La pie à cloche-pied
110 pages
Français

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La pie à cloche-pied , livre ebook

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Description

« La pie à cloche-pied » est un recueil de poèmes où l’on voit surgir le quotidien de l’auteur, comme ses états d’âme. Le regard est souvent sombre, parfois cocasse, jamais désespéré. L’écriture va à l’essentiel et marque la cadence. Sa forme dépouillée permet d’imprimer aux textes un rythme ressemblant parfois à celui du slam ou à celui des poèmes courts japonais de type haïkus ou tankas.

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312047164
Langue Français

Extrait

La pie à cloche­pied
Jean Pierre Simonet
La pie à cloche-pied
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04716-4
L A TÉTÉE
Langé très serré
Dans mon berceau déglingué
J’attends la tétée
J’ai été sevré
Ma mère désappointée
Par son sein séché
Jour entrebâillé
Sur les toits de la cité
La pie à cloch’pied
N AISSANCE
Je suis venu au monde
Dans une maternité
Des houillères de Blanzy
À côté d’une cité
Où vivaient mes parents
Au milieu des polskis
Au milieu des ritals
Qui cassaient du charbon
À plus d’mille mètres sous terre
Des maisons ouvrières
Entourées de jardins
Une école une église
La maison de santé
La coop et l’boulanger
Un univers fermé
Mon père bossait au fond
Géomètre minier
Ma mère à la maison
Le maître dans l’école
Le curé dans l’église
L’hôpital des houillères
Et le joli cimetière
Où presque tous partaient
À peine retraités
À fond silicosés
Univers étouffant
Et fraternel pourtant
L A M INE
Au tout petit matin
J’ai poussé ma carcasse
Dans la salle des pendus
Dans la pâle lueur
Dans l’odeur de sueur
Aux relents de labeur
J’ai décroché mon casque
Et mon équipement
J’ai accroché mes hardes
Et tous mes vêtements
La poulie a grincé
À mon panier montant
Le pesant harnach’ment
M’a fait marcher de plomb
Mille-cinq-cents mètres au d’sus
De l’usine inhumée
De la fosse minière
Des entrailles de la terre
Dans la cage suspendue
La porte coulissante
Sur son rail a gémi
Le verrou a claqué
Avec mes camarades
Nous voilà prisonniers
Mille-cinq-cents mètres de chute
Et de câbles chuintant
Dans les gorges des poulies
Senteur de terre mouillée
Comme au jardin le soir
Après un arrosage
Les hublots lumineux
Placés tous les dix mètres
Défilent en cadence
Dans l’odeur de métal
Chauffé de frottements
Hurlant de crissements
Et puis nos pieds décollent
Du plateau ajouré
À quelques centimètres
Nous flottons de concert
Cosmonautes enterrés
Dans la dépesanteur
L’air en saturation
Gorgé de gouttes d’eau
Perle dessus nos fronts
Dans nos yeux embués
Sensation de fraîcheur
Douce condensation
Vient le freinage brutal
Puis l’arrêt abyssal
Lumière des projecteurs
Traces sur les parois
Ombres fantasmatiques
Des machines et des hommes
Avec mes camarades
Vers le front nous montons
Dans l’air qui vire au noir
Dans le scintill’ment sombre
Dans l’éblouissement
De la poussière nocturne
Hommes à demi-nus
Courbés au soutèn’ment
Luttent éperdument
Contre la pierre noire
Fracassent les rochers
Pour déliter la veine
Des corps qui noircissent
Sous la lumière de plomb
On ne voit que les yeux
On ne voit que les dents
Surgissant des ténèbres
En une mêlée douteuse
Clowns éreintés et tristes
Sous le carreau du puits
A BÉCÉDAIRE
Attachement
Brisé
Contrarié
Délivré des
Entrailles
Fécondées
Grâce au
Hasard
Insupportable
Jeunesse
Kamikaze
Largage
Maternel
Nécessaire
Obligation
Paternelle
Questionnement
Rentré
Silence
Terrifiant
Ukase de la
Volonté
Wagonnée
Xiphoïde
Ypéritée
Zigouillée
C HIENS
Chiens de mon enfance
La nuit vous faites une danse
Vieille gigue en transe
Comme le dîner dans ma panse
Gentils toutous de faïence
R ENAISSANCE
Écrire en atelier
Ma seconde naissance
J’ai enfilé mon bleu
J’ai vidé ma besace
J’ai sorti mon crayon
Devant la page blanche
La mine charbonnée
A noirci le papier
A tracé un chemin
Pour ma tête égarée
Du point A au point B
Vers une éternité
M ÉDITATION
Méditation
Yeux mi-clos
Fenêtre ouverte
Flot des pensées
Oiseau qui chante
Enfant qui crie
Chien qui aboie
Jeunes qui se hèlent
Frelon qui bourdonne
Moteur qui vrombit
Mouche qui voltige
Pensée qui va
Cahin-caha
Se jeter
Dans le lac du temps
Je tente d’être
Une moto qui démarre
Brise le gong
En silence
L A MORT DANS L ’ ÂME
La mort dans l’âme
Je me réveille
La mort dans l’âme
Je me nourris
La mort dans l’âme
Je me blanchis
Dans les transports
Je m’abrutis
La mort dans l’âme
Je lui souris
Dans mon bureau
Je dépéris
Dans ma maison
Je m’avachis
Au fond d’mon lit
Je m’assoupis
La mort dans l’âme
Je mords ma nuit
J E VOIS
Je vois
Le pays vert et noir
De mon enfance
Je vois
Ma mère
Si loin déjà
Je vois
Mon exil
Intérieur
Je vois
Mon enfant
Ma douleur
Je vois
Ma pesante blessure
J E NE VOIS PLUS
Je ne vois plus
Ce qu’est la vie
Je ne vois pas
Où va ma vie
Inconsistante
Un vent violent
Avant l’orage
Une clé pendue
Sur le mur blanc
Inconsistant
Des trombes d’eau
Sur le jardin
Coule la terre
Comme le temps
Inconsistant
L E TÉLÉPHONE PARLE
Une chambre
Une fenêtre entrouverte
Dans l’immeuble en face
Un chien hurle
À la mort
Le téléphone parle
Les paroles
Dans ma chair
Comme des clous
Enfoncés
Me détruisent
Peu à peu
Ma peau
Craque
Et s’effrite en lambeaux

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