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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 avril 2011 |
Nombre de lectures | 77 |
EAN13 | 9782296805729 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
LES AFFRES DE L'ENFER
Écrire l'Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions
Frédéric TRAORE, Chassé-croisé sur Fadougou. La dent de l'aïeule, tome I, 2011.
Lulla Alain ILUNGA , La gestion du pouvoir , 2011.
Esther GAUBERT , Brukina, rose du désert , 2011 .
Marcel KING JO ler , Tina ou le drame de l'espèce humaine , 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO , La Tourmente. Les aventures d'un circoncis, 2011 .
Robert DUSSEY , Une comédie sous les tropiques , 2011.
Alexis KALUNGA , Vivre l'asile , 2011 .
Nenay QUANSOI , Souvenir d'un jeune Africain en Guinée et en Tunisie , 2011.
Nadine BARI et Laby CAMARA, L'Enfant de Xéno, 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une mort temporaire, 2011.
Édouard Elvis BVOUMA , L'amère patrie. Nouvelles , 2011 .
Roger FODJO , Les Poubelles du palais , 2011.
Jean FROGER , La Targuia , 2011.
Pierre LACROIX , Au chevet de l'Afrique des éléphants. Fable , 2010 .
Jeanne-Louise DJANGA , Le gâteau au foufou , 2010 .
Dina MAHOUNGOU , Agonies en Françafrique , 2010 .
Elise Nathalie NYEMB , La fille du paysan , 2010.
Moussa RAMDE , Un enfant sous les armes et autres nouvelles , 2010 .
Raymond EPOTÉ , Le songe du fou , 2010 .
Jean René Ovono Mendame , La légende d'Ébamba , 2010.
Bernard N'KALOULOU , La Ronde des polygames , 2010.
Réjean CÔTE , La réconciliation des mondes, A la source du Nil , 2010 .
Thomas TCHATCHOUA , Voyage au pays de l'horreur , 2010 .
Eric-Christian MOTA , Une Afrique entre parenthèses. L'impasse Saint-Bernard (théâtre), 2010 .
Mamady KOULIBALY , Mystère Sankolo , 2010.
Frédéric Traoré
LES AFFRES DE L'ENFER
La dent de l'aïeule, tome II
Roman
Du même auteur
Chassé-croisé sur Fadougou. La dent de l'aïeule, tome I, 2011.
La guerre des pauvres et le destin de Hassan Guibrilou. La dent de l'aïeule, tome III, 2011.
© L'Harmattan, 2011
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54607-3
EAN : 9782296546073
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Chapitre 1
Frissons, lueurs et violence
Folle matinée à Fadougou. Le village était en effervescence. L'atmosphère était électrique et la nervosité frisait l'hystérie collective. Arthur prit lui même la direction des recherches. La quasi-totalité des villageois se rassembla spontanément autour de lui. Le fonctionnaire de l'État domina la colère et l'angoisse qui le tenaient à la gorge et donnait des ordres à droite et à gauche.
L'attention fut portée de prime abord sur les puits. Ils constituaient en effet le lieu de tous les dangers. Plusieurs puits n'avaient pour toute margelle qu'une surélévation de terrain. On fouilla donc tous les puits. On y descendit des hommes qui plongèrent dans les eaux sombres avec l'espoir de ne pas y trouver un corps humain. Le vieux puits était de loin le plus profond, le plus redouté de tous. N'y descendait pas le premier venu, car, tout au fond, l'air se raréfiait, l'obscurité devenait si épaisse que l'on douterait de sa propre existence. Le vieux Ouézin se réserva le droit de fouiller le fond du puits ancestral. Et personne ne put l'en dissuader. Il fut donc descendu dans le trou par une grosse corde et disparut dans le secret des profondeurs.
Ouézin mit près d'une heure dans le ventre de la terre, ce qui inquiéta, alarma puis paniqua les hommes et les femmes qui l'attendaient autour du puits. Ouézin avait-il trouvé quelque chose que son âge avancé ne lui permettait pas de soulever ? Un malheur lui était-il arrivé au fond de ce puits à mystères ? Enfin, la corde fut vivement agitée. C'était le signal. Rapidement, on hissa le vieil homme qui réapparut tout trempé, mais arborant un calme surprenant. Il n'avait rien trouvé. Non, là non plus, il n'y avait rien.
