Pour faire le portrait d un poète : Hommage du Québec à Prévert
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Description

C’est pas seulement ma voix qui chante, c’est d’autres voix, une foule de voix 
Jacques Prévert, Cri du cœur
« Prévert, depuis le jour où je l’ai rencontré, reste mon écrivain préféré, et son cœur n’a dès lors cessé de battre, très fort, en moi… L’aventure de la préparation de ce livre m’a montré – mais je n’en ai à vrai dire jamais douté – que l’œuvre de Jacques Prévert bat en de très nombreuses poitrines, partout dans le monde et jusqu’ici-même au Québec. Les textes ici réunis racontent la rencontre de leurs signataires avec Prévert et sont en quelque sorte des électrocardiogrammes. » Normand Baillargeon

Avec ce collectif, Normand Baillargeon donne la parole à des passionnés qui se sont reconnus dans ce poète éloquent, ce dramaturge engagé, ce scénariste nuancé, ce collagiste éclaté, bref en cet artiste multidisciplinaire qui ne s’est laissé arrêter par aucune barrière ni aucune norme. Les créations de Prévert, l’homme derrière Pour faire le portrait d’un oiseau, ont de quoi inspirer bien des générations encore.
Le tendre et doux Prévert, l’amoureux des oiseaux, de la nature, celui qui porte ce regard attendri sur les femmes et sur les enfants, sur les exclus, les obscurs, les démunis, cet homme-là sait parfaitement bien ce qui menace tout ce qu’il aime, et il le dit, haut et fort. Il défend des valeurs et s’indigne parce qu’elles sont mises à mal.
[...]
Des oiseaux chantent dans ses poèmes, mais ils chantent aussi dans tous ces autres domaines dans lesquels il aura oeuvré.
Car Prévert, et cela n’est pas assez connu, aura été un artiste multidisciplinaire avant que le mot n’existe, comme il disait avoir été un délinquant avant que le mot ne fasse son apparition. À ce propos, j’ai toujours trouvé savoureux les mots sur lesquels se referme la belle et très fouillée biographie que lui a consacrée Yves Courrière. Quand il meurt, dit-il, il a 77 ans, « cinquante-cinq films, trente livres dont six recueils de poèmes qui, de Paroles à Choses et autres, l’avaient fait connaître du monde entier, une foule de plaquettes, des centaines de collages et cinq cent quarante-trois chansons éditées. On le disait paresseux ».
On le disait paresseux, c’est vrai, et lui-même le disait aussi, entretenant cette image de dilettante, de celui à qui les choses viennent sans effort et qui de toute façon n’aime guère le travail. Tout petit, déjà, à l’en croire, il avait des dispositions pour ne rien faire ! Et lors de son passage parmi les surréalistes – il est alors au milieu de la vingtaine –, il se vantera de ne rien faire puis d’avoir été, parmi ces écrivains dont plusieurs deviendront des géants de la littérature française du xxe siècle (Éluard, Breton, Aragon, Péret et bien d’autres…), homme de main plutôt qu’homme de plume.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764433683
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Projet dirigé par Normand Baillargeon

Coordination éditoriale : Myriam Caron Belzile
Conception graphique : Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Martin Duclos
En couverture et en intérieur de couverture arrière : oeuvre deStéphane Delaprée
Intérieur de couverture avant : L’Oiseau Prévert , oeuvre deJohanne Picard
Fleur d’éphéméride et astérisque « petit chat » : Jacques Prévert,original de la collection privée de Normand Baillargeon
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :
Pour faire le portrait d’un poète :
hommage du Québec à Prévert
ISBN 978-2-7644-3366-9 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3367-6 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3368-3 (ePub)
1. Prévert, Jacques, 1900-1977 - Critique et interprétation. I. Baillargeon, Normand.
PQ2631.R387Z7 2017 841’.914 C2016-942555-X

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com





Aux enfants qui s’aiment, quel que soit leur âge.



Quand je ne serai plus, ils n’ont pas fini de déconner. Ils me connaîtront mieux que moi-même.
Jacques Prévert


