Anaphores
165 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Anaphores , livre ebook

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Description

Dans un chant prodigieux de rythmes et d'images, le poète se remémore les grandes étapes et expériences qui ont fabriqué son fonds : ce qui l'a formé, ce sur quoi s'appuie son oeuvre. Sans composer un ensemble de poèmes autobiographiques, il ne s'est jamais dévoilé aussi complètement que dans cette adhésion à son passé, à son univers violent et absolu, dans la recherche de son langage propre. L'auteur partage actuellement sa vie entre Agens et Marrakech.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 254
EAN13 9782296697621
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anaphores
Accent tonique – Poésie

Collection dirigée par Nicole Barrière


Maquette de la couverture

Nicole Barrière


Illustration de la couverture

Photo de Nicolas Froment
Toussaint Medine Shangô


Anaphores


L’H ARMATTAN
Du même auteur


TROIS POEMES, Nouvelles Editions Debresse, Paris, 1964.

LES AMANTS ET LA MER, Editions de la Grisière, Paris, 1970. Prix Camille Engelman, Namur, 1971.

PRINCE NOIR, Editions Pierre-Jean Oswald, Paris, 1974.

GHETTOS D’UN NOUVEAU MONDE, Editions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1978.

LE PROPHETE, Entreprise Nationale du Livre, Alger, 1984.

MEMORIAL DE MEKNES, Editions Tougui, Paris, 1986.

INACTUELLES, Editions Arcam, Paris, 1992.

MENORAH DE L’EXIL, Editons La Barbacane, Bonaguil, 1995.

OU SE TROUVE LE CORPS LES VAUTOURS SE RASSEMBLENT, Editions de La Barbacane, Bonaguil, 2004.

AU CHEVET DE L’APOTRE, Editions de La Barbacane, Bonaguil, 2004
Ces trois poèmes forment la trilogie : D’ABRAHAM.

LE MAUSOLEE DE MOHAMED V, Edition des Habous, Rabat, 2005.


© L’H ARMATTAN , 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11674-0
EAN : 9782296116740

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
INTRODUCTION


Heureux es-tu lecteur si tu entres dans cet univers de rythmes et d’images !
Le poète y chante, ce qui a façonné sa vie, son outil, son œuvre !

Toussaint Médine Shangô (Toussaint Corticchiato) nait à Ajaccio en 1927 et vit jusqu’à l’âge de 30 ans au Maroc, à Meknès et dans le Grand Sud. L’empreinte déterminante de ce pays et sa connaissance de l’œuvre d’Ibn Arabi et d’autres penseurs soufis le conduisent à l’islam en 1971, d’où son deuxième nom : Médine.
En artisan humble et fier, il écrit une œuvre très vaste, « l’Odyssée immobile » qui transcende l’humaine condition et dont « Anaphores » fait partie.

Il ne s’agit pas d’une autobiographie, bien que cet homme, toujours pudique, ne se soit jamais autant dévoilé que dans ce travail de mémoire.
Cette œuvre, assez longue, comporte sept thèmes principaux.

Celui de l’océan et de ses embruns – thème qu’il reprendra dans sa fresque « Homme de proue » :

« Sans répit
Se dilataient, vers les confins, l’âme et la houle,
sœurs jumelles … »

Puis les ruelles de la médina de Meknès, où il a passé son enfance et dont une photographie illustre la couverture de ce recueil.
« La ville façonnait ses couches de mémoire ».

Cette ville était flanquée d’un vaste bidonville, cerné par l’indifférence des nantis ce qui le conduit à une révolte fraternelle :
« Patience, tu n’es qu’une impasse : franchir,
L’arme au poing, ce futur de chiens et de
matraques ! »

Et la rencontre de l’aimée, de la Femme :
« C’est désormais dans tes yeux purs
Que ma mémoire prend sa source … »

Puis l’exil dans le réseau banlieusard, donnée incontestable du monde actuel :
« Tôt aspiré par le turbin,
J’en sors, le soir, comme une grume
Debout, vacillant dans le bain
De suie, de moiteur, d’amertume
D’un train hagard. »

Mais bienvenue à la sagesse du Monde Noir, d’où son troisième nom : Shangô.
« Exécrée la Ville abortive,
Vers les grands masques j’appareille : un souffle
chaste me chavire … »

Enfin la rencontre de l’Un et du Coran qui montre et dévoile :

« Où tout est signe et me fait signe ».
Dans cette dernière partie, Toussaint Médine Shangô cite quelques versets comme une amorce de la traduction poétique complète du Coran qu’il vient de terminer.

