Les arcanes de la mort
111 pages
Français

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Les arcanes de la mort , livre ebook

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Description

La souffrance et la colère engendrées par des souvenirs délétères disloquaient la personnalité d’Élizabeth La Flamme. Vingt ans de vie conjugale, consacrés à Emmaüs, un écrivain narcissique. Elle optera pour le suicide par noyade, dans les eaux gelées de la rivière Nicolet. Elle
y entraînera sa fille Emma, une adolescente bien aimée – trop aimée ? –
par son père.
Emmaüs nagera dans le chagrin qu’il tentera d’éteindre dans l’alcool. Cerveau toujours grisé par le whisky, il observera les ombres sur les murs, dont celle d’Emma. Il parviendra ainsi à se convaincre et à convaincre sa
fille qu’elle peut l’aider à découvrir les arcanes de la vie après la mort. Elle
s’envolera donc vers un monde fictif, la planète des Glaces.
L’effroi et le vertige seront les compagnons constants de la jeune voyageuse de l’astral, où elle fera la rencontre de divers personnages maléfiques. Par une fenêtre extradimensionnelle, elle entreverra les
événements les plus violents et les plus cruels à advenir dans l’Univers et sur la Terre. Sans se laisser détourner, elle persistera dans sa recherche des mystères de l’âme.
Emmaüs s’acharne à transposer les visions d’Emma dans son oeuvre. À l’évidence, l’âme d’Emma vibre entre les murs de la maison familiale, auprès d’un père qui souhaite la garder avec lui pour toujours.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2015
Nombre de lectures 5
EAN13 9782897262174
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PROLOGUE
Un jour de neige.
À l’orée des grandes forêts que hantent les bêtes sauvages, l’aube voilée de blanc apparaît sous un ciel froid et nébuleux. L’air vif pique les yeux.
Une ville épiscopale : Nicolet.
Ville radieuse et accueillante, riche d’histoire, établie dans un décor champêtre. Entre la cathédrale de pierre grise et le couvent des sœurs de l’Assomption s’élèvent les murs austères de la vieille bibliothèque.
Aujourd’hui, le 11 décembre 2004, il fait un temps pénible. Les flocons volètent au-dessus de la grand-route, masquant l’étendue jaunie du paysage de hautes herbes ployant sous le fardeau du froid. Neige et vents entrent en guerre devant le foyer des La Flamme, où se niche un mystère.
Première partie
1
É lizabeth La Flamme arriva dans la grande salle de la bibliothèque. Son visage avait le laisser-aller des levers difficiles. Elle tenait la main de sa fille qui se réjouissait à la vue des décorations de Noël. À l’autre bout d’un comptoir, un homme promenait ses larges mains sur un tas de livres non classés.
Élizabeth s’approcha, puis hésita. Elle grelottait sous son capuchon, comme si un malaise l’avait rongée. Elle s’immobilisa et chercha du regard son ami, le bibliothécaire. Au risque de l’importuner, elle voulait à tout prix lui confier son lourd secret – de quoi panser une vieille blessure. Cette fois, elle parlera, brisera le silence. Mais avant de s’entretenir avec lui, il lui fallait faire un effort et quitter cet air maussade qui durcissait son visage.
Jean Lachapelle se tenait derr ière un ordinateur et vaquait à ses occupations. Élizabeth se précipita dans sa direction, entraînant brusquement Emma qui poussa un soupir d’agacement.
Deux jeunes garçons arriv èrent à la course, se placèrent juste devant elles, les obligeant à attendre en file ; deux petits sauvages, bruyants et bavards, jetant négligemment leur sac sur le comptoir et étal ant leurs bouquins. Le regard insistant du bibliothécaire se posa sur le profil aigu du plus grand qui se calma. Puis il retourna à son classement.
Élizabeth , impassible en apparence, gardait les lèvres closes ; mais son regard dur, ses paupières lourdes, son piétinement montraient son impatience.
Attendre... Il lui fallait attendre sous les couleurs, les lumières de Noël qui décoraient le plafond, sous un déluge de bougies et de guirlandes vertes et rouges s’agitant dans le vide.
Sans lever les yeux, l’allure calme et sévère, le bibliothécaire pianotait sur le clavier de l’ordinateur. Son flegme commençait à irriter Élizabeth qui fondait sous son lourd manteau.
Des jeunes se précipitèrent vers une table présentant de nouveaux arrivages. Ils les bousculèrent un peu. Élisabeth manifesta un certain agacemen t mais Emma lui jeta un regard étonné, puis laissa tomber : « Mais ce ne sont que des enfants. »
Emma ne comprenait pas grand-chose à l’attitude de sa m ère … Jusqu’ à ce que lui reviennent en mémoire ces bruits, ces rumeurs ... On racontait que Madame La Flamme et ce bibliothécaire entretenaient une relation amoureuse. « C’ était donc vrai ! se dit Emma. Elle ressent le besoin de lui parler au plus tôt... »
Mal à l’aise, elle se figea. Son cœur se glaça à la pensée que sa mère puisse éprouver de la passion pour cet homme. Elle se retourna brusquement et s’ éloigna.
— Où vas-tu, demanda la mère ?
— Dans la rangée à l’arrière… la section jeunesse.
