Les limbes du cœur

Radwane Saheli

Description

Le beau peut-il s’exprimer dans la souffrance ? De mal-être en amours désabusés, l’auteur trouve le chemin de la normalité des choses et expose ses états d’âme dans une écriture poétique libératrice. La douleur se révèle alors comme une émotion propre à l’être.
Cette prise de conscience sera la première étape d’un retour à soi, qui lui permet de poser un regard nouveau sur sa vie. Elle lui permet également de fuir les faux-semblants et faire le deuil de ses illusions. Le cœur peut alors s’envoler vers ses limbes régénérateurs.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 17 octobre 2016
• Nombre de lectures: 10
• EAN13: 9782312048369
• Langue: Français

Extrait

Les limbes du cœur
Radwane Saheli
Les limbes du cœur
Poésie
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04836-9
À mon père
Avant - propos
Né et résidant au Sénégal, d’origine libanaise et naturalisé français, je suis riche. Riche de la culture de trois continents qui m’est aussi chère que mes trois enfants. L’écriture a toujours été en moi, comme en écho à ma sensibilité, sans que je ne le sache et ne le formalise. Mon parcours scientifique et ma profession d’ingénieur avaient en effet pris le dessus, momentanément. Il a fallu que ma vie tremble et vacille pour comprendre.
Tourner la page et prendre un nouveau départ ne se font pas sans douleur et colère indispensables au processus de deuil. Comprendre et laisser l’émotion s’échapper de toutes ces failles enfin ouvertes. L’écriture est venue alors comme une évidence, elle était là, attendant juste d’être enfin lâchée pour remonter le temps.
« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille » écrit Charles Baudelaire.
Accepter sa douleur, apprendre à vivre avec, en compagnon, voilà le chemin.
Loin d’un masochisme émotionnel ordinaire, cet ouvrage est celui de la normalisation de la souffrance comme étant une manifestation de la vie.
Cette souffrance devient alors une force, une libération. Et cette lucidité permet de l’utiliser pour faire vibrer encore plus les instants de bonheur et d’amour.
« Comme l’amour vous coiffe d’une couronne,
Il peut aussi vous clouer sur une croix ».

« Connaître la douleur d’un flot de tendresse,
Être blessé par votre propre perception de l’amour ;
Et laisser couler votre sang volontairement et joyeusement ».
Khalil Gibran – Le prophète – Sur l’Amour
L’ ÉCRITURE EN EXUTOIRE
Sortir les douleurs des grimoires
Exorciser les mots assommoirs
Ventiler les chapitres bizarres
Enterrer les coquilles barbares
Et gommer la mémoire.
P ARTIE I
Que reste -t- il de nos amours ?
L ES HISTOIRES D ’A
« Les histoires d’amour finissent mal en général »
Rita Mitsouko – Les histoires d’A . – Label Delabel
Les histoires d’amour finissent mal en général
Surtout lorsqu’elles n’ont jamais commencé
Tant de tranches de vies d’envies minérales
De miroir de rôles où l’on se glisse aveuglé.
Les histoires d’amour ne sont pas idéales
Quand elles s’éteignent sans être rallumées
Et de dépôt en repos en routines banales
Perdent les chemins des cœurs enflammés.
Les histoires d’amour sont commerciales
Prostituées en profits et gains maximisés
Les corps s’estiment à leur valeur vénale
Et les défauts de genre sont de suite soldés.
Les histoires d’amour sont souvent fatales
Quand en retour elles ne sont pas partagées
Elles tuent en douloureuses spirales
Laissant le vide de n’être jamais aimé.
Les histoires d’amour sont parfois royales
Quand au hasard le don percute la beauté
Elles transportent aux plus hautes étoiles
Les âmes élevées à jamais dans l’unité.
A LORS LAISSE - MOI
Si derrière la porte ton souffle ne résonne
Dans l’attente de mon retour qui sonne
Alors laisse-moi.
Si ta voix ne tremble pas au téléphone
Et que tu n’es plus là pour personne
Alors laisse-moi.
Si tes yeux de peine ne débordent
Lorsque que les chemins m’emportent
Alors laisse-moi.
Si tes lèvres d’ardeur ne s’empressent
De baiser tout ce que je caresse
Alors laisse-moi.
Si ta poitrine déchirée ne se rompt
Sous les coups de ton cœur de plomb
Alors laisse-moi.
Si mon amour ne dort plus
Chaque soir dans tes bras nus
Alors laisse-moi.
D ÉPOUILLEMENT
Pourtant j’avais relâché
Le perroquet de la cage d’osier
Brulé les photos surexposées
Vendu les meubles divorcés.
Pourtant j’avais vidé
Les certitudes effritées
Psychanalysé les amours ratés
Débagué les alliances intéressées.
Mais il me reste le regret
Tenace d’intensité
Du parfum d’éternité
De l’inconnue à aimer .
B OOMERANG DE L ’A MOUR
Ne me demandez plus de vous aimer
Alinéas de vulgaires contrats négociés
Ne me demandez plus de vous donner
Le restant du dernier de ce que j’ai été
Ne me demandez plus de prostituer
Les chimères des étreintes aliénées.
Laissez-moi bourlinguer mes élans
Aux insatiables appétits adolescents
Laissez-moi m’essouffler et revenant
Enivré aux tourbillons des vents
Laissez-moi vous goûter librement
Et de l’amour être votre boomerang.
I NSOMNIE
Cette nuit encore je ne dors pas
De tous ces mensonges qui aboient
Dans la pénombre et rage dehors
Il faut lutter pour que naisse l’aurore
La poitrine gonflée au deuil chaud
Barrage de feu contre flots de sanglots
Je suis au corps à cœur avec la haine
Pas la peine pour que je comprenne
Tu m’avais dit je t’offrirai l’éther
Mais derrière se cachaient les enfers
Pour toi j’avais labouré ma terre
Mais tu n’as semé que le désert
Malice et possession
Sont les deux faces de trahison
Cette nuit encore je ne dors pas
De tous ces chemins qui s’offrent à moi.
È VE
Je t’avais rêvé Antigone
Fier Hémon d’être ton homme
Et désiré Andromaque
À son enfant devenue insomniaque.
Je t’avais donné les clés de la cité
Du temple ferveur de fragilité
Et à ton histoire en sacrifices
Offert les noces rédemptrices.
Mais je t’ai dénudé Eve
Tes fourberies en glaive
Et de Dalila à Samson
Tu es sœur de trahison.