Tout est blanc, il y a plein de machines qui font beaucoup de bruits, ça me donne mal à la tête.
Elle comprend mon inquiétude, commence à m’expliquer d’une voix très douce.
— Julie ! Reste tranquille, princesse, tu vas te faire mal. Tu es à l’hôpital. Je suis Magguy, ton docteur. Ici, on s’occupe de toi. Tu es blessée à la jambe et à l’épaule, c’est pour ça que tu ne peux pas bouger. Calme-toi, tout va bien se passer.
Je sens que non, tout n’ira pas ainsi qu’elle veut me le faire croire. J’ai beau n’avoir que six ans, je vois bien son regard quand elle me parle. J’ai l’impression qu’elle va pleurer chaque fois qu’elle ouvre la bouche. Ses yeux brillent, sa voix tremble un peu. La boule dans mon ventre devient encore plus grosse.
— Maman ? Papa ? murmuré-je.
Ce sont les premiers mots que je prononce. J’ai besoin de les voir, qu’ils me serrent dans leurs bras, d’entendre le bruit du cœur de maman, de sentir les doigts de papa dans mes cheveux. J’ai peur, toute seule, ici. Magguy me prend la main, mais je ne veux pas, je retire la mienne précipitamment. C’est celle de maman qu’il me faut, pas la sienne.
— Ne bouge pas. Ta jambe est bloquée, on a dû la réparer, et tu as d’autres blessures qui risquent de te faire souffrir. Je t’expliquerai tout cela plus tard. Est-ce que tu te souviens de quelque chose ?
— Non… je… je ne sais pas. Pourquoi est-ce que je suis ici ? Ils sont où ? Je veux ma maman, mon papa, sangloté-je.
Ce dont je me souviens, c’est qu’on était en voiture tous les trois, mais je ne peux pas lui parler. On chantait fort, on riait, on partait en week-end à la mer.
Magguy inspire longuement. Elle s’assied sur mon lit, reprend ma main dans la sienne. Elle a la peau douce. Je ne bouge pas, je sens que ce qu’elle va dire va changer à jamais mon histoire. Ses grands yeux verts sont si tristes. Sa voix peine à franchir la limite de ses lèvres. Les mots semblent être bloqués. Ils finissent par sortir, comme si elle les arrachait.
— Avec tes parents, vous étiez en voiture et vous avez eu un accident.
Elle s’arrête, reprend sa respiration, ferme un instant ses paupières, fait une grimace. On dirait qu’elle a mal.
— Ils sont morts, répond-elle, je suis désolée. Ils ont essayé de toutes leurs forces, mais ils n’ont pas réussi à se réveiller pour être à côté de toi.
Je la regarde, je ne comprends pas bien ce qu’elle dit. Moi ce que je veux, c’est mon papa et ma maman, qu’ils viennent s’asseoir à sa place, que papa me raconte des histoires de princesses, que maman me fasse un câlin ! Alors, tout ira bien.
CHAPITRE 2


J’ouvre les yeux, je me suis endormie sous l’arbre. La fatigue a pris le dessus. Cette sieste s’est imposée à moi. J’en avais besoin. En même temps, entre les travaux, débutés quatre jours auparavant, le départ de Sam qui me cause quelques insomnies, et mes cauchemars, l’épuisement prime sur tout le reste ! Comme souvent, j’ai fait ce rêve, celui dans lequel je me réveille et découvre que ma vie

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