La demoiselle de Rosling
147 pages
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La demoiselle de Rosling , livre ebook

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Description

30 juin 2014. Alors qu’il visite le parc du château de Rosling, en Bavière, François Thiébaud-Leconte est surpris par un terrible orage. Il se réfugie dans la grotte de Pan, interdite au public. Quand l’orage se calme, il découvre à ses côtés, assise sur le banc de pierre, une jeune femme en larmes, bizarrement vêtue d’une longue robe d’époque XVIIIe.
Elle tient des propos incohérents, se croit le 30 juin 1753, et soutient qu’elle habite le château de Rosling, propriété de son oncle Maximilien de Lüttenberg qui l’a recueillie à la mort de ses parents.
François, tout en cherchant une explication rationnelle à cette fantasque situation, se laisse peu à peu prendre au charme de la jeune Luise de Wildbach. Il l’emmène chez lui, bien décidé à démêler le vrai du faux de cet imbroglio spatio-temporel, aidé par ses amis, et surtout par le professeur Hans-Martin Weber, un érudit spécialiste du XVIIIe siècle, séducteur et libertin qui ne laisse pas Luise indifférente.
Une belle histoire romantique, pleine d’humour, qui nous fait naviguer du XVIIIe au XXIe siècle, et n’est pas sans rappeler par certains côtés les romans de Jane Austen (accommodés à la sauce moderne et bavaroise). Elle est suivie de Le voyage de Ziska.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2017
Nombre de lectures 29
EAN13 9782374532936
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
30 juin 2014. Alors qu’il visite le parc du château de Rosling, en Bavière, François Thiébaud-Leconte est surpris par un terrible orage. Il se réfugie dans la grotte de Pan, interdite au public. Quand l’orage se calme, il découvre à ses côtés, assise sur le banc de pierre, une jeune femme en larmes, bizarrement vêtue d’une longue robe d’époque XVIIIe.
Elle tient des propos incohérents, se croit le 30 juin 1753, et soutient qu’elle habite le château de Rosling, propriété de son oncle Maximilien de Lüttenberg qui l’a recueillie à la mort de ses parents.
François, tout en cherchant une explication rationnelle à cette fantasque situation, se laisse peu à peu prendre au charme de la jeune Luise de Wildbach. Il l’emmène chez lui, bien décidé à démêler le vrai du faux de cet imbroglio spatio-temporel, aidé par ses amis, et surtout par le professeur Hans-Martin Weber, un érudit spécialiste du XVIIIe siècle, séducteur et libertin qui ne laisse pas Luise indifférente.
Une belle histoire romantique, pleine d’humour, qui nous fait naviguer du XVIIIe au XXIe siècle, et n’est pas sans rappeler par certains côtés les romans de Jane Austen (accommodés à la sauce moderne et bavaroise). Elle est suivie de Le voyage de Ziska .

