Lysis
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Lysis , livre ebook

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Description

Extrait : "J'allais de l'Académie directement au Lycée par la route extérieure qui longe les murs. Parvenu à la petite porte où se trouve la source de Panops, je rencontrai là Hippothalès, fils d'Hiéronyme et Ctésippe de Paenie, et avec eux un groupe nombreux d'autres jeunes gens."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 28
EAN13 9782335097320
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0008€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335097320

 
©Ligaran 2015

Notice sur le Lysis
Le sujet du Lysis est l’amitié. Mais le mot n’a pas en grec le sens restreint que nous lui donnons aujourd’hui. Il s’applique non seulement à l’amitié proprement dite, mais encore à l’amour, spécialement à cet étrange amour que les mœurs grecques autorisaient entre personnes de même sexe. C’est de ce sentiment complexe que Platon recherche l’essence et le principe dans le Lysis . Résumons d’abord le dialogue pour en dégager les grandes lignes et en mettre en lumière les idées essentielles.
Socrate rencontre à la porte d’un gymnase un groupe de jeunes gens parmi lesquels se trouvent Hippothalès et Ctésippe. Hippothalès le prie d’entrer pour prendre part aux entretiens des beaux jeunes gens qui célèbrent la fête d’Hermès. Socrate lui demande quel est le plus beau garçon de la troupe. Hippothalès rougit au lieu de répondre ; mais Ctésippe répond pour lui. Hippothalès aime le beau Lysis et ne cesse de chanter ses louanges ; il en assourdit qui veut l’entendre. – « C’est une façon bien maladroite de faire ta cour, dit Socrate : c’est de quoi rendre Lysis fier et dédaigneux. – Enseigne-moi, dit Hippothalès, par quels discours je pourrais gagner ses bonnes grâces. – Fais-moi causer avec lui, dit Socrate. – Tu n’as qu’à entrer avec Ctésippe et à nouer un entretien. Ctésippe est en relation avec Lysis par son cousin Ménexène qui en est l’intime ami ; il pourra l’appeler, s’il ne vient pas de lui-même. » Socrate entre dans le gymnase où il voit les enfants jouer aux osselets. Il se retire en un coin tranquille et engage la conversation. Lysis, quoique friand de discours, le regardait sans oser s’approcher, quand Ménexène entra en jouant. À la vue de Socrate et de Ctésippe, Ménexène alla s’asseoir près d’eux, et Lysis ; enhardi, vint se mettre près de lui, tandis qu’Hippothalès se glissait derrière les assistants pour écouter sans être vu de Lysis.
À peine Socrate avait-il fait quelques questions aux deux amis que le maître de la palestre fit appeler Ménexène. Dès lors Socrate, s’adressant à Lysis : « N’est-il pas vrai, dit-il, que ton père et ta mère veulent ton bonheur ? – Sans doute. – Alors ils te laissent faire tout ce que tu veux ? tu peux conduire les chars ou les mulets de ton père ? – Non, Socrate. – Au moins on te laisse maître de toi-même ? – Non, je suis sous les ordres d’un gouverneur. – Ta mère au moins ne met aucun obstacle à tes désirs ; ainsi, tu peux toucher à son métier, quand elle tisse ? – J’aurais sur les doigts, Socrate. – Tu n’as donc aucune liberté ? Pourquoi ? – C’est que je ne suis pas encore en âge. – Ce n’est pas la raison ; car tes parents ne te laissent-ils pas lire ou écrire pour eux, et jouer de la lyre à ta fantaisie ? – C’est que je sais lire, écrire et jouer. – À la bonne heure. Si donc ton père ne te confie pas ses affaires, c’est que l’expérience te manque. Quand tu seras instruit, non seulement ton père, mais ton voisin, les Athéniens, le grand Roi lui-même s’en fieront plus à toi qu’à eux-mêmes pour administrer leurs propres affaires. Tout le monde s’adressera à toi, te recherchera, t’aimera. Mais tu n’es pas encore savant, puisque tu as besoin de maîtres ; dès lors tu ne peux pas être fier de toi-même. – Non, Socrate. » Hippothalès écoutait tout troublé cette leçon de modestie.
À ce moment Ménexène rentra. Lysis prie Socrate de lui répéter ce qu’il vient de dire ou tout au moins de causer avec lui pour le rendre plus modeste. Socrate y consent. « Ménexène, dit-il, s’il y a une chose que je désire au monde, c’est d’avoir un ami. Or toi, malgré ta jeunesse, tu as trouvé en Lysis un bien si précieux. Éclaire-moi donc de ton expérience et dis-moi : Quand un homme en aime un autre, lequel des deux est l’ami, est-ce celui qui aime, ou celui qui est aimé, ou tous les deux ? – Tous les deux. – Comment ? Ne peut-il se faire que celui qui aime ne soit pas payé de retour, et même soit haï ? En ce cas, quel est l’ami ? est-ce l’aimant, ou l’aimé, ou ni l’un ni l’autre ? – Ni l’un ni l’autre. – C’est une opinion diamétralement opposée à la précédente. Cependant le poète appelle ami celui qui est aimé. Que t’en semble ? – Il a raison. – Mais celui qui est aimé peut haïr celui qui l’aime : à ce compte on pourrait être l’ami de quelqu’un qu’on hait. C’est inadmissible. » Et Socrate en conclut que l’ami n’est ni celui qui aime, ni celui qui est aimé ; il ajoute même : ni celui qui tout ensemble aime et est aimé. Conclusion qui ne sort pas de la discussion, et d’ailleurs fausse, puisque l’amitié consiste dans un sentiment de bienveillance réciproque.