Les recherches furent ensuite dirigées vers les maisons abandonnées. Pas le moindre cheveu de Cécile. Alors, les hommes se dispersèrent par petits groupes à travers la brousse. Chaque troupe avait une direction à suivre et aucune parcelle des terres de Fadougou ne devrait échapper à leur recherche. Les chiens de chasse, toujours fidèles, accompagnaient les fouilleurs de la savane et se demandaient ce que leurs maîtres avaient à organiser une battue en cette période de l'année où leurs échines devaient plutôt, tous les jours, être courbées sur les buttes à confectionner pour la prochaine saison des pluies. Museau au sol, ils suivaient bêtement l'odeur de quelque scarabée bouseux ou, soudain, dressaient des oreilles tantôt pointues tantôt mutilées, bondissaient dans les fourrés pour revenir bredouille quelque temps après, non sans avoir délogé de leur cachette des sous-bois des perdrix ou des pintades éberluées.
Un cri de ralliement retendit tout à coup sur la savane. C'était un cri prolongé, poussé avec force et orienté par deux mains placées en clairon autour de la bouche. Rapidement les équipes convergèrent vers le lieu d'où était venu le premier appel. Nul doute : quelque chose avait été trouvé. C'était une chemisette, la chemisette que portait Cécile avant sa disparition. La jeune femme était donc passée par là et elle s'était probablement dirigée vers le village de Boutabala. Vite ! Pas de temps à perdre ! Les hommes se déployèrent, cette fois-ci en deux ailes géantes des deux côtés de la piste qui fendait la verdure telle une épine dorsale dans un corps charnu. Ils marchaient vite, balayaient du regard et scrutaient la savane, et pas un indice révélateur ne pouvait leur échapper. Quelques kilomètres plus loin, on retrouva le mouchoir de Cécile et encore plus loin le collier qu'elle portait aux hanches. Puis, plus rien. On chercha partout ; on étendit l'envergure des recherches, mais on ne trouva rien d'autre. Plus le moindre indice concernant la jeune femme. Tout se passait comme si, arrivée à un endroit précis dans sa promenade déboussolée, la jeune femme s'était brusquement volatilisée. Les hommes de Fadougou ratissèrent les bois jusqu'à Boutabala. Ils ne trouvèrent plus rien. Ils confièrent aux habitants de ce village voisin l'objet de leur recherche éplorée. Les habitants de la localité leur promirent de ramener, saine et sauve, la femme perdue si d'aventure l'un des leurs la rencontrait. À la tombée de la nuit, les hommes rentrèrent de leur battue, la tête basse et la mort dans l'âme. Tous étaient convaincus qu'un malheur avait brusquement mis fin aux jours de la pauvre Cécile.
Une dizaine de jours passèrent et un matin, deux étrangers arrivèrent à Fadougou. Il s'agissait de deux Boizos issus d'un clan installé depuis des générations dans le lointain village de Lori. Leur peau noire et luisante exprimait sur leurs visages impassibles le reflet silencieux du soleil sur les eaux scintillantes du fleuve. Les deux visiteurs demandèrent le domicile du chef du village. Boumbadi Nikianvo les reçut avec toute la déférence due à des étrangers. Les deux Boizos lui confièrent alors l'objet de leur voyage, ce qui les avait amenés à quitter leurs pirogues et leurs filets pour cette inhabituelle pérégrination sur les terres des cultivateurs. Un soir, alors que les ombres indésirables salissaient déjà la beauté du fleuve Koloboni qui était leur royaume, leur dernière jetée avait ramené, au milieu des carpes et des silures, quelque chose d'insolite. L'un des Boizos sortit de son sac en fibres de lin, un pagne de couleur indigo déchiré en maints endroits. Comme tous les habitants de la région, ils avaient eu vent de la disparition d'une femme de Fadougou. Ils avaient donc décidé, non sans avoir au préalable consulté leur chef, de venir jusqu'à Fadougou présenter leur curieuse trouvaille.
Le pagne déchiqueté passa rapidement d'une main à l'autre ; mais cela était tout à fait inutile : tout le monde avait reconnu au premier coup d'œil le pagne que la mère d'Arthur avait donné à Cécile à son arrivée tonitruante à Fadougou afin qu'elle en cachât sa semi-nudité. Cette fois-c