Introduction
Mon frère Jacques
NORMAND BAILLARGEON
Il y a bien des manières, certaines fort justes et très éclairantes, de définir les œuvres littéraires, visuelles, musicales, cinématographiques et autres en décrivant l’effet qu’elles ont sur nous. Ce n’est pas une mince tâche : il y a en effet quelque chose non seulement d’une grande force mais aussi d’un profond mystère dans la place que prennent dans nos vies certaines œuvres majeures. Mais le fait est qu’une telle expérience se produit bel et bien, et elle est marquante et inoubliable pour ceux et celles qui ont la chance de la vivre.
Parmi toutes ces tentatives de définition, il en est une, de Rebecca Solnit, qui me semble mémorable à tous points de vue, notamment par sa remarquable brièveté : une grande œuvre, dit-elle, c’est un cœur qui bat dans la poitrine d’autrui.
L’aventure de la préparation de ce livre, dont je rêvais depuis longtemps, m’a montré – mais je n’en ai à vrai dire jamais douté – que l’œuvre de Jacques Prévert bat en de très nombreuses poitrines, partout dans le monde et jusqu’ici même au Québec.
Si tout le monde n’a pas cette relation intime avec lui, bien des gens le connaissent au moins un peu, ce Prévert, poète français né à Neuilly-sur-Seine le 4 février 1900 et mort à Omonville-la-Petite le 11 avril 1977.
Après tout, on n’est pas le plus lu des poètes francophones de son siècle, on n’a pas vendu quelque deux millions et demi d’exemplaires de Paroles (depuis 1945) sans avoir laissé des traces dans la tête des gens – quelques vers, quelques lignes, quelques poèmes –, sans avoir exercé une certaine influence sur la culture, sur les créateurs et les créatrices et sans avoir, en certains cas au moins, on l’a vu, mis quelque chose de soi dans des poitrines – comme la mienne. Car Prévert, depuis le jour déjà lointain où je l’ai rencontré, reste mon écrivain préféré, et son cœur n’a dès lors cessé de battre, très fort, dans ma poitrine…
Mais, paradoxe à part, il faut aussitôt dire que Jacques Prévert fait partie de ces gens qui sont si célèbres qu’ils sont mal connus.
Le poète que tout le monde connaît, par exemple, existe certes bel et bien ; mais à y regarder de plus près, son œuvre poétique est bien plus riche et bien plus complexe que ce que tant de gens, qui l’ont fréquenté à l’école ou ne le connaissent que par ses textes les plus célèbres, en retiennent.
Le tendre et doux Prévert, l’amoureux des oiseaux, de la nature, celui qui porte ce regard attendri sur les femmes et sur les enfants, sur les exclus, les obscurs, les démunis, cet homme-là sait parfaitement bien ce qui menace tout ce qu’il aime, et il le dit, haut et fort. Il défend des valeurs et s’indigne parce qu’elles sont mises à mal. En ce sens – et je me doute que le mot ne lui aurait pas beaucoup plu –, il y a en Prévert, chez ce libertaire, quelque chose d’un moraliste : pas d’un moralisateur et encore moins d’un donneur de leçons mais d’un moraliste, au sens où, chez lui, des valeurs et des idéaux sont affirmés, proclamés et défendus, avec toute la passion et toute l’énergie que cela demande bien souvent. Son recours aux aphorismes – son répertoire en regorge – est un autre trait qu’il a en commun avec ces moralistes : mais il faut aussitôt rappeler que les siens sont bien souvent traversés de cet humour que connaissent bien ses admirateurs.
Une autre caractéristique significative et paradoxale de l’œuvre poétique de Prévert est que lui-même n’y est que rarement présent, quoiqu’il y soit tout entier. C’est que Prévert est un poète qui donne à voir bien plus qu’il parle de lui, qui dit plus volontiers « il » que « je », et c’est dans ce qu’il désigne, dans ce qu’il porte à notre attention, que ce qu’il aime ou critique surgit et qu’on devine l’homme derrière les vers. Lui qui ne donne ni ne prête de leçon est en ce sens, à sa manière, une sorte de pédagogue rousseauiste qui nous invite, en nous montrant le monde, à tirer nous-mêmes nos conclusions.
Comme pour Rousseau, dont il est si proche à tant d’égards, la découverte que Prévert nous permettra de faire a soigneusement été préparée. Chez Rousseau, elle l’est par une savante quoique invisible mise en scène qui place tous les éléments dont l’enfant aura besoin pour tirer ses propres conclusions ; dans la poésie de Prévert, c’est bien entendu, comme pour tous les poètes dignes de ce nom, par une certaine utilisation du langage que la magie opère. Celle de Prévert séduit par son apparente simplicité, qui cache un travail minutieux : c’est qu’il en faut, du temps et du labeur, pour que l’oiseau chante ! Et il en aura fait chanter, des oiseaux, l’ami Prévert.
Des oiseaux chantent dans ses poèmes, mais ils chantent aussi dans tous ces autres domaines dans lesquels il aura œuvré.
Car Prévert, et cela n’est pas assez connu, aura été un artiste multidisciplinaire avant que le mot n’existe, comme il disait avoir été un délinquant avant que le mot ne fasse son apparition. À ce propos, j’ai toujours trouvé savoureux les mots sur lesquels se referme la belle et très fouillée biographie que lui a consacrée Yves Courrière. Quand il meurt, dit-il, il a 77 ans, « cinquante-cinq films, trente livres dont six recueils de poèmes qui, de Paroles à Choses et autres , l’avaient fait connaître du monde entier, une foule de plaquettes, des centaines de collages et cinq cent quarante-trois chansons éditées. On le disait paresseux 1 ».
On le disait paresseux, c’est vrai, et lui-même le disait aussi, entretenant cette image de dilettante, de celui à qui les choses viennent sans effort et qui de toute façon n’aime guère le travail. Tout petit, déjà, à l’en croire, il avait des dispositions pour ne rien faire ! Et lors de son passage parmi les surréalistes – il est alors au milieu de la vingtaine –, il se vantera de ne rien faire puis d’avoir été, parmi ces écrivains dont plusieurs deviendront des géants de la littérature française du XX e siècle (Éluard, Breton, Aragon, Péret et bien d’autres…), homme de main plutôt qu’homme de plume.
Puis l’écriture, peu à peu, est devenue son métier, et il produira l’œuvre immense et souvent méconnue dans toute sa diversité que décrit Courrière.
Le livre que nous vous proposons, et je m’en félicite en remerciant mes collaborateurs et collaboratrices, a le grand mérite de mettre en évidence la plupart des domaines dans lesquels Prévert a tr

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