La mille et unième nuit c'était hier

Xavier Laine

Description

La mille et unième nuit c'était hier...
"Il y eut une nuit de sommeil agité. C'était comme si le fracas des bombes franchissait l'espace et triomphait dans le scintillement des étoiles. D'un pas lourd et d'un doigt malhabile, il fallait ouvrir les écrans où rougeoyaient les flammes. L'horreur nous frappait de plein fouet comme elle frappait des innocents, là-bas, aux portes de ces déserts où toute une culture avait été portée sur les fonts baptismaux du temps."

Sujets

• Poésie
• Littérature
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2009
• Nombre de lectures: 265
• EAN13: 9782296686007
• Langue: Français

Extrait

La mille et unième nuit, c'était hier
 
Accent tonique Poésie
Collection dirigée par Nicole Barrière
 
 
Maquette de la couverture
Osama Khalil
 
 
Illustration de la couverture
Gravure de Christiane Lapeyre
Xavier Lainé
 
 
La mille et unième nuit,
c'était hier
 
 
Préface de Pierre Villard,
coprésident du Mouvement de la paix
 
 
L'HARMATTAN
 
 
 
© L'HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
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ISBN : 978-2-296-10214-9
EAN : 9782296102149
 
Préface   La paix colore le monde aux couleurs de l'Arc  en ciel
 
 
Injustifiée, injustifiable, illégale, tels étaient les qualificatifs de la guerre que les Etats-Unis s'apprêtaient à faire contre l'Irak cet hiver 2002-2003. Six ans après, ces qualificatifs gardent toute leur actualité.
 
Dès l'automne 2002, il était prévisible que si les Etats-Unis étaient en situation de gagner rapidement une guerre contre l'Irak de Saddam Hussein, il était aussi probable qu'ils y perdraient durablement la guerre contre le terrorisme. De ce point de vue, beaucoup de questionnements demeurent face à un conflit qui s'éternise au détriment de la population civile irakienne.
 
Ma rencontre avec Xavier Lainé date de ce printemps 2003. Mais si le printemps est propice aux poètes, ce printemps-là était un moment difficile pour les femmes et les hommes habités du désir de construire un monde solidaire avec leurs homologues de la petite planète Terre. Les Etats-Unis venaient d'intervenir militairement dans ce berceau de l'humanité qu'est l'Irak, malgré l'opposition majoritaire des Etats et des peuples. Ces derniers avaient organisé la première manifestation mondiale quelques semaines auparavant. Ce 15 février 2003, c'est une véritable Hola planétaire pacifiste que les télévisions donnaient à voir. Quel souffle ! Quel espoir que tous ces peuples debout pour la paix !
 
Nous pensions alors que la raison pourrait l'emporter. Sitôt ce15 février passé, nous avions programmé une nouvelle journée mondiale pour le 15 mars. Entre temps le Mouvement de la Paix décidait de dépêcher une délégation à l'ONU, rencontrer les membres du conseil de sécurité et les acteurs de paix aux USA. Nous sommes partis une quinzaine rencontrer les ambassadeurs auprès de l'ONU des pays membres du conseil de sécurité pour leur faire part de l'opposition du peuple français à une intervention militaire en Irak. A l'époque, le gouvernement français se faisait le porte-parole de cette opposition majoritaire à la guerre dans notre pays. Il faut dire que lorsque 80 % de l'opinion publique est unie, il est compliqué pour un gouvernement de s'opposer longtemps au peuple. Mais reconnaissons que l'attitude de Dominique de Villepin à l'ONU a été exemplaire. Elle est belle la France quand elle s'oppose à l'injustice et qu'elle porte une voix émancipatrice. Dommage que ce signal ne soit plus le même aujourd'hui. Citoyens Français, nous étions applaudis avec force et enthousiasme, accueillis par des « Merci la France ! » dans la manifestation du 15 mars devant la Maison Blanche à Washington. Ce sont des souvenirs qui marquent.
 
Quelques jours plus tard, dans la nuit du 19 au 20 mars 2003, les troupes de Bush ont finalement commis leur forfait au pays des Mille et une nuits. Dans toute la France, les comités du Mouvement de la Paix avaient prévu de manifester le soir du déclenchement de l'agression Etats-unienne, si celle-ci se concrétisait. Cette précision est importante car si depuis plusieurs semaines, des personnes poussaient à organiser la protestation le jour de l'invasion, l'objectif du Mouvement de la Paix restait d'abord celui d'empêcher la guerre. Beaucoup d'énergies ont été déployées par les pacifistes pour prévenir ce conflit avant qu'il ne se déclenche.
 
