Misères publiques
85 pages
Français

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Misères publiques , livre ebook

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Description

Au cœur de la misère / Une race jadis noble vit et demeure
Elle a perdu son chant de guerre / Elle a perdu son chant d'amour
Elle a perdu sa force et sa culture / Elle a perdu sa lance et son armure
Elle a perdu son grain et son art / Elle a perdu son coeur et sa sagesse
Elle a perdu ses chefs forts et incorruptibles / Elle a reçu des fils faibles et corruptibles…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 137
EAN13 9782296713710
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Misères publiques
Jean-Paul Ada Bekoa


Misères publiques

Poésie


Préface de Alain Roger Biloa
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13570-3
EAN : 9782296135703

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Préface
En écrivant cette préface, j’ai trouvé utile de commencer où je pouvais finir, à savoir le dévoilement de l’intimité qui existe entre l’auteur et la poésie. On dirait une histoire d’amour qui naît de la rencontre de l’auteur avec son art. Passionné, l’auteur est un homme d’action qui s’active dans une dynamique cathartique. Il passe au peigne fin chaque mine de l’être humain, de la faune, de la flore et même du paysage urbain avec une attention acquise dans un milieu professionnel surmonté d’énormes tours métalliques regorgées de liquides hautement inflammables. C’est donc avec une vaste notion de la sécurité et de la permissivité pratique qu’il traite chaque aspect de son action. Il s’attaque directement aux êtres nuls qui ne peuvent distinguer ce qui est utile à l’épanouissement collectif, ce qui concourt à leur gaieté, de ce qui les détruirait. Il n’y a plus ni mœurs, ni respect de la morale. Les individus courent sans jamais s’arrêter pour voir ce qui est enjeu. L’individu s’active davantage à développer qu’à se développer et se plonge dans un tourbillon illusoire de fantasmes et de joies, d’amours et de bonheurs. Il rentre par cette voie dans la souffrance à cause de l’appétit d’un bonheur exclusif, mis en lumière ici, par des comportements dangereux qui peignent la jungle de l’Occident dont l’objectif est d’étendre sa suprématie en Afrique, en l’assujettissant, en y développant des rapports sur un calcul d’avantages. Sur la terre Africaine, c’est le mépris de la souffrance qu’ils imposent au milliard d’habitants.
Cet attardement de la plume sur la conduite de l’homme révèle l’acharnement qui nourrit l’auteur dans son combat. Que les hommes agissent consciemment en tenant compte de toute l’humanité, en se libérant de la dépendance de la concupiscence. C’est un appel à une conduite consciente, à l’observation des valeurs humaines qui font partie de l’identité culturelle de l’humanité.
Aussi, il est nécessaire pour l’homme de secouer cette poussière qui encombre le mental et empêche de distinguer le vrai du faux, la misère de la richesse, et qui le plonge dans le burlesque. L’homme a peur de ce qui est propre, on dirait que cela menace la liberté et la mode moderne, c’est être à peu près nu au soleil. C’est caresser le nudisme. Si on demande aux hommes du XXI ème siècle de se regarder vivre, ils auront certainement honte de leur vie. Ils se tournent vers les fausses joies, ils se détournent du silence car ils bavardent trop, ils préfèrent la guerre parce qu’ils ont peur d’aimer car l’amour est propre, sain et porte à la dignité spirituelle. Ils ont inventé le préservatif parce qu’ils sont incapables de se contenir. Avec le plaisir, on en finit jamais, quand je dis plaisir, j’entends par là le plaisir dans sa totalité. Celui qu’on prend au bon endroit lorsqu’on empreinte la bonne voie. C’est ce qui guérit les inguérissables maladies. La loi de l’amour n’a pas un seul visage, toutes les religions condamnent l’adultère, on se demande s’il y a du plaisir à se trouver coupable, à vider son cœur de l’amour, à lécher du miel sur la lame de rasoir, à faire des avortements pourtant la vie est noble et si chère que personne n’oserait pardonner le médecin qui aurait fait avorter sa mère. Les uns empêchent les autres de conquérir leur libération. Les dirigeants laissent la jeunesse à la misère, au chômage pourtant ils ont tout reçu gratuitement.

