Hafsa
80 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Hafsa , livre ebook

-

80 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Dans la chaleur de la ville tunisienne «Hafsa», dans ses agitations, Marie professeur de français vit simultanément plusieurs passions. Celle pour Paul, son enfant qui lui commande un rôle à jouer dans une pièce de théâtre, un rôle d'enfant en devenir pour grandir et celle de son amant Jaafar, un jeune arabe à la beauté énigmatique etŠintrigante. Il veut obtenir un passeport et un visa pour réaliser son rêve de travailler et de vivre en France.Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 199
EAN13 9782296469402
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hafsa
Théâtres


Déjà parus


Aurélie VAUTHRIN-LEDENT, Cerise à l’eau-de-vie , 2011.
Mélanie RODRIGUES, News trottoir , 2011
Peter MULLER et Angélique PIRO, L’étrange mécanisme de la pensée. Livret conférence-spectacle , 2011.
Dominique SABOURDIN-PERRIN, Les confesseurs de Dieu , 2011.
Christophe PETIT, Vichy aux Antilles , 2011.
Philippe CORVAL, Antigone ou le courage de la liberté , 2011.
Philippe REGNICOLI et Frédéric REY, Al , 2011.
Vincent ECREPONT, Les interrompus , 2011.
Francy BRETHENOUX-SÉGUIN, Assez , 2011.
Bernard PROUST, Habeas corpus , 2011.
Suzanne FOEZON, Sainte-Suzanne, pavillon 32, 2011.
Geneviève BUONO, Mille et une nuits , 2011.
Jean-Baptiste ARCAN, The Geneva project, 2011.
José Pablo FEIMANN, Le crépuscule du Che. D’après Cuestiones con Ernesto Guevara durante la larga noche que precedio a su muerte, 2011.
Alain LEFEVRE, Le Briquet du Roy d’Armes. Théâtre historique , 2011.
Alain LEFEVRE, Les oiseaux méritent-ils l’arbre sur lequel ils se perchent ? Théâtre historique , 2011.
Sylvie B OURGOUIN


HAFSA


Pièce de théâtre en trois actes
DU MÊME AUTEUR

Livres parus chez Moez Machta :
Critiques d’art, critiques sur l’œuvre de Jean-Paul Harivel, mars 2009
La nouvelle figuration tunisienne : Mourad Harbaoui et Houda Ajili, catalogue d’exposition, août 2009
L’unité morcelée, poésie, 1995, édition novembre 2009
Tatouage de vent, pièce de théâtre de Naceur Kessraoui, adaptation et cotraduction, Sylvie Bourgouin, Sabria Chadlia Bahri, Naïma Kontoratchi-Mellal, novembre 2009
Vie de ville, poésie et photographie, 1991-1992, édition janvier 2010
Livres parus à la société Image, Imed Masmoudi :
Chutes et ratures et déchirures, poésie 1999, édition juillet 2009
La réception critique de l’œuvre de Marguerite Duras pendant le premier septennat de François Mitterrand, thèse de doctorat, 2005, édition octobre 2009
Livre paru chez Gilles Gallas éditeur :
Dans la nuit des doubles regards, pièce de théâtre en cinq actes, mai 2010
Livre paru chez Frédéric Serre, Editions en ligne :
Le livre de Jeanne Marusky, roman, 1992, http://editions-en-ligne.fr ,avril 2010
Le fond des formes, roman, 1994, http://editions-en-ligne.fr , septembre 2010
Livres parus chez Thierry Sajat éditeur :
Des routes et des rives, poésie, 1986-1988 et Ethique et toc, poésie, 1993-1994, édition mars 2010
Libres cours, poésie, 1995 et Le pastiche du Jardin des poètes, poésie, 2000, édition août 2011
Courts-métrages :
Hélène Dorion à Vieux-Port, mars 2009, réalisation Catherine Derenne
La présence normande à Mahdia de 1148 à 1160, 14 juillet 2010, réalisation Mounir Salem


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56332-2
EAN : 9782296563322

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PERSONNAGES


Le professeur de français MARIE
L’amie de Marie, la photographe LELIA
Le professeur d’anglais MOUNIR
L’amant de Marie JAAFAR
L’antiquaire MAHDI
Le policier OUSSEMA
L’enfant PAUL
ACTE 1
A Hafsa, dans la ville arabe des foules, au cœur du mouvement, au battement des gorges, des pouls, des accélérations, des cris et des hurlements, des agitations des souks, une échoppe d’antiquaire, au centre de l’artère commerçante, des carreaux de verre brisés, des lanternes de couleur rouge, jaune, bleue et verte, des mobiles, des mosaïques, des lampes mauves et roses allumées. Deux chaises dépareillées.
SCENE 1


MARIE, PAUL

PAUL

Je vais jouer, je vais apprendre le rôle, marcher sur les planches de bois gris, me cacher dans les épais rideaux rouges, je vais mémoriser, tu es dans mon coeur.

