Ghérasim Luca, le poète de la voix : ontologie et érotisme
204 pages
Français

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Ghérasim Luca, le poète de la voix : ontologie et érotisme , livre ebook

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Description

Comment Ghérasim Luca ? Pourquoi Ghérasim Luca ? Dix-sept ans après la mort du poète, ses textes restent toujours aussi frappants, toujours aussi dérangeants. Ils semblent dire que le sujet, et ses relations à l'Autre, se réinventent perpétuellement grâce à la réinvention perpétuelle de la langue, dans un monde désormais instable. Nous nommerons "érotisme" cette instabilité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296478367
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ghérasim Luca, le poète de la voix :
ontologie et érotisme
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

Sandrine Leturcq, Jacques Sternberg, Une esthétique de la terreur, 2011.
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Bouali KOUADRI-MOSTEFAOUI, Lectures de Assia Djjebar. Analyse linéaire de trois romans : L’amour, la fantasia, Ombre sultane, La femme sans sépulture, 2011.
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B. CHAHINE, Le chercheur d’or de J. M. G. Le Clézio, problématique du héros , 2010.
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Angelica WERNECK, Mémoires et Désirs. Marguerite Duras/Gabrielle Roy, 2010.
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Élodie RAVIDAT, Jean Giraudoux : la crise du langage dans La guerre de Troie n’aura pas lieu et Electre, 2010.
A. CHRAÏBI, C. RAMIREZ, L’héritage des Mille et une nuits et du récit oriental en Espagne et en Occident, 2009.
Gloria SARAVAYA, Un dialogue interculturel, 2009.
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Christian PAVIOT, Césaire autrement. Le mysticisme du Cahier d’un retour au pays natal , 2009.
Liza STEINER, Sade-Houellebecq, du boudoir au sex-shop, 2009.
Jamal ZEMRANI, Sémiotique des textes d’Azouz Begag, 2009.
May FAROUK, Tahar Ben Jelloun. Etude des enjeux réflexifs dans l’œuvre , 2008.
Christian MBARGA, Emile Zola : les femmes de pouvoir dans Les Rougon-Macquart, 2008.
Yannick Torlini


Ghérasim Luca, le poète de la voix :
ontologie et érotisme


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56607-1
EAN : 9782296566071

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Serge Martin et Philippe Païni,
À mes parents À ma compagne Fanny Fixe, À Charles Pennequin, Pour leur aide, leur soutien, et leurs résonances.
Avant-propos
C’est après une longue réflexion que je me suis finalement décidé à rendre ce livre public, dans un geste qui se veut moins une prétention intellectuelle, qu’une volonté d’offrir une seconde vie à ce travail qui a pris une importance croissante, dans ma vie à la fois personnelle et universitaire, au cours de ces dernières années. Ghérasim Luca est également si peu étudié, que faire entendre une voix supplémentaire ne me semblait pas être de trop.
Ne serait-ce que pour mes proches (amis, famille), qui m’ont soutenu pendant deux ans dans cette entreprise, je ne pouvais pas laisser cette réflexion dans un tiroir, à l’abri des regards : je perçois aujourd’hui la publication de ce livre comme une forme de gratitude envers ces mêmes proches. Oui, m’aider matériellement et intellectuellement à construire une réflexion n’a pas été vain ! Tout ce que j’ai écrit vous est en partie dû, et je vous en remercie ici. Je pense à mes parents, Sergio et Patricia Torlini, à ma compagne Fanny Fixe, mais également à certains chercheurs et poètes (et amis !) comme Serge Martin/Serge Ritman, Philippe Païni, et aussi Charles Pennequin, pour m’avoir soutenu et aidé à construire cette recherche universitaire, mais également la recherche poétique que je mène parallèlement et depuis quelques temps déjà au sein de Tapages . Encore une fois, une réflexion ne se mène jamais dans un solipsisme, et je les remercie pour le précieux dialogue qu’ils m’ont offert à gorge dénouée.
Plus prosaïquement, cette présente étude – qui, bien que modeste pourra, je l’espère, trouver sa place dans le panorama actuel des recherches sur Ghérasim Luca – est issue d’un mémoire de Master rédigé à l’université de Nancy 2, qui a par la suite fait l’objet d’une soutenance devant un jury d’enseignants-chercheurs le 29 juin 2011. Ce projet a été reçu avec mention, et j’ose espérer que cela pourra offrir une garantie suffisante quant à la fiabilité de ce travail. Je le publie en l’état, avec simplement quelques corrections orthographiques ou syntaxiques.

