Lorand Gaspar, en question de l errance
197 pages
Français

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Lorand Gaspar, en question de l'errance , livre ebook

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Description

Lorand Gaspar est médecin, écrivain, photographe et traducteur francais d'origine hongroise né en 1925 en Transylvanie orientale (aujourd'hui en Roumanie). Son langage de poésie est porteur d'un paysage interne marqué par différents voyages et séjours, notamment en Palestine et en Grèce. Le passage, le mouvement gasparien, est celui d'une écriture où le protocole des ruptures n'entrave en rien le dessein d'une continuité entre mer et désert, mythe et réalité, identité et altérité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 178
EAN13 9782296704503
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lorand Gaspar,
en question de l’errance
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions


A. DELMOTTE-HALTER, Duras d’une écriture de la violence au travail de l’obscène , 2010.
M. EUZENOT-LEMOIGNE, Sony Labou Tansi. La subjectivation du lecteur dans l’œuvre romanesque , 2010.
B. CHAHINE, Le chercheur d’or de J. M. G. Le Clézio, problématique du héros , 2010.
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Angelica WERNECK, Mémoires et Désirs. Marguerite Duras/Gabrielle Roy , 2010.
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Gloria SARAVAYA, Un dialogue interculturel , 2009.
Nelly MAREINE, Henri Miller, Blaise Cendrars. Deux âmes sœurs , 2009.
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Liza STEINER, Sade-Houellebecq, du boudoir au sex-shop , 2009.
Jamal ZEMRANI, Sémiotique des textes d’Azouz Begag , 2009.
May FAROUK, Tahar Ben Jelloun. Etude des enjeux réflexifs dans l’œuvre , 2008.
Christian MBARGA, Emile Zola : les femmes de pouvoir dans Les Rougon-Macquart , 2008.
Jeanne FOUET-FAUVERNIER, La Mère du printemps, de Driss Chraïbi. Etude pédagogique , 2008.
Émeline PIERRE, Le caractère subversif de la femme antillaise dans un contexte (post)colonial , 2008.
Maha Ben Abdeladhim


Lorand Gaspar,
en question de l’errance
Du même auteur :


Vêtue de tes départs , Paris, L’Harmattan, « Poètes des cinq continents », 2004.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12531-5
EAN : 9782296125315