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Bernard Grandjean est l’auteur d'une quinzaine de romans. La plupart de ses livres sont centrés sur l’Asie et l’Himalaya, tel Moi, Das, espion au Tibet , sorti en 2014 aux Editions Tensing.
Il publie aussi aux Éditions du 38 une série policière, Crimes en Himalaya , ainsi que Meurtre au moulin de la Zhern et Le testament de la comtesse des ténèbres .
INCURSIONS TEMPORELLES
1 - La Demoiselle de Rosling
Bernard Grandjean
CHAPITRE I
Son blue-jean était trempé, son tee-shirt et sa veste lui collaient aux épaules ; quant à ses mocassins italiens, qu’il avait achetés très cher pas plus tard que la semaine précédente, il se dit avec amertume qu’ils étaient fichus. Pour comble, il n’était pas près de pouvoir rejoindre le parking : les grondements croissants du tonnerre annonçaient l’approche du pire de l’orage. Impression confirmée par la couleur du petit morceau de ciel qui se découpait entre la voûte de pierre de son abri et la cime des arbres : de gris, il était passé à un noir encre de Chine.
Il n’aurait pas dû se trouver là. À un détour de l’allée forestière qu’il suivait au hasard de sa promenade, il avait soudain buté sur une chaîne tendue en travers du chemin. Un écriteau y était suspendu : « L’accès à cette partie du parc est formellement interdit au public ». À cet instant précis, il avait entendu au-dessus de sa tête le martèlement des premières gouttes de pluie sur les feuilles.
Il s’était demandé quoi faire : l’orangerie aurait pu fournir un abri, mais elle était loin, et le château lui-même encore plus loin. Il avait soudain avisé une autre pancarte, accrochée au tronc d’un arbre à une dizaine de pas à l’intérieur de la zone interdite. L’écriteau, à demi effacé, pendait lamentablement, mais on pouvait encore y lire les mots « Statue et grotte de Pan » surmontés d’une flèche.
Une grotte, c’était exactement ce qu’il lui fallait ! Sans se poser davantage de questions, il avait enjambé la chaîne et couru dans la direction indiquée par la flèche.
Trente mètres plus loin, il avait dévalé un escalier aux marches disjointes, traversé au sprint un carré d’herbes folles occupé en son centre par un bassin d’eau verdâtre, et s’était précipité dans la grotte de Pan.
En fait de grotte, il ne s’agissait que d’une modeste alcôve, profonde tout au plus de quelques mètres, un décor artificiel comme on en construisait dans les parcs au XVIIIe siècle. Au fond, un banc de pierre attendait les promeneurs. Il s’y était assis, bien obligé de prendre son mal en patience. Il avait juste levé les yeux vers le plafond de pierres meulières mal ajustées, après avoir avisé le panonceau fixé à l’entrée : « Risque d’éboulement – Défense absolue d’entrer ». Il se rassura en se disant que si l’édifice avait tenu deux siècles et demi, il tiendrait bien une heure de plus.
En examinant le paysage du fond de sa tanière, la première chose qu’il avait remarquée était, juste devant l’entrée, le socle solitaire d’une statue disparue ; sans doute celle du dieu Pan, qu’on devait avoir mise à l’abri en attendant sa restauration. Les gouttes de pluie dansant sur le marbre ébréché du socle déserté offraient un spectacle fascinant, mais il n’avait plus le cœur à la poésie. Cet orage était une perte de temps rageante. Il aurait mieux fait de revenir directement à sa voiture une fois la visite du château expédiée, au lieu d’arpenter ce parc sans grand intérêt. L’énervement le gagna. Cette journée n’était de toute façon pas une bonne journée, et cet orage était la cerise aigre sur le gâteau raté.
La visite du château de Rosling s’annonçait pourtant comme un moment délicieux. Depuis cinq ans qu’il vivait à Munich, il pensait avoir écumé tout ce que la Bavière comptait de châteaux, abbayes, églises baroques et musées ; aussi avait-il été heureusement surpris en découvrant l’existence d’un château rococo qu’il ne connaissait pas. Mais il avait été abusé par le lyrisme des habiles communicateurs des services du tourisme de l’État de Bavière. En fait de visite, seul le rez-de-chaussée du château était ouvert au public, et une bonne partie du parc restait fermée. Personne ne lui avait jamais parlé des charmes du château de Rosling ; en conséquence de quoi il aurait dû se méfier…
