Le matin suivant, George qui était le premier debout courut voir si la sphère cachait toujours le soleil. Il faisait très froid, il fallait s’occuper des animaux leur donner à manger et les mettre à l’abri du froid. Son épouse préparait le pain sans grande conviction et attendait que ses enfants se lèvent. Au bout d’un certain temps, tout le monde se retrouva autour de la table devant un grand feu de cheminée qui réchauffait la maison. L’appétit n’y était pas, mais la peur et l’angoisse étaient là, comment serait cette journée ?
Tous se regardaient sans un mot, un silence pesant régnait dans la maison, une envie de remonter le temps où tout n’était en fin de compte que travail et insouciance planait dans cette atmosphère lourde et angoissante.
George entreprit de sortir pour avoir un peu plus de renseignements, le voisin le plus proche se trouvait à environ 5 lieux. Il fallait qu’il sache quoi faire pour aider sa famille. L’impression de pénombre rendait les arbres effrayants, des monstres prêts à bondir.
Fort heureusement il avait encore le cheval, il prit les rênes et parti au galop vers la forêt.
Après une bonne demi-heure de route, il arriva chez Axel son voisin.
La ferme bien plus humble que la sienne était silencieuse et sans vie, pas une lumière, pas un bruit sauf dans l’étable où les animaux bougeaient à peine. Il pénétra dans la maison plongée dans le noir avec précaution, attentif au moindre bruit, le nœud au ventre mais rien, personne.
Il parcouru toutes les pièces du rez-de-chaussée puis monta au premier. C’est là qu’il vit un peu éparpillée dans la grande chambre du haut, la famille d’Axel, sa femme les deux enfants et Axel. Tous dans des positions différentes, la seule chose qui semblait identique c’est qu’ils étaient tous recroquevillés sur eux-mêmes, sans vie.
Cette posture décrivait sans aucune ambigüité la douleur qu’ils avaient dû ressentir. Une fois le moment de peur et de dégout passé, George s’avança vers Axel pour voir de plus près de quoi il était mort.
Prenant son courage à deux mains il tourna et retourna le corps sans vie de son voisin et ami, mais aucune blessure apparente, rien, seuls ses doigts crispés et ses yeux grands ouverts injectés de sang étaient des témoins silencieux de ce qu’il s’était passé. Quelle est la dernière chose terrifiante qu’Axel a vu avant de mourir ?
Pris de panique George sortit de la maison en courant, grimpa sur le cheval et fila chez lui. Pendant tout le trajet il se demandait ce qu’il pourrait raconter à sa femme. Lui dire la vérité ou faire comme si la ferme était vide et qu’il n’y avait trouvé personnes ?
Arrivé chez lui, il mit le cheval à l’abri dans l’étable, y resta un moment avant de rentrer dans la maison. Toute la famille était là. Ils s’occupaient tant bien que mal afin de ne pas trop penser à la situation dans laquelle ils se trouvaient.
En voyant George, sa femme s’approcha de lui un verre d’eau à la main et lui demanda ce qu’il avait vu chez le voisin. La regardant avec un regard très doux il lui répondit :
– Rien, la ferme était vide, ils ont dû tous aller en ville
– Ha bien, j’espère qu’ils vont bien, dit-elle
Et la journée se passa comme elle avait commencé.
Cela faisait maintenant 10 jours que ce cauchemar avait débuté. La nature ressentait déjà le manque de soleil, les cultures pourrissaient et surtout la réserve de nourriture de la famille diminuait à vue d’œil. Si cela continue, pensait George, il va falloir trouver de la nourriture ailleurs.
Les jours suivants, alors qu’une fatigue soudaine touchait tous les membres de la famille Heim et qu’ils n’avaient plus la force de se lever, seul Roland l’ainé allait bien et essayait tant bien que mal de faire de son mieux pour faire manger tout le monde et s’occuper des bêtes. Mais malgré tous ses efforts, malheureusement la situation empirait au fil des jours. George qui était encore lucide dit à son fils de partir au bourg pour ramener le médecin.