Nayati
134 pages
Français

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Nayati , livre ebook

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Description

L’Ouest.
En pleine ruée vers l’or, Len Travis, jeune métis amérindien, parcourt les routes avec son mustang pour seule compagnie.
Son chemin croise celui d’un aventurier, l’énigmatique et attachant Charlie, mais aussi celui de Daria...
En pleine quête d’identité, il devra choisir entre sa solitude ou affronter son destin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 novembre 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9783958580718
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À Khadija,
sans qui je n’aurais jamais écrit cette histoire
ISBN : 978-3-95858-071-8
Première édition - Novembre 2015



Tous droits réservés
Nayati

Sonia Bessone







Roman
I
Len Travis



L’homme leva les yeux vers le pic de la falaise. Il avait fait une belle chute. Il essuya la poussière qui maculait ses vêtements, épongea la sueur de son front d’un revers de manche et regarda à nouveau vers le sommet de la paroi. Il distingua alors une ombre, et son cheval se montra. Lui en bas, l’animal en haut. Le malheureux ne se trouvait pas en bonne posture.
Sans aucune hésitation, il tâta les rochers à la recherche d’une prise solide, et se décida à escalader. Sa main prit appui sur une pierre et, tandis qu’il se hissait, un bloc se détacha. Il dégringola jusqu’au sol et atterrit sur le dos. Il éprouva quelques difficultés à s’asseoir, mais il semblait sain et sauf.
Sain et sauf, mais dans une mauvaise passe. Tout cela à cause d’un crotale qui avait effrayé sa monture. Les ruades l’avaient propulsé au fond du canyon. Son compagnon de route paraissait calme à présent. Il semblait considérer son cavalier avec dédain. Si le rescapé avait voulu lui prêter des sentiments, il aurait dit que son mustang se payait bien sa tête.
L’homme, désarçonné, réfléchissait. Soit il réussissait à gravir cette falaise, soit il abandonnait sa monture. La deuxième hypothèse restait, pour lui, inenvisageable. Il promena son regard autour de lui afin de dénicher quelque chose d’utile. Rien. De l’eau s’avérait indispensable, et sa gourde était restée attachée à sa selle. Son chapeau était également tombé dans sa chute, mais il ignorait où. Plus rien, désormais, ne le protégeait du soleil et de la chaleur. Son cheval émit des signes de nervosité, puis soudain hennit. L’infortuné tenta le tout pour le tout.
— Eh oh ! Il y a quelqu’un ?
Il aperçut une main saisir la bride, puis une silhouette se pencher et s’enquérir :
— C’est votre cheval ? Vous allez bien ?
— Ça va ! Vous pouvez m’aider à remonter ? Il y a une corde à la selle !
— Oui, je la vois ! lui cria le nouveau venu qui l’attrapa en flattant l’animal. Beau mustang !
— Envoyez-moi la corde !
L’individu refusa.
— Non. Désolé, mais c’est pas votre jour de chance !
Le cavalier sans monture vit celui qu’il croyait son sauveur se hisser sur la bête et, d’un coup sec, l’emmener hors de son champ de vision. Là, il se trouvait dans un sacré pétrin. Sans eau. Au fond d’un canyon. Et il ne possédait plus que ses bottes usées pour avancer.

La seule alternative qui se présentait à lui restait celle de marcher. Et il s’y plia. Le soleil au zénith brûlait les rocailles et rendait l’air étouffant. Des deux mains, il repoussa sa chevelure, qui avait rarement connu les ciseaux d’un coiffeur, et se mit en route.
Il s’appelait Len Travis.
Enfin, il donnait ce nom lorsqu’on le lui demandait. Sa mère l’avait affectueusement baptisé Nayati, « celui qui lutte » en langue indienne. Car dans ses veines coulait un peu de sang cherokee. Juste un peu. Son existence ne s’était résumée jusque-là qu’aux travaux dans les fermes environnantes. Dans cet Ouest encore sauvage, un homme répondant au nom de Nayati avait de fortes chances d’être retrouvé pendu à un arbre. Alors, il avait adopté l’héritage de son père, ainsi que l’identité de Len Travis, laissant de côté ce qui, de toute manière, ne lui amenait aucune protection contre une éventuelle inimitié des guerriers des tribus de la région. Malgré une crinière brune, des yeux foncés et des traits fins et hâlés par le soleil, ses origines pouvaient prêter à confusion.
Il avait traversé ainsi la vie, calmement, sans trop s’attirer d’ennuis. Encore jeune, Len n’aurait pu dire son âge exact car, en ces temps-là, seuls les hivers rigoureux ou les étés de sécheresse restaient dans les mémoires. Il s’était lancé à l’aventure très tôt, presque au sortir de l’enfance. Il avait labouré des sols, acheminé du bétail et survécu sans trop savoir comment.
Il ne possédait rien, à part une arme dont il essayait de se servir le moins possible et son couteau. Son cheval, il l’avait gagné à la sueur de son front, après un dangereux convoyage de mustangs. Malheureusement, on venait de l’en dépouiller.

