La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juillet 2010 |
Nombre de lectures | 268 |
EAN13 | 9782296700895 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
NIVÔSE BLUES
Poètes des Cinq Continents
En hommage à Geneviève Clancy qui l'a dirigée de 1995
à 2005. La collection est actuellement dirigée
par
Philippe Tancelin et Emmanuelle Moysan
La collection Poètes des Cinq Continents non seulement révèle les voix prometteuses de jeunes poètes mais atteste de la présence de poètes qui feront sans doute date dans la poésie francophone. Cette collection dévoile un espace d'ouverture où tant la pluralité que la qualité du traitement de la langue prennent place. Elle publie une quarantaine de titres par an.
Déjà parus
516 Walid AMRI, Sols, 2010.
515 Eric SHIMA, La voix des grands lacs, 2010.
514 Gabriele NERIMEN, L'Orient Breton. Les contes d'une péninsule de l'Ouest vers l'Orient, 2010.
513 Tristan CABRAL, Le cimetière de Sion, 2010,
512 Marc BARON, Poèmes sous la lampe, 2010.
511 Jacques GUIGOU, Par les fonds soulevés, 2010.
510 Serge VENTURINI, Eclats d'une poétique du devenir.
Journal du transvisible. Livre IV (2007-2009), 2010.
509 MALIBERT, Triptyque pour un visage, 2010.
508 Lek PERVIZI, Pétale de rose, 2010.
507 Rainer Maria RILKE, Élégies de Duino. Les Sonnets à Orphée (bilingue allemand-français), 2010.
506 Bâbâ TÂHER Oryân, « Le génie du millénaire », Cent quatrains lyriques traduits par Mahshid Moshiri, 2010.
505 Djamal BENMERAD, Chants d'amour et de combat, 2010.
504 Paul Henri LERSEN, Axis, 2010.
503 Jean Herold PAUL, Je tresse mes mots, 2010.
502 Béatrice GOLKAR, Le point trigonométrique des mouvances, 2009.
501 Noël KODIA-RAMATA, Fragment d'une douleur au Cœur de Brazzaville, 2009.
500 William SOUNY, Comores enflammes, 2009.
Soisik LIBERT
NIVÔSE BLUES
Poésie
Du même auteur
États de poésie, préface de Laurent Terzieff, An Amzer, 1999
De fer et de sable suivi de L’Étouffoir, préface de Hugo Marsan, L’Harmattan, 2003
Bal en face, poèmes de résistances , L’Harmattan, 2006
Nordista, d’abyme en lumières, L’Harmattan, 2008
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
ISBN : 978-2-296-12057-0
EAN : 9782296120570
A Jean-Noël Cordier,
avec mon amitié
Avant-dire
Il y a des univers qui ne négocient
aucune issue à leur effondrement
d’où montent d’anciens soleils déchiquetés
qui n’entendent pas même les blessures de l’obscure
Il y a parmi les êtres asservis une étendue d’histoire
où se tissent les fils de défunts hasards
pour pérenne mémoire
Il y a la mer assiégée de faux départs
qui défont l’horizon à tous ceux qui le guettent
au creux de leurs pas nus
Il y a un silence messager de chair
exilé
qui hante le verbe
au retour d’histoires d’infamies
Il y a des arbres noués par leur cime
aux ténèbres du ressentiment
et une antique femme
transfiguratrice de beauté
qui enivre la ville de brouillards sommeillant
Nous sommes à « Nivôse blues », parole sans compromis du poète sur la grande allée du siècle, où verse le sablier sur le temps en déroute.
Nous sommes testamentaires
de la nudité des larmes
prise au deuil
des ruines d’un bord de mer
Du mur de l’improbable écoute
une pierre est lancée
rapporte le poème à sa vision
d’outre époque
Le poète des lustres passés
écartèle le mensonge
ce jour
il prend à l’envi
les mots imprégnés de la chute du sens
la partition de leur in-dit
Chaque poème est une arène
de braises
dans la parole-violence du juste contre l’iniquité
Hymne aux paumés du soit
pris dans la liesse des tsiganes
leurs rites éclaireurs d’étoiles
Chaque vérité brûle d’énigmes qui vont et viennent
errantes
sur la contre-allée des pouvoirs
dans l’ébriété des certitudes possédantes
tout est moyen de l’ordre
en sa médiocrité
jusqu’à sa marge même
Une mosaïque d’échoués
infinit le signe d’ironie en ce monde
Hommes
Femmes
aux silhouettes se délectant des miasmes de l’époque
pressent le retour de l’infamie
La mer est une « trappe au-dessous des rêves »
Soisik Libert, depuis les fonds amers, lève « aux plis de la marée » la fresque des possibles assoiffés de lumière. Elle appelle l’homme et la femme réconciliés en l’écriture, dans les cartes battues de l’amour. Elle croise en la paix de l’arbre, la montée des amants sur l’ombre. Elle retrouve en la mémoire abreuvée du futur, au chapitre des longues migrations sauvages, les mots des silences énamourés, « l’origine pulsionnelle », le cri d’or.
Le poème mord à la nuit qui meurt en lui quand tout s’est replié des abîmes sur leurs épaves.
Qui ne lira en ce dernier recueil de Soisik Libert la lie d’épreuve qui le révèle jusqu’en terre d’élégie !
Philippe Tancelin
Septembre 2009
I
Tu portes
La boucle blanche du paradis
Dans tes rêves de femme
Dans tes délires permis
Tu passes
- à travers les rames –
avec ton passeport
le rire contenu de ta mère
pour cet effort
cette rage absolue
d'être à toi-même
au plus près de tes exigences
Exil disent-ils
Les innocents
Ils ne savent pas la mort de ton ventre
La délation des tiens
Le rire ingrat, assassin,
De tous ceux
Qui ont voulu jadis te mettre en cage
Absolu présage pour toi
Beauté absolue
Tu portes
Sur ta peau
La boucle blanche du paradis
Mais aussi
L'obscure scarification
Du siècle dernier des souffrances
- le vingtième –
achevé
dans ton œil
qui voit le désordre
d'un chiffre non avenu
beauté résolue
dans la géométrie d'une ville
érigeant ses icônes, ses statues
Tu passes
- à travers les rames
à travers les ports -
au crépuscule de tes plaisirs
dans tes délires permis de femme
pour t'affranchir ailleurs
mais où est cet ailleurs ?
où se trouvent les portes ?
Ton regard soucieux
Porté par tes aïeux
Ne recueille
Dans son cercueil de cuivre
Que le visage de leur défaite
Que faudrait-il pour qu'enfin tu sois
Quel miracle
Ou réel descendu
Dans ta vision céleste
Ton port de souveraine
Ton émoi délicat ?
Que faudrait-il
Pour qu'enfin
Tu renaisses à toi-même ?
Tu marches
Dans le siècle vingt-et-unième
Transparente et visible à la fois.
II
Tant d'intelligence effondrée
Dans le tremblement de nuit
A la paille
D'un désir flou
Qui fuit le sens de l'œil
Et la gravité des Joconde célestes
Matite du ciment qui retombe
Sur un portail lapis-lazuli
Pluie d'été
Moulinant son enfer