Le Journal Rouge
347 pages
Français

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Le Journal Rouge , livre ebook

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Description

« Avec quelle force me battrais-je encore pour quelques mots ? Des mots... Des mots que nous jetions sur le papier ; une drôle de façon de lever le poing ; de hurler. Des mots pour se révolter. Des mots pour tout changer ! »

Nous sommes en 1965, à Washington.
Tout le monde reprend en chœur les refrains des Beatles et les slogans lors des marches citoyennes. La jeunesse se soulève contre la ségrégation, contre la Guerre. La jeunesse veut aimer sans contraintes. C’est la génération hippie. Rose a passé des années dans un pensionnat pour jeunes filles et si elle regarde de loin cette nouvelle liberté, elle ne sent pas le droit d’y plonger.
Orpheline, recueillie par un oncle Colonel dans les Marines et basé à Saigon, Rose se sent prise aux pièges.

Elle invente alors Max. Un pseudonyme derrière lequel elle se cache pour écrire des chroniques dans un journal universitaire. Alec est un activiste. Il se bat pour un monde en paix, pour toutes les vérités. Il se bat surtout pour mettre fin à cette guerre, au Vietnam, qui emporte trop de jeunes soldats. Avec ses amis, ils travaillent pour un petit journal clandestin. Le Aldous. De communautés hippies en sit-in, il a toujours un stylo à la main et la rage au cœur.

C’est la passion de l’écriture qui les réunira. C’est pour l’autre qu’ils se dépasseront. Ensemble, avec le Aldous et cette jeunesse éprise de liberté, d’égalité et de paix, ils brandiront la plus grandes de leurs armes : les mots. De manifestations en désobéissances civils, dans une société qui refuse encore de les émanciper, ils se battront pour leurs droits, pour leurs lois, pour leur vie.
Malgré les dangers de la vérité et ceux qui voudront les faire taire, malgré l’ombre de la conscription et de cette guerre qui finira par les rattraper, Alec et Rose deviendront la voix de ceux qui ne peuvent plus parler. Sans jamais cesser de s’aimer.
« Continue de te battre pour toi, pour moi, pour les autres. Continue de te battre aussi fort que je t’aime et rien dans ce monde ne pourra jamais te résister. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782375744628
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lily Haime
Le journal rouge





Collection Infinity
Mentions légales
Le piratage prive l'auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de leur droit.
Collection Infinity © 2018, Tous droits réservés Collection Infinity est un label appartenant aux éditions MxM Bookmark.
Illustration de couverture © London Montgomery
Suivi éditorial © Mathilde Coquard
Correction © Gaelle Magnier

Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit est strictement interdite. Cela constituerait une violation de l'article 425 et suivants du Code pénal.
ISBN : 9782375744628
Existe en format papier
À mon compagnon D.A. et à mon fils R.
À ma sœur, M. éternelle insoumise.
À tous ceux qui se soulèvent pour nos libertés, pour la justice, pour la paix, pour l’égalité et qui ont mené les combats d’alors.





« Les faits ne cessent pas d’exister parce qu’on les ignore » Aldous Huxley.
Note sur le dogme - 1957

« Il y a des douleurs que l’on peut avouer, il est des souffrances dont on peut réellement être fier » Aldous Huxley
Contrepoint - 1928
Avant-propos

L'Aldous Tribune est un journal activiste fictif. Mais les faits mentionnés dans ses articles - hormis celui d’octobre 1970 - sont vérifiés et laissés à l’appréciation des personnages qui les écrivent.
Les dates, les lieux et les noms sont exacts.
I
«   Nos Premiers mots   »
1963


«  Rappelons qu’en juin dernier, l’administration Kennedy 1 remportait sa première victoire à Montgomery, en Alabama, où Georges Wallace 2 avait promis de bloquer lui-même les portes de la faculté pour empêcher d’entrer Vivian Malone et James Hood, deux étudiants noirs. Les Gardes Nationaux les avaient accompagnés et, sous bonne escorte, ils avaient pu franchir le seuil de leur université. Nous avions tous salué l’intégration avec l’espoir que la ségrégation sudiste serait bientôt un lointain cauchemar dans lequel nous a plongés, trop longtemps, l’esprit étroit de quelques politicards.
Aujourd’hui, ici, au Lincoln Mémorial, Martin Luther King 3 fait un rêve. Et nous osons rêver avec lui…
Alec B.
Aldous Tribune
Aout 1963, Washington DC  »


