Lola

Valérie Allam

Description

Quand les mémoires douloureuses de mai 68 s’expriment à la recherche de la vérité des sentiments...

Chaque soir pendant toutes ces années, je l’ai vue s’installer à son bureau et se mettre à écrire. Elle t’écrivait, à toi qui étais enfermé pour un crime que tu n’avais pas commis. Elle avait tellement honte qu’elle ne t’a jamais envoyé une seule de ces lettres. Mais je les ai là, avec moi. Je ne les ai pas lues, car elles t’appartiennent.
J’ai appris ton existence il y a quelques mois seulement...

Valérie Allam nous livre une correspondance pétrie de sensibilités et de douleurs ayant pour théâtre les souvenirs d’une période brève, intense. La mythologie ne saurait en soustraire les drames intimes et les ratages désabusés.

Informations

• Publié par: Ska Éditions
• Date de parution: 26 octobre 2018
• Nombre de lectures: 8
• EAN13: 9791023407389
• Langue: Français

Extrait

Valérie Allam



Lola

Nouvelle

Collection Noire Sœur
 
 
J’ai relu la lettre. L’écriture de Lola aux derniers moments de son existence. Malgré ça, Sabine, je ne sais pas si je dois tout te révéler. J’avais promis de ne rien dire, il y a bien longtemps. Dans ces lignes, elle veut que je raconte, elle dit qu’il faut que tu saches. Peut-être a-t-elle raison ? Peut-être que tu mérites d’entendre la vérité.
*
Ma première image d’elle, c’était de dos, dans la rue de la Sorbonne. Les forces de l’ordre encerclaient la fac, et nous étions venus en renfort. Elle lançait un pavé sur un camion de CRS, un foulard sur le visage, pour se protéger des gaz lacrymogènes, et ses longs cheveux qui s’en échappaient tout autour. Il y avait le tumulte, les cris, les sirènes de police. Nous étions habités d’une urgence à inventer autre chose, à vivre autrement. Nous étions plus nombreux depuis que le mouvement ouvrier avait rejoint les syndicats étudiants. Plus forts face à une répression de plus en plus dure. Rien n’aurait pu nous arrêter.
Elle s’est penchée, pour ramasser un autre pavé sans doute. Les CRS ont chargé. Un mouvement de recul a ébranlé nos rangs, je l’ai perdue de vue. J’ai foncé dans sa direction, une barre de fer à la main, mais je n’ai pas eu le temps de m’en servir. J’ai reçu un coup de matraque dans les jambes, je suis tombé à genoux. L’attaque venait de derrière. Bras...