L'irréparable commis, nous étions bien entendu là pour condamner cet acte barbare, injustifié et injustifiable. Malgré tous leurs efforts les Etats-Unis ne sont pas parvenus à obtenir le soutien de l'ONU. Cette guerre était donc illégale. Bien sûr, la guerre a eu lieu, mais dans un contexte d'isolement de la première puissance politique et militaire du monde. Ce n'est pas une petite victoire pour les peuples que d'avoir permis que l'ONU ne légitime pas cette intervention. Des voix ont considéré alors que l'ONU n'avait servi à rien. C'est tout le contraire. L'ONU a été utile puisqu'elle a permis que ce conflit n'ait aucune légitimité politique. Cela ne rend la guerre ni moins dramatique, ni moins meurtrière pour la population irakienne, alors prise entre Saddam Hussein et Georges W. Bush.
 
Le soir de l'entrée des troupes d'invasion US en Irak, nous nous sommes donc retrouvés nombreux devant le monument aux morts de Manosque. Je revenais tout juste de l'ONU, et Xavier Lainé avait mal dormi. Il écrit aujourd'hui dans le prologue :
 
« Ce sont choses terribles que ces voix qui vocifèrent dans une nuit béante.
 
On les voudrait parties d'un cauchemar, elles enveloppent les rêves et troublent le sommeil.
 
Alors, on se lève, hagard... »
 
C'était exactement cela. On cherche. Que faire ? On se questionne. On s'interroge sur ce qu'on a fait et ce qu'on aurait du faire ou pu faire d'autre pour que le présent soit autrement.
 
Puis très vite, l'intelligence reprend le dessus car nous savons bien que la guerre ne peut être la fin de l'Histoire. L'Histoire, elle marche vers la Paix, même si parfois les chemins en sont douloureux et difficile. L'Histoire des femmes et des Hommes, c'est celle de l'émancipation humaine et du progrès. Et même si ce chemin prend de temps à autres des trajectoires surprenantes, avec des retours en arrière brutaux, l'espoir et la réalité de la construction d'un Monde pacifique et solidaire est une formidable boussole pour aller de l'avant.
 
Ce 20 mars 2003, Xavier Lainé arrive à ce rassemblement avec un poème « La Mille et unième nuit c'était hier ». Il nous propose de l'offrir aux personnes présentes. Un acte d'amour en quelque sorte. L'émotion est au rendez-vous. Pour ma part, je suis admiratif. Comment écrire quelque chose d'aussi beau, dans un moment aussi laid ? Très vite la raison prend le dessus et la conscience que chacun apporte un peu de soi dans la construction d'une société vient encore fois de se vérifier. Xavier a fait un magnifique cadeau à l'humanité. Il nous annonce alors qu'il va écrire chaque nuit, jusqu'à ce que cet odieux conflit s'arrête. Que faire pour l'aider à diffuser ses paroles ? Pour ma part, ce qui me vient à l'esprit c'est de faire connaître ce premier texte dans le réseau du Mouvement de la Paix et de le mettre à disposition sur le site national de l'association pacifiste {1} que je co-préside depuis peu avec Arielle Denis. L'auteur donne son accord sur le champ. Le soir même, dans toute la France et sur la planète entière, on peut lire la " Mille et unième nuit », puis la " Mille et deuxième nuit ", Trente deux soirs à écrire. Trente deux soirs à mettre sur le papier ce qui cogne dans la tête, ce refus de la barbarie et de la destruction de la beauté orientale. Trente deux soirs à mettre en ligne. Au total des milliers de rencontres dans le monde entier, grâce à cette rencontre imprévue mais ô combien symbolique de la culture et de la paix. Les poèmes sont toujours disponibles sur le site.
 
L'histoire aurait pu s'arrêter là, en même temps que l'arrêt officiel de la guerre. Mais la guerre ne s'est pas arrêtée. La poésie non plus.
 
Un an plus tard, à l'occasion du premier anniversaire de l'invasion de l'Irak, le comité du Mouvement de la Paix de Manosque et Xavier Lainé entreprennent le projet d'une mise en musique de ces poèmes. C'est au théâtre de la Fourmi qu'avec la complicité de professeurs du conservatoire une soirée pour la paix se