— Qu’est-ce que tu lis ?
Je repliai aussitôt le journal et le posai sur mes genoux. Tante Daniella s’assit en face de moi, apprêtée, et jeta un coup d’œil sur les affaires à mes pieds. Puis sur moi. Je souris, en sachant très bien que ça ne suffirait pas à lui faire oublier le reste. Heureusement, oncle Ray n’était pas là. Il aurait aussitôt récupéré ce que je tentai désespérément de dissimuler et l’aurait jeté à la poubelle - ou au feu - en me rappelant de m’intéresser à des choses sérieuses. L’intégration était tout à fait sérieuse  ! Il était plus que temps de mettre fin aux inégalités entre les Noirs et les Blancs de notre pays.
Mais jamais je n’aurais osé contredire Oncle Ray…
Line, ma cousine, y réussissait très bien. Comment ? C’était un vrai mystère pour moi… Un matin, elle s’était tenue devant son père pour lui dire qu’il n’était pas question qu’elle se conforme à la vie étriquée dans laquelle il nous enfermait. Qu’elle avait d’autres buts, d’autres envies, d’autres choses à voir. À vivre, ressentir, créer. Elle lui avait lancé avec une insolence que je lui enviais qu’elle ne resterait pas une minute de plus dans cette maison. Pas alors que les lois qui y régnaient étaient encore plus intransigeantes que celles de notre fichu pays. Elle n’avait que dix-huit ans à l’époque. Mais elle avait pris une valise, claqué la porte et nous ne l’avions pas revue pendant des mois. Lorsqu’elle était finalement revenue, elle avait un sourire immense aux lèvres et des fleurs dans les cheveux.
Line partait autant de San Francisco qu’elle y revenait. Quand elle était ici, elle vivait dans le quartier d’Haight-Ashburry 4 , là où une communauté hippie s’était installée. Il m’arrivait d’aller la voir. Plus que je le disais à tante Daniella. Et encore moins à oncle Ray, quand il était là… Je trouvais cet endroit fascinant. Ses habitants bien plus encore. Il y avait une aura particulière qui entourait chacun d’eux. Et plus aucune barrière pour les empêcher de dire ou de faire quoi que ce soit. Les liens qui les retenaient jusqu’alors s’étaient rompus et ils pouvaient enfin bouger sans entraves, penser sans retenue. C’était ainsi que je les voyais. Line parlait de liberté comme d’un quotidien. Pour moi, c’était un monde magnifique auquel je n’entendais pas grand-chose. J’aurais aimé que ce soit le cas. Mais la seule règle que je m’autorisais à transgresser c’était celle d’aller là-bas. Et seulement parce qu’il fallait bien apporter à ma cousine deux ou trois affaires et l’argent que tante Daniella me glissait toujours dans la main pour elle. Sans qu’oncle Ray le sache, bien sûr. Ce qui ne risquait pas d’arriver avant longtemps puisqu’il était mobilisé au Vietnam.
Après la bataille d’Ap Bac 5 , il avait été envoyé à Saigon, en tant que conseiller des troupes de la RVN 6 . Avant son départ, il s’était violemment disputé avec Line, sur la position des États-Unis dans le conflit vietnamien. Elle lui avait reproché d’être militaire, de s’engager dans une cause abjecte et lui, d’être une petite idiote sans cervelle qui manquait de bon sens. J’étais restée sur la première marche de l’escalier, les genoux remontés contre la poitrine, à attendre que ça passe. Ça passait toujours. Tout le temps. Parfois, ça ne prenait que quelques minutes. Parfois, quelques heures. Pour quelqu’un qui vivait selon des préceptes de paix et d’amour, Line les oubliait souvent lorsqu’elle venait nous voir. D’un coup, c’était elle qui partait en guerre. C’était elle qui usait de méchanceté. Contre sa mère, de temps en temps. Contre son père, bien plus souvent. Contre l’univers s’il le fallait, dès qu’il s’agissait d’oppression et des troupes américaines.