Il traîna ses bottes dans la poussière, confrontant ses pieds aux inégalités du chemin, et tenta de repérer un endroit accessible pour rejoindre la piste qui passait au-dessus de lui. Une longue route s’annonçait, lui semblait-il, mais il ne désespérait pas. D’un naturel peu défaitiste, il n’abandonnait jamais. Len avait appris la patience. Calme, obstiné et silencieux.
Dans ce large canyon, la chaleur devenait intenable. Il continua sa route, sa tête nue livrée aux rayons agressifs du soleil. Après de longues et épuisantes heures de marche, au rythme ralenti par la fatigue, il perçut comme une faille dans la paroi rocheuse. Il s’y jeta à corps perdu, s’accrocha comme il put, glissa, dérapa, s’érafla les mains, les bras, mais, ses muscles saillants sous ses efforts, il réussit à remonter. Dans un ultime râle, il émergea de la tranchée et se laissa choir sur le sol avec soulagement.
Il resta un instant ainsi, allongé sur le dos, et reprit son souffle. Puis, il se releva.
Le plus dur se trouvait devant lui : se rendre jusqu’à la prochaine ville… et survivre.

Un roulement familier qui heurtait les pierres attira son attention. Il se retourna ; un chariot progressait cahin-caha. Len attendit sagement qu’il arrive à sa hauteur.
— Holà ! salua le nouvel arrivant, les doigts posés sur la crosse de sa carabine. Vous avez un problème ?
Est-ce que Len avait un problème ? Dépossédé de son cheval, couvert de terre, d’éraflures et la gorge en feu, tant la soif se faisait sentir, que devait-il répondre ? Il n’était pas dans ses habitudes de mendier une quelconque assistance.
— La ville est loin ? se contenta-t-il de demander.
— Deux bonnes heures de marche. Vous allez bien ?
— On m’a volé mon cheval, avoua Travis.
L’homme sembla réfléchir, puis l’invita :
— Montez à l’arrière !
Len, soulagé de s’épargner une longue distance à pied, s’installa tant bien que mal au milieu des machines agraires que transportait le chariot.
— Vous êtes représentant ou quelque chose comme ça ?
— Quelque chose comme ça. Pat Collins, commerçant en matériel agricole, se présenta le conducteur.
— Len Travis, déclina ce dernier avant de remarquer : Chargé comme ça, vous n’irez pas loin !
— Jusqu’à la prochaine ville, ça me suffira. C’est la foire annuelle. J’espère bien écouler la cargaison et me remplir les poches.
Le camelot lui tendit sa gourde. Len le remercia d’un signe de tête et but avidement. Cela lui fit du bien.
—Vous avez été attaqué ? se renseigna le commerçant.
— Non, admit Len.
— Mais on vous a volé votre monture ?
— Mon cheval a été effrayé par un crotale. Il m’a précipité au fond du canyon. Et alors que j’étais coincé en bas, on me l’a pris, confessa-t-il, peu fier de lui.
— C’est pas votre jour de chance !
— Faut croire que non.
Ballotté par la route irrégulière, coincé entre une houe et une charrue, Len avançait lentement vers un futur incertain.

À l’entrée de la ville, Len avait bondi du chariot, empoigné les mules par la bride et les avait guidées sur les indications de Pat Collins. Il y avait du monde. Beaucoup de monde. La foire avait ameuté tous les fermiers des environs. Peut-être qu’il trouverait du travail.
Afin de remercier le marchand, il l’aida à décharger ses machines. Ensemble, après de multiples efforts, ils parvinrent à installer le stand agricole qui attira rapidement les curieux. Len lui serra la main.
— Si vous cherchez de l’ouvrage, vous pourrez toujours faire la route avec moi ! proposa Collins.
— Non, refusa Len. Ces machines, c’est pas pour moi. Je préfère le contact de la terre. Mais merci pour la balade.
— À bon entendeur…
Après un signe d

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