Sexe nature et liberté

Te Coamane

Description

Reine a 20 ans en 1894 quand elle perd son mari. Par désespoir, elle part pour Tahiti noyer sa douleur dans la prostitution. Mais c’est autre chose qui l’attend. Elle tient un journal qui parviendra à sa petite-petite-fille un siècle tard pour l’inviter à suivre ses traces dans un voyage très mystérieux. C’est ainsi que Rose, en 2013, quitte sa vie parisienne plutôt réussie en apparence pour découvrir au cœur d’une nature tropicale une sexualité libérée de tous nos préjugés qui la conduit à une connaissance intime d’elle-même.
Une histoire inspirante pour toutes les femmes du XXIème siècle ayant l'intuition d'avoir perdu leur liberté ou leur sensualité. Pour les femmes qui aspirent à retrouver un chemin sensuel vers elles-mêmes. A lire avec lenteur.

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Informations

• Publié par: Iggybook
• Date de parution: 15 avril 2016
• Nombre de lectures: 12
• EAN13: 9782363155399
• Langue: Français

Extrait

Te Coamane
 
 
 
 
 
 
SEXE
NATURE
et
LIBERTE
 

-  La Voie du Baiser Délicat -
 
 
 
 
 
 
ROMAN
 
 
 
 
Éditions ROA
Copyright avril 2016
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Aux hommes avec qui je fis mes découvertes,
À toutes les femmes qui m'accompagnent,
À toutes mes grands-mères, à ma mère et à ma fille,
À la sensualité de nos vies terrestres,
À la beauté sur cette planète,
À l'Amour.
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
 
Ma vie de femme moderne
et l'arrivée d'un bien étrange héritage
 
 
 
 
Il suffit de rêver pour être exaucée.
Mais rêver est tout un art.
 
 
 
 
 
 
Je suis venue faire une expérience étonnante. Une vie sur Terre.
 
 
Juin 2012
 
Quelqu'un sonne à la porte. J'ouvre, un courant d'air chaud entre. Une odeur de Tiare. Un rayon de pleine lune. Le facteur me tend une lettre recommandée.
Elle m'est envoyée par un notaire de Polynésie Française.
Et dans la lettre, une autre lettre : «Chère Rose, Je t'écris alors que tu n'as que huit ans et tu ne liras cette lettre que lorsque tu auras trente-six ans. Alors je serai morte depuis longtemps».
 
Quelques jours s'écoulent. La lettre de Tahiti, le notaire au téléphone. Quelques papiers, et voilà que deux malles arrivent dans mon salon !
Je me pince. Non, elles sont là, dans mon appartement. À Paris ! A Paris, j’ai compris par la suite qu’elles y étaient depuis vingt-huit ans, attendant seulement que je sois prête à les recevoir…
 
Je viens d'hériter des malles de mon arrière-arrière-grand-mère. Reine.
 
Les malles sont entrées chez moi, et moi, j'ai glissé, sans précaution, dans la vie de Reine.
 
~
 
Je m’agenouille, je les caresse, je les observe, je les respire…. Je les ouvre, posément, religieusement…. Elles semblent ne contenir que des cahiers. Je les ouvre les uns après les autres, ils sont tous couverts d'une écriture douce et agréable à lire. Je lis, je n’arrête plus de lire, avec lenteur. Je savoure cet instant, ce cadeau.
J'entre sans m'en rendre compte. La lettre, puis les cahiers de Reine... J'entre dans sa vie qui entre en moi. J'ai l'impression qu'elle me serre dans ses bras. Comme si, toute sa vie, elle avait écrit pour moi.
 
Reine Després tomba enceinte très jeune. Elle n'avait pas encore dix-neuf ans et se maria avant que sa grossesse ne fut visible. Elle vécut ensuite quelques mois une vie heureuse avec un homme qu'elle aimait. Leur bébé, une petite fille nommée Marguerite, naquit le 5 janvier 1894. Le jeune papa eut le temps de l'embrasser et d'embrasser Reine. Quelques jours plus tard, il partait. Militaire de carrière, appelé au Mali, il mourut le 14 janvier dans un guet-apens avant même d'arriver à Tombouctou.
 
Reine en fut toute entière ébranlée, puis en l'espace de quelques secondes sut qu'elle n'avait que deux issues possibles : s'écrouler de douleur et mourir ou bien partir .
Pour Tahiti.
Nul ne comprit pourquoi ce choix, pas même elle.
Mais voilà ce qui arriva.
 
Elle confia sa fille à sa sœur dont le mari était stérile suite à une blessure de guerre. Cette sœur pleura abondamment le départ de Reine et se dévoua corps et âme pour élever au mieux cette enfant dont elle assura la sécurité affective et matérielle.
Reine partit pour Tahiti pour se perdre afin de dissoudre sa douleur.
 