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À ma mère qui connut le médecin et me parla du poète…
INTRODUCTION
Errants de combien loin / et quelles distances parcourues sans jamais / jamais avoir quitté le centre serré du silence ?
Lorand Gaspar
Les premières approches de l’œuvre de Lorand Gaspar nous conduisent rapidement à une notion fluctuante : celle d’errance. De chacun de ses livres surgit ce vertige du lieu, de l’appartenance ; La Transylvanie, la Grèce, la Palestine, la Tunisie sont si présentes, elles prennent tout sur leur passage, mer et désert engloutissent les paysages dans une réflexion sur la destination et l’origine. La langue d’écriture est le français qui habille singulièrement d’autres langues, maternelles ou d’adoption, partout diffuses dans les textes.
Lorand Gaspar ne vient d’aucun des lieux auxquels il a voué une part non négligeable de sa vie et de ses écrits, il ne vient pas non plus du pays dans la langue duquel il écrit, il vient de la réunion de tous leurs imaginaires, de la tension des frontières vécue sur le mode de l’harmonie.
Il est né en 1925 en Transylvanie orientale. La région, alors hongroise, est annexée à la Roumanie en 1918. Pendant la deuxième guerre mondiale, les troupes allemandes déferlent sur la région qui tombe, en 1944, aux mains du parti nazi hongrois. Mobilisé puis fait prisonnier et déporté, Lorand Gaspar échappe aux camps de travail allemands et arrive en France en 1946, apatride.
Cet épisode de sa vie contient en lui-même et en programme, un itinéraire pour une errance conditionnée par la marche de l’Histoire et du hasard. Mais l’errance chez Lorand Gaspar a précédé le départ de la terre natale ; d’autres terres étaient déjà venues à lui à travers leurs langues, l’enfant en connaissait quatre : les trois parlées en Transylvanie (hongrois, roumain et allemand) auxquelles s’était très tôt ajouté le français.
L’errance devint alors plus tard un choix, une continuation de ce qui a été fondateur, un prolongement de « l’arrière-pays » (Yves Bonnefoy), et les traumatismes de l’enfance, désormais habitables. Après un long séjour au Proche-Orient traversé de voyages en Asie et en Grèce, il s’installe à partir de1970 dans un constant aller-retour entre Tunis et Paris.
Lorand Gaspar semble avoir convoqué dans son œuvre et dans sa vie divers aspects que peut prendre l’errance, des plus évidents (voyage, exil, traversée) aux plus complexes (errance mentale, interrogation de l’écriture comme lieu). La diversité des genres est symptomatique de ce concept : poésie, essais, carnets de voyages, traités d’histoire et photographies épousent tour à tour les détours qu’emprunte la pérégrination géographique, temporelle, scripturale, énonciative ou autre.
«Contrairement au nomadisme en flèche (découverte ou conquête), contrairement à la situation d’exil, l’errance donne avec la négation de tout pôle ou de toute métropole, qu’ils soient liés ou non à l’action conquérante d’un voyageur {1} » ; l’errance ne se situe pas dans une perspective d’exotisme stéréotypé, de vagabondage fortuit ou d’arrachement à une terre-origine, elle est la négation de tout cela mais elle est aussi, paradoxalement, l’aboutissement d’une exploration profonde de ces différentes acceptions.
Je rentrais chez moi et regardais la définition d’errer dans un dictionnaire :" aller de côté et d’autre en parlant des choses"," qui ne se fixe pas, qui s’égare". Par contre, pour la définition d’errements, cela devenait plus confus. Il y avait" s’égarer, faire fausse route, se tromper" et la racine du latin médiéval – iterar-" voyager, aller droit son chemin {2} ".
La question de l’errance est par définition insaisissable, elle est entourée d’une nébuleuse lexicographique qu’elle accentue, dramatise, exacerbe et exaspère, qu’elle déforme et déborde. Ce travail se présente comme une tentative de trouver dans l’œuvre de Lorand Gaspar un lieu acceptable pour l’errance, de cerner, d’approcher ce qui sans cesse fuit et se transforme, ce qui surtout se referme sur lui-même – en s’ouvrant – dans un mouvement identitaire métapoétique. On ne prétendra pas offrir des réponses, « le poème n’est pas une réponse à une interrogation de l’homme ou du monde. Il ne fait que creuser, aggraver le questionnement {3} » mais dégager des pistes, quelque route vers une probable lumière. Pour Lorand Gaspar, la parole incarne et mime, très souvent, la quête de la lumière. Laissant libre cours au déploiement des sens, c’est un sens qu’il recherche, un possible déchiffrement de la vie.
L’errance est un chemin vers l’écriture, lieu ultime, unique demeure pour le poète. En se perdant sur les routes du monde et de la connaissance, Lorand Gaspar va vers la création, approche la parole.
La géographie réelle, témoin de ses passages, est lourde d’Histoire ; Lorand Gaspar ne s’est pas rendu sur des lieux innocents : les déserts de la Judée où se croisent la perdition du peuple juif jadis, des Palestiniens aujourd’hui, est aussi lieu des révélations successives, territoire du Verbe. Déserts où circulent les créatures de la marge, les nomades, les caravaniers, les fous. Il y a ensuite la mer, Égée en particulier et ses îles, qui ne semble pas en rupture avec le désert ; elle est son symétrique, son envers, sa continuation. En Grèce, ce sont les pêcheurs qui furent les compagnons de route du poète, ces hommes sans cesse en quête de rives. Puis la Tunisie, dans un petit village habité, Sidi-Bou-Saïd, lieu de passage pour les peintres, les conteurs, les écrivains.
Partout où il est allé, Lorand Gaspar a regardé le monde comme un lieu de marche continue, empruntant la voie des grands voyageurs, des moines, des marins, revisitant les mythes et les récits au sillage des poètes de l’exil qui, ayant perdu une terre, la recherchent inlassablement dans toutes les terres jusqu’à l’effacement de la terre, jusqu’à ce qu’elle se confonde avec le texte qui devient ainsi Sol absolu .
Entre ampleur et dépouillement, les textes de Lorand Gaspar accueillent d’autres textes, dans une hospitalité de déshérités, créant un lieu où se côtoient plusieurs voix, plusieurs langues, depuis les présocratiques jusqu’aux néo-helléniques en passant par les poètes arabes antéislamiques, réceptacle des paroles égarées dans les déserts, errantes depuis des millénaires, déplacées par les hasards et les délires de l’Histoire et des histoires, menacées d’oubli, proli

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