Traverser les salles lui avait pris peu de temps. Comme l’indiquaient les immenses panneaux multilingues qui achevaient de tuer l’ambiance, la plupart des pièces avaient été refaites de fond en comble, sur la base de rares dessins anciens et de photos prises avant les destructions de la Seconde Guerre mondiale. Le mobilier d’origine avait été pillé en 1945, « mais des recherches dans les anciens inventaires ainsi que des restitutions avaient permis de remettre en place un mobilier comparable ». Les dorures, les miroirs, les stucs, les faux marbres, les tentures de soie, comme les vernis trop neufs de tableaux, tout brillait d’un éclat factice. Il avait eu rapidement l’impression de se mouvoir dans un décor de cinéma.
Quand tout a été à ce point restauré, remplacé, recréé, gratté, repeint, comment démêler le vrai du faux ? Où étaient les objets capables de raconter, à ceux qui savaient les écouter, ce qu’était autrefois la vie en ces lieux ? Était-ce bien ce fauteuil qui était là en 1755, sur lequel la Margravine de Bayreuth s’était laissée tomber pour détendre ses jambes fatiguées du voyage ? Où Voltaire s’était confortablement calé pour enchanter son auditoire ?
C’était pourtant cette impression, si précieuse et si ténue, qu’il était venu chercher, cette petite musique du passé qui couvrirait de sa douce mélodie les grincements acides du présent. Mais tout avait été effacé par la main lourde des restaurateurs. Le passé avait été ripoliné.
Il s’était rapidement retrouvé dans le parc, avec le sentiment d’avoir vu ce château comme au travers d’un prisme qui le rendait à la fois proche et inatteignable. De mauvaise humeur, il s’était laissé tomber sur un banc, espérant que le jeu des couleurs des pelouses et des bassins le calmerait. Au bout d’une longue perspective s’ouvrait l’opulente campagne bavaroise, les vallonnements, les sapins et enfin, au loin, les Alpes. À cent mètres, une fontaine de Neptune, dont il voyait briller le trident doré, était le point central de plusieurs allées qui partaient en étoile. Au moins, ce jardin recréé sur les plans anciens devait-il donner un sentiment fidèle à l’original. Sauf que, n’étant pas dans la tête des gens de cette époque, il ne savait pas grand-chose de ce qu’ils éprouvaient réellement… Sur ce constat d’impuissance, il s’était levé de son banc et d’énervement, avait shooté dans un caillou, qui était allé rouler sur une pelouse. Une promeneuse âgée lui avait lancé un regard réprobateur.
Par acquit de conscience, il s’était forcé à visiter le parc. À l’orangerie, bâtie un peu à l’écart du château, il avait fait la découverte macabre d’un charnier de statues : tritons sans queues, morceaux de cerfs alignés comme des quartiers de boucherie, têtes de chevaux hennissant de toutes leurs dents, dardant leur regard fou vers le plafond aux vitres sales. Seul un dauphin de fontaine lui avait arraché un sourire : le morceau de tuyau de plomb sortant de sa gueule pouvait laisser croire sous cet angle qu’il tuait le temps en fumant une cigarette.
Des cartels aux inscriptions effacées par le soleil indiquaient la provenance de ces restes : temple de Diane, grotte de Pan, Fontaine de Neptune, Pavillon chinois, etc. Autant de constructions mythologiques ou exotiques qui faisaient le bonheur des promeneurs du XVIIIe siècle, et qui étaient le cadre de si jolies fêtes.
Toutes ces statues avaient été remplacées dans le parc par des copies, à moins que les socles vides n’attendent encore d’être regarnis, comme celui de Pan, grâce à la générosité des firmes dont les logos étaient présents partout. Bien plus présents que les armoiries du comte Maximilian von Lüttenberg, qui avait fait construire ce château dans les années 1740.
Il avait quitté la triste orangerie et tenté de s’intéresser aux roses des parterres, aux mixed-borders qui cernaient les gazons impeccables. Il ne s’était pas arrêté devant le Temple de Diane, ni devant les copies trop blanches de certaines des statues, dont les restes mortels abandonnés dans l’orangerie dégageaient plus de poésie que ces effigies pour décor de péplum. En revanche, un peu plus loin, il avait trouvé un charme fou à une nymphe au corps rongé de lichens, émergeant d’une fontaine envahie de broussailles et de branches mortes.

L’orage gagnait en intensité et bien qu’on ne soit qu’au milieu de l’après-midi, la nuit tomba comme on ferme un interrupteur. La pluie crépitait sur le socle vide de la statue de Pan et le bassin d’eau croupie s’était mué en océan déchaîné. La grotte ét

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