Yannick Torlini
Introduction
On connaît le mot de Dylan Thomas, en réponse à Fitzgibbon : « la poésie, je m’en fous, seuls les poèmes m’intéressent ». La formule – reflet de la truculence de son auteur – ne sera pas oubliée, et semble d’ailleurs souligner le morcellement et la diversité du champ poétique qui s’installent progressivement à partir de Mallarmé, pour véritablement connaître un essor généralisé au vingtième siècle.
C’est pourquoi toute volonté de définir la poésie semble, encore aujourd’hui, relever d’un acte prétentieux et obtus, d’un acte réducteur : dans l’éclatement actuel des formes, des supports, des voix et des desseins, la poésie ne peut pas, ne peut plus exister (a-t-elle d’ailleurs jamais eu une existence propre et unifiée ?) : seuls comptent désormais les poèmes.
Luca, lui non plus, ne s’intéressera pas à la définition de la poésie. Non : seul le travail de la langue dans le poème – ses poèmes – sera essentiel pour offrir une nouvelle possibilité au genre. Une parmi tant d’autres. Peu importe le but général de cette forme littéraire (y en a-t-il seulement un ?), Luca, lui, s’attache à définir le but du poème-Luca uniquement.
Et la poésie, ce sera pour les théoriciens.
Mais lire les poèmes de Ghérasim Luca n’est pas une mince affaire – loin de là. Car l’éclatement du genre se retrouve reflété dans l’éclatement de la langue, des mots et des images Et c’est peut-être pour cela que ses écrits effraient tant, et encore aujourd’hui, malgré une floraison d’ouvrages critiques qui, plus de seize ans après la mort du poète, commencent à s’intéresser aux travaux linguistiques et sonores amorcés par « l’étranjuif ». Travaux qui, par ailleurs, s’avèrent relever d’une conception véritablement nouvelle du poème, héritée des avant-gardes.
On peut aisément comprendre les réticences de la critique française : plus qu’une invitation à « entrer » dans un style et un univers poétique, la poésie de Luca nous engage à nous laisser « tomber » dans un monde qui, bien que différent au premier abord, n’est qu’une vision kaléidoscopique du nôtre : changement, mouvement, éclatement, fragmentation en sont la donne. Au lecteur de suivre, et surtout, d’accepter ces visions apocalyptiques insaisissables.
Tant pis pour une définition de la poésie, tant mieux pour une approche du poème.
Cette invitation à perdre pied, Luca ne cesse de nous la lancer, et dans chacune de ses syllabes, chacun de ses mots : « glissez-glissez-à-votre-tour » {1} nous dit-il. Le lecteur doit accepter de faire le saut, et c’est peut-être cela qui fait la force de l’écriture de Luca : le poète crée la relation avec son lectorat, il l’oblige à s’investir réellement dans la démarche artistique, à l’accepter et à l’assimiler (ce qui, l’un comme l’autre, n’est pas de tout repos). Il faut se laisser glisser. Et le glissement doit être entier, absolu, sans concessions.
On comprend dès lors pour quelles raisons les mots de Luca perturbent au plus haut point : leur puissance, leur étrangeté (étrangeté qui n’est que le miroir de « l’étrangèreté » de leur auteur), leur nouveauté sont inadmissibles pour le lecteur. Car ce même lecteur est, par la lecture de l’Œuvre, et surtout l’écoute du poète, sommé d’accepter de faire ce saut phonétique par-delà les frontières communément admises et codifiées (figées ?), qu&#

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