Sur les dunes de l aimance
124 pages
Français

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Sur les dunes de l'aimance , livre ebook

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Description

Maria Zaki reprend ici le dialogue avec Abdelkébir Khatibi à propos de l'aimance, cette notion qui couvre à la fois la relation amoureuse et la relation culturelle, dans les variations complexes autour de la liberté humaine, et ici tout particulièrement de la femme. Elle fait évoluer et évolue le creusement de l'aimance selon trois cercles de danse : La danse de la Fête, la danse du voyage, la danse bleue du déclin. Nicole Barrière

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296805422
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maria Zaki
Sur les dunes de l’aimance
L’Harmattan
Accent tonique – Poésie
Collection dirigée par Nicole Barrière
Maquette de la couverture : Nicole Barrière
Illustration de la couverture : Peinture acrylique de Maria Zaki
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54581-6 EAN : 978229654581-6
Sommaire
 Préface de Nicole Barrière
(I) Traces intimes
(II)Vents de sable
(III) De passage
 5
15
53
87
Préface de Nicole Barrière
Maria Zaki reprend ici le dialogue avec Abdelkébir Khatibi à propos de l’aimance, cette notion qui couvre à la fois la relation amoureuse et la relation culturelle, dans les variations complexes autour de la liberté humaine et ici tout particulièrement de la femme.
Ce creusement du concept s’ouvre ainsi « Ce soir Une danse inaugurale Commence Sur les dunes orientales De l’aimance Chaque pas drape l’autre »
Maria Zaki va ainsi faire évoluer et évoluer avec ce creusement selon trois cercles de danse :
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La danse de la Fête,
La danse du voyage,
La danse bleue du déclin !
La danse de la fête est promesse des amants depuis le premier lieu de la rencontre, des variations qui l’accompagnent, depuis l’apparition, le bouleversement qui suit, et le changement qui s’opère, depuis le pacte qui lie les amants dans l’appel. Ce premier cercle de la danse est l’étourdissement de deux inconnus qui se reconnaissent, se rapprochent et fondent le récit.
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C’est là que Maria Zaki commence l’interrogation de la langue, dans cet entre-deux, entre l’évènement et le poème, de quoi la langue est-elle trahison ?
Je te nomme Aimance La question est : Quel sens aurais-tu Si tu ignorais ton nom ?
Elle répond avec le doute qui envahit les amoureuses :
La lumière de l’aimance Apparaît de mes manques Et de sa désinence Surgit ma naissance ! Je disperse mes mots De-ci, de-là
Il existe un être à naître de cette rencontre, la langue initiale dans laquelle il s’écrit, se brise. Il y a la « tyrannie du moi-poète » qui heurte la force du désir, le contient, et la volonté d’acquiescer à ce bouleversement total :
« Pour traverser le désert Jusqu’au dépaysement » Et ce dépaysement c’est la femme qui le propose, dans une affirmation de liberté totale, où elle va jusqu’à défier les envoyés de la volonté divine pour faire place à son humaine présence, capable de la plus haute spiritualité :
J’aimerais te montrer Mes étoiles de sable Mille fois plus belles Que celles du ciel
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Ce défi est extrême, il s’étend jusque dans la langue de la poésie, il permet l’invention d’une langue nouvelle qui révolutionne celle qui la crée
Sur mes lèvres indomptables Comme pour les dépulper De tout autre vocable !
Alors seulement le pacte entre les amants peut se faire, lorsque « Pieds nus Nous marchons Dans l’ocre et le rose D’une nouvelle saison A l’intérieur de nous Nous sentons une voix Qui ne parle pas La même langue Que les hommes Cette adresse n’est pas seulement à l’amant, mais à la femme elle-même, avec tout le risque de mise au silence qui l’accompagne.
Tu mérites de vivre En toute inventivité Sans refoulement Ta sensibilité ! La danse du voyage met en tension l’être en révolution avec les règles de la société ou des codes traditionnels amoureux
Le vent jaloux me lance Une poignée de sable Au visage
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Je ne vois plus Mes propres traces
Et cette question est rapportée à la dimension culturelle de l’aimance et de la place et des droits de la femme, y compris ce qu’elle s’autorise :
Le jeu n’est pas égal Sur les dunes orientales On s’interdit les désirs Lorsqu’on est femme
Et Maria Zaki reprend la question prégnante pour la femme elle-même
Quel est donc cet excès Qui voudrait faire passer Celui que tu aimes Par la bouche du ciel ?
La danse du voyage est donc ce questionnement entre les mots de ce que peut dessiner le vent sur la dune et la résistance que celle-ci lui oppose, mais aussi les effondrements propres du sable dans la gravité qui façonne la dune.
Au milieu de la page Je suis lasse de mes chaînes De mes voiles De mes ellipses Et de mes raccourcis Mon verbe me trahit
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Cette question poignante occupe le voyage : voyage profane, voyage sacré, entre les deux Maria Zaki creuse l’écart pour proposer sa langue poétique et inscrire sa liberté de poète et de femme :
Prise en tenaille Entre le sacré Et le profane J’interroge mes origines Moi qui ai hérité D’une eau si rare Celle de leur aimance
Il y a risque de disparition lors de ce voyage, et la marche balance, ivre, entre incertitudes, jusqu’à ce que
L’œil brillant De fièvre et de détermination Malgré l’horizon qui recule Les mirages qui dansent
Est-ce à la rédemption que nous ouvre ce voyage poétique et initiatique? Cette traversée de soif et de fatigue est voyante :
Dans les dunes Il est des choses Que l’œil du poète Fixe au loin Très loin Formes indéfinies S’ouvrant à son étonnement
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Cet étonnement a pour nom la jouissance, jouissance libre, délivrée par elle-même de tous les codes, mais en même temps est le don total d’invention et de réinvention du désir, jusqu'au point ultime de fusion
Graver le nom de l’Autre Sur le tronc le plus intime De sa forêt intérieure Il s’agit là de questionner cette passion, « passion froide » que déjà livrait Abdelkébir Khatibi avec toutes les variations qui lient et délient, attachent et détachent, dans ce rapprochement des contraires, là où la dissemblance et la différence des êtres, où la perte de l’autre stimule et révèle. Cette différence, Maria Zaki la traite en femme, elle n’oppose pas un langage libertin à celui de l’homme, elle le transcende par le don :
Est-ce ma faute Si parfois Le chemin marche Plus vite que mes pieds Par excès de course Vers le ciel Ou vers la terre Rythmé par le souci D’être en retard Dans le don de soi ?
Cette éthique est particulièrement sensible, elle est aussi une affirmation de durée quand les hommes sont en conquête de territoire.
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