Cinq saisons de poésie
127 pages
Français

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Cinq saisons de poésie , livre ebook

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127 pages
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Description

Dans ce recueil, nous entrons en confidence avec le poète André Mathieu qui nous propose ses cinq saisons en poésie ! Il nous offre le parcours d'une vie, en retraçant soixante ans d'histoire et de rencontres. Ce travail de mémoire nous invite avec tendresse à considérer l'univers de création qui entoure André Mathieu : les poètes, les artistes, ses amitiés, ses amours, ses voyages, ses découvertes. Il nous emmène dans les questionnements essentiels de l'art, les nourritures du corps et de l'âme, dans la totalité poétique de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 65
EAN13 9782296697454
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cinq saisons de poésie

1948-2008
Accent tonique – Poésie
Collection dirigée par Nicole Barrière


Maquette de la couverture
Nicole Barrière


Illustration de la couverture
Dessin de Fernand Léger,
Collection personnelle André Mathieu
André Mathieu


Cinq saisons de poésie

1948-2008


L’H ARMATTAN
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11650-4
EAN : 9782296116504

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
SAISON I
TOUT EST LOIN
Tout est loin. Le temps s’en est allé. Il n’est plus. Seul passe inexorablement le temps qui vient et aussitôt loin, bien loin désormais. Tout est passé. Le passé dévore tout. Plus et dans le passé que tout aujourd’hui ou de demain qui ne fait qu’augmenter et se nourrit du présent qui n’en peut mais. Plus vite que la musique, plus vite que le son et même plus vite que la lumière passe le temps. Rien n’est moins préhensible et compressible que le temps. La mémoire seule peut le capturer et le rendre éternellement proche.
DES ARBRES
Animaux immobiles et muets
Fidèles jusqu’à la mort
A leur terre natale
Les arbres sont nos témoins attentifs
Datant d’avant et après nous
Comptant nos mois et nos années
Rudes compagnons à la tendresse cachée
Les arbres mémorisent aussi nos généalogies
Scandées par les cœurs plus ou moins fléchés
Tatouant leur écorce comme leur aubier.
POURNE PAS OUBLIER
A mon réveil, tous les matins
Sans miroir et sans témoin
Je m’entraîne à dire : « Je t’aime ! »
En l’absence de destinataire,
De récipiendaire, de dédicataire,
Tout simplement,
Pour ne pas oublier.
LES MORTS SE SOUVIENNENT
Oui, bien sûr, les morts se souviennent
Même s’ils ne reviennent pas
Ainsi qu’un vain pays parfois le croit
Eux seuls n’ont pas eu la mémoire courte.
CHATEAU FRAGILE
Château fragile
De résurgence
D’azur
Largement aéré

Mai privé
De fleurs
En papier
De nuage

Héliotrope fenêtre
Hématome vivace.
ATHOS, LE SAINT NOM
Entre Hélios et Thalassa
Face aux amers aux noms mythologiques,
L’étrave du bateau à moteur
Fend la surface bleu marine
Ondoyante et clapotante
Avec ses ourlets blancs.

Délaissant Thessalonique et aussi Stagira,
La cité d’Aristote, le Maître d’Alexandre,
Et puis la Chalcédoine et Ouranopolis
Apparaît enfin « le Pays des Hommes »
Où nulle femme ne saurait aborder
Depuis le temps de la Vierge Marie
Quand le beau sexe fut à jamais banni
Dans cette République théocratique.

Ici, le féminin n’est plus représenté
Que par les mœurs socratiques
De quelques cénobites ou Idéo rythmiques
A l’imitation de ces mulets mâles
Aux attributs longs comme colichemardes
Jouant comme à la main chaude
Tour à tour dominants et dominés
Un coup dessus, un coup dessous,
Semant dans leurs combats grandioses
Sur les sentiers pierreux d’alentour
Leurs fers rouillés laissés à la postérité.
CHICAGO LE FLOT CONTINU
Comme l’infinie chevelure
D’une comète
Jaune du côté gauche
Rouge du côté droit
Entre la cité du vent
Et le lac Michigan
Le flot continu des voitures
Apparaît comme une comète
Ultra lumineuse éclatante
De lumières tout au long de la nuit.

(Traduit de l’original écrit en anglais à Chicago)
HOMMAGE AUX SQUIRRELS
Les écureuils américains
Sont les plus sociables
Et les plus aimables du monde
Non seulement dans les dessins animés
De Walt Disney
Mais aussi dans la réalité.
On peut les voir dans Central Park
Lorsqu’ils regardent les joggers passer
Comme les vaches de chez nous
Regardent passer les trains
Ou à Harvard quand, hardiment
Ils barrent le chemin du passant pressé
Dans la posture du quémandeur
Ou comme à Montréal
Ils grimpent jusqu’au troisième étage
De mon hôtel par l’escalier de fer en colimaçon
Et frappent au carreau
Réclamant leur pitance
Mais les vrais artistes
Résident à Washington
Devant la Maison Blanche
Ou, en professionnels consommés
Ils posent inlassablement
Pour les photographes amateurs
Comme moi.
ETAT CIVIL
C’est par un soir de Mai que je suis né
Au vingt-cinquième jour de la vingt-huitième année
Du siècle de notre ère, le vingtième du nom
Dix ans avant Munich, autant après Rethondes
A Angoulême, Charente, une année sans disette,
Rue de la Valette, numéro cent dix-sept.
LE BLEU DE CHAGALL
Le bleu
Le bleu du temps où la terre
Etait bleue comme une orange
Le bleu du temps passé
Le bleu marial ou biblique
Le bleu des livres anciens
Le bleu de la pureté
Le bleu de Marc Chagall.
HALBRANE
Halbrané
Vert et bleu
S’enfuit le prodige
Des sédiments intransmissibles
Gravant le livre
Articulé
Brûlé

(Dans les yeux des morts où sont les rêves,
la sarcelle et le fou-de-Bassan.)
RAPPEL APRES RAPPEL
Rappel après rappel
La pluie ne cesse de battre
Le tambour des jours,
Ainsi se répand
Sur la terre attendrie
L’orgasme volubile
Des grotesques nuages
En rut.
LE NOEL DES PETITS MAUX CROISES
Ta cuisse croisant ma cuisse
Se joue des mots croisés
Tandis que le sapin s’illumine et s’éteint
Au rythme de ton souffle, près de moi reposé.
Ma main hantant ton corps librement accordé
Et mon corps dénudé que tes lèvres habillent
Remplaçant le manteau trop usé des solitudes
Ressuscite et renaît, tel Lazare retrouvé,
Exhumé du tombeau pare la geste sacrée
De même, dans ton corps, j’ai besoin de renaître ;
Enfant, je veux t’aimer, retrouver le bonheur
Du paradis perdu par les années
Où tu n’étais pas née, où je n’étais pas moi.
Mes deux bras sont les chaînes avec quoi je te lie
A mon destin à l’amour destiné.
Ma toile de Korogho garde le souvenir patent

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