Anthologie secrète
146 pages
Français

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Anthologie secrète , livre ebook

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Description

Un livre étrange et libre, qui rassemble entretien, photos, textes divers, documents d’archives et inédits de l’auteur haïtien le plus mystérieux, le plus fou et le plus libre.
Auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages en tous genres : roman, poésie, théâtre, Frankétienne est aujourd’hui une des plus grandes figures de la littérature des Caraïbes. Pour l’écrivain Dany Laferrière, Frankétienne se présente de plus en plus comme un auteur « nobélisable ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2014
Nombre de lectures 12
EAN13 9782897122904
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mise en page et maquette de couverture : Johanne Assedou
Édition et photographies : Rodney Saint-Éloi
Illustrations : Frankétienne
Dépôt légal : 1 er trimestre 2005
© Éditions Mémoire d'encrier , 2005

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Frankétienne
Anthologie secrète
(Anthologie secrète ; 4)
Poèmes.
ISBN 978-2-923153-37-7
ISBN EPUB 978-2-89712-290-4
I. Titre. II. Collection.

PQ3949.2.F7A17 2005  841'.914  C2005-940269-5

Mémoire d'encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com
PRÉFACE
Il n'y a pas d'arbres dans la forêt de FRANKÉTIENNE ...
Double dilemme : mise en discours de FRANKÉTIENNE et mise en forme de l'œuvre. Que signifie cette forêt sinon FRANKÉTIENNE lui-même : le langage flamboyant, l'énergie débordante et le génial courage d'aller au bout de sa folie ? Que signifie cet homme presque blanc, ou mauve – c'est selon la saison – , qui se prend pour un nègre ? C'est quoi cet homme qui circule nu dans son petit château de murs, entre ses ombres, comme un véritable primate, et qui s'ingénie à soigner et à planter son éternité, avant de claquer la porte ? Que signifient ces arabesques sinon cet homme plus grand que son pays, plus malin que la mort et plus emmuré que toutes les citadelles… et cet homme qui a navigué SEUL dans un pays où l'indignité des élites est la plus horrible de toutes les impostures ? Et cet homme qui continue à être SEUL avec ses ombres. Et cet homme qui continue à être LIBRE avec sa SCHIZOPHONIE , dans un pays occupé.
J'aurais préféré parler – pour désigner ce livre – d'une tapageuse indiscrétion. D'une manière de trahison. D'une dette à payer. Entre Franck et moi. Entre moi-même et mon pays. Bref, passons. Je suis entré dans la nuit du poète… Nuit d'insomnie et fleurs cauchemardesques. Je suis entré dans les dédales de sa vie. Je suis entré dans sa chambre. Quelques mètres carrés de vie, de vide et d'angoisse. Un lit ordinaire. Quelques almanachs. Des horloges pour rendre compte de la fuite/obsession du temps. Quelques rappels de son nom, écrit en grosses lettres, comme pour se persuader de sa propre existence. Et sur le mur, quelques mots bien choisis, tendus vers la quête d'une quelconque éternité. Quelques boîtes de lait évaporé, quelques pots de beurre d'arachide, quelques paquets de pâtes alimentaires pour contenir la faim, toujours présente. Un petit bureau d'adolescent sur lequel reposent deux grands dictionnaires. Quelques ceintures accrochées, peut-être pour se pendre un jour de carnaval ou carrément pour se serrer les reins afin d'échapper à la haine et à la bêtise rampantes. C'est dans cette chambre dépouillée que Franck s'est aménagé un espace de vie. Pour dissimuler son angoisse. Pour se soigner, tenant la main sagement à ses fantômes.
Moments fragiles. Vrais. Éprouvants. J'ai volé les mots et les secrets du poète. Un cahier fait de fulgurances et d'émotions. De ratures écrites. Un livre inédit. C'est le pré-texte et l'avant-texte : la combinatoire poétique générant le livre. Là-bas, je est une imposture. Non un autre. Ni l'autre. Je est un jeu d'abîme. Dire que lui et moi, on était au moins ensemble, le temps de cette représentation. Dans la même constance poétique. Dans la spirale de la vie et de la mort. Une parole manquée, perdue dans la mécanique des jours, telle l'œuvre à venir, filtrant les brumes infinies de l'horizon.
Le défi : contourner la forêt. Marcher à contre-sens avec FRANKÉTIENNE afin de repousser les repaires (repères), de le regarder tel qu'en lui-même, de le photographier en sept jours, de traverser ses murs et ses jeux d'ombres, de frapper à sa porte et de repérer un arbre où s'accrocher dans cette opacité miraculeuse. Ou encore aller vers les choses quotidiennes… de rompre le pain, de prendre un verre d'eau, de regarder le jardin qui remplace la piscine. Et de temps à autre, en trouble-fête, reconsidérer les putréfactions d'une société où les intellectuels, dans leur Palais de nuage , se préservent, avec revenu, per diem et insolence garantis. Même la révolution s'est trompée de mots ici.
Enfin, pour jouer à l'iconoclaste, ce livre n'est pas vraiment un livre… seulement une fenêtre. Une fenêtre ouverte sur une intimité. Une fenêtre ouverte sur le désir d'un homme dont l'unique rêve est de ne pas mourir dans le déshonneur de la foule et qui, jusqu'ici, n'a vécu que pour son immortalité.
Voilà les suites de cette intimité-éternité accordée. Un pari : les mots partagés. Car nul n'est censé ignorer que l'un des plus grands créateurs de la Caraïbe écrit, hurle, témoigne, chie, dit, dédit, enfermé sur lui-même, peint chante, danse, et espère vivre jusqu'à ses vocalises textamentaires.
FRANKÉTIENNE est bien plus grand que l'absurdité qui l'entoure. Et nous apprend que seule la RÉVOLTE est salutaire.

Rodney SAINT-ÉLOI
Montréal, février 2005
POST - SCRIPTUM
( MODE D ' EMPLOI À LA MANIÈRE D'UNE NOTE D'ÉPICERIE )
Notice biographique éparse tirée d'un entretien avec l'auteur.
Extraits d'œuvres numérotées et publiées avec la mention du titre.
Extraits non identifiés tirés d'un livre inédit, Mots partagés , qui n'est pas à paraître.
Photos prises à l'occasion de la fabrication de Mots partagés .
Images extraites du livre inédit.
Ordonnance : lecture anarchique conseillée. Spirale en mouvement – labyrinthe de signes où seules l'insoumission et la révolte sont les bienvenues.
Lisez ce livre de préférence avant la mort.

HÉRITAGE
12 avril 1936. Je nais à Ravine-Sèche (Haïti), à la suite du viol d'une jeune paysanne, Annette Étienne, 13 ans, par son père adoptif, Benjamin Lyles, homme d'affaires américain, président-directeur général de la Compagnie des chemins de fer McDonald qui relie Port-au-Prince à l'Artibonite.




Tout homme est comme une île enfermée dans sa douleur, ses désirs profonds et ses illusions. Il n'y a que des passerelles, des ponts et des connexions (miraculeuses et mystérieuses comme l'affection, l'amour, le sentiment de solidarité, la sympathie active) qui nous relient aux autres en nous permettant de communiquer, de communier avec les autres.
Ainsi, seule la lumière de la conscience solidaire et généreuse nous aide à rencontrer les autres. Je suis une île enfermée dans cette foutue chambre personnelle, vivant une forme tragique de solitude schizophrénique, une sorte d'exil intérieur qui pourtant ne m'a pas empêché de rencontrer les autres.


Solitaire/Solidaire
Je demeure !
Tiens, Tiens !
mes oreilles
me mangent
et me démangent.
J'oublie parfois
que je ne suis que musique
par mes oreilles, mon cœur et mon SEXE.



MOI , JEAN PIERRE BASILIC DANTOR FRANCK ETIENNE D ’ ARGENT
J'émigre de Ravine-Sèche vers le quartier du Bel-Air à Port-au-Prince, à l'âge de huit mois. Moi, Jean Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, petit blanc rural, étais au centre d'une cabale. Une vieille dame de Ravine-Sèche, âgée de plus de quatre-vingts ans, Georgina Klorina, irritée par les louanges du voisinage à mon égard, s'est révoltée contre le statut que me conférait ma peau blanche. Elle refuse que toute la région de Ravine-Sèche m'adule en prenant au sérieux un petit bâtard, né dans des circonstances honteuses. Elle met en place une artillerie lourde d'arguments anti-blancs. Ce qui trouble toute la famille. Je réagis simplement, en pleurant toute la nuit. Les heures suivant, je tombe malade : diarrhée, vomissements, coliques qui laissent présager une entérite suspecte d'origine maléfique. Ma mère prend la grave et soudaine décision de partir. La prétendue sorcière Klorina meurt sept jours après dans son lit. Son cadavre est étendu dans une mare de sang coagulé alors que son corps n'a aucune blessure. Moi, je commence mon enracinement dans le l

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