La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 mars 2011 |
Nombre de lectures | 24 |
EAN13 | 9782296456549 |
Langue | Français |
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Extrait
Derrière la palissade,
des femmes, des enfants
Ahmed Tidjani Cissé
Derrière la palissade,
desfemmes, desenfants
Poèmes
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54313-3
EAN : 9782296543133
Dédicace
A ma mère, qui n’a pu franchir le seuil du jour qu’elle n'a
cessé d’attendre et qui s’en fut, portant en bandoulière la
résignation qui consume etle trop plein de l’affection qui
féconde.
A toutes ces femmes qui se lèvent avant l’aube, pour ne
revenir dans leur masure qu’enveloppées d’épaisses fibres de
la nuit.
Aux enfants d’Afrique dont on a brisé la modeste calebasse de
bonheur à coups de cruauté.
A tous les enfants à qui les adultes ont confisqué leur part de
sourire.
Fille ou garçon
Fille ou garçon monenfantaurasa balançoire
Dans laplus grandealvéole de l’aurore
Pendant que la berceuse retentira
Sur le velours de l’appel du muezzin
Fille ou garçon monenfant porteraunecouronne de
sourire
Sur le dos del’écho qui murmure « maman »
Quand le pétale duflamboyant
Est prisonnier de la pénombre du vautour
Qui susurre « papa »
Quand la lame de la daba ne peut plus s’orienter
Dans le dédale des sillons
Fille ou garçon mon enfantaura commecompagnons de
jeu
L’onde quis’échappe du creux du caïlcédrat
Pourfabriquer des gerbes en retombant
Sur les feuilles debananier
L’oiseau qui se pose sur une fibre de nuage
Pour y picorer des grains de fonio
Le rireéclatant qui pourchasse
La solitude des grandes cités
Fille ou garçon monenfantaura comme royaume
L’univers des satiétés débarrassé de tous les tabous
factices
Fille ou garçon mon enfant n’auraqu’àtaper
Sur latabalades enfants roisaveclepétiole d’unefeuille
de manioc
Pouraussitôtcréer une ronde de chérubin
Fille ou garçon monenfant seramon enfant
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La berceuse bucolique
Sous le tamarinier de l’aïeulBourama
Est posé le berceau de bébé
Un panier en osier tressé garni d’un couffinbourré de
plumes d’oiseaux
Au-dessus de l’ensemble voltigent quelques papillons
Dans son berceau bébéflotte tout le temps
Dans lesréverbérations de ses gazouillis
Les oiseaux lafibre de kapok le tumulte de laforêt
Et latornade quicouve ses œufsavant l’hivernage
Aimentàvenir faire laronde main dans lamain
Avecles gazouillis debébé
Pendant ce temps maman confectionne une sauce
Avecdes feuilles de patate douce
Si les gazouillis deviennent pleurs
L’ombre du tamarinier vient parfois enrouler
Une guirlande kaléidoscopique autour du berceau
Si bébé pleure encore et que maman n’a pasfini
Depréparer le bagage des estomacs
Prends la nervure d’unefeuille de manguier
Fais-en une guitare monocorde et murmure la mélodie des
paons
Qui cherchent à entrouvrir les nuages
Si bébé pleure toujours et que l’ombre a été avalée
Par les premiers émissaires du crépuscule
Mets-toi à genoux à côté du panier en osier tressé
Laisse ton regard déposer sur lefront debébé
Lafraîcheur du gloussement d’un lamantin quiallaite son
petit
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Si bébé pleure encore et pleure toujours
Alors, écarte-toi doucement
Afin que maman etbébé chantent en chœur
La rhapsodie insondable des harmonies en épiaison
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Avec maman rien d’impossible
Un soir je voulus cueillir une étoile
Pour écarteler la brume qui envahissait mon univers
Mais mon bras n’était pas assez long
Maman me dit « ce n’est rien monenfant »
Ce soir-là,elle m’offrit dans unecalebasse
Les plusbellesétoiles du Fouta
Si tu veux jouer avec les grains de pluie
Et que le tonnerre te bouscule sous le lit
Demande à ta maman de te chanter une berceuse
Les berceusesfont fuir le tonnerre
Une nuit je me promenais sur la crête d’une vague
En tenant par lamain moncopain le rêve
Uncoq trompé par les pleurs du néon
Fit un horrible cocorico pour séduire l’aube
Mon copain lerêve se volatilisadans la brume
Maman me dit «ce n’est rien mon enfant »
Elle fit un geste et rattrapal’aurore
Derrière l’ombre de lamontagne
Si tu veuxcrier très fort tajoie de vivre
Sur la branche d’un palétuvier
Et que l’harmattan te lézarde la voix
Demande à ta maman de te construire
Un hivernage avec un vol de tourterelles
Un matin j’accrochai un pan de mon affection
Pourl’éternité à l’aile de la libellule
Dansant sur le nénuphar du lac
Mais l’éternité n’a jamais lamême longueur pour tout le
monde
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