L’attente déconcertait Élizabeth, une femme grande et é légante. Sous sa chevelure de lionne, le silence murait son visage sculptural aux pommettes slaves, aux immenses yeux bleus soulignés de rimmel et à la chevelure abondante roulant sur sa nuque, jusqu’en bas des épaules.
— Pauvre Jean ! Il suffirait pourtant d’embaucher un adjoint pour le seconder. Il doit tout faire lui-même : effectuer les recherches, rédiger les fiches... Quelle perte de temps ! Et en conséquence moi, je dois attendre ! »
S’apercevant qu’elle venait de s’exprimer à haute voix, elle se mordit les lèvres. Un peu honteuse, elle se fit toute petite et referma son long manteau.
L’homme était toujours en conversation avec les gamins. Son haut front plissé et ses lunettes de lecture lui donnaient l’air d’un bibliothécaire méticuleux, un vrai passionné des bouquins.
Allait-il enfin en finir avec eux ? Terriblement étouffante, cette salle. Elle repoussa une mèche de cheveux. Une angoisse sourde la tenaillait. Et lui qui semblait prendre plaisir à ces échanges avec de jeunes clients. Impossible de lui parler. Des larmes lui montaient aux yeux.
Elle se retira un peu à l’ écart et prit un siège. Visage contrit, elle l’observait, l’entendait.
— On ouvre un livre, et celui-ci vous parle. Avec cet ouvrage, vous ne vous ennuierez pas... Pour autant que je le sache, c’est probablement lundi que le chef de section sera à son bureau, confirma-t-il à quelqu’un d’autre.
Soudain, Jean releva la tête et examina la salle. C’est alors qu’il aperçut Éliz abeth. Il la salua de la main tout en continuant à deviser plus ou moins sérieusement avec les parents et les jeunes devant le comptoir.
Maintenant qu’il l’avait vue, la femme comprit qu’il écourterait ses tâches et viendrait à elle.
Élizabeth essayait de s’expliquer son malaise, son désespoir, son impatience fébrile. Le monde semblait s’évanouir autour d’elle. Les chevalets de bois se fondaient, perdaient lentement leur forme ; les étagères en métal ondulaient ; les livres faisaient un vacarme d’enfer en heurtant les tables lorsqu’on les y déposait. Une fillette s’assit près d’elle. Élizabeth saisit son sac ouvert à son côté. Une lettre proprement pliée et adressée à son époux y était dissimulée. Elle en relut la fin.
Nous sommes maudits comme parents. Il te sera difficile de me pardonner ma colère, car la blessure est trop vive. Je suis si malheureuse.
Ta femme,
Élizabeth
Quelques heures auparavant, toute la vérité avait jailli, tel un coup de poignard à la gorge de son époux. Elle s’était juré de tout raconter à son ami Jean. « Tout ce que je pensais au plus profond de moi » se dit-elle.
Jour sombre. Elle voulait se confier. Elle avait besoin de parler de son époux qui s’ éloignait d’elle. Elle revoyait l’image d’Emmaüs, devenu un étranger.
Elle pensa à sa fille. Dans cet environnement baigné de lassitude, ses yeux se posèrent sur la seule beauté de cette salle de lecture. Comme dans un tableau de maître, Emma était assise, absorbée par un ouvrage devant elle. Quelle pureté dans ses traits ! Dans son regard, dans ce joli visage ovale encadré par une masse de cheveux foncés et souriant paisiblement. Une solide gamine de quatorze ans, grande et bien charpentée, qui en paraissait seize.
Se sentant observée, Emma leva les yeux pour apercevoir le regard inquiétant de sa mère. Ce regard qui ne rassurait pas et rappelait les malheurs d’autrefois.
Élizabeth fit semblant de lire un magazine. Au plus secret d’elle-même, elle ne pouvait détacher son esprit de cette aura d’ennui et d’isolation qui régnait sur sa maison et qui l’indisposait, l’effrayait même parfois au crépuscule. Elle aurait bien aimé flâner au bord du lac sur leur propriété, si ce n’avait été cette maudite grange à l’allure fantomatique qu’elle préférait éviter.
Auparavant, alors que les jours noyés de rose se réveillaient à l’approche de l’été, ce décor champêtre faisait l’envie de bien des voisins. Eux aussi, Élizabeth préférait les éviter maintenant.
2
V ingt ans de mariage consacrés à un écrivain narcissique...
Toutes ces choses qui ont ruiné sa vie de couple la condamnaient aujourd’hui au silence. Du passé, les promenades main dans la main, les douces caresses au crépuscule sur un lit parfumé, les baisers qui réconcilient après une brouille… Comme elle avait prié son Dieu ! Pri é et pri é pour le salut de son âme. Aucune réponse.
Dieu lui demandera peut-être des comptes sur son aveuglement volontaire ? Comment a-t-elle pu feindre d’ignorer les cajoleries insistantes de son époux sur sa fille ? « Pourquoi m’avoir imposé cette épreuve, Dieu de bonté ? » répétait-elle dans ses prières. Au paroxysme de la douleur, elle se découvrait vulnérable, faible, ignorante.
Sur son banc, au centre de la bibliothèque, elle était sur le point de fondre en sanglots. « Salaud ! Je vais te régler ton compte ! » prononça-t-elle à voix haute.
— Que dis-tu là, Élizabeth ? lança Jean Lachapelle.
Elle sursauta.
— Excuse-moi, Jean ! Tu en as pour longtemps ?
— Je suis à toi maintenant. Comment va la famille ?
Elle baissa la tête.
— Ça pourrait aller mieux

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