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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 janvier 2010 |
Nombre de lectures | 15 |
EAN13 | 9782296694248 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Albert Adès et Albert Josipovici
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
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Sophie OLLIVIER, Paoustovski , l’homme du dégel , 2008.
David L. Parris
Albert Adès et Albert Josipovici
Écrivains d’Égypte d’expression française
au début du XX e siècle
L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR
Albert Cossery, montreur d’hommes : l’œuvre en langue française d’un auteur égyptien , Oxford, Bem, Berlin, Brussels, Frankfurt, New York, Vienna, Peter Lang, 2009.
Les Signes et les choses , Tours, Les Amis de C. F. Ramuz, 1996.
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11162-2
EAN : 9782296111622
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Pour Gerhard
Avec mes remerciements à mes amis d’Égypte
et à Michel Martiny, mon fidèle lecteur et conseiller
Introduction
Notre propos ici est d’étudier l’œuvre de deux auteurs qu’Octave Mirbeau {1} qualifie d’« égyptiens » : Albert Adès (1893-1921) et Albert Josipovici (1892-1938) ; nous possédons assez peu de renseignements sur eux, toutefois la qualification de Mirbeau paraît un peu sommaire. Si Albert Adès est bien né au Caire, et si les deux hommes arrivaient d’Égypte à l’époque où Mirbeau les a connus, Josipovici, quant à lui, est né à Istanbul.
La littérature égyptienne de langue française est assez peu étudiée, en partie peut-être parce qu’elle atteignit son apogée avant que la notion de « francophonie » se fût généralement répandue (mettons avant la Seconde Guerre mondiale) et en dehors des luttes anti-colonialistes qui servent souvent de point de départ à la théorisation des littératures francophones ; à la limite, on pourrait prétendre que ce fut la langue française qui permit aux élites égyptiennes de gérer leur insertion dans la modernité, en marge de la colonisation britannique.
Il existe pourtant des études précieuses pour comprendre cette littérature, notamment Entre Nil et sable. Écrivains d’Égypte d’expression française (1920-1960) {2} , mais la périodicité retenue exclut nos deux auteurs, même si une page du Livre de Goha le simple est incluse dans l’anthologie. Toutefois, les éditeurs rendent hommage en passant aux « fondateurs de cette littérature venus d’une bien lointaine Constantinople ottomane (Albert Adès et Albert Josipovici) » (p. 283). Autrement plus complet (en ce qui concerne la périodicité du moins) est l’ouvrage intitulé La Littérature d’expression française en Égypte (1798-1998) {3} . Selon Luthi, « Albert Adès naquit au Caire où il fit aussi ses études » (p. 241), tandis qu’Albert Josipovici « naquit à Istanbul » (p. 251) d’un père médecin, d’origine roumaine ; « le jeune Josipovici fréquenta l’école anglaise, et ne commença à s’intéresser au français qu’après sa rencontre avec Adès » {4} . La notice fournie sur Josipovici impressionne par l’abondance de détails, mais fort malheureusement, Luthi n’indique pas ses sources. Les deux auteurs auraient vécu ensemble en Seine-et-Oise ; « [n] os auteurs étaient sur le chemin de la gloire quand ils décidèrent d’arrêter leur collaboration ; Josipovici rentra en Égypte alors qu’Adès s’établissait à Paris » (p. 252). La qualité de l’ouvrage de Luthi réside dans son caractère encyclopédique, mais cette qualité comporte malgré tout un inconvénient majeur, à savoir que les analyses restent souvent sommaires. Ainsi, du roman Les Inquiets, nous apprenons qu’il est « trop noir et trop dramatique » (p. 168), et du Livre de Goha le simple qu’il est « l’histoire à peine romancée d’un héros de légende, à la fois burlesque et philosophe » (p. 169), ce qui occulte le fait que les histoires de Goha sont extrêmement nombreuses, constituant un genre, de sorte que le personnage populaire est fluctuant et instable, tantôt marié, tantôt pas, tantôt rusé, tantôt idiot. Le corps du texte passe Un roi tout nu sous silence, mais on le retrouve dans la bibliographie figurant en fin de volume (p. 263 et suiv.) qui est une véritable mine pour qui entend approfondir l’étude de l’Égypte française.
La source des détails biographiques fournis par Luthi est peut-être l’ Anthologie des écrivains d’Égypte d’expression française {5} publiée par Robert Blum en 1937. On y trouve notamment une étude signée par Georges Dumani qui donne bien des précisions sur la vie d’Albert Josipovici, entre autres celles-ci : « Jusqu’à dix ans, il ignorait totalement le français » (p. 68) ; Josipovici apprend ensuite le français à Melun, en France ; « En Égypte, Albert Josipovici rencontre celui qui pendant une dizaine d’années allait être son collaborateur, cet Albert Adès, lui aussi mort jeune, lui aussi extraordinairement doué. » (p. 69).
Sinon, Georges Dumani, qui a connu Josipovici et sympathisé avec lui, a laissé de son ami un portrait contenu dans un éloge prononcé en 1933 à l’occasion d’une cérémonie commémorative, dont de longs extraits sont repris dans un article plus conséquent publié en 1937 sous le titre « Adès, Josipovici et Le Livre de Goha le simple » {6} – article qui contient des images reproduites des nombreuses éditions illustrées du Livre de Goha le simple ainsi que des photographies des deux auteurs. À propos de Josipovici, Dumani dit, notamment :
Tout en marchant nous causions. J’aimais, moi, son aîné, l’entendre, non se raconter – car il observait sur sa vie et sur son métier la discrétion la plus entière, – mais exprimer sur l’art, la politique, la philosophie, bref sur tout ce qui donne à l’existence humaine un sens et une valeur, des idées qui lui étaient personnelles et par lesquelles j’apprenais à mieux apprécier une culture riche et un fond solide, tout cela dont les premières œuvres ne nous donnent qu’une image incomplète et que le passage des jours et des ans de la maturité prochaine allaient faire épanouir en quelque belle gerbe éclatante.(p. 358)
Beaucoup des données que nous possédons sur la vie et l’œuvre de Josipovici et, dans une moindre mesure, d’Adès proviennent sans doute de cette source ; elle me paraît digne de confiance, et ceci d’autant plus que l’auteur a des moments d’incertitude :
Ses études terminées, il suit les cours de droit, et le voici en Égypte.
L’aimera-t-il tout de suite ? Ou d’abord sera-t-il dépaysé ? Ou bien sera-ce peu à peu que son charme s’insinuera en lui ? Je l’ignore. Ce que je sais c’est qu’elle ne tardera pas à le conquérir et qu’elle lui inspirera quelques-unes de ses plus belles pages. (p. 359)
C’est Dumani qui raconte comment les deux hommes en sont arrivés à épouser deux sœurs. Arrivés en France, ils y trouvent un emploi : Josipovici sera le secrétaire de l’industriel Lazare Weiller (1858-1928) avant de regagner l’Égypte. Nous croyons avoir raison de supposer qu’un différend est à l’origine de la décision des deux hommes de poursuivre séparément leur carri