Amin Maalouf
232 pages
Français

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Amin Maalouf , livre ebook

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Description

L'ouvrage « Amin Maalouf. Le voyage initiatique dans Léon l'Africain, Samarcande et Le Rocher de Tanios» analyse la juxtaposition brutale de mondes contrastés, l'Orient et l'Occident et l'intégration dans une unité des éclats d'identité des protagonistes des romans d'Amin Maalouf.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2005
Nombre de lectures 117
EAN13 9782336276182
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com e-mail : harmattanl@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747593175
EAN : 9782747593175
Amin Maalouf

Soumaya Neggaz
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Epigraphe Dedicace INTRODUCTION CHAPITRE I - LÉON L’AFRICAIN CHAPITRE II - SAMARCANDE CHAPITRE III - LE ROCHER DE TANIOS CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE
Ne dites pas : « J’ai trouvé la vérité », mais plutôt: « J’ai trouvé une vérité ».
Ne dites pas : « J’ai trouvé le chemin de l’âme ». Dites plutôt : « J’ai rencontré l’âme marchant sur mon chemin ».
Kh. Gibran Le Prophète
À MES PARENTS
INTRODUCTION
Installé en France, Amin Maalouf, d’origine libanaise, se fait porte-parole du Proche-Orient en Europe. Avec des romans comme Léon l’Africain (1986), Samarcande (1988) et Le Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993), il tente de jeter « un éclairage sur le passé et le présent » 1 de cette région névralgique. L’auteur, en quête d’un « centre de gravité » ou d’un lieu de résolution des différences où la bâtardise culturelle est tolérée, légitimée et reconnue, voyage avec ses personnages dans l’espace et dans le temps.

À travers les trois romans, nous suivrons l’itinéraire de Tanios, Hassan, Khayyam et Benjamin, au cours des différentes époques s’étalant du XI e au XIX e siècle, et marquées de conflits et de guerres vécus douloureusement. Les trois œuvres de Maalouf présentent un monde souvent manichéen où le conflit guerrier finit par déchirer les personnages. Mais leur lutte révèle leur capacité d’adaptation, elle entraîne des réussites, mais aussi des défaites et des renonciations. Elle provoque surtout le réveil des forces créatrices qui conduit à leur épanouissement.

Ainsi, Léon l’Africain montre l’« Espagne pendant la Reconquête et l’inquisition », l’«Égypte pendant l’invasion des Turcs », « Rome pendant le sac de la ville par les sbires de Charles Quint » 2 . C’est autour de ces événements que Hassan/Léon vivra sa maturation. Son voyage, souvent douloureux couvre des phases d’enracinements et de déracinements successifs jusqu’à la rédaction de sa célèbre Description de l’Afrique et à son retour à Tunis.

Si le parcours prend pour Hassan/Léon, dans la majeure partie de sa vie, le visage de l’exil et du voyage imposé, il n’en devient pas moins un but recherché, une liberté assumée chez Omar Khayyam et Benjamin. Poète et astronome connu, Khayyam sillonne la Perse du XI e siècle, à la recherche d’un sens à la vie, et rédige des quatrains. Des rencontres et des épreuves ponctuent son voyage. Entre l’amour, la haine et le fanatisme, il trace une ligne directrice qui le conduit vers la Connaissance. Son fameux Manuscrit devient un symbole. Ainsi, Benjamin l’Américain, qui porte le nom d’Omar, tente de retrouver, quelques siècles plus tard en Iran, ce Manuscrit . Son itinéraire, sans cesse jalonné d’embûches, devient un véritable voyage initiatique. Mais l’épreuve la plus difficile demeure sans doute la perte de son amante Chirine et du Manuscrit dont il doit surtout comprendre le message et la leçon à tirer.

Enfin, dans Le Rocher de Tanios, Maalouf raconte la lutte du Liban « promis aux déchirements» après «l’assassinat d’un chef religieux» 3 à Kfaryabda. Ce roman retrace l’histoire de Tanios en quête de son identité. Après une enfance heureuse, le protagoniste découvre sa bâtardise et en souffre intensément. À partir de ce moment, sa vie, celle de ses parents et des villageois de Kfaryabda bascule. Cependant, sa confrontation avec lui-même et avec les autres, son exil, sa rencontre avec Thamar, le révèlent à lui-même avant son dernier départ.