MARIE

Un écrin de conservation, une lucarne de survie, une fenêtre ouverte derrière un volet fermé de lattes blanches donnant sur les rues où courent les cris des enfants, où roulent les rires des ballons.

PAUL

Tu crois cela possible ? Chaque heure du matin, chaque soir dans sa peinture noire, chaque jour dans son écran de jeux, peux-tu y parvenir ?

MARIE

A quoi ? A la jouer, à la monter, à l’écrire, à écrire.

PAUL

Pour quoi faire ? Je me demande parfois. Le nouveau monde, la vie d’ailleurs…

MARIE
( abrupte, coupant la parole ou poursuivant )

Le nouveau langage, lettre à lettre comme l’apprentissage des pulsions immédiates, des satisfactions premières, le harissa des chapatis ou le ketchup des hamburgers, des gaufrettes fourrées à la vanille ou à la fraise, des étals de biscuits chocolatés variés. Pour te garder, c’est une bonne raison de la monter, te conserver près de moi, t’élever.

PAUL

Peux-tu l’achever, aboutir dans ces mois d’exil, ces vides, ces errances et ces erreurs, ces arrachements et ces déracinements ?

MARIE

Forcément, forcément, si c’est en ville, la ville tu sais, la communication, la civilisation, le langage, l’ouverture sur les autres, l’introduction à soi-même, l’incipit des mots, un effort soutenable, supporté si la ville bat, une éducation, une rééducation, un contact.

PAUL

Tu crois, ce mal, ce mal de chienne, ces maillons cassés, ces chaînes, ces balbutiements, ces aboiements.

MARIE

A tâtons, sur la pointe des pieds, dans les pièces obscures des pourquoi du cerveau, des questions posées, des réponses répliquées, des mots en pointillés, en évolution, des réponses en agression, en régression, des paroles non-dites pour les guérisons de fortune. Le Coran dit : « si ta mère et ton père te protègent, le prophète te protège ». L’hésitation des mots comme un pied sur le plongeon, le demi-tour, le retour sur les marches, un vertige, une paroi, une falaise de craie de rentrée de classe.

PAUL

Tous ces changements, cet exil intérieur, réel et politique, ce soleil, la chaleur, ces absences matérielles, cet isolement dans la foule des médinas arabes, le soir entre enfer et paradis, la nuit dans sa répétition énigmatique, ses musiques lyriques qui animent les camelots, les boutiques, ces flots, ces flux, ces portées animales.


SCENE II


MAHDI MOUNIR LELIA

LELIA

Vos boutiques sont vives aux couleurs des marchés, rouges et vertes comme les piments d’une salade méchouia. On supprimera le flash, les réglages de lumière et on photographiera tout ainsi, automatiquement, une esthétique naturelle qui s’impose de Lamarsa au désert, des tiges de fer issues des toits des maisons inachevées, des pains ronds et chauds au fond des échoppes sombres, des saladiers profonds pour recevoir la chorba ou le lablabi, même les odeurs des mets de rues des bricks à l’œuf, des malaouis font le bonheur des yeux. On dirait avoir mangé devant les vitrines des pâtisseries Chériff. Une beauté à fleur de peau celle des oranges pressées, des seaux d’amandes épluchées, des poissons dans la glace, des peaux de moutons égorgés pour le couscous du dimanche midi, du jaune foncé des taxis à celui clair des citronnades.

MOUNIR

Je ne vois pas cela, je suis dégoûté de mon pays, écœuré de tout, je veux quitter, je veux partir. Je travaille depuis bientôt dix ans et je n’ai rien. Je gagne 400 dinars par moi, de quoi juste payer mes transports en taxi de louage ou en train très lents, mes cafés, mes cigarettes. Je ne peux pas me marier, louer une maison, je ne peux pas construire ou bâtir. Deux cents euros par mois, je ne possède rien, je n’aime pas mon pays. Je dois travailler la nuit tout l’été comme manoeuvre ou docker à décharger des containers dans le port de Radès. L’an passé, j’avais une fiancée, le mariage n’a pas eu lieu, sa mère ne voulait plus donner sa fille à un homme qui n’avait ni maison ni voiture. Je ne peux rien faire, seulement travailler pour rien, sans avenir.

MAHDI

Mon échoppe est pleine à la saison touristique, je travaille, il faut travailler, toujours travailler mais je vais faire un visa et un projet en Italie. J’aurais de l’argent, une vie meilleure. Tu ne peux

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents