La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 septembre 2010 |
Nombre de lectures | 171 |
EAN13 | 9782296701557 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
La parole tendue
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12182-9
EAN : 9782296121829
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Jean-Claude A BADA M EDJO
La parole tendue
Poésie
L’H ARMATTAN
Littératures et Savoirs
Collection dirigée par Emmanuel Matateyou
Dans cette collection sont publiés des ouvrages de la littérature fiction mais également des essais produisant un discours sur des savoirs endogènes qui sont des interrogations sur les conditions permettant d’apporter aux sociétés du Sud et du Nord une amélioration significative dans leur mode de vie. Dans le domaine de la création des œuvres de l’esprit, les générations se bousculent et s’affrontent au Nord comme au Sud avec une violence telle que les ruptures s’accomplissent et se transposent dans les langages littéraires (aussi bien oral qu’écrit). Toute réflexion sur toutes ces ruptures, mais également sur les voies empruntées par les populations africaines et autres sera très éclairante des nouveaux défis à relever.
La collection Littératures et Savoirs est un espace de promotion des nouvelles écritures africaines qui ont une esthétique propre ; ce qui permet aux critiques de dire désormais que la littérature africaine est une science objective de la subjectivité. Romans, pièces de théâtre, poésie, monographies, récits autobiographiques, mémoires… sur l’Afrique sont prioritairement appréciés.
Déjà parus
Jean Aimé RIBAL, Chagrins de parents, 2010.
Marie Françoise Rosel NGO BANEG, Ning, nouvelles, 2009.
Edouard Elvis BVOUMA, L’épreuve par neuf, 2009.
Rodrigue NDZANA, /e t’aime en splash, 2009.
Patraud BILUNGA, L’Incestueuse, 2009.
Pierre Célestin MBOUA, Les Bâtards ou les damnés , Pièce en trois actes, 2009.
Pierre Célestin MBOUA, Les Cacophonies humaines , Poèmes, 2009.
PRÉFACE
Encore un « voleur de feu », qui invite l’Homme au voyage dans la révolte sourde du silence des mots (re) cueillis au hasard de ses errances. Encore un « Prométhée mal enchaîné », qui se déchaîne dans l’insondable vérité du mystère de la vie que révèle et cache en même temps le Verbe poétique, qui crie son horreur contre les guerres toujours meurtrières, qui dit son impossible être-au-monde autrement dans un univers encanaillé par des potentats à l’échelle planétaire, ces dieux improvisés, vendus aux enchères de la pollution, de la corruption, de la prostitution.
Ces mots sont aussi une invite à la randonnée dans le temps de la solitude au milieu de la foule, temps douloureux, où l’amour, la paix et la liberté que confia le Fils de l’Homme à l’Homme vacillent sur leurs bases, terrassés par l’inhumain qui envahit aujourd’hui l’Homme. Ils poétisent le fantastique du tragique amusant de notre temps, où chaque visage devient un présage, où chaque cri réveille un oubli, où chaque présence révèle une absence, où le réel dévoile sa part d’irréel, où le connu s’abîme dans l’inconnu. Pourtant, le chant – le cri ? – poétique, divers et multiple dans le temps et dans l’espace, assouplit la douleur du poète, berce ses rêves d’amour et de liberté, exorcise l’inconfort de l’instant présent dans le miroitement des lendemains meilleurs inscrits dans une tension irréversiblement vitale vers l’altérité.
Ces poèmes sont, en somme, un appel intérieur au sens de l’humain, au sens de l’Autre et de la vie. Ils sont peut-être un fulgurant rayon de lumière qui inhibe les ténèbres des temps présents, où la voix de ce jeune poète résonne comme celle d’un oiseau de bon aloi.
Dr Raymond MBASSI ATÉBA
À Ananda Devi,
cette parole criée sur les escarpements des chemins longs comme le désir.
Se mouvoir et écrire d’un même pas, tel est le chemin. C’est une question de vie ou de mort, simplement.
Abdourahman A. Waberi
L’INCONNUE OCÉANE
Mes yeux te disent que je t’aime. Regarde-moi donc dans les yeux, ça y est écrit, et toute fille sait lire dans cette écriture-là.
George Sand
Une île est un asile
un vase si fragile
il faut
franchir le miroir embué des évidences
briser le corselet des différences
marcher contre la glaciale cruauté de l’indifférence
apprendre à se faire peur pour rassurer l’Autre
regarder toujours plus loin toujours plus haut
et se convaincre qu’un pas en avant est plus
décisif que mille souvenirs
une île est un vase
un si fragile asile
île faut avancer vers le large
effacer les marges
pour que chaque rivage soit une plage
un embarquement en puissance
une île est un vase
un vase d’honneur
Du fond de mon sommeil
profond comme la forêt
je suis venu
ni vu ni connu
dans un pays perdu
un pays que je ne connaissais pas
mais au fond de mon cœur
je l’ai reconnue
sans l’avoir avant connue
j’ai été reconnu
pourtant je ne l’ai point cherchée
ni rêvée
ni imaginée
ni imagée
elle caressée
ballottée
torturée
et giflée de part en part
par un océan qu’on dit indien
je ne l’ai jamais enviée
ni conviée
ni convoitée
je ne l’ai jamais vue
aucune entrevue
ni aperçue
je ne l’ai jamais touchée
ni attouchée
ni effleurée
je ne l’ai jamais appelée
ni interpellée
ni épelée hélée
et quand mes yeux dans la demi nuit ont vu sa couleur et mon cœur entendu la musique immense de son nom de fragrances son nom ouvert comme l’océan son nom fier comme une île son nom de rose éclose son nom de reine belle comme l’aurore quand mon âme embrasée l’a embrassée avec des brassées d’un naufragé tout soudain s’éveilla comme d’un sommeil éternel aux fulgurances de cette lointaine intime inconnue aussitôt reconnaissante
Rose Belle
à la fenêtre entrouverte de mon oreille ensommeillée
toute la nuit le vent gloussait
ce chant d’amour long et profond
comme les vagues géantes de l’océan de mon lit
Rose Belle Rose Belle
nom syncopé créolisé Rozbel
et j’entends encore ce chant dans le seggae
dans le froufrou de la chevelure innombrable des