La plupart de ces œuvres, que l’auteur qualifie d’« impure fiction », sont construites à partir de faits historiques avérés. Prenant « d’abord l’histoire comme une réserve inépuisable de personnages, d’événements, de paraboles, d’époques à découvrir », le romancier y sélectionne un certain nombre d’éléments d’ordre anecdotique ou encyclopédique auxquels il amalgame des matériaux tirés de son imagination. Comme il l’affirme lui-même, l’histoire est un matériau indispensable à la création, non pas parce qu’elle a une quelconque valeur pédagogique, mais parce qu’elle renferme la mémoire sociale de l’humanité :

On choisit dans l’histoire ce que l’on a envie de choisir : on pourrait démontrer n’importe quoi à partir d’elle. Je ne pense pas qu’elle offre un enseignement absolu, mais c’est un matériau important, parce que c’est la mémoire, la profondeur des sociétés. Parce que rien de ce qui existe aujourd’hui ne serait ce qu’il est, s’il n’y avait pas derrière, toute une épaisseur historique 4 .
Ces romans, écrits comme des feuilletons, prennent l’allure de contes orientaux dont la structure narrative est souvent « construit[e] et déconstruit[e] par plusieurs voix » 5 . Les histoires de Hassan al-Wazzan et celle de Tanios sont racontées par plusieurs narrateurs, témoins des événements. En outre, la matière strictement historique y paraît inégalement répartie d’une œuvre à l’autre : celle des récits proprement historiques, qui sont racontés avec une grande précision, et celle des récits inventés que l’auteur a agencés et narrés comme s’ils faisaient partie d’événements avérés historiquement.

Face à cette complexité à la fois thématique et formelle, la manière la plus simple de procéder a été de nous référer à notre propre expérience de la lecture, inspirée par la démarche de J.-P. Starobinski et des critiques comme J. Rousset, J.P. Richard pour qui chaque œuvre impose son approche faite de rigueur méthodologique.
Au début, notre approche des romans de Maalouf se voulait « une lecture non prévenue , une rencontre simple, sur laquelle aucune préméditation systématique, aucun préalable doctrinal ne fassent d’abord ombre» 6 . Par la suite, et sans nous imposer un carcan rigide, nous avons tenté de découvrir cette « constitution poétique » des trois romans en essayant d’être ce « lecteur complet » dont parle Jean Rousset,

tout en antenne et regards, [qui] lira donc l’œuvre en tous sens, adoptera des perspectives variables mais toujours liées entre elles, discernera des parcours formels et spirituels, des tracés privilégiés, des trames de motifs ou de thèmes qu’il suivra dans leurs reprises et leurs métamorphoses, explorant les surfaces et creusant les dessous jusqu’à ce que lui apparaissent le centre ou les centres de convergences, le foyer d’où rayonne toutes les structures et toutes les significations, ce que Claudel nomme le « patron dynamique » 7 .
Nous avons adopté plus ou moins, un discours critique qui « se sait, en son essence, différent du discours des œuvres qu’il interroge et explicite » 8 . Nous nous sommes d’abord demandé quelles impressions dominantes nous avait laissé la lecture de Maalouf ? En premier lieu, un trop-plein de personnages, d’événements et de thèmes lasse, brouille le jugement et efface tout souvenir précis de l’action. Parfois, l’auteur « éparpille dans ses romans des notations fragmentaires et rapides sur les lieux, comme s’il se refusait à les décrire : le lecteur est conduit par la main ou bien il se débrouille avec les morceaux du puzzle » 9 . Dans cet univers foisonnant, une vérité, souvent confuse et ambiguë, fait irruption et transforme la lecture du roman en une épreuve malaisément traduisible en exposé systématique.
Ces remarques permettent de mesurer les difficultés de suivre une ligne directrice dans l’analyse thématique des œuvres de Maalouf et d’en dresser un compte rendu cohérent. Afin de dépasser le flou qui se dégageait de notre lecture, nous avons tenté au fil des pages d’arracher les personnages principaux aux « collages », aux séquences de descriptions et d’anecdotes historiques qui interrompent souvent le récit et qui nous semblent inutiles à la progression de l’action. Nous avons fini par rendre plus clair un thème cher à l’écrivain et commun aux trois romans : la quête de soi.

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