Alain Roger Biloa
Hier encore, le pape a fait le tour du continent
Sous l’écho colonial
L’Afrique s’est ouverte aux Catholiques
Avec les chaînes impériales
L’Afrique s’est faite Catholique

Hier encore le pape a fait le tour du continent
Pour bénir ce chantier plus potentiel que le Vatican
C’est une énième descente
Qui rappelle mil neuf cent soixante
Lorsque l’Africain priait pour l’indépendance

Hier encore le pape a fait le tour du continent
Pour s’assurer qu’il y a plus de fidèles
Et moins de protestants
Que la Bible que nous tenons
Est celle que nous devons vraiment tenir
Que les rapports odieux sur l’Afrique
Lui sont rapportés fidèlement

Et sur ce passage phénoménal
On a vu les Occidentaux en faire un scandale
Lorsque sa foi a osé proscrire l’usage du préservatif
Pour faire de l’abstinence, le véritable préservatif

On a vu des frères
Hisser le pape au rang de Dieu
On a vu les magasins fermer
L’informel faire bon marché
Et sur le trottoir ménager
Des vêtements Benoît Seize
Et le président comme Louis Seize
Aux flancs du pape

Embarquer le peuple sur son cap
On a vu et on a vécu
Le bonheur et le malheur
Des gourmands autour du festin
Se mesurer sous un regard de dédain

On a vu la foule sur le trottoir et sur la chaussée
Comme des fourmis se faire écraser
Se faire mordre par les forces de l’ordre
On a vu tous les âges courir
Après la voiture papale pour la tenir
Hommage à Césaire
Tu as pris congé
Césaire
De ta plume
Des combats de la terre

Que ton séjour dans l’au-delà
Eternel
Te préserve du jugement du péché originel
Car ta vie durant
Tu as sué ici même
Pour sauver nos cœurs et nos gènes

Contre ceux qui ont tout inventé
Tu as longtemps combattu
Pour sauver
Les domestiqués
Les christianisés

Le plomb destiné à tes fils
Tu en as pris dans l’âme
Et les paroles travesties
De ceux qui ont tout inventé
Et les larmes de sang de nos mères
Violées dans les cuisines

Et les cris poussés par nos pères
Sous la brulure des fouets
Et nos frères inhumés
Sur la voie ferrée
Et nos sœurs à leurs époux
Arrachées

Tu as décrié ta vie durant
La peine des cœurs mourants
Tu as dénoncé les fauves
Qui firent de nous des proies

Vers les points cardinaux
Sont allés
Et ta voix
Et son écho
Dire à tous les dieux
Qu’il y a sur terre une race
Une race Noire opprimée.
Rue cruelle
Je suis au bord de la rue
Où il n’y a de place que pour l’infamie
Jeunes et vieux débraillés
On croirait une mode
Qui rythme l’année et le siècle

Je suis au bord de la rue
Où je vois les gosses défiler
Avec sur leurs têtes
Des plateaux de fruits
Les filles, couvertes de morceaux de robes,
Elles se pavanent et perdent leur pudeur
Au prix du Franc
De l’Euro
Et du Dollar

Je suis au bord de la rue
Où je vois des bérets rouges et noirs
Rallonger leurs salaires
Avec des billets que glissent les chauffards
Entre les dossiers de l’auto

Je suis au bord de la rue
Où, pour atteindre son quotidien
Il faut être mesquin
Pères et mères de familles
Se baignent dans l’adultère
Frères et sœurs
Dans l’inceste et la fornication

C’est la jungle citadine
Où l’homme est le prédateur

On y tranche avec des canifs
La gorge des novices
D’aucuns osent parler
Sexe
Argent
Portable
Si ce n’est un coup de vol
Ce serait un viol

Et la police demeure muette
Devant ces sacrifices
Car complice,
Ne veut s’exposer à la justice
La voie des ordres
Sur les pas de la misère
Le sang vif et naïf
Coule dans les couloirs de la ville

Il rosit sous les doctrines infernales
Au pas de l’interdit
C’est l’offre de l’être au prix de l’avoir
C’est la quête des apparences
Au prix d’une croix pesante et pressante

Elles virent du rose au noir
Voilent les cœurs précoces
Imposent des normes atroces
Elles séduisent et détruisent
Les âmes innocentes

Sur les pas de la misère
Le sang vif et naïf
Coule dans les allées des banlieues
A cause des tares du nord
Déportées ici et là
Par la main blanche qui,
Sous le manteau de bienfaiteur
Et par la porte du tourisme
Dégrade sans retenue

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