À seize ans, je n’étais pas certaine de savoir quoi penser de tout ça. Je n’avais pas l’impression d’avoir le choix de penser quoi que ce soit, pour être exacte. J’avais huit ans lorsque ma mère - que je connaissais à peine - m’avait emmenée ici. Avec mes yeux d’enfants, je trouvais que cette grande maison ressemblait à un manoir blanc perdu quelque part sur la côte. Il y avait des arbres si grands qu’ils me paraissaient toucher le ciel, des fleurs qui s’épanouissaient partout dans le jardin et le vent qui apportait leur odeur mêlée à celle de l’océan. J’avais souri, parce que j’avais aimé ça. Seulement souri, pour me retenir d’aller jeter un œil plus loin. Ma mère m’avait demandé d’attendre là, exactement là sous le perron, et je n’avais pas bougé d’un centimètre. Je n’avais même pas battu un cil alors qu’elle discutait avec cet homme gigantesque et effrayant que je ne connaissais pas encore : oncle Ray. Elle lui avait dit qu’elle n’avait pas les moyens de s’occuper de moi et que mon père était parti - une façon trop délicate pour annoncer sa mort - avant d’ajouter que j’étais une petite fille gentille, obéissante, jolie et sans problème. Puis elle s’en était allée, après un baiser aussi froid que son regard, et je m’étais appliquée à l’être… gentille, obéissante, jolie et sans problème. Je m’y appliquai toujours, qu’importait ce que je pensais vraiment de la guerre, de la ségrégation et du peace and love de Line.
Hier, je l’avais croisée près de la plage, alors que je m’y promenais avec Faith, ma meilleure amie. Nous nous étions assises sur un banc et Line nous avait rejointes. Un peu stone - comme elle disait - elle s’était mise à nous parler sans discontinuité, dessinant dans les airs avec ses mains, les yeux dans le vague. À croire qu’elle voyait une multitude de choses incroyables. Elle m’avait raconté son bonheur et sans qu’elle le sache, elle m’avait blessé avec. Line n’avait jamais été vraiment malveillante avec moi. Ni vraiment gentille non plus. La plupart du temps, elle se contentait d’être indifférente. Un peu moins à ce moment-là, lorsqu’elle avait posé ses bras sur nos épaules, à Faith et moi, en nous parlant de ce garçon qui était venu passer l’été à San Francisco. Un étudiant qui écrivait pour un petit journal - l'Aldous Tribune. Elle nous en avait montré un exemplaire, le visage tellement éclairé qu’on aurait pu croire qu’une lampe venait de s’allumer, là, à l’intérieur, derrière ses yeux.
Bien sûr, Faith avait refusé de lire une seule page de ce torchon. Il fallait dire qu’au pensionnat où nous étudiions, on nous apprenait à être des jeunes filles convenables. Je n’avais jamais su quel sens donner à ce mot. Convenable. Pour Miss Prinston, la directrice, être une jeune fille convenable c’était avant tout avoir une intelligence discrète, une politesse impeccable et de bonnes manières indiscutables. Il fallait savoir, mais sans le dire, être vue, mais sans prendre trop de place, apprendre à se tenir et ne jamais, jamais contredire ce que l’on nous apprenait en classe. Alors, forcément, un journal comme l'Aldous Tribune n’aurait jamais franchi les portes de notre pensionnat sans être immédiatement immolé par Miss Prinston. Même si, derrière ses duretés, j’apercevais parfois quelques sourires. Et, dans l’aile est du pensionnat, quelques secrets. J’avais bien essayé de voir ce qu’il s’y passait. Il m’avait semblé croiser, quelques fois, des jeunes filles… Des jeunes filles, ce n’était pas ce qu’il manquait, au pensionnat. Mais celles-ci, je ne les avais jamais vues en classes et l’une d’entre elles était dans un état préoccupant. Seulement, dès que j’essayais d’en savoir plus Miss Prinston se trouvait soudain devant moi, bras croisés, et j’en avais pour des heures à racler les sols des dortoirs avec Ameline, la femme de ménage. Personne ne furetait chez Miss Prinston, personne ne lui désobéissait et personne ne la contredisait. C’était une version féminine d’oncle Ray. Et pas moins effrayante… Pour autant, lorsque Faith et Line étaient parties, j’avais glissé l'Aldous Tribune dans mes affaires pour le lire plus tard. Ces chroniques, ces articles, cette visi

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