Mais ce que Socrate cherche, c’est moins à déterminer les cas où l’amitié existe que la cause et le fondement de l’amitié. Ne les trouvant pas dans l’opinion populaire, ni chez les poètes, il les demande aux philosophes. Les uns, dont le plus illustre est Empédοcle, répondent que l’amitié est l’amour du semblable pour le semblable. On peut objecter tout d’abord que cette maxime n’est qu’à moitié vraie, puisque le méchant est naturellement ennemi du méchant ; elle ne s’appliquerait donc qu’aux gens de bien. Mais si l’on réfléchit que le semblable n’a pas besoin du semblable, puisqu’il n’en peut tirer aucun avantage qu’il ne puisse aussi bien tirer de lui-même, et que le bon n’a pas besoin du bon, puisqu’il se suffit à lui-même, on voit que la ressemblance, loin d’engendrer l’amitié, l’empêche de naître ; car elle isole, au lieu de les rapprocher, des êtres qui n’attendent rien les uns des autres.
D’autres, parmi lesquels Héraclite, prétendent que c’est le contraire qui est l’ami du contraire, parce que tout être désire, non pas ce qui lui ressemble, mais ce qui lui est opposé par nature. C’est ainsi que le sec désire l’humide, le froid le chaud, etc. Mais qui ne voit aussi que bien des contraires, loin de pouvoir s’aimer et s’unir, se repoussent et s’excluent, par exemple l’amitié et la haine, le juste et l’injuste, le bon et le mauvais. Ainsi, transportée de la nature physique dans la nature morale, la théorie des contraires est tout aussi fausse et inapplicable à l’amitié que la théorie des semblables.
Socrate hasarde alors une explication qui lui est personnelle. Il me semble, dit-il, qu’il y a trois genres ; le bon, le mauvais, et ce qui n’est ni bon ni mauvais. Or le bon, nous l’avons vu, ne peut être l’ami du bon, ni le mauvais du mauvais, ni le bon du mauvais ; ce qui n’est ni bon ni mauvais ne peut être ami de ce qui lui ressemble ; reste qu’il soit l’ami du bon et du beau, lequel se confond avec le bon. Par exemple, le corps, qui en soi n’est ni bon ni mauvais, aime la médecine qui est un bien ; ajoutons qu’il l’aime à cause de la maladie qui est un mal. C’est ainsi que ce qui n’est ni bon ni mauvais aime le bon, à cause de la présence du mal, à condition pourtant que le mal ne l’ait pas encore gâté et rendu mauvais ; car le mauvais ne peut désirer le bon. D’après ce raisonnement l’amitié serait le rapport d’un être imparfait à un autre qu’il considère comme bon.
Platon aurait pu s’arrêter là ; mais il serait resté dans le domaine du relatif, et il veut donner à l’amitié un fondement métaphysique. Il reprend donc l’exemple de la médecine et voici comment il raisonne : « Si la santé est aimée, c’est en vue de quelque chose ? – Oui. – De quelque chose d’aimé, pour être conséquent avec nos prémisses ? – Assurément. – Ce quelque chose à son tour sera aimé en vue d’un autre objet aimé ? – Oui. – Alors n’arrivera-t-il pas fatalement ou que nous nous lasserons de poursuivre dans cette voie, ou que nous arriverons à un principe qui ne nous renverra plus à un autre objet aimé, je veux dire à cet objet qui est le premier objet d’amour, en vue duquel nous disons que tous les autres sont aimés. Je dis donc qu’il faut prendre garde que tous les autres objets qui, comme nous l’avons dit, sont aimés en vue de celui-là, étant des sortes d’images de ce premier objet, ne nous fassent illusion, et « que c’est ce premier objet qui est véritablement aimé. »
Voilà, si je ne me trompe, la première ébauche du système des Idées ; sans doute le mot n’y est pas ; mais quel est ce premier objet aimé, sinon le Bien absolu, l’Idée du bien ? S’il est vrai que le Lysis ait été composé du vivant de Socrate, il en faut conclure que Platon avait déjà dépassé son maître, et agitait déjà dans son esprit les notions fécondes sur lesquelles il devait édifier sa philosophie.
Reste à déterminer quel est ce bien qui est le premier objet de l’amitié. Nous avons

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