Ordures de fiel et dorures de miel

Marc Kaba

Description

Pour Paul, l’amour n’est rien sans la considération du rang social. Et voilà que sa fille Claire, promise à une brillante carrière, s’éprend follement de Ponce, un instituteur, qui voit en elle la femme de sa vie. Une lutte sans merci s’engage alors entre les deux hommes, mais un arbitrage inédit viendra réunir, au sein du délicieux miel de l’amour, ceux que l’aigre fiel de la haine séparait jusque-là… A travers "Ordures de fiel et dorures de miel", Marc Kaba livre une étude de mœurs représentative de la société gabonaise, mêlant histoire d’amour et réflexion nuancée sur une religion omniprésente. Au final, une dénonciation habile des rigidités sociales, pour une belle leçon de courage et de tolérance.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 24
• EAN13: 9782748352580
• Langue: Français

Extrait

Ordures de fiel et dorures de miel

Marc Kaba Ordures de fiel et dorures de miel

Publibook

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À Denise qui m’a donné la vie. À Chantal que m’a donnée la vie. À la femme, unique et double offrande de mon destin.

Sachant combien l’homme n’est qu’argile Étrange éclair fulgurant à la science fragile Un fin dard d’insecte l’exposant au trépas L’orgueil n’est en lui que vide gonflement de qui s’aveugle Dire haut des vies en géométriques et multiples lots Installé dans une glorieuse Evanescence Est gracieux Don de soi de Dieu Créateur Unifiant jaillissement de Lui-même hors de Lui-même Seul Dieu sait voir du Ciel de Sa Grandeur Attiser d’un éclat doux le regard qu’Il habite Irradier d’une royale splendeur le cœur qui L’accueille Tenir dans l’âme offerte d’infaillibles et éclairantes vues Vouloir dans son cheminement ce qu’a vu Dieu-la-Vue Ouvre l’esprit humble à l’antique sagesse du vieillard Illimité pouvoir de voir par Dieu que de se savoir limité Rien qu’un retour sur moi-même alors me révélerait ignorant Je m’étais clairement résolu à n’avoir un faible que pour la femme que, de mon intuition ferme, j’identifierais directement comme mienne. J’entendais, ensuite, en inves- tir la condition en tant qu’homme, et en influencer aussi le rayonnement à notre avantage à tous les deux. Mon célibat à durée indéterminée, enduré avec sagesse, n’avait pas d’autre raison jusqu’ici que cette quête éclairée de la sou- mission faite femme. C’est qu’elle était devenue si rare dans notre GABON moderne. De toute ma volonté sans entraves, je m’employais, malgré tout, à la découvrir in- tacte dans le larmoyant regard de certaines jeunes « sœurs en Christ ». J’avais remarqué que les enseignements mora-

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lisateurs de leur pasteur sur le mariage les ébranlaient tou- jours à la fin de chaque réunion. Cet important thème occupait les esprits tous les mercredis soirs à la même heure, à l’« Église des élus du Père». Nombre d’écorchées vives de la vie y prenaient hebdomadairement leurs quar- tiers. Elles en envahissaient le principal temple de la zone de Belle-vue 2. La voix du Pasteur Kombila déchaîné, amplifiée à souhait au mégaphone dans le temple sur- chauffé, enveloppait souvent, comme un filet plein de poissons de tous genres, le concert de cris, de lamenta- tions, de pleurs, de gémissements et de grognements emportés, qui remuaient l’assistance à n’en plus finir. En fait, j’aimais à contempler, au cœur même de l’assemblée des fidèles, tout ce remue-ménage ritualisé. J’avais peine à y mêler ma partition individuelle, et à y déverser égale- ment, dans le même total abandon, mon lot personnel de regrets d’avoir trahi le même Dieu d’amour. Son grand plan pour nos vies à tous se déclinait pourtant, malgré no- tre absence de mérite, en d’indubitables bienfaits multiples, selon ce qu’il fallait en croire. Moi je ne m’intéressais qu’aux femmes, trois fois plus nombreuses dans ce temple. C’est l’une d’elles que j’étais venu chercher en ces lieux franchement infréquentables à mon goût. Ma grande difficulté à être en harmonie avec tout ce beau monde vibrant à l’unisson se doublait de la nécessité d’un autre genre de concentration : il me fallait, à tout prix, nourrir mes yeux et mes oreilles grands ou- verts, du spectacle et des paroles colorés des femmes repentantes. Surtout celles d’entre elles qui ployaient sous le poids de leurs lourds péchés jusqu’à en tomber à ge- noux, ou même à s’en contorsionner par terre. Elles étaient censées le faire devant ce Dieu à l’invisible présence, que le maître de céans se plaisait à nommer constamment « Éternel des Armées ». De ce que j’en apprenais tant bien que mal dans la mêlée, la rengaine était la misère inté- rieure de leur insoluble solitude. Misère lancinante et cruelle, que semblait même aggraver en elles la peur bleue

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