Et la boucle s’accomplit, « expérience d’une harmonie spontanée entre les forces qui se soulèvent chez l’artiste inspiré et l’orientation de leur emploi vers l’accomplissement de l’œuvre », une définition d’Anaphores, citée par l’auteur (d’après Etienne Souriau : L’ombre de Dieu).

On comprend alors qu’il ait placé en liminaire la figure tragique d’Ossip Mandelstam, poète juif, prisonnier et « supprimé », symbolisant un siècle voué à l’inverse de la spiritualité.


Pierre Poublan
ANAPHORES
« Anaphore : en rhétorique ‘figure de style consistant à répéter un même mot, une même expression au début de phrases successives’(Grand Larousse de la langue française, p. 166).
Au sens étymologique :’élévation conçue comme spontanée, par exemple le lever d’un astre’(Etienne Souriau : L’ombre de Dieu, p. 262, note1).
Au sens esthétique :’expérience d’une harmonie spontanée entre les forces qui se soulèvent chez l’artiste inspiré et l’orientation de leur emploi vers l’accomplissement de l’œuvre’(Etienne Souriau : L’ombre de Dieu, p. 262)
Au sens mystique :’Orient de l’âme, offrande du poème’.
Liminaire
A la mémoire d’Ossip Mandelstam.

Il neige loin,

D’une voûte cendrée
Que les astres délaissent,

Sur le monde enfoui :
Mer sans pli ni murmure

Et vallées sans fumées,
Sur l’horizon de cire où la voilure lâche

Du vent filé de flocons lourds
Dans les mélèzes s’embarrasse,

Sur l’amoureuse aux promontoires de douceur,
Aux golfes d’ombre, qu’une blême

Ténèbre estompe, sur les yeux
De l’ami comme vitres

Eclairées, dans la nuit, à peine, et que l’oubli
Givre, sur les mots vénérables

Aux margelles lustrées
Par l’usure, les strophes

De grand gel aveuglées,
Sur les livres déserts : effacés tous les signes,

Sur la page où s’engluent des formes de charnier
Qu’une blancheur spectrale annule, sur le songe,

La mémoire voilée de l’homme : Sibérie
D’exil et de mutisme

Où l’oiseau noir et or
Qui va mourir, opiniâtre

A nous prédire l’arbre en fleurs,
Siffle, couleur de larmes dans l’aurore.
I OCEANES
Naissance, au fil d’une embellie,
Sous des sourires de mouettes
Graciles, de clairs goélands
Qui murmuraient leurs labiales

A l’aube de la mer,
Aux anses de sable que lisse
Le jusant, où – de quel oiseau ? –
S’éclairaient, fines comme runes,
Des empreintes…
Puis l’Océan…
Vers le silence littoral :
Roches criblées de sel vitreux, la voix enrouée du
grand large
S’enflait sur les récifs,
Tonnait vers les falaises
Au ressac obsédant, scandait
La veille et l’odyssée de l’enfant immobile,
Ample, qui chérissait, dans la nuit, son effroi
Heurté par des aigles d’écume…

Spasmes de haute mer !
Rugissements des lames
Successives ! Soupirs
De l’accalmie où ne demeure qu’une ride…
Brûlée des mille sceaux du soleil, haletait,
Sous un pullulement d’envergures vassales,
L’immense échine ! (Des flamants
Arrachaient quelquefois aux lagunes l’aurore
Malaisée d’un envol !
Et des sternes, peut-être,
Par la brume altérées
Criaient sur l’horizon : pélagiques voyelles…)

L’haleine de la mer embuait le regard :
L’empire, la courbure
De rêve à l’orée assombrie
Du ciel où se dissimulaient des spectres d’ailes…

Des indices livrés par le vent ou l’embrun,
De tout présage sur les rives
Raturées par le flux, l’enfant
Faisait capture :

Pour les gésines à venir.
De l’inerte hirondelle
Poussiéreuse, peuplée
De vermine, l’Enigme
S’exhalait… Stupeu

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