~
 
Mon arrière-arrière-grand-mère a tout laissé derrière elle.
 
Arrivée à Tahiti, elle loue une petite chambre et chaque soir va dans les bars à matelots pour boire. Elle boit de l'eau ou du lait de coco.
Son ivresse à elle, c'est sa douleur.
Et ce vertige : elle est venue à Tahiti avec le projet de se prostituer. Décision sans appel.
 
C'est ce qu'elle fait dès son arrivée. Un moyen simple et efficace de n'être plus elle-même : s'abandonner aux désirs des autres, oublier, devenir un fantôme.
Reine part à la dérive comme un canot jeté dans la tempête sans espoir.
Elle veut sombrer.
Elle veut s'annihiler et mourir à elle-même.
 
Rapidement elle tombe malade. Elle fait plusieurs séjours à l'hôpital.
Elle sombre, son corps ne résiste pas ; infections diverses, blessures qui ne se referment pas, piqûres de moustiques et boutons infectés qui ne guérissent pas. Le climat tropical est dur.
Reine s'abandonne. Qu'a-t-elle à perdre ?
Elle trouve ce qu'elle est venue chercher. Le sordide. Et de bonnes raisons de ne pas continuer l'aventure sur Terre.
 
Elle veut se laisser engloutir dans ce qu'elle imagine être la part la plus sombre de l’humain et de la vie.
Elle entre dans l'épaisseur de l'ombre, de plus en plus abandonnée. Tout devient noir. Si abject, qu'un jour elle lâche tout. Prête à être définitivement engloutie. Elle s'effondre, coule, descend, descend. Aussi profond que les plaines abyssales de l'océan qui entoure Tahiti. Elle est dans le noir absolu, le froid, le silence bruyant du bourdonnement de ses propres oreilles et de sa tête qui lui fait mal.
Et à l'instant où son pied touche le fond - moins trois mille mètres - elle sent que tout son corps, au lieu de se déposer inerte sur le plancher océanique, repousse le fond d'un geste involontaire et décisif.
Portée par l'eau salée, soutenue par un courant ascendant, elle remonte à la surface, avale une grande goulée d'air et de lumière, ouvre les yeux. Terre !
Il y a une île au milieu de cet océan immense et pacifique, Tahiti. Inondée de soleil.
 
Rien ne sera plus comme avant.
 
~
 
En apparence elle continue la même vie, en offrant aux hommes de passage, des marins pour la plupart, la chaleur de son corps, la douceur de sa peau.
 
Mais là où elle avait cru pouvoir disparaître à tout jamais dans une vie glauque à l'excès, elle fait la découverte de sa nature profonde et de la nature humaine dans ses dimensions les plus dépouillées de tout code social.
 
Elle côtoie des hommes très rustres. Car les instincts les plus basiques sont entretenus et même exacerbés par la vie trop dure à bord des bateaux. Ils se livrent nus à ma grand-mère et lui offrent, sans le savoir, ce qu'elle veut voir : des hommes qui ont perdu leurs bonnes manières et donnent à contempler ce qu'ils sont véritablement.
 
Rustres ? Elle reçoit des hommes aux manières brutales, en effet, affamés de contact après des mois de privation. Mais je compris vite, en lisant les récits de Reine, qu'elle possède un art particulier. Quand elle reçoit un homme dans sa chambre, elle a le talent de déjouer toute attitude violente à son égard. Elle accueille avec bienveillance et sans jugement celui qui se présente à elle : elle voit en lui avant tout un être humain , avec sa grandeur et ses bassesses, avec sa lumière et ses ténèbres.
Et elle s’offre telle qu’elle est vraiment, et explore toujours plus loin ses propres ténèbres. Sa douleur, sa tristesse, son désir de mourir. Reine s’observe sans concessions. Mais avec une sorte de détachement. Elle observe avec une certaine distance son corps, ses plaisirs et ses dégoûts, elle décrit ses peurs et comment parfois elle repousse certains hommes. Elle ausculte son âme et ses sentiments, ou plutôt, son absence de sentiments. Reine ne tombe apparemment jamais amoureuse. Elle dit combien elle aime faire l'amour. Et comment elle aime faire l'amour.
Elle décrit aussi les hommes avec minutie. Elle décrit leur visage avec beaucoup de détails, l'expression du visage, tout ce qu'elle décode en quelques minutes. Elle décrit le physique de ces navigateurs fatigués par la mer, jeunes, vieux, musclés ou malades. Elle rapporte leur manière d'entrer en contact avec elle, leurs premiers mots, puis leurs attitudes, et leurs attentes tacites